Dimanche matin 16 octobre 2016 André Constant
Dieu n’a pas failli! (2e partie)
(Romains 9 : 14-29)
(4e de la série « Un Dieu juste dans son plan souverain)
Introduction
Vous avez sûrement remarqué combien il est facile d’accepter que Dieu soit bon, sage, tout-puissant, généreux,
amour, mais que nous sommes plus récalcitrants devant certains de ses attributs comme sa justice, sa colère, son
jugement à venir et qu’il est un Dieu souverain qui livre les êtres humains à leurs péchés? Nos sentiments sont
partagés lorsque nous entendons que Dieu aime faire miséricorde à qui il veut, mais qu’il endurcit aussi qui il veut.
Dans notre série d’enseignements dans Romains 9 à 11, intitulée « Un Dieu juste dans son plan souverain », nous
arrivons à un texte dérangeant, celui de Romains 9 : 14 à 29. Il y a deux semaines, nous avons vu aux v. 6-13 que
Dieu n’a pas failli à sa parole envers Israël. Il a fait des choix en sélectionnant le vrai Israël au sein de son peuple
Israël, sa promesse était pour Isaac et qu’il a choisi Jacob et non Ésaü. Regardons deux autres vérités des v. 14 à
29. Il nous faut approcher ce texte avec prudence et humilité parce que ce sont des vérités qui nous dépassent. Dieu
n’ayant pas failli à sa parole envers Israël (v. 6-13), il n’a pas failli non plus à sa justice envers Israël (v. 14-22) et il
n’a pas failli à sa parole et à sa justice envers les non-juifs (v. 23-29).
1. Dieu n’a pas failli à sa parole envers Israël (v. 6-13)
2. Dieu n’a pas failli à sa justice envers Israël (v. 14-21)
A. Un Dieu qui fait miséricorde (v. 14-16)
« Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l'injustice ? Certes non ! Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à
qui je ferai miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'aurai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui
veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde ». Paul lui-même pose la question que quelqu’un
pourrait apporter : Dieu est-il injuste quant à ses promesses? Puisque Dieu est parfait dans sa nature même, nous
pouvons être assurés que ses choix sont faits en accord avec sa justice! Dieu fait ce qu’il veut et ce qui doit être fait.
Sa miséricorde n’est jamais une chose qui nous est due, mais une grâce qu’il veut bien nous accorder selon sa bonté
immense. Le v. 15 est une citation d’Ex 33: 19 où Dieu répond à la demande de Moïse de lui faire voir sa gloire. Le
peuple s’était replongé dans l’idolâtrie et méritait le jugement de Dieu. Comment cela prouve-t-il que Dieu n’est
pas injuste? Puisque nous sommes une race coupable devant un Dieu saint (Paul a pris les trois premiers chapitres
pour le démontrer), Dieu ne s’adresse pas à une foule de gens moralement neutres en disant : « Toi je t’aime la
face, tu vas là. Toi, tu me déplais, tu vas là-bas! Tu es moralement neutre, je te choisis pour le ciel, et toi tu es
moralement neutre, je ne te choisis pas, donc je te choisis pour l’enfer! ». Si c’était le cas, où serait la miséricorde,
la grâce, surtout pour des pécheurs qui ne la méritent pas? La justice seule exigerait que tous soient condamnés
pour l’éternité. Dieu aurait pu condamner toute la race et demeurer juste. Mais il a fait miséricorde à des millions
qui ne le méritaient pas. S’il avait sauvé un seul individu, ce serait de la grâce. Il a choisi d’en sauver des myriades
de myriades, que nul ne peut compter (selon Ap 5). Plutôt que de croire que Dieu soit injuste parce qu’il choisit
certains individus et pas d’autres, il est au contraire, miséricordieux, et il fait grâce! Ainsi, Dieu a eu compassion
d’Israël alors qu’il méritait son jugement depuis longtemps!
B. Un Dieu qui endurcit qui il veut (v. 17, 18)
« Car l’Écriture dit à Pharaon : Je t'ai suscité tout exprès pour montrer en toi ma puissance et pour que mon nom
soit publié par toute la terre. Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut ». Paul cite ou fait
allusion maintenant à Ex 9: 16 (lors de la 7e plaie d’Égypte) alors qu’il rappelle que Dieu s’est servi du Pharaon
pour que le nom de l’Éternel soit publié par toute la terre. Si le Pharaon avait laissé facilement partir le peuple de
l’Égypte, la puissance de Dieu à l’œuvre par tous les signes et miracles qu’il a accomplis n’aurait pu se manifester.
