http://www.fordham.edu/halsall/french/feod.htm
A côté d'un certain nombre de vieilles races de Nobles, dont plusieurs subsistent
toujours, on voyait continuellement la noblesse se recruter dans la bourgeoisie,
comme le militaire dans le civil. Une fois enrichies par le commerce, les familles
ambitieuses poussaient leurs enfants dans les carrières de robe, les charges
anoblissantes (Conseillers au Parlement, Secrétaires du Roi,...).
L'accession à la noblesse n'était pas recherchée par toutes les familles, mais
seulement par celles qui étaient assez riches ou assez désintéressées, et de
sentiments assez aristocratiques pour se permettre ce luxe. Luxe en effet, car en
échange des médiocres privilèges que nous avons vu, la noblesse était frappée de
l'interdiction de s'enrichir par le commerce, et les grandes charges, surtout
militaires, qui caractérisaient la noblesse d'épée, étaient généralement une source de
ruine.
Combien de familles aristocratiques trouve-t-on, dont le seul titre de noblesse est de
s'être imposées aux contemporains ? Rien ne distinguait extérieurement du
gentilhomme le roturier possesseur de fiefs. Un fois pourvu d'un titre seigneurial, le
bourgeois riche, et qui savait imposer sa valeur personnelle s'alliait à la noblesse qui
se solidarisait avec lui. Tous n'y réussissaient pas. Mais, en définitive, la consécration
par les pairs restait la seule règle qui permettait, à défaut d'origine, de reconnaître
un gentilhomme d'un usurpateur.
En dehors des fiefs honorés (Duché, Marquisat, Comté, Vicomté et Baronnie), aucun
Seigneur n'aurait dû prendre de titre sans Lettres Patentes du Roi, érigeant sa
seigneurie en fief titré. Mais il pouvait en être autrement pour 3 raisons:
- tout Seigneur qui réunissait sous sa domination, les droits de Justice de plusieurs
paroisses ou terroir, attachait, suivant un usage reçu, le titre de Baronnie à la
seigneurie où il faisait sa résidence principale;
- les seigneuries ainsi rattachées sous le seul lien d'un Seigneur commun, pouvaient
être amenées à se diviser par la suite. On voyait alors souvent chaque Seigneur
possesseur d'une des principales terres de la Baronnie, prétendre au titre de Baron
pour la seigneurie qui composait sa part.
- il y a des titres dont la seule origine est la nécessité que ressentent certaines
familles, considérables par leur ancienneté ou leur fortune, de se mettre au-dessus
du nivellement causé par l'ascension constante des familles bourgeoises. Nous
sommes donc en présence d'un phénomène d'usurpation, mais usurpation acceptée,
favorisée presque; il est en tout cas certain que les contemporains l'ont considérée
comme une chose naturelle...
La règle, en définitive était bien la consécration des pairs, et l'autorité royale
sanctionnait tacitement le jugement de ce tribunal de l'opinion.
b) Le Tiers Etat : théoriquement, ses membres ne peuvent posséder de fiefs sans
la permission du Roi. En fait, cette permission est remplacée par une tolérance, que
l'usage a transformé en règle, et qui se traduit par le paiement d'un impôt spécial, le
"droit de Franc-Fief", généralement assez lourd; c'est l'impôt sur la vanité. Comme
tous les luxes, la noblesse coûtait cher. Les Bourgeois étaient ce qu'ils voulaient
être: riches commerçants, quand les sources de la fortune étaient fermées aux
Nobles; jouissant des bienfaits de la paix, quand les gentilshommes allaient verser