4
TÉMOIGNAGE
Cheminement d’une mère dont la fille souffre du trouble
de la personnalité limite
À l’âge de 34 ans, je me suis retrouvée seule, suite à un divorce, avec trois
enfants âgés de 5, 10 et 12 ans. Comme toute mère monoparentale, j’ai
assuré presque seule l’éducation de mes enfants et trouver un endroit
sain pour y vivre et un travail pour le côté financier. Je suis retournée aux
études le soir afin d’améliorer notre condition de vie. La vie s‘est déroulée
avec des hauts et des bas, des joies et des peines comme toute famille.
J’avais une très bonne relation avec ma fille Esther* la cadette. Je dois
avouer que je l’ai gâtée plus que les deux autres compte tenu du fait que
son père était plutôt réticent à la venue d’un autre enfant.
Esther a complété son primaire, secondaire, CEGEP et a fréquenté l’uni-
versité en Arts. Elle est très douée pour le dessin, la peinture et a excellé
dans le sport. Elle tenait à ses idées et acceptait mal l’autorité. Elle voulait
vivre de sa peinture donc devait accepter des emplois très peu rémuné-
rés. Elle avait beaucoup de projets mais n’arrivait pas à les rendre à ter-
me.
Vers l’âge de 35 ans, elle est devenue agressive envers moi; elle me
contredisait et me reprochait souvent mon comportement. Pendant 3
ans, elle a coupé toute communication avec moi et la famille; j’étais an-
goissée et surtout très inquiète. Elle a finalement communiqué avec sa
sœur Véronique pour lui dire qu’elle avait perdu son emploi depuis 4
mois et qu’elle n’avait plus d’argent. Elle était perturbée, en colère et se
disait victime d’un complot; selon elle, on avait installé des micros dans
son appartement et on la suivait à l’extérieur.
Durant ces 3 années, elle avait renoué contact avec son père et c’est ce
dernier qui l’a hébergé chez lui. Je rencontrais Esther à toutes les semai-
nes; elle avait souvent des propos insensés et très agressifs; je ne savais
pas quoi lui dire; j’avais peur de ses réactions et peur du suicide. Je com-
prenais qu’elle souffrait d’une maladie mentale et j’avais besoin d’aide,
car j’étais désespérée, impuissante et je me sentais terriblement coupa-
ble; où avais-je manqué dans son éducation?