C’est la raison principale de son endurcissement. Dans le récit des plaies en Égypte, 14 fois, il est question de
l’endurcissement du cœur de Pharaon. Certains textes mentionnent que « Pharaon a endurci son cœur ». D’autres
disent que « son cœur a été endurci » et avant que les plaies commencent, Dieu dit à Moise « j’endurcirai son
cœur » (Ex 4 : 21).
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Plusieurs ont vu dans ces trois mentions, une progression : Pharaon aurait d’abord décidé dendurcir son cœur,
donc une décision. Plus tard, son cœur a été endurci (il était trop méchant et il était trop tard!), et conséquemment,
Dieu aurait décidé de l’endurcir comme acte de jugement! Mais une lecture attentive des textes nous fait remarquer
qu’il n’y a pas de progression. Avant même le début des plaies, Dieu annonce à Moïse qu’il va endurcir le cœur de
Pharaon. Affirmer que l’endurcissement par Dieu n’est qu’une réponse à l’endurcissement du cœur par Pharaon,
c’est de faire dire au texte ce qu’il ne dit pas. Il n’est pas dit non plus : Dieu a endurci son cœur, donc son cœur a
été endurci et par conséquent, le Pharaon a endurci son cœur! Au contraire, Pharaon était coupable et responsable
de ses péchés, rebelle et incrédule. Dieu demeure souverain en maintenant son cœur dans un état
de rébellion et en l’alourdissant. Dieu l’a condamné et c’était selon son choix souverain! Paul utilise l’exemple de
Pharaon pour démontrer que, comme l’endurcissement du cœur de Pharaon par Dieu a permis le salut, la sortie et la
délivrance du peuple d’Israël, l’endurcissement d’Israël a rendu possible le salut des païens, des non-juifs. Une
action de Dieu que nous qualifions de « négative » a des effets très positifs, la gloire de Dieu et le salut de son
peuple. Comme nous tous, ses créatures ne sont pas moralement neutres et ce n’est pas Dieu qui les transforme en
pécheurs et pécheresses! Elles méritent son jugement. Tous les êtres humains sont coupables sinon, la miséricorde
ne tient pas! L’endurcissement est un acte judiciaire de Dieu! Il est parfaitement juste et comme il a tous les droits,
il endurcit qui il veut et fait grâce à qui il veut. Ainsi, la conclusion à en tirer est que certains Juifs ont cru par grâce
et d’autres ont été endurcis par Dieu.
C. Un Dieu avec qui on ne « discute » pas (v. 20-22)
Nous pourrions être tentés de blâmer Dieu avec de tels propos : « Tu me diras donc : Qu'a-t-il encore à blâmer?
Car qui résiste à sa volonté ? » C’est une question difficile. Pourquoi Dieu ne sauve-t-il pas tout le monde?
Quelqu’un peut-il dire : « si je ne suis pas sauvé, ce n’est pas de ma faute parce que Dieu ne m’a pas choisi? »
Paul pose la question à notre place! On ne peut l’accuser d’éviter les questions difficiles! La logique est la
suivante : si c’est Dieu qui endurcit les cœurs et qui tient les êtres humains responsables des leurs actions, comment
peut-il le faire selon son plan souverain? Quelle est la réponse de Paul? « Toi plutôt, qui es-tu pour discuter avec
Dieu? Le vase modelé dira-t-il au modeleur: Pourquoi m'as-tu fait ainsi ? Le potier n'est-il pas maître de l'argile,
pour faire avec la même pâte un vase destiné à l'honneur et un vase destiné au mépris ? » (v. 20, 21). Cette image
du vase et du potier, nous la retrouvons chez les prophètes (voir 18 et Es 45: 9; 29: 16). L’argile est une masse
informe qui ne peut rien dire au potier! Après tout, que sommes-nous? Très peu de chose. Pourquoi Paul emploie-t-
il cette image comme réponse à la question? Une des manifestations de notre culpabilité et de notre rébellion, c’est
notre « droit » de pouvoir remettre en question ce que Dieu fait et que nous avons de plus, le culot de le blâmer: (v.
20). La racine du péché n’est-elle pas de nous prendre pour Dieu et de remettre en question ses choix? Nous
voulons déterminer ce qui est bien ou mal! Pourtant, il n’a aucun compte à nous rendre, à nous ses créatures.
Depuis quand devrait-il nous demander la permission pour que sa volonté s’accomplisse? Par ces paroles, Paul ne
nie pas la responsabilité humaine, comme nous pouvons lire ailleurs dans les Écritures. Jamais il n’insinue dans
toutes ses lettres que la souveraineté de Dieu annule ou diminue la responsabilité humaine! Dans toute la Bible,
nous trouvons plusieurs exemples de ce qui est appelé en théologie, le « compatibilisme » (deux vérités qui nous
semblent contradictoires ou paradoxales, mais présentées comme compatibles). Un des plus grands exemples de
compatibilisme se trouve dans le discours de Pierre dans Ac 2 : 23. Au sujet de Jésus, il affirme: « cet homme, livré
selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l'avez fait mourir en le clouant à la croix par la main
des impies ». Lorsque Christ a été livré aux mains des pécheurs, Dieu ne dormait pas, n’était pas distrait ou
incommodé. Certains croient que le diable serait venu et aurait déjoué Dieu, mais Dieu sortant de sa passivité
comme un joueur d’échecs très habile aurait transformé rapidement la croix en un triomphe inattendu. Au contraire,
la croix était son plan avant la fondation du monde (Jn 3 : 16). Christ a été prophétisé comme le serviteur souffrant,
l’Agneau immolé, notre souverain sacrificateur. Nous ne pouvons affirmer que, parce que Dieu a tout prévu de
toute éternité, ces hommes ne sont pas responsables de l’avoir crucifié (voir Actes 4 : 27, 28). Si les hommes ne
sont pas responsables d’avoir crucifié Jésus, de quoi sont-ils responsables alors? Si la souveraineté enlève la
responsabilité dans ce cas, elle l’enlèverait donc dans tous les cas! Donc n’étant pas coupables, nous n’aurions pas
besoin de la croix? Tout cela signifie qu’il y a une saine tension. La souveraineté de Dieu et la responsabilité
humaine sont toutes les deux compatibles et simultanées. Dieu est totalement souverain, mais sa souveraineté ne
réduit jamais la responsabilité humaine. Les êtres humains sont des créatures responsables, coupables et redevables
à Dieu. Dieu ne réagit pas aux péchés humains.
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Il est souverain et ne dépend pas de nous. Il choisit qui il veut et il endurcit qui il veut! Si donc quelqu’un refuse de
croire, il ne peut blâmer Dieu. C’est sa propre décision de rejeter Christ et son Évangile. Comment devons-nous
comprendre la fin du v. 22 : « Et si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec
une grande patience des vases de colère formés pour la perdition? » Est-ce que l’apôtre enseigne une double
prédestination? Non. Tous sont destinés à l’enfer, mais dans sa grâce, notre Dieu sauve une multitude et ne sauve
pas les autres. Le texte ne dit pas : des vases de colère préparés à l’avance pour la perdition, mais « destinés au
mépris » et « formés pour la perdition » (ou ajustés pour la perdition). Paul ne dit nulle part et pas plus ici que
Dieu aurait créé et préparé des personnes dans le but explicite de les condamner. Au contraire, il supporte avec une
grande patience des rebelles, des vases de colère. Il ne les juge pas tout de suite. Donc, nous voyons à la fois dans
ces expressions, la responsabilité humaine et la grande patience du Dieu souverain et juste.
3. Dieu n’a pas failli à sa parole et à sa justice envers les non-juifs (v. 23-29)
« Et s'il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire à des vases de miséricorde qu'il a d'avance préparés pour
la gloire ? ». La gloire de la grâce de Dieu est grande parce qu’il choisit de faire miséricorde à plusieurs. Un vase
réussi et utile, c’est la gloire du potier! La richesse de la gloire de Dieu éclate en ceux et celles qui sont l’objet de sa
miséricorde et qu’il a préparés pour partager sa gloire! La gloire, c’est aussi la vie éternelle alors que nous
règnerons avec lui. Au v. 24, l’apôtre précise que c’est à nous, les non-juifs que Dieu a bien voulu faire
miséricorde: « C'est-à-dire à nous qu'il a appelés, non seulement d'entre les Juifs, mais encore d'entre les païens ».
