DE
LA
CONTRIBUTION
DE
L'ISLAM
A
L'ACCOMPLISSEMENT
DE
L'HUMANITÉ
L'Islam est à la fois religion et communauté, une communauté fondée sur la foi.
Non pas au sens le sont toutes les communautés religieuses, mais en ce sens
spécifique que la communauté ainsi fondée n'est pas seulement religieuse.
La foi y pénètre tous les actes de la vie, non seulement personnelle mais sociale et
politique.
Le prototype de ce genre de communauté est celle de Médine, fondée par le
prophète Mohammed en 622.
C'est une communauté de type nouveau : ce n'est plus la communauté tribale,
fondée sur les liens du sang ; beaucoup de hadiths insistent sur le fait qu'il n'y a
aucune différence entre telle ou telle appartenance triba¬le ou raciale, c'est en
quelque sorte la fin de l'esprit clanique, du moins sur le plan doctrinal : cette idée
fondatrice ne s'intéresse pas spécialement aux problèmes sociologiques
d'appartenance. (Voir le verset 13, sourate 49 : « Les hommes, nous vous avons
créés d'un mâle et d'une femelle et nous avons fait de vous des nations et des
tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d'entre vous auprès de
notre Seigneur Allah est le plus pieux ».
Ce n'est pas non plus une "nation" au sens occidental du terme, fondée sur l'unité
d'un territoire, d'un marché, d'une langue, d'un héritage culturel, c'est-à-dire de
"données" comme celles de la race, de la géographie ou de l'histoire. Et par
conséquent sur le passé, mais une communauté prophétique, fondée sur une
expérience commune de la transcendance de Dieu. Le Coran dit dans la Sourate
11 verset 285 : « Le messager a cru en ce qu'on a fait descendre vers lui de son
Seigneur et aussi les croyants : tous ont cru en Allah, en ses anges, à ses livres et
en ses messagers : en disant : "nous ne faisons aucune distinction entre ses
messagers" et : "nous avons entendu et obéi Seigneur. Nous implorons ton
pardon, c'est vers toi que nous retournerons." » Et dans la sourate 5 (versets 44 et
46) le Coran dit : « Nous avons fait descendre la Thora dans laquelle il y a guide et
lumière, c'est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah, ainsi que
les rabbins et les docteurs jugent les affaires des juifs. » Et dans le 46 : « et nous
avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie, pour confirmer ce qu'il y avait dans la
Thora avant lui et nous lui avons donné l'Evangile il y a guide et lumière pour
confirmer ce qu'il y avait dans la Thora ».
Le prophète de l'Islam n'a jamais prétendu créer une religion nouvelle, mais
rappeler les hommes à la religion primordiale. Et c'est dans la sourate 29, verset
46 que le Coran exprime cette réalité : « Nous croyons en ce qu'on a fait
descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu
est le même ». En son principe l'islam est une religion très œcuménique.
Le Coran enseigne que Dieu "a établi pour vous, comme loi, ce qu'il avait prescrit à
Noé, ce que nous te révélons, et ce que nous avons prescrit à Abraham, à Moïse
et à Jésus" (42-13).
A tous fut révélé le même message : celui de la soumission à la loi du Dieu unique.
Cette loi est celle de toute la création : une pierre dans sa chute, un arbre dans sa
croissance, un animal dans ses instincts, sont "soumis à la loi de Dieu". Le Coran
dit, sourate 33, verset 1-3 : « Notre Seigneur est celui qui a donné à chaque chose
sa forme et sa loi et qui Ta guidée jusqu'à son plein épanouissement ». Mais
l'homme seul a le privilège redoutable de pouvoir désobéir : « Nous avons proposé
le dépôt (de la foi, de la liberté, donc de la responsabilité) aux deux, à la terre et
aux montagnes. Tous ont refusé de l'assumer, tous ont tremblé de le recevoir. Seul
l'homme a accepté de s'en charger, mais il est injuste et ignorant ». Sourate 33,
verset 72.
