climatiques (Merxmüller, 1952). Les Préalpes, constituées de roches calcaires s’échauffant
facilement et caractérisées par une topographie complexe, semblent avoir joué un rôle majeur
dans le maintien de la végétation herbacée au sein des Alpes. Cependant, certaines portions
des Alpes centrales ont aussi acquis une réputation de Nunatak (Stehlik, 2000). La région de
Zermatt, qui présente tout à la fois de nombreux glaciers et une riche biodiversité, est150
probablement la plus célèbre. La région du Simplon, moins populaire, semble avoir présenté
de tels Nunataks et recèle aujourd’hui plusieurs espèces particulières.
Comme les plantes se déplacent relativement lentement, génération après génération,
grâce à la dispersion de leurs graines, les vicissitudes climatiques du passé ont évidemment
modelé la distribution présente des espèces et, pour la comprendre, il convient d’examiner les155
modalités de la recolonisation des Alpes avec précision. Delarze (1987) a rédigé une synthèse
complète des hypothèses susceptibles d’expliquer la recolonisation du Valais par les plantes
de plaine. Pour certaines espèces, les Alpes ont présenté un obstacle infranchissable, qu’il a
fallu contourner pour pénétrer l’espace montagneux par les vallées les plus ouvertes. On
explique ainsi la recolonisation de la végétation par la « voie Rhodanienne » (Briquet, 1906).160
Les espèces qui ont emprunté cette voie depuis les refuges occidentaux ont ré-immigré en
Suisse par les cluses du Jura dans la région de Genève, puis ont suivi l’arc lémanique pour
s’enfoncer dans les Alpes par la vallée du Rhône en direction du Valais. Depuis les refuges
orientaux, certaines espèces semblent avoir suivi une « voie transalpine orientale », d’est en
ouest, à travers les Alpes, pour pénétrer en Valais par les cols du Grimsel et de la Furka.165
Cependant, cette voie reste mal comprise et il apparaît que la plupart des espèces d’origine
orientale ont plutôt contourné les Alpes par le nord et pénétré en Valais par la partie terminale
de la voie Rhodanienne. Enfin, certaines espèces semblent avoir été en mesure de traverser les
crêtes penniques pour pénétrer dans les Alpes par la « voie transalpine méridionale ». Il paraît
important de comprendre cette voie car de nombreuses espèces semblent avoir trouvé refuge170
dans les zones clémentes du sud des Alpes et pourraient avoir transité par cette voie (Chodat,
1923; Guyot, 1921). De fait, de nombreuses espèces qui apparaissent rares en Suisse,
confinées aux crêtes penniques du Valais, ne forment en fait que les stations septentrionales
d’une aire bien plus vaste au sud des Alpes. Pour la plupart des espèces présentant ce type de
distribution, la voie transalpine méridionale peut être postulée. Cependant, les nombreux cols175
qui traversent les Alpes penniques du sud vers le nord sont de haute altitude (Col du Grand-
St-Bernard, 2469 m ; Fenêtre Durand, 3130 m ; Col du Théodule, 3333 m ; Cols du Monte-
Moro, > 2800 m ; Simplon, 2005 m ; pour les principaux) et aucune preuve irréfutable de
migration transalpine n’a pu être avancée sur la base de la distribution des espèces (Delarze,
1987). Dans ce contexte, le Simplon joue potentiellement un rôle important puisqu’il s’agit de180
la seule voie continue reliant le sud et le nord des Alpes en ne dépassant guère 2000 mètres.
De plus, le col a été libéré des glaces relativement précocement, dès l’Alleröd (-12000 ans), et
acquiert de fait une réputation de voie privilégiée de recolonisation (Küttel, 1979). Cependant,
les arguments issus de l’analyse de la distribution des espèces restent contestables et il
convient de confronter cette hypothèse aux données accumulées récemment sur la185
recolonisation des espèces végétales.
Étude de la biodiversité alpine
Nombre de questions concernant la biogéographie des espèces alpines sont restées en suspens
durant le XXième siècle, faute de méthodologie adaptée à la complexité des lieux, et190
l’importante biodiversité rencontrée au centre des Alpes n’est ainsi toujours pas comprise.
Concernant la survie glaciaire des espèces, des preuves récentes semblent soutenir un scénario
de résistance de la flore au sein des Alpes lors des glaciations, et la carte des zones de refuges
s’esquisse de plus en plus finement (Schönswetter et al., 2005). Cependant, il n’est toujours
pas établit si les zones favorables au maintien des espèces sur le long terme jouent aussi un195