Dieu appelle les Juifs, mais il appelle aussi les païens. C’était annoncé et prophétisé dans lAncienne Alliance.
Alors que plusieurs Juifs croyaient que la majorité de leurs compatriotes viendraient à la foi, seul un reste s’est
converti et Dieu a ouvert la porte à de nombreux païens. Aux v. 25 et 26, il cite Osée 2 : "Celui qui n'était pas mon
peuple, je l'appellerai mon peuple, et celle qui n'était pas la bien-aimée, je l'appellerai bien-aimée ; Et là même où
on leur disait : vous n'êtes pas mon peuple ! Ils seront appelés fils du Dieu vivant ». On se souviendra que dans le
livre du prophète Osée, ces paroles sont adressées aux tribus d’Israël, les tribus du Nord. Paul les applique aux non-
juifs, desquels Dieu appelle son peuple, sa bien-aimée. Son peuple aujourd’hui est formé de gens de tous les
peuples, son Église, son épouse bien-aimée. Il cite également Ésaïe (10 : 22, 23): « Ésaïe, de son côté, s'écrie au
sujet d'Israël : Quand le nombre des fils d'Israël serait comme le sable de la mer, un reste seulement sera sauvé ».
Oui, Dieu appelle plusieurs Juifs, mais pas tous. Son appel est irrévocable et irrésistible : « Car le Seigneur
exécutera pleinement et promptement sa parole sur la terre » (v. 28). Paul ajoute une autre citation du prophète (Es
1 : 9) : « Et, comme Ésaïe l'avait dit auparavant : Si le Seigneur des armées ne nous avait laissé un germe,
nous serions devenus comme Sodome, nous aurions été semblables à Gomorrhe ». Si Dieu n’avait pas grâce en en
sauvant plusieurs (le germe ou la semence), tous auraient été détruits comme les habitants de Sodome et Gomorrhe,
renommés pour leur débauche et leur dépravation.
Conclusion
Cette doctrine de l’élection est importante, car elle préserve la grâce. Le rejet de l’Évangile par les Juifs et
l’inclusion des païens font partie du plan de Dieu depuis longtemps. Dieu est juste! Il n’a pas failli! Rassurons-
nous. Dieu n’endurcit jamais le cœur de ses enfants et nous devons veiller à ne pas endurcir nos cœurs par la
séduction du péché (He 3 : 7-15). Pour certains qui écoutent cet enseignement ou qui lisent ce texte, il serait tentant
de dire : « Ce n’est pas très grave si je décide de plaire à Dieu ou non parce qu’au fond, il fait miséricorde à qui il
veut et il endurcit qui il veut ». Ces vérités devraient nous faire trembler et nous pousser à nous repentir de nos
fautes et implorer sa miséricorde. Si tu n’es pas venu encore à Christ, que tu as été invité, tout cela peut te sembler
étrange et épeurant. Si tu es ici, n’est-ce pas une preuve de la grâce de Dieu envers toi? Il t’implore de venir à lui et
de lui dire : « Oh! Dieu, aie pitié de moi! » Tu dois croire et la foi est un don de Dieu. Elle n’est pas un mérite.
Dans sa pleine liberté et sainteté, Dieu fait grâce à qui il veut et endurcit qui il veut! Si tu entends ce message, viens
à lui! Remercie-le pour sa miséricorde à ton égard! Vis cette semaine à la lumière de cette miséricorde insondable!
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Questions de discussions et de réflexion (à l’aide de Romains 9 : 14-29)
1. Quelles sont mes réactions premières à ce texte complexe?
2. Pour quelles raisons Dieu a-t-il endurci le cœur de Pharaon selon le v. 17? Comment ce verset remet-il en
question ma compréhension du sujet?
3. M’arrive-t-il de croire que Dieu est injuste? Comment les vérités contenues dans ce texte peuvent-elles
m’aider dans mes doutes? Quelle prière puis-je demander au Seigneur sur cette question?
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