page 4 Paul Sabatier — Le magazine scientifique — numéro 20
Le bon vieux microscope sur lequel des générations
d’étudiants ont usé leur cornée pour observer des
lames minces de matériel fixé est aujourd’hui voué
à rejoindre les étagères des musées. Depuis une
quinzaine d’années, l’imagerie du vivant connaît un
essor considérable, issu de la synergie des
compétences des biologistes, mathématiciens,
informaticiens, physiciens et chimistes. Sans cesse,
de nouveaux équipements et de nouvelles méthodes
apparaissent, permettant d’imager le vivant en trois
dimensions, en temps réel, en profondeur et en très
haute résolution. Cette diversification des techniques
s’est orientée dans deux directions complémentaires :
imager les molécules et leurs interactions, ou les
analyser au sein d'échantillons complexes, cellules,
embryons et même organismes entiers. Désormais,
on peut voir fonctionner les cellules en direct, sous
l’objectif du microscope, suivre le trafic ou les
interactions de protéines d’intérêt grâce à des
marqueurs fluorescents issus d’animaux marins (ce
qui a donné lieu au Nobel de chimie en 2008 à O.
Shimomura, M. Chalfie et R. Tsien), interagir avec la
cellule à l’échelle nanométrique au moyen de lasers…
Les applications sont très nombreuses, simplement
limitées par l’imagination des chercheurs.
Ces développements spectaculaires de l’imagerie
cellulaire constituent un enjeu majeur pour les
laboratoires de biologie, s’ils veulent rester
compétitifs au plan international. Cependant les
microscopes optiques et électroniques modernes sont
onéreux et nécessitent un personnel hautement
qualifié, éléments difficiles à réunir pour un seul
laboratoire. Pour cette raison, les différents plateaux
techniques de microscopie du site toulousain se sont
très tôt regroupés en une plateforme régionale
d’imagerie cellulaire, Toulouse Réseau Imagerie (TRI),
reconnue au plan national par le GIS IBiSA. La
plateforme a été initialement mise en place au Centre
de biologie du développement, puis à l’IFR 109. Elle
coordonne actuellement les ressources en imagerie
optique, électronique et en cytométrie sur l’ensemble
de la région Midi-Pyrénées : plateaux de la Fédération
de Recherche en biologie de Toulouse , de l’IFR 40
(Agrobiosciences, Interactions et Biodiversité) sur
l’Agrocampus d’Auzeville, de l’IFR 150 (Institut de
biologie médicale de Toulouse), sur les campus des
Centres Hospitaliers Régionaux de Purpan et de
Rangueil, ainsi que du Centre Pierre Potier (ITAV). Six
plateaux techniques, plus de 30 postes de travail et
20 ingénieurs et techniciens sont à la disposition de
la communauté scientifique, et accueillent
annuellement plus de 800 chercheurs, appartenant à
160 équipes.
En dépit de cette dispersion géographique, un
management défini au travers de la démarche qualité
(certification ISO 9001, obtenue en janvier 2010),
permet un fonctionnement efficace. La plateforme
possède un site web (http://tri.genotoul.fr/), guichet
unique pour tous les plateaux quelle que soit leur
localisation, et qui présente les activités, équipements
et services. Elle est membre de la Génopole de
Toulouse (http://genopole-toulouse.prd.fr/), réseau qui
coordonne la plupart des grandes plateformes en
sciences de la vie de la région Midi-Pyrénées. Elle est
ouverte sans restriction à tout acteur de la recherche,
publique comme privée. Ses principales missions
sont :
Fournir aux chercheurs l’expertise et les technologies
de pointe dans le domaine de l’imagerie cellulaire ;
constituer un cadre de réflexion et d’échanges dans
ce domaine en évolution rapide ; former les
chercheurs et étudiants dans toutes les méthodes
liées à la microscopie ; contribuer aux
développements de nouveaux équipements et de
méthodologies.
Dans son ensemble, la plateforme TRI fournit les
compétences, les équipements et l’assistance
technique pour tout projet nécessitant l’imagerie
cellulaire sous ses diverses formes.. Elle possède des
compétences et des matériels de pointe dont certains
sont uniques en France, voire en Europe : microscopie
confocale et multiphoton, microscopie champ large
avec déconvolution, imagerie en durée de vie de
fluorescence (FLIM), microscopie à feuille de lumière
(SPIM), microscopie à haute résolution (TIRF),
imagerie de molécules uniques, imagerie intra-vitale
et corps entier du petit animal, tomographie et cryo-
méthodes en microscopie électronique.
Dans ce dossier sont présentés un certain nombre de
recherches utilisant cette plateforme d’imagerie
cellulaire…
jauneau@scsv.ups-tlse.fr
IMAGERIE MOLÉCULAIRE
>>> Philippe COCHARD, directeur de recherche
CNRS, au Centre de Biologie du Développement,
(CBD, unité mixte UPS/CNRS) et Alain JAUNEAU,
Ingénieur de recherche CNRS à la Plateforme
Microscopie Imagerie de l’IFR40.
L’imagerie cellulaire
en pleine révolution
>>> Reconstruction tridimensionnelle de cellules
nerveuses et de leurs prolongements marqués par la
protéine fluorescente GFP dans une tranche de cerveau
de rongeur. Image acquise grâce au microscope
bi-photon. © B. Ronsin, A. Le Ru & A. Lorsignol