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INTRODUCTION DE LA SECONDE PARTIE
Qu’il s’agisse des évènements de guerre, de la politique intérieure du Reich ou de celle
de la France, l’année 1942 constitue un véritable « tournant »1, aux réalités géopolitiques
complexes. La première conséquence de l’évolution générale du contexte porte sur la
diversification des statuts des Français transférés en Allemagne. Alors que seuls les
prisonniers de guerre avaient été forcés de rejoindre le Reich en 1940, les accords que tissent
progressivement vainqueurs et vaincus aboutissent au déplacement contraint d’une partie de la
population active dans les usines et entreprises nazies. Aux prisonniers viennent ainsi
s’ajouter à partir de l’été 1942 les travailleurs « requis », mais aussi les déportés. Si le sort des
derniers nommés sera étudié en troisième et dernière partie, cette seconde partie entend rendre
compte des pratiques corporelles des prisonniers de guerre toujours retenus dans les Oflags,
Stalags et Kommandos, mais aussi des travailleurs, jeunes et moins jeunes arrivés dans le
Reich en raison des lois de septembre 1942 puis de février 1943. En plus d’analyser les
structures les encadrant et les enjeux mobilisant ces dernières, il s’agit de comprendre les
motivations des Français expatriés et d’entrevoir des perspectives comparatives.
Les conditions de vie des prisonniers de guerre évoluent-elles entre 1942 et 1944 ? Les
dispositions prises par le Gouvernement de Vichy sont-elles maintenues ? L’influence du
Betreuer est-elle toujours aussi importante dans les camps ? Les Kommandos restent-ils
toujours aussi démunis en termes de loisirs sportifs ? Alors que la propagande vante des
conditions de vie idéales pour faciliter les départs de travailleurs volontaires, quelles réalités
découvrent les requis à leur arrivée ? De quelles structures dépendent-ils ? Ont-ils la
possibilité de s’adonner à des activités distractives ? Sont-ils en cela aidés par des services
français ? Existe-t-il des services communs aux deux populations ? Ces dernières ont-elles
l’occasion de se croiser sur des terrains sportifs ? Subissent-elles des formes de propagande
analogues ?
Le premier chapitre entend clarifier le contexte dans lequel les Français sont placés. Outre
une présentation de la situation géopolitique en 1942, sont analysées les structures s’occupant
des prisonniers comme celles gérant les requis pour le travail. Cette étude permet de présenter
une institution française délocalisée : l’antenne du CGEGS de Berlin, qui a la particularité de
gérer les aides en matière d’éducation physique et de sport tant pour les prisonniers que pour
les requis.
1 Pour reprendre le terme employé par Jean- Pierre Azéma et François Bédarida , La France des années noires.
2. De l’Occupation à la Libération, Paris, Seuil, 2000.