14
Depuis un demi-siècle bientôt, il est
connu que des maladies existent,
qui sont dues à des variations dans
un gène. A titre de premier exemple,
la science a été capable d’identifier
l’anémie à cellules falciformes, où
la mutation d’un module de la subs-
tance héréditaire a pour consé-
quence une molécule d’hémoglobine
modifiée qui, sur la base de sa
nouvelle configuration, s’agglutine si
spontanément que les cellules san-
guines porteuses de cette molécule
prennent la forme de faucilles.
En rapport direct avec cette décou-
verte, l’idée est apparue de soigner
une maladie génétique en rempla-
çant le gène modifié par la version
normale que l’on trouve dans une
personne en bonne santé. Au début
des années soixante déjà, on a uti-
lisé pour cela le mot «thérapie gé-
nique», et même si à l’époque, des
connaissances fondamentales sur la
structure du matériel génétique fai-
saient encore défaut et si personne
ne savait comment s’y prendre –
l’idée d’une thérapie à partir et avec
des gènes a eu un effet si convain-
cant pour une pensée axée sur les
causalités qu’il sembla que tôt ou
tard, dite thérapie deviendrait réalité
et serait offerte aux patients.
Mais nous nous demandons encore
à l’heure actuelle quand ce temps
arrivera – si tant est qu’il vienne une
fois – car, en dépit de tous les pro-
nostics audacieux des années 80 et
un premier petit succès dans les
années 90, les chercheurs qui tra-
vaillent de nos jours sur la thérapie
génique doivent répondre davantage
à des questions suscitée par le scep-
ticisme que par la curiosité. Bien
que dans l’intervalle, depuis plus de
quinze ans, des thérapies géniques
assorties de résultats changeants
ont été testées dans des études cli-
niques, il n’est pas question d’une
large application de la procédure
établie sous cette notion, au regret
général d’ailleurs.
Le premier succès, plutôt modeste,
qui est mentionné ci-dessus et
encore cité aujourd’hui comme cas
modèle, remonte à l’an 1990, alors
que la faiblesse immunitaire de nais-
sance d’une fillette de quatre ans
portant le nom de Ashanti de Silva a
été traitée de telle sorte que ses
lymphocytes, après prélèvement, ont
été modifiés génétiquement au point
qu’ils ont pu reprendre ensuite leur
fonction normale dans la défense
immunitaire du corps. La fillette
souffrait de la maladie portant le
nom de déficience de l’enzyme adé-
A propos de la thérapie génique
Une idée simple avec de premiers succès
et une mise en œuvre difficile
Prof. Dr Ernst Peter Fischer,
Université de Constance,
Consultant Gen Re LifeHealth