spécialisée et aux soins nécessaires. Parallèlement, des critères sévères de contrôle de la qualité ont été établis et des
programmes volontaires de contrôle de la qualité des laboratoires sont gérés par des organismes gouvernementaux, tel que le
Center for Disease Control aux États-Unis.
Depuis les années 1960, d’autres maladies ont été ajoutées au dépistage néonatal. La liste varie selon les endroits, mais elle
inclut presque toujours l’hypothyroïdie congénitale, et parfois la galactosémie, la tyrosinémie, l’anémie falciforme, et/ou
l’hyperplasie congénitale des surrénales. Pour toutes ces maladies, un traitement médicamenteux ou diététique est disponible
pour prévenir les effets de la maladie ou tenter de contrôler sa progression et il semble préférable de débuter ce traitement le
plus tôt possible.
Dans les dernières années, une nouvelle technologie, la spectrométrie de masse en tandem (MS/MS), offre la possibilité de
détecter dès la période néonatale la présence d’une trentaine de maladies du métabolisme intermédiaire, telles les
aminoacidémies, les aciduries organiques, et les troubles du cycle de l’urée, pour n’en nommer que quelques unes. L’application
de cette technologie au dépistage néonatal est controversée pour plusieurs raisons. Parmi la trentaine de maladies disponibles,
certaines ont une histoire naturelle peu connue. Il est donc difficile de prédire ce qui adviendra du nouveau-né avec ou sans
traitement. Il n’est également pas certain que le traitement diététique soit efficace ou même nécessaire dans tous les cas.
Cependant, l’avènement du dépistage néonatal par spectrométrie de masse en tandem permettrait d’acquérir une meilleure
connaissance de ces maladies. Aux États-Unis, des groupes de parents d’enfants atteints de l’une ou l’autre des maladies
détectables par cette technologie font des pressions pour que cette technologie soit adoptée par les programmes d’état de
dépistage néonatal. Ceux qui s’y opposent justifient leur position en soulignant l’absence de données sur l’impact de la détection
et du traitement diététique précoces de ces maladies sur leur histoire naturelle, ce qui est va à l’encontre des critères utilisés
actuellement pour ajouter des maladies aux programmes de dépistage. Ils soulignent que l’information que cette technologie
produit n’est pas nécessairement utile pour le nouveau-né.
Le dépistage néonatal de la mucoviscidose, ou fibrose kystique du pancréas, est un autre sujet d’actualité. Des programmes de
dépistage néonatal de la mucoviscidose existent dans plusieurs régions du monde, comme par exemple au Wisconsin et au
Colorado (USA), en Bretagne (France), et dans certaines régions du Royaume-Uni et de l’Australie. Certaines études ont montré
que les enfants identifiés par le dépistage néonatal ont un meilleur état nutritionnel et/ou une meilleure fonction respiratoire que
ceux qui sont identifiés autrement, mais il s’agit en général de différences légères ou temporaires. Les critères essentiels du
dépistage néonatal, tels que définis par l’Organisation Mondiale de la Santé, affirment qu’un traitement efficace doit être
disponible et que l’application précoce de ce traitement doit améliorer le devenir de l’enfant. Malgré que l’impact à long terme
d’un diagnostic précoce sur l’évolution de la maladie n’est pas clairement établi, certains soutiennent que le diagnostic précoce
de la mucoviscidose chez le nouveau-né est bénéfique car il évite aux parents l’anxiété reliée à la recherche d’un diagnostic
chez un enfant symptomatique, et leur permet de faire un choix éclairé quant à leurs futures décisions de reproduction. Il s’agit
donc d’un bénéfice pour les parents et la famille, mais pas directement dû au traitement précoce. Selon cet argument, il serait
alors justifié de dépister des conditions sans traitement efficace mais pour lesquelles un diagnostic précoce a une valeur pour les
parents. Le dépistage de la mucoviscidose est potentiellement bénéfique pour l’enfant lui-même, mais ce n’est pas le cas pou
d’autres conditions pour lesquelles un dépistage néonatal pourrait être effectué sous prétexte qu’un diagnostic précoce serait
utile aux parents, comme la dystrophie musculaire de Duchenne et le syndrome du X fragile.
IV - 3. Dépistage de porteurs dans le cadre de décisions de reproduction
Le premier programme de dépistage de porteur sain d’une maladie récessive a eu lieu dans les communautés juives
ashkenazes des régions des villes de New York et Washington, aux États-Unis. Avec le soutien de la communauté et en
collaboration avec les dirigeants religieux, un programme de dépistage de porteurs de la maladie de Tay-Sachs a été mis en
place au début des années 1970, peu après la découverte du déficit enzymatique responsable de la maladie. Cette maladie avait
alors une prévalence élevée dans cette communauté. Elle cause une neurodégénérescence progressive qui débute dans la
première année de vie et mène inévitablement au décès de l’enfant, en général avant l’âge de 4 ans. Autant les membres de la
communauté que les professionels de la santé impliqués s’entendaient pour dire que cette maladie était si sévère qu’il était
préférable de prendre des moyens pour éviter la naissance d’enfants atteints. De tels programmes existent maintenant dans des
communautés juives ashkenazes à travers le monde. Grâce à ce dépistage, la prévalence de la maladie a diminué d’environ
90% dans les populations juives ashkenazes. Fort de ce succès, d’autres maladies prévalentes chez les populations juives
ashkenazes ont été ajoutées au panel de dépistage de porteurs dans ces communautés, comme la maladie de Canavan et la
maladie de Gaucher, entre autres.
Suite au succès de ces programmes, des programmes semblables ont été développés dans d’autres communautés, comme le
dépistage de porteurs de la beta-thalassémie en Sardaigne et dans l’île de Chypre. Ces programmes ont également entraîné
une importante diminution de la prévalence de la maladie dans ces communautés. Des programmes de dépistage de l’anémie
falciforme chez les communautés Afro-Américaines aux Etats-Unis dans les années 1970 n’ont cependant pas eu le même
succès, en partie parce que la différence entre le fait d’être porteur sain et le fait d’être atteint d’anémie falciforme n’était pas
clairement expliquée, ce qui a donné lieu à des cas de discrimination chez les porteurs.
Plus récemment, le Collège Américain d’Obstétriciens et Gynécologues a recommandé que le dépistage de porteur de fibrose
kystique du pancréas, ou mucoviscidose, soit offert à toutes les femmes enceintes. Cette recommandation est contestée pa
certains, entre autres parce que le dépistage est fait alors que la grossesse est déjà en cours et que la mucoviscidose n’est pas
aussi sévère que la maladie de Tay-Sachs.
Génétique et Santé Publique Page 4 sur 6
http://www.infobiogen.fr/services/chromcancer/IntroItems/GenetPublicHealthID30053FS.html 21/02/2006