G. Monges
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2005 - vol.29 - n°2 75
1. les tumeurs à distance du revête-
ment péritonéal,
2. les tumeurs proches,
3. les tumeurs atteignant ce revête-
ment,
4. les tumeurs le dépassant.
La notion de tumeur proche du revê-
tement péritonéal paraît difficilement
reproductible. C’est pourquoi la con-
férence de consensus [3] a proposé
de mesurer la marge circonférentielle,
c’est-à-dire la distance entre la zone
d’extension maximum de la tumeur
et la surface péritonéale.
La marge circonférentielle doit donc
faire l’objet d’un contrôle histologi-
que et il paraît essentiel que les pa-
thologistes en donne la valeur en mm
dans leurs comptes rendus.
Les autres caractéristiques
de la tumeur
!Par ailleurs les comptes rendus doi-
vent préciser le degré de différencia-
tion tumorale : adénocarcinome bien,
moyennement ou peu différencié, le
pourcentage d’une composante col-
loïde muqueuse, la présence d’em-
boles vasculaires et d’envahissement
des gaines nerveuses.
LES AUTRES FACTEURS
HISTOPRONOSTIQUES
!Ces facteurs ne sont pas étudiés de
façon systématique. A l’heure actuelle,
ils sont recherchés à la demande du
clinicien au cas par cas, ou dans le
cadre de protocoles de recherche.
Nous nous intéresserons ici unique-
ment au statut MSI, à l’étude des ré-
cepteurs de l’EGF qui sont demandés
au pathologiste avec une très grande
fréquence. Les facteurs de
l’angiogénèse ne sont pas demandés
en routine bien qu’ils fassent l’objet
de thérapeutiques ciblées.
L’instabilité des micro-satellites
!Dans les cancers colorectaux spo-
radiques, deux mécanismes d’insta-
bilité apparemment indépendants ont
été identifiés: l’instabilité chromoso-
mique et l’instabilité génomique, per-
mettant ainsi d’individualiser deux
groupes de carcinomes colo-rectaux :
les carcinomes avec perte d’hétéro-
zygotie dit LOH (pour loss of hetero-
zygosity) qui représentent environ
80% des cancers sporadiques et les
carcinomes avec instabilité des mi-
cro-satellites dit MSI (pour micro-sa-
tellite instability) qui représentent
environ 20% des cancers, 5% des can-
cers colorectaux restant non classés.
L’instabilité des séquences micro-sa-
tellites est due à une anomalie d’un
des gènes hMSH2, hMLH1, hPMS2,
hMLH3, hMSH6 impliqués dans la ré-
paration des mésapparie-ments des
bases de l’ADN. Les altérations les
plus fréquentes de ces gènes sont des
mutations inactivatrices, entraînant
une perte d’expression de ces pro-
téines. Les cancers MSI ont plusieurs
particularités : ils sont fréquemment
multiples, préférentiellement locali-
sés au niveau du côlon proximal [10].
Sur le plan histologique, ils sont sou-
vent peu différenciés, avec une
mucosécrétion abondante et un
stroma riche en lymphocytes. Le phé-
notype MSI pourrait conférer à ces
tumeurs un meilleur pronostic et
aussi influencer la réponse à la chi-
miothérapie [11-14]. D’autres travaux
prospectifs sont indispensables sur
des populations non sélectionnées et
avec de nouveaux agents chimio-
thérapiques pour mieux cerner la
relation entre instabilité des
microsatellites et réponse à la chimio-
thérapie.
Il est possible par immunohistochi-
mie de démontrer la perte d’expres-
sion d’une de ces protéines au niveau
des cellules tumorales par comparai-
son avec les cellules normales de
voisinage [15, 16]. Trois protéines
peuvent être actuellement détectées :
MLH1, MSH2, MSH6. Dans les cancers
MSI, il existe une extinction du signal
immunohistochimique.
L’autre alternative est de déterminer
le phénotype MSI par analyse des sé-
quences micro-satellites par PCR.
C’est la technique la plus fiable, de
référence à l’heure actuelle [17], mais
elle est longue et nécessite des tech-
niques de biologie moléculaire. Elle
ne permet pas, par ailleurs, de préci-
ser le gène de réparation altéré (ce
que permet l’immunohistochimie).
De récentes études ont montré que
l’immunohistochimie pourrait cons-
tituer une méthode alternative à la
biologie moléculaire pour la détermi-
nation de ce phénotype [18]. Par
ailleurs dans le cadre du syndrome
HNPCC (hereditary non polyposis
colorectal carcinoma) ce sont les
mêmes gènes MLH1 et MSH2 [19] qui
sont mutés, l’immunohistochimie
permet de cibler la recherche de
mutation sur un des gènes [18].
L’immunoexpression d’EGFR
!Des modifications dans la régula-
tion et l’expression de facteurs de
croissance ou de leurs récepteurs
sont impliquées dans le développe-
ment et le pronostic des tumeurs ma-
lignes. L’EGF Receptor ou EGFR fait
partie des récepteurs de la tyrosine
kinase, qui interviennent à de multi-
ples niveaux dans la prolifération tu-
morale en augmentant les facteurs
angiogéniques et la prolifération cel-
lulaire, en diminuant l’apoptose, en
diminuant l’adhésion cellulaire et en
augmentant la mobilité cellulaire.
Pour les cancers colo-rectaux EGFR
est un facteur pronostique indépen-
dant reconnu depuis de nombreuses
années. Mais c’est le développement
récent de thérapeutiques ciblées [20,
21] avec des anticorps monoclonaux
se fixant sur le domaine extracellu-
laire du récepteur, qui conduisent les
pathologistes à étudier l’expression
de ce récepteur, pratiquement en rou-
tine. En effet, seuls les patients dont
la tumeur exprime l’EGFR sont sus-
ceptibles de pouvoir bénéficier de
ces traitements.
La mise en évidence du récepteur de
l’EGFR se fait par immunodétection
sur coupes paraffines avec un anti-
corps monoclonal. Le marquage est
membranaire, circonférentiel com-
plet ou incomplet. L’évaluation des
résultats est semi-quantitative en don-
nant le pourcentage de cellules mar-
quées et l’intensité du marquage avec
un score de 0, 1+, 2+ ou 3+ [22, 23].