dossier de presse Tratando de hacer

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CONTACTS PRESSE
NOUVEAU THEATRE DE MONTREUIL : Désirée Faraon
06 18 51 30 78 / [email protected]
THEATRE DE LA VILLE : Jacqueline Magnier
01 48 87 84 61 / [email protected]
Nouveau théâtre de Montreuil – Centre dramatique national
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TRATANDO DE HACER UNA OBRA QUE CAMBIE EL MUNDO*
(el delirio final de los ultimos romanticos)
Marco Layera – Compagnie la Re-sentida CHILI
*En essayant de créer une œuvre qui change le monde (le délire ultime des derniers romantiques)
spectacle en espagnol surtitré en français / durée 1h25
mise en scène Marco Layera
avec Carolina Palacios, Pedro Muñoz, Benjamín Westfall, Nicolás Herrera, Eduardo Herrera
dramaturgie compagnie La Re-sentida
décor Pablo de la Fuente
costumes Carolina Sandoval
assistante à la mise en scène Carolina de la Maza
traduction Hélène de Hepcée
adaptation Frédéric Génicot
sous-titrage Babel Subtitling
chef technique Karl-Heinz Sateler
production Compagnie La Re-sentida (Chili)
avec le soutien de FITAM (Fundacion Teatro a Mil) et du Consejo Nacional de la Cultura y las Artes
(Chili)
avec le soutien de la Région Île-de-France, et de l’ONDA pour la tournée en France et le sur-titrage
tournée organisée en collaboration avec la Fondation teatro a mil et le soutien du Ministère de la
Culture au Chili
REPRESENTATIONS DU 2 AU 19 OCTOBRE 2014
mardi et jeudi à 19h30, lundi, mercredi, vendredi, samedi à 20h30, dimanche à 17h
relâches dimanche 5, mercredi 8, lundi 13
NOUVEAU THEATRE DE MONTREUIL / CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL / GRANDE SALLE JEAN-PIERRE VERNANT
10 place Jean Jaurès 93100 MONTREUIL Métro 9 (sortie Place Jean Jaurès)
tarifs de 11€ à 22€ / réservations 01 48 70 48 90
TOURNEE 2014 Théâtre Paul Eluard – Choisy le Roi / 7 et 8 novembre ; Théâtre d’Arras / 19 novembre ;
Les treize arches – Brive / 25 novembre ; La rampe – Echirolles / 28 novembre
Contacts presse :
Nouveau théâtre de Montreuil Désirée Faraon / 06 18 51 30 78 / [email protected]
A propos
DE HACERMagnier
UNA OBRA
QUE
MUNDO
ThéâtrededeTRATANDO
la Ville Jacqueline
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48 CAMBIE
87 84 61EL/ [email protected]
dossier de presse et visuels à télécharger sur l’espace presse
www.nouveau-theatre-montreuil.com
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A propos de TRATANDO DE HACER UNA OBRA QUE CAMBIE EL MUNDO
(el delirio final de los ultimos romanticos)
Convaincus de la portée politique de l’acte théâtral, les acteurs de la
Re-sentida sont emblématiques d’une génération qui affronte les fantômes d’une histoire
récente, celle du chili de Pinochet.
Mus par leur farouche opposition politique avec le gouvernement en place, un groupe
d’acteurs décide de s’enfermer au fond d’une cave, sans aucun contact avec le monde
extérieur, afin d’y écrire la pièce de théâtre définitive, celle qui pourra vraiment
changer le monde. Mais au bout de quatre années d’enfermement, ils apprennent que
dans ce monde qu’ils ont quitté, un nouveau gouvernement a été mis en place qui a
réussi à éradiquer complètement la pauvreté et l’injustice sociale. Au point que son
modèle est en train de se répandre sur la planète.
Depuis quelques années, la scène chilienne est en pleine effervescence, secouée par la
nécessité de regarder l’histoire dans le blanc des yeux. Cette manière inédite de prendre
position est particulièrement aiguë chez la jeune génération, et une compagnie comme
La Re-sentida est, à cet égard emblématique.
©Rodrigo Orozco
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ENTRETIEN AVEC MARCO LAYERAO, metteur en scène de la Compagnie
Vous avez étudié le droit. Quel chemin vous a conduit au théâtre ?
Marco Layera : « J’ai d’abord voulu devenir avocat, avec une spécialisation en philosophie
et criminologie. J’ai toujours voulu faire des études de théâtre mais au Chili cela n’est
pas bien vu. Je suis issu de la classe moyenne, j’ai été dans de bonnes écoles, et il fallait
que je m’oriente vers des études conventionnelles. J’ai pu accéder à une grande
Université de Droit, mais le théâtre a toujours été en moi. J’ai ensuite commencé à
étudier le théâtre et à en faire car je ne me sentais pas en accord avec ce qui se passait
dans le monde en général. Le théâtre est un moyen pour moi et mon collectif d’exprimer
notre vision du monde et du Chili. Nous avions une rage intérieure, nous nous sentions
blessés par rapport à notre propre histoire. Cela a été notre moteur. »
Dans ce spectacle, les personnages ont l'ambition démesurée de changer le monde avec le
théâtre. Est-ce aussi le cas de votre compagnie ?
Marco Layera : «Nous aimons le théâtre, mais nous sommes aussi capables de le remettre
en question. Le théâtre sert-il juste à recevoir des applaudissements ? Quel est notre
rôle ? Quel spectacle peut aujourd’hui créer un changement profond ? Ce sont des
questions que nous nous posons tous les jours. Nous savons que le théâtre est un outil
puissant, c’est ce que l’on nous apprend dans les écoles de théâtre, ici, où l’engagement
politique est très présent. En même temps, le théâtre est très peu valorisé dans la
société chilienne.
Les personnages de Tratendo de hacer una obra... sont construits autour d’une certaine
radicalité, du fanatisme même, mais ils sont plus lâches que les vrais extrémistes qui
sont, eux, dans la réalité. Ici, les balles sont fausses, les décors sont en carton, les
lumières sont artificielles. Les vrais actions ont lieu dehors. S’enfermer comme eux dans
un théâtre est quelque part un acte de lâcheté, on est comme dans un bunker, coupé de
la réalité. Oui, ces personnages nous ressemblent. Nous avons eu le même genre de
discussions de nombreuses fois. Nous, nous remettons en question notre profession.
Mon défi est de faire en sorte que le théâtre retrouve sa fonction subversive. Je voudrais
que la scène soit un champ de bataille, un espace où l’on puisse questionner la réalité,
amener une réflexion. Le pouvoir du théâtre se situe dans sa grande liberté et son
autonomie. Je pense que le théâtre est un des rares espaces de liberté et de pensée qui
existe de nos jours, à l'opposé de la télévision qui, ici, est une grande poubelle. »
Sur le plateau un amoncellement de notes et de références accrochées au mur matérialise
le poids de la culture et de l'histoire intellectuelle qui écrasent les personnages. Il est
aussi question de la difficulté de créer quelque chose de nouveau. En quoi est-ce
important pour vous ?
Marco Layera : « Savoir ce qui peut aujourd’hui toucher les gens est une sorte de quête.
Je crois que nous sommes arrivés à un stade de l’humanité où plus rien ne nous émeut :
nous nous sommes habitués à la mort, à la pauvreté. Alors que faut-il faire pour que le
spectateur engage une réflexion profonde? Comment s'y prendre ? Faut-il retourner au
théâtre romain ? C’est le propos de ces personnages. Plutôt que d’être dans une quête
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d'idéal artistique, ils cherchent à créer une pièce révolutionnaire. Je ne parle pas
d’avant-garde : il ne s’agit pas de montrer un acteur sur scène qui se tranche avec un
couteau, c’est du déjà-vu.
Ce sont des utopistes. Ils se heurtent à une muraille car il est très difficile de changer le
monde aujourd’hui et via le théâtre c’est quasiment impossible. C’est leur rêve, mais
c’est un échec. Dans la réalité, au Chili, nous assistons aussi à un véritable échec
idéologique, celui du socialisme. Tout comme en Europe, on a abandonné le socialisme
depuis bien longtemps. Cela provoque beaucoup de regrets. Le spectacle parle aussi de
l’échec de cet idéal de société démocratique, et comment l’art peut être un instrument
pour tenter d'atteindre cet idéal. »
Comment se situe Tratendo de hacer una obra para cambiar el mundo par rapport au
premier spectacle de la compagnie, Simulacro (2008), et par rapport au suivant La
Imaginacion del futuro (2013) qui sont basés sur une forme de provocation féroce?
Marco Layera : A la fin d’un spectacle, nous réfléchissons et cela nous mène à au
spectacle suivant. Cela naît de différents désirs. Pour celui-là, je voulais m’éloigner de
mon premier spectacle. En travaillant d’avantage sur le texte, j'ai voulu apporter une
réflexion intellectuelle. Ce n’est pas une pièce insolente comme les spectacles
précédents. L’imagination du futur parle des ministres qui veulent refaire l’histoire du
Chili. Simulacre parle de l’identité du Chili et des pays latino-américains. Dans ces
spectacles, nous critiquons et nous faisons de l'auto-critique. En tant qu’homme de
gauche, je m’interroge : ce rêve d’Allende valait-il la peine ? Ces dix-sept années de
dictature valaient-elles la peine ? A quoi bon cette utopie ? Le problème est que l’on
nous a appris à rêver, on a créé en nous des illusions. Dans cette perspective, notre
travail est provocateur. Allende est un saint, nous le rendons plus humain. Seule la droite
remet en question Allende, pas la gauche. La gauche ne se questionne jamais sur ellemême, pourtant il me semble important de pouvoir nous regarder nous-mêmes plutôt que
de regarder celui qui pense différemment. Oui, Simulacro est un spectacle plus insolent,
plus dur ; il a fait dire à certains : « qui sont ces petits morveux qui maltraitent le
théâtre et la génération des optimistes ? ». Notre vision est effectivement pessimiste,
nos autres spectacles sont cruels, mais notre objectif est plus que de faire seulement un
spectacle différent. »
Vous avez déjà présenté Tratendo de hacer una obra... en Europe, depuis sa création en
2010. Le spectacle est-il reçu de manière différente par rapport au public chilien ?
Marco Layera : « Dans certains pays comme en Belgique, en France ou en Allemagne, on
fait des lectures différentes de celles faites ici au Chili. Il faut croire qu’en Europe on
est encore sensible au rêve socialiste. Il y a davantage d'émotions face à ce spectacle, il
est arrivé que des gens sortent en pleurant. Ce n’est pas le cas, ici. Au Chili, plus
personne ne s’intéresse au projet socialiste, on pense que c’est fini. On ne discute pas,
on essaye de cacher les choses. Le Chili veut devenir comme les États-Unis, alors il n’y a
plus de place pour la culpabilité et la réflexion. En Europe, ces questions sont encore
possibles car on se sent, je pense, davantage coupables d'avoir abandonné le
socialisme. »
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Vous avez écrit le texte du spectacle tout en travaillant étroitement avec les comédiens.
Comment procédez-vous exactement ?
Marco Layera : « Tous les textes de nos spectacles sont écrits de la même façon. Au
départ, je mène une recherche personnelle, je choisis le thème, j’écris la trame
principale. En sortent des scènes, des monologues, des poésies, des photos, des images…
Je remets ce matériel aux comédiens, qui vont improviser et écrire à partir de ça. Les
comédiens apportent leurs idées. Je réécris ensuite le texte en intégrant ces nouveaux
éléments pour obtenir la matière finale. Des choses se transforment en profondeur,
d’autres se développent et d’autres ne changent pas du tout comme le monologue final
dans Tratando de hacer una obra... J’ai toujours pensé que sept ou huit cerveaux
réfléchissent mieux qu’un seul. C’est un travail dialectique avec les comédiens. »
La compagnie La-Resentida Teatro fonctionne-t-elle comme une troupe ?
Marco Layera : « Nous sommes six permanents dans la compagnie, les autres sont des
artistes invités à participer à des projets spécifiques. Je prends certaines décisions en
tant que directeur artistique, d’autres décisions se prennent en collectif. Le producteur
(nous avons notre propre production) est également comédien. Cela fait huit ans que
nous sommes ensemble, et l’apprentissage se fait au fil du temps. C'est quelque chose qui
ne s’enseigne pas en théorie ! Il y a des conflits et des obstacles, mais deux choses nous
unissent : nous aimons ce que nous faisons alors nous le faisons de bon cœur, et nous
sommes très amis. Nous sommes tous des ouvriers, et, au-delà de nos différences
politiques, nous avons une idéologie commune. J’ai la chance d’avoir trouvé mon groupe.
Nous nous comprenons, nous avons la même vision du travail théâtral. Nous savons que si
nous devons répéter un jour jusqu’à cinq heures du matin, nous le ferons. Nous sommes
des extrémistes du travail ! »
Comment vous situez-vous par rapport au théâtre de Brecht ou au théâtre militant des
années 1970 ? Est-ce que ces formes de théâtre vous inspirent ?
Marco Layera : « Nous avons été forcément influencés par le théâtre engagé, comme
celui d'Erwin Piscator, ainsi que par le théâtre allemand. Nous le lisons, il nous inspire par
son esprit plutôt que par sa forme. Les troupes de théâtre des années 1970 croyaient en
un monde idéal et luttaient pour ça. Eux avaient des solutions contrairement aux gens de
ma génération qui n’en ont pas. Mon théâtre politique n’est pas aussi clair, il n’apporte
pas de réponses, il ne pose seulement des questions. Avant, on pouvait trancher entre ce
qui était bien ou mal. Mon théâtre ne fait pas cette différence, ce n’est pas un théâtre
moraliste. C’est principalement ce qui nous différencie de cet héritage de l’histoire du
théâtre. Au Chili on luttait contre une dictature, l’ennemi était évident, aujourd’hui
l’ennemi est diffus. Ne sommes-nous pas nos propres ennemis ?
Nous aimons l'esprit de grands auteurs comme Brecht. Nous le respectons et, nous
l’admirons, mais ce n’est pas forcément une référence en terme d’expression artistique
et de langage. Nous sommes dans une quête où nous considérons que tous les styles,
toutes les formes de langage peuvent servir à faire du théâtre : le théâtre de
marionnettes, le cirque,... Nous nous ouvrons à toute technique à partir du moment où
elle nous sert à exprimer ce que nous avons à dire. Tout peut être un instrument et en
tant qu’artiste, plus nous aurons d’outils plus nous aurons de liberté pour créer. »
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Le nom de la compagnie, « Re-Sentida Teatro », est un jeu de mot avec l'adjectif
« resentida » (« fâchée ») et le verbe « sentir ». Contre quoi avez-vous du ressentiment
exactement ?
Marco Layera : « Re-Sentir » signifie aussi « sentir de nouveau, mais de manière un peu
différente, plus intense ». Nous appartenons à une génération qui se sent en colère
contre beaucoup de choses dans l’histoire de notre pays, à commencer par la génération
de nos parents qui au lieu de lutter pour une vraie démocratie a laissé s’installer un
système néolibéral hérité de la dictature. Nous sommes en colère contre les énormes
inégalités dans ce pays. Le Chili est un pays qui montre une image officielle très
progressiste mais qui en fait très conservateur, et nationaliste, qui croit être le
meilleur pays d’Amérique Latine. D’autres pays d'Amérique latine ont connu la dictature
mais ont su se développer et évoluer socialement. Au Chili, certes il y a eu un
développement économique -qui a d’ailleurs crée d’énormes inégalités-, mais
idéologiquement il n’y a pas eu d’évolution. Les différents mouvements sociaux des huit
dernières années montrent que la génération actuelle exige du gouvernement de gauche
qu’il agisse en tant que tel, et non en entretenant le système néo-libéral. Nous aspirons
à une société pluraliste, progressiste, qui intègre chacun, pas à cette espèce de
colonialisme, où l’Église et les Conservateurs ont un grand pouvoir. Je pense que
beaucoup de gens dans le monde sont en colère, en dehors du Chili. »
Propos recueillis le 15 juin 2014 par Naly Gérard.
(Traduit de l'espagnol par Monica Rey)
Marco Layera, metteur en scène
Parallèlement à son parcours en droit, philosophie et criminologie à l'Université du Chili,
Marco Layera a suivi une formation à l'école du théâtre La Matrice et au théâtre L'Image
de Valparaiso. En 2007, il fonde la compagnie La Re-sentida, composée de jeunes acteurs
chiliens qui partagent sa conception de l'art et de la scène considérés comme des
instruments de pensée politique, nécessairement inventifs et subversifs, censés mettre
en question la réalité. Avec eux, Marco Layera crée Le Simulacre puis En essayant de faire
une œuvre qui change le monde, qui a été accueillie dans de nombreux théâtres et
festivals internationaux, notamment en Europe. Marco Layera mène également des
travaux de recherche sur les procédés scéniques actuels, dans le cadre des projets «
Citoyens Elencos » et « Laboratoires de montage ». Il a publié des articles dans la revue
Pointages de l'Université catholique et dans le supplément Alias du journal Il Manifesto. Le
prix Eugenio Guzmán lui a été décerné par l'Université du Chili, et En essayant de faire
une œuvre qui change le monde a reçu le prix de la meilleure mise en scène au festival
Jeune Théâtre du Théâtre des Comtes de Valparaiso. Après cette pièce enjouée au ton
plutôt rassembleur, Marco Layera et ses compagnons ont recentré leur travail sur l'idée
d'un théâtre insolent et provocateur, qui dérangerait au risque de froisser, dans le but de
trouver une forme et un discours neufs, propres à leur génération.
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