ÉVÈNEMENT Dr Amina Abelouahab*, à Santé Mag, Dans le cas d’un cancer du sein génétique, la probabilité de développer un cancer du sein, chez la femme, est de 80%; contre 10%, dans la population générale Une altération génétique du gène BRCA1, ou BRCA2, chez une femme, accroît fortement le risque de développer un cancer du sein, à un âge précoce. Les familles les plus susceptibles d’être atteintes par cette altération présentent une histoire familiale caractéristique. Dans ce cas - d’un cancer du sein génétique -, une femme. Aussi, la présence de plusieurs cas de cancers du sein, dans une même famille, la femme a une probabilité de développer un cancer du sein, qui est de 80%; contre 10%, dans la population normale. Le Docteur Amina Abdelouahab revient sur la question. Propos recueillis par Tanina Ait Santé Mag: Qu’appelle-t-on un cancer du sein génétique ? Dr Amina Abdelouahab: Ce qu’il faut savoir est que tous les cancers sont des maladies génétiques. Cependant l’environnement, à savoir: l’exposition à des doses de radiations ionisantes, l’hygiène de vie, l’obésité et autres, sont des facteurs de risque et vont transformer les gènes. Ces gènes vont se multiplier d’une façon anarchique et causer le cancer du sein génétique, qui est, donc, une maladie du génome. Cette pathologie du génome, ou de la cellule, peut être innée, ou acquise. Ce défaut génétique, ou mutation de gènes n’est pas seulement du aux facteurs de risques environnementaux; car, ces derniers ne font que l’induire; d’où la survenue, à un âge relativement jeune, de ce cancer. Qu’est ce qu’il ya lieu de faire, lorsqu’un cancer du sein s’avère génétique, ou héréditaire ? Lorsqu’un cancer du sein est détecté, chez une femme qui a des antécédents; c'est-à-dire que la mère, la sœur, ou la tante, ont fait un cancer, la patiente, ainsi que sa descendance et sa fratrie, doivent être bien pris en charge et précocement. Ce qu’il faut, également, dire est que lorsqu’il existe un cancer du sein, dit génétique, dans la famille, la femme, issue de cette famille, est dite à risque et a, donc, une probabilité de développer un cancer du sein de 80%; contre 10%, pour la population générale. Comment savoir si c’est, vraiment, génétique ? Par une enquête génétique, en reconstituant l’histoire personnelle et familiale et par la construction génétique de l'arbre généalogique de la famille; ainsi que l’estimation de la probabilité de prédisposition. Un dépistage génétique consiste à rechercher, justement, cette mutation génétique et comment la rechercher. En effet, depuis 1994, ce test existe chez nous et nous avons découvert et identifié les gènes BRCA1 et BRCA2, qui sont responsables. Des tests, élaborés dans ce sens permettent, donc, de savoir si la personne est prédisposée à faire un cancer. Une fois que la mutation du gène BRCA1 est confirmée, quelles sont les mesures à prendre ? On propose à ces femmes, porteuses d'une altération génétique de BRCA1, ou BRCA2, une stratégie de prise en charge, ciblée par une surveillance spécifique et rapprochée, dès l’âge de 30 ans (consultation, mammographie, échographie, IRM, une à deux fois par an). Dans le service d’oncologie génétique, que je gère, j’ai plus de 800 familles qui sont suivies et que je revoie chaque année. Pour ce faire, je demande une IRM, qui permet de déceler une lésion et dès qu’on décèle la moindre tâche, on agit et on commence le traitement et la prise en charge. Il s’agit, donc, d’une population ciblée, car l’anomalie génétique est un facteur à haut risque de développement d’un cancer du sein. La surveillance génétique du cancer du sein permet-elle de contrecarrer la survenue d’un cancer ? Non, il ne s'agit pas d'une prévention, puisque la surveillance n'empêche pas la survenue d'un cancer. Aussi, comme nous savons, un cancer du sein dépisté, précocement, a de meilleures chances de guérison * Docteur Amina Abelouahab, sénologue, spécialiste de la consultation du cancer génétique, au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) – Alger. N°39 - Avril 2015 Santé-MAG 33