Le verset révédu Coran fut : « Lis, au nom de ton Seigneur ». Cette dimension
du sacré est capital, dans le contexte de ce livre sacré, je développerais cette
donnée essentielle un peu plus tard, donc. Il fut un temps, dans l'histoire religieuse
de l'humanité, où la science était l'affaire des prêtres qui en faisaient un domaine
réservé exclusivement à leur caste. Plus tard, les sages de la Grèce antique
l'inclurent dans la philosophie. Sa vulgarisation, sans garantie morale, leur
paraissant dangereuse, ils énoncèrent comme principe préventif : "une science
sans conscience n'est que ruine de l'âme". Puis, conférant à la science une
dimension éthique ils décrétèrent que : "le moralement fautif ne peut être qu'un
ignorant".
L'attitude des doctrines monothéistes vis-à-vis de la science n'a été ni identique, ni
invariable. Dans la mesure les découvertes scientifiques mettaient en cause
leur dogmatique, les dirigeants de certaines religions n'ont pas manqué de
s'alarmer, de s'en prendre aux savants et de les massacrer à l'occasion. Tel n'a
jamais été le cas de l'islam qui, n'ayant pas de clergé structuré, a toujours glorif
la science et honoré ses détenteurs. "Ceux qui savent sont-ils à mettre sur le
même pied d'égalité que ceux qui ne savent pas ?". Il est ainsi prescrit au
musulman de faire confiance à la science positive, de ne jamais voir dans ses
progrès une menace pour sa foi. D'où l'obligation pour tout théologien de l'islam de
suivre en toute objectivité et probité intellectuelle la marche du savoir humain. Il ne
s'agit point, au demeurant pour lui, de faire de la théologie une branche des
spéculations scientifiques, mais d'avoir, s'il veut s'occuper de théologie, une base
scientifique suffisante pour être au courant du mouvement intellectuel qui parcourt
le monde car c'est son devoir en tant que docteur et "successeur des Prophètes"
('Innal-ulamâ'awarathatu-l-Anbiya). Mais comment concilier la religion dont
l'enseignement repose sur des dogmes intangibles et des actes de foi comme "don
total" avec la science dont les acquis relèvent de l'expérimentation vérifiable et des
conjectures de la démonstration rationnelle ou philosophique.
Avant l'islam c'était la JAHILYA, temps du paganisme et du non témoignage arabe
et de l'ignorance du Dieu Unique, celui d'Abraham, Moïse, Jésus et Muhammad
(SAWS). En ces temps d'errance métaphysique, l'absence de lumière divine se
doublait d'une errance scientifique, puisque la causalité se référait bien souvent à
des croyances et à des superstitions.
Le passage de la Jahiliya à l'Islam est acte et notifié dans la sourate 111-164 (Al
Imran) : « En vérité Allah a usé de bonté envers les croyants en leur envoyant un
Prophète parmi eux, afin de leur communiquer ses versets (Ba'Atha Fîhim
Rassulan min Anfusi-him), les purifier (de leurs péchés) et de leur enseigner le
Livre et la Sagesse, bien qu'ils fussent auparavant dans un égarement évident ».
Sourate 62-2.
Ainsi l'islam introduisant la Révélation coranique dans l'Histoire requiert de chaque
croyant la pratique de la Sagesse. Au fond, l'homme, dès qu'il eût le don
d'observation fût-il du même coup croyant ? Ou bien l'inverse ?
L'anthropologie nous enseigne que l'homme vit et meurt depuis 3 millions
d'années, mais c'est seulement depuis 100 000 ans, lorsque son cerveau atteignit
le volume actuel (de 1 600 cc) qu'il se mit à enterrer ses morts en suivant des rites,
donc des croyances religieuses concernant la mort, considérée comme un
passage de l'âme vers une autre réalité.
Quoiqu'il en soit, l'éveil intellectuel de l'homme semble bien contemporain de la foi.
Ils sont inséparables.
L'islam accorde à la science et aux savants une place privilégiée en incitant dans
plus de 750 versets du Coran selon (Jawhâri Tantâwi) à la réflexion, à
l'observation et à la connaissance par l'intelligence et la raison. « En vérité, dans la
création des deux et de la Terre, dans l'alternance de la Nuit et du Jour il y a certes
des signes pour ceux qui sont doués d'intelligence » Coran III, 190. Science et
connaissance sont donc des exigences de la foi. Le Coran enseigne que Dieu a
établi Adam comme son Vicaire (Kalifa) sur Terre, et le Coran III, 30-34, nous dit
que Dieu le pourvut de la science des noms de tous les êtres et de toutes les
choses que Dieu a crées, capacité que n'avaient pas les Anges.
Coran II - 30 à 34
« Rappelle aux hommes que Dieu dit aux Anges : « Je vais instituer un vicaire sur
terre » Et ceux-ci de répondre : « Y placeras-tu quelqu'un qui y sèmera le désordre
et y versera le sang, alors que par nos louanges, nous publions ta gloire et
magnifions (par nos prières) ta sainteté ? En vérité (rappelle Dieu), je sais ce que
vous ne savez pas... ». « Il enseigna à Adam tous les noms et présenta aux Anges
(tout ce) qu'ils désignent en leur demandant : « Dites-moi donc les noms des êtres
et des choses que voici si vous êtes véridiques ? » « Gloire à toi ! proclamèrent les
Anges, nous n'avons aucun savoir en dehors de ce que tu nous as toi-même
enseigné, car en vérité c'est Toi le savant ».
Interprétant ces versets, le commentateur Ar Razi en tire plusieurs
enseignements, sur la notion de science qui est à l'origine de la position privilégiée
accordée à l'homme par Dieu. Il n'y a rien de plus noble, dit-il, que la science
grâce à laquelle l'homme est désigné comme vicaire de Dieu sur terre. Cependant,
cette science en islam ajoute Razi est entourée de plusieurs garanties qui sont au
nombre de quatre : ces garanties incarnent la contribution de l'islam, comme vision
à l'humanité toute entière. AMANA: La Foi : le Coran souligne à ce sujet que «
ceux qui ont approfondi la science disent : « nous y ajoutons foi ! Tous émanent
de Dieu » (S. III, v. 7).
MITHAQ : L'unicité d'Allah (Dieu atteste, ainsi que les Anges et les hommes doués
de science, qu'il n'y a de Dieu, que Lui le Puissant, le Sage) (Sourate 3, verset 18)
à n'adorer que Lui.
HUMILITE : « Dis-leur « croyez-y ou n'y croyez pas ! ceux qui ont reçu (de Dieu) la
science avant (sa révélation) tombent prosternés, le menton contre terre,
lorsqu'elle leur est récitée » (S. 17, v. 107). LA CRAINTE : Seuls les savants
redoutent Dieu parmi ses serviteurs (S. 25, v. 28). Ainsi l'homme en islam est
conçu d'abord en tant que témoin de l'unicité de Dieu. Il n'aura vraiment sa valeur
irremplaçable de personne humaine qu'investi par Dieu du statut de croyant.
IQRA ! Bismi Rabbika : Lis ! est la première Révélation coranique qui dit que Dieu
enseigna l'homme par le Calame, ce que l'homme ne savait pas ». 96-4 (Al'Alaq :
l'adhérence). 'Im en arabe ne se traduit pas seulement par le mot "Savoir".
'Im englobe la théorie, l'action et l'éducation du savoir. Le mot 'Im est cité 27 fois
dans le Coran. Le 'Alim s'oppose au Jâhil dans le sens le 'Alim est porteur du
savoir de Dieu donc de la Foi.
Le mot 'alim (savant) est cité 140 fois, les dérivés de 'alima : 704 fois. Les moyens
du savoir sont décrits et également précisés dans le Coran :
- l'écriture Kitaba, Kitâb : 230 fois
- la plume (al Qalam) : 2 fois
- al Kitab pour le Coran : 81 fois, ahl al Kitab : gens du Livre ou de l'Ecriture
considérés comme informés de Dieu...
Parmi les 'Ulum, Musa al Khadhim rapporte qu'un hadîth divise les sciences
coraniques en 3 sortes (de sciences) :
- les signes irréfutables d'Allah: Ayât Muhkamât
- les obligations justes (Faraïdh 'Adila)
- les traditions reconnues (Sunnatun QA-IMAH) du Prophète (SAWS)
Ceci implique que le 'Im, dont l'acquisition est obligatoire pour les musulmans,
englobe
- les sciences théologiques
- la philosophie
- les sciences exactes dites d'observation
- enfin le droit, la science politique, les sciences humaines.
Razès (Ar Razi) et les Ecoles rationalistes ou mystiques de l'islam distinguent pour
leur part les voies de la connaissance par leur objet et leur méthode en :
- Connaissances rationnelles, acquises par les facultés propres de
l'intellect : déductives, inductives, intuitives et analogiques.
- Connaissances révélées (Al 'Im almaw-houb) nécessaires à l'approche
des autres connaissances divines ou surnaturelles, lesquelles peuvent être
délivrées aux hommes sans que ces connaissances puissent passer les limites
permises à l'homme, en raison-même de sa nature humaine limitée. Ces
connaissances s'intéressent aux mystères de l'âme et de Dieu. C'est une
connaissance totale qui englobe tous les moyens de recherche de la causalité.
Aver-roès a dit : « les sciences ont des causes multiples mais la première cause
en est Dieu » (Ibn Roschd).
En réalité le problème essentiel de la foi musulmane n'est pas la science pour la
science, mais d'accéder à l'idéal de vérité (al haqq) par tous les moyens de la
connaissance : innée ou déduite, empirique ou révélée, afin de permettre à
l'homme de s'affirmer "au-delà de lui-même". AL GHAZALI critiquant les
philosophes dont le savoir peut s'entacher d'erreurs en raison du doute et parfois
de la méthode employée, distingue des sciences utiles et juge d'autres comme
inutiles telles les pseudo sciences de la Jahiliya. Dans son "Tahâtut Al falasifa" en
particulier Al Ghazali dénie au raisonnement philosophique la rigueur du
raisonnement mathématique et dans les Maqâsid il indique qu'il y a une source
de séduction qui égare les partisans
inconsidérés de la logique.
Il montre en outre que la démonstration philosophique défend la thèse selon laquelle la
connaissance de la vérité ne peut être que le fruit de 2 types de science. « Les vérités
consacrées par la raison ne sont pas les seules ; i! y en a d'autres, dit Ghazali, auxquelles
notre entendement est absolument incapable de parvenir. Force nous est de les accepter.
Quoique nous ne puissions les déduire, à l'aide de la logique, il n'y a rien de déraisonnable
de supposer qu'au-dessus de la sphère de la raison il y ait une autre sphère, celle de la
manifestation divine. Si nous ignorons complètement ses lois et ses droits, il suffit que la
raison puisse en admettre la possibilité ». Averroès répondant aux critiques d'AI Ghazali par
son Tahâfut At Tahafut (l'incohérence de l'incohérence) défend la doublerité :
- La vérité philosophique qui représente une forme rationnelle de connaissance,
- La vérité de la connaissance religieuse qui représente la forme révélée de la foi.
Les deux ne peuvent bien sûr être opposées, la vérité ne pouvant contredire la vérité. Cette loi
de double vérité, issue de la logique aristotélicienne allait séduire Maïmonide, Thomas
d'Aquin, Ibn Rushd reste ainsi fidèle à la voie tracée par son maître Ibn Tufayl, dont il
commenta le roman philosophique Hayy B. Yaqzan, le héros finit par
les seuls moyens
de sa propre contemplation et de sa réflexion par être conduit à une connaissance mystique
de Dieu. Pour lui un regard rationnel sur la création peut aussi conduire à la connaissance
du créateur. En fidèle commentateur d'Aristote il croit dans la logique de la démonstration
rigoureuse qui, de nature concrète, part du simple au complexe et du connu à l'inconnu.
Cependant, note l'auteur du FASL AL MAQÂL WA TAQRIB MA BAYNA-L-SHARI'A WAL
HIKMA MINAL ITTISAL (traité décisif et exposition de la convergence qui existe entre la loi
religieuse et la philosophie) : les inférences rationnelles (QIYÂS 'AQLI) doivent
s'accompagner d'inférences fondées sur la loi (QIYÂS SHR'I) en.vue d'établir la légitimité de
la spéculation rationnelle.
D'une manière générale le Coran et la tradition insistent sur l'importance que doit retir
chez l'être humain l'exercice de sa raison (aql), de sa réflexion sage (al Hikma) en vue de
l'IJTIHAD pratiqué par des méthodes déductives comme le QIYAS analogique de l'Imam
Abu Hanîfa ou inductives par l'observation et l'expérimentation fréquemment prônées par le
Coran pour aboutir à la connaissance de la vérité en s'écartant de l'erreur. La « Maarifa »
est une connaissance dont le processus logique n'est pas celui du savoir scientifique, mais
elle est l'accès à la connaissance ultime et suprême de Dieu prônée dans la mystique par
l'ascèse. Pour y parvenir Al Ghazali propose une méthode originale : « la connaissance de
soi-même », écrit-il, « est la connaissance de Dieu le Très Haut ». Dans l'Ihya, il affirme : «
Celui qui se connaît soi-même connaît son Seigneur » MEN 'ARAFA NEF-SAHU FA QAD
'ARAFA RABBAHU. Nous ne sommes guère éloignés de la philosophie des Existentialistes
européens tels Kierkegaard qui affirmait: « l'Homme n'existe comme individu que devant
Dieu» et « Dieu n'existe que parce qu'il se trouve au bout de tous les chemins de
l'Homme... ». Le Coran affirme que cette connaissance concernera les choses extérieures
et intérieures à l'homme : « Nous leur ferons voir nos signes dans les horizons et en eux-
mêmes jusqu'à ce que la vérité leur devienne évidente » Cor. 41-53 (Fussilat les versets
détaillés).
Il est reconnu que l'existentialisme a été porté en France par des émigrés russes fuyant la
révolution d'octobre 1917, et des philosophes allemands durement traumatisés par
l'effondrement de leurs pays et le désespoir auquel les condamnait le traité de Versailles. La
suite vous la connaissez.
Le désarroi occidental a atteint son paroxysme entre les deux guerres, un nihilisme radical y
préparait les esprits à l'ivresse hitlérienne avec son irrationalisme profond, son exaltation de
l'instinct et du mythe, l'expression la plus aigûe de ce désarroi se trouve chez Heidegger : «
Entre un ciel vide et une terre en désordre, la vie de l'homme apparaît sans perspective et
sans issue ». Ainsi, selon l'islam et les théologiens classiques il s'agira de développer deux
voies dans les valeurs de la connaissance :
- La science pratique ('lm al muâmala) qui dépend de la grâce mais aussi de la
volonté de l'Homme. Ces sciences ont un objet pratique, de progrès, sans lequel est-il dit, «
leur absence est préférable à leur présence ».
- La seconde connaissance ('lm al mukâsha-fa) désigne la lumière, qui se produit
dans le cœur de l'élu lorsqu'il s'est libéré de ses qualités blâmables. Cette voie de connais-
sance illuminative, prônée par Avicenne, Al Ghazali et les plus grands mystiques, consiste
en un « lever du voile de l'âme, de sorte que la connaissance réelle des idées et des choses
se révèle de manière claire et "indubitable" ». C'est aussi une connaissance du cœur.
- "Il faut dit Ghazali, distinguer l'essence des choses et la présence de celles-ci dans
le cœur. Lorsque le voile est levé l'homme a connaissance de la forme du monde physique
et surnaturel".
C'est par cette "vision du cœur" qu'apparaissent les vérités suprêmes du monde limité du
Ciel et de la Terre, mais aussi du monde infini des connaissances surnaturelles. Ceci
suppose une clarification appropriée de l'âme elle-même, car, comme dit Spinoza : « Notre
âme étant une partie de l'entendement de Dieu il est nécessaire que les idées claires et
distinctes de notre âme soient vraies comme celles de Dieu ! ». Dans cet ordre d'idée la foi
(Iman) va se constituer en trois étapes de certitude :
- 'lm al Yaqîn : la connaissance de certitude
- Ayn al Yaqîn : La vue de la certitude
- Haqq al Yaqîn : la vérité de certitude, qui est la connaissance suprême de l'âme
dans son objet d'adoration (inaccessible sans l'élection de Dieu).
Qui peut atteindre la science de Dieu ? « C'est Lui qui connaît le connaissable et
l'inconnaissable » (Cor. VI, 73 Al An'am) et : « Ils n'embrassent de sa science que ce qu'il
veut » (Cor. Il, 14 - versets du Trône). La pensée religieuse contemporaine de l'islam tend
vers une véritable reviviscence du rapport de la science et de la foi un peu oublié au cours
des siècles de stagnation (après Ibn-Khaldun).
Les réformistes modernes s'inscrivent à la suite de Muhammad ABDOUH qui, insistant sur
la primauté de la raison en matière de tradition religieuse, sire libérer le jugement de
l'argument d'autorité : le TAQLID. Dans sa Risalat at-Tawhid M. Abdu tout en respectant les
dogmes fondamentaux ne déviant pas de la Shari'ah, prône le retour à la Saine Tradition
par la connaissance approfondie de la doctrine à la lumière de la pensée scientifique et
technique actuelle. D'où cette association complémentaire et nécessaire pour lui et son
Ecole, d'étudier les sciences religieuses ainsi que les sciences modernes afin de mieux
engager les sociétés musulmanes dans le Progrès : La religion, ainsi conçue, est en parfaite
harmonie avec la science : « la destinée du monde ne sera accomplie que lorsque la
science et la religion fraterniseront, comme le veut le Coran et la sagesse, et c'est alors que
Dieu aura complété sa lumière... En comprenant la religion de cette façon, celle-ci devient
un ami sincère de la science, un stimulant pour approfondir les mystères de l'univers, un
appel au respect des vérités bien établies ».
« En lançant cet appel, écrit le Cheikh Abdou, je m'éloignais tout aussi bien du parti qui
voulait que seules les sciences religieuses fussent enseignées, que de celui qui ne
s'intéressait plus qu'aux sciences modernes ». N'est-ce pas la Wasatiya prônée dans le Cor.
11-143. Il est ainsi prescrit aux musulmans de faire confiance à la science positive, de ne
jamais voir dans ses progrès une menace pour la foi. La plupart des théologiens de l'islam
sont tenus d'avoir une base scientifique suffisante afin de se tenir au courant du mouvement
intellectuel et scientifique du monde dont ils doivent être des témoins actifs : Les temps
modernes ont fait apparaître de plus en plus aux savants de l'islam la nécessité d'allier
science et foi non dans une dogmatique théologique et technique figées par les chaines de
l'imitation qui sont les signes avérés de la stagnation intellectuelle. Citons dans ce domaine
M.Arkoun : « La pensée religieuse ne peut plus rester le monopole des théologiens » mais
fournir toujours des réponses vivantes aux questions vivantes et évolutives de notre temps.
Le mouvement étant le signe de la vie (biologique). L'islam reste et doit rester une religion
vivante pour tous les temps, tous les lieux et dans tous les domaines.
Cette exigence de la foi vivante et éclairée par la connaissance est particulièrement
nécessaire devant les débordements scientifiques et techniques étonnants la pensée
religieuse est sans cesse sollicitée en vue d'un Ijtihad permanent. Ceci est particulièrement
vrai dans le domaine des sciences médicales et biotechnologiques une véritable
bioéthique religieuse vient de naître. L'islam tend à fournir des réponses humanistes, se
fondant sur le respect de la dignité de la personne humaine, le respect du sacré de la vie et
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