Le cadre historique de la controverse iconoclaste
1. Influences culturelles
Les statues grecques représentant des idoles attirent une méfiance globale vis à vis de l'art en trois
dimensions, ou en deux dimensions :
Il y avait déjà probablement un problème de mentalité et de culture religieuse. Les chrétiens de langue
grecque ont hérité de leur passé païen un certain goût pour l'art figuratif. Quand l'Église primitive condamna
ce phénomène comme idolâtre, l'art tridimensionnel, c'est-à-dire la sculpture qui était très prisée
notoirement en Grèce, a pratiquement disparu, pour réapparaître dans la nouvelle version chrétienne de la
forme bidimensionnelle des icônes.
Ceci explique que dans l'Église ancienne certains pères eurent une attitude négative envers les icônes et leur
vénération : Eusèbe de Césarée ; Epiphane de Salamine... Epiphane déplore l'existence la diffusion d'un
culte populaire des icônes.
Certains milieux culturels n'ont pas d'habitude de la peinture :
Contrairement aux populations grecques, les chrétiens qui habitaient les régions les plus orientales du
l'empire byzantin, en particulier les Syriens et les Arméniens, à cause de leur passé culturel, étaient
probablement moins enclins à l'usage et au culte des icônes.
L'hérésie monophysiste, en effaçant la nature humaine du Christ, ne peut pas apprécier les icônes :
En outre les chrétiens de langue non-grecque, dans les terres orientales de l'empire, au VIII° siècle avaient
en grande partie embrassé le monophysisme qui fournissait directement ou indirectement une base
théologique à la doctrine iconoclaste, dans la mesure où il effaçait plus ou moins la nature humaine de la
personne du Verbe Incarné.
2. Rivalité avec l'Islam, religion sans icônes
Après la conquête arabe de la Palestine de la Syrie et de l'Egypte, l'empire byzantin se trouva dans une
confrontation militaire et idéologique continue avec la religion de Mahomet. L'islam revendiquait d'être la
plus récente et donc la plus haute et la plus pure révélation du Dieu d'Abraham, et il lançait des accusations
de polythéisme et d'idolâtrie contre la doctrine chrétienne de la Trinité et contre l'usage des icônes.
Pour autant que nous réussissions à comprendre la situation historique de ce temps, les empereurs byzantins
du VIII° siècle, nés dans l'Est de l'empire, voulaient frapper le culte des icônes car ils le considéraient
comme un culte idolâtre, selon une mentalité apparentée à celle qui existait chez les islamistes. Leur
intention était certainement de purifier la foi de la chrétienté, afin de la rendre plus capable d'affronter le
défi de l'Islam.