« Le théâtre est la passion du présent »
« Le théâtre, c’est rendre le monde habitable »
Olivier Py, Les mille et une définitions du théâtre, Actes Sud, Le temps du théâtre p.33 et 53
Introduction :
Comment expliquer, appréhender et accompagner les élèves vers les écritures textuelles et
les écritures scéniques contemporaines. Comment définir la notion de classique ? S’oppose-
t-il au théâtre contemporain ? Ces écritures sont classiques par rapport à qui ? à quoi ? Et
contemporain de qui ? De quoi ?
En tant qu’enseignants, nous sommes aux premières loges pour apprécier (déplorer plus
souvent que nous réjouir) la distance qui sépare les élèves des textes, de la langue, de la
syntaxe, de la norme, et évaluer les endroits où ils savourent, goûtent le plaisir des mots, des
textes, des situations.
La langue de Racine est devenue illisible selon certains enseignants, les imprécations de
Camille leur sont étrangères, les contemporains sont trop vulgaires pour d’autres, Sarah
Kane est trop crue, Pommerat grossier, reste Molière… mais surgit le comique qui ne fait rire
aucun élève de Seconde en dépit des gloses du prof ! Alors ?
Alors qui peut devenir notre contemporain en classe, c'est-à-dire celui qui saura nous parler,
nous toucher, qui fera écho du fond de son XVIIème autant que l’auteur vivant en 2013 ?
A nous, professeurs, revient la tâche de faire entendre ces textes pour la scène, qu’ils soient
d’ici ou d’ailleurs d’avant ou d’aujourd‘hui avec autant de force pour qu’ils soient perçus par
la jeune génération.
Or, il se trouve que plus que les classiques, ce sont les écritures contemporaines qui nous
effraient : nous n’aurions pas les codes, les outils pour les étudier, les entrées pour les
transmettre. A en croire les théâtres, nous serions frileux face aux auteurs émergents, et
nous n’assumerions donc pas notre rôle de passeurs de ces textes et ces propositions
artistiques par crainte de ne savoir nous y retrouver nous-mêmes.
Ces textes qui nous disent le monde resteraient-ils alors et malheureusement exclus de
l’école ?
Les différents dossiers pédagogiques que nous avons réalisés autour de ces textes plus
précisément avaient pour objectif d’établir une mise en perspective de ces créations, mais il
nous appartenait aussi de proposer une réflexion plus générale.
Stuart Seide, qui nous a proposé ses lectures de Shakespeare autant que celles de Pinter ou
récemment Linda McLean avec Fractures, nous aide et nous accompagne dans notre
réflexion en nous livrant sa parole de créateur aujourd’hui.