Comité National de la Charte Professionnelle de l’Industrie des Granulats
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CHARTE
PROFESSIONNELLE
Union Nationale des Producteurs de Granulats
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CHARTE
PROFESSIONNELLE
Union Nationale des Producteurs de Granulats
Comité National
de la Charte
GUIDE PRATIQUE
AMÉNAGEMENT
ÉCOLOGIQUE
DES
CARRIÈRES
EN EAU
LA RÉDACTION DE CE GUIDE A ÉTÉ SUIVIE PAR
UN COMITÉ DE PILOTAGE COMPOSÉ DE :
Professeur Jean-Claude LEFEUVRE
(MNHN-IEGB), Président du comité scientifique
Christian BERANGER (Morillon Corvol),
Président du comité de pilotage
Arnaud COLSON (Lafarge granulats)
Patrick LECOMTE (GSM)
Louis de MAUPEOU (UNPG)
Bernard du PEYROUX
(Président du Comité National de la Charte)
Pierre de PREMARE (Lafarge granulats)
LA MAÎTRISE D’ŒUVRE (RÉDACTION
ET COORDINATION) A ÉTÉ ASSURÉE
PAR ÉCOSPHÈRE :
Rédaction : Philippe DASNIAS
Coordination : Jean Christophe KOVACS
Dessinateurs : Mathieu COURCOUX (ENCEM)
et Michel PAJARD (Ecosphère)
Création graphique :
Jean-François DEJONGHE
(Quetzal communication)
Photographies de couverture :
Site réaménagé de Miribel-Jonage (Rhône)
(photo CNC-J.-L. MICHELOT)
Roselière à Épisy (Seine-et-Marne)
(photo Écosphère-M. PAJARD)
Aménagement d’une berge en pente douce
(photo Lafarge granulats)
Ci-dessous : Reconstitution d’une zone marécageuse dans la
Bassée (photo Écosphère-Ph. Dasnias)
Ce guide à l’usage des décideurs et aménageurs a été réalisé et
financé sous l’égide du COMITÉ NATIONAL DE LA CHARTE
REMERCIEMENTS
Cet ouvrage a été conçu et rédigé par Philippe DASNIAS. Il a bénéficié des conseils avisés des
membres du Comité de pilotage et du savoir-faire des collaborateurs d’ECOSPHERE, en parti-
culier Véronique LELOUP et Michel PAJARD, et d’ENCEM (Mathieu COURCOUX).
La conception de la maquette doit tout à Jean-François DEJONGHE qui avec patience et com-
préhension a su intégrer les attentes des uns et des autres et proposer des solutions élégantes
à des problèmes de mise en pages parfois complexes.
Enfin, ils nous est agréable de remercier toutes les personnes ayant contribué à cet ouvrage par
leurs conseils, en particulier Gérard ARNAL (CBNBP), Gérard BAUDOIN et Jean-Philippe SIBLET
(DIREN Ile-de-France) ainsi que les photographes ci-après.
Crédit photographique : G. ARNAL, P. BOUDIER, CAE, M. CAMBRONY, P. DASNIAS, J.-F. DEJONGHE, ECTARE,
ENCEM, R. EVE, IARE, P. JULVE, LAFARGE GRANULATS, F. LEBLOCH, V. LELOUP, Y. LESCOUARNEC, S. MAHUZIER, J.-
L. MICHELOT, M. PAJARD, M. THAURONT, A. ULMER, M. VASLIN.
Cet ouvrage n'existerait pas sans le talent
et le travail de Philippe DASNIAS, brus-
quement disparu en octobre 2001 à l'âge
de 42 ans.
Après un D.E.A. d'écologie à Chambéry,
Philippe obtenait son doctorat à l'Université
de Grenoble où il a soutenu sa thèse en
1987 sous l'égide du professeur OZENDA.
Son savoir-faire l'a ensuite amené au
CEMAGREF, puis à rentrer en 1988 au
CERREP de Grenoble, bureau d'études où il
travailla sur divers projets.
Sa spécialisation dans le domaine des car-
rières remonte à 1989, année où il rejoint
le bureau d'étude ENCEM. Il fut d'abord
chargé des études d'impact, puis devint res-
ponsable de l'antenne de Paris et enfin
Chargé National pour l'Écologie.
En 1991, son penchant pour l'écologie,
l'amenait à rejoindre ÉCOSPHERE, dont il
devint rapidement l'un des principaux col-
laborateurs. À ce titre, il a coordonné de
nombreux projets, et a naturellement été
chargé de l'élaboration du programme de
recherche engagé à partir de 1995 par le
Comité National de la Charte (CNC).
Il est en particulier l'auteur des 5 ouvrages
carrières et zones humides” publiés en
2000 par le CNC.
À partir de 2000, Philippe s'est consacré à
l'élaboration de ce guide pratique. Il en a
défini les contours, rédigé les textes, sélec-
tionné les illustrations et même réalisé la
plupart des figures techniques.
Ce document n'est pas le fruit d'une simple
synthèse des quelques publications dispo-
nibles sur le sujet, mais un travail totalement
original, fruit d'une irremplaçable expé-
rience. La disparition prématurée de
Philippe est celle d'un des meilleurs spécia-
listes français et internationaux de l'écolo-
gie des carrières.
L’histoire du développement économique et social des cinquante dernières
années se confond, pour les producteurs de granulats, avec leur propre his-
toire, mouvementée s’il en est. En effet, en moins de deux générations, il
leur a fallu d’abord assurer la satisfaction d’une demande en matériaux tou-
jours plus grande, dans un contexte réglementaire, au départ, quasi inexistant, puis
apprendre à se discipliner sous l’effet d’une législation de plus en plus complexe et
rigide, enfin entrer avec détermination dans une démarche proactive, intégrant la for-
mation des hommes, des efforts en recherche et développement, la mise en place de
nouvelles techniques d’exploitation plus élaborées, afin d’atteindre un double objec-
tif : d’une part assurer de façon pérenne -en quantité et en qualité- l’approvisionne-
ment en granulats des marchés de la construction et des travaux publics, et, d’autre
part respecter l’environnement social et naturel dans lequel l’extraction s’insérait, ce à
quoi la Charte environnementale de l’industrie des granulats s’est employée de son
mieux avec un nombre croissant d’adhérents depuis sa création en 1992. Ce second
objectif intègre à l’évidence tout ce qui touche à la remise en état des sols après exploi-
tation, y compris sa dimension d’aménagement durable du territoire.
Cette remise en état, devenue au fil du temps une donnée essentielle de la vie de toute
carrière, s’est peu à peu diversifiée et affinée. Ainsi, et puisque ce sont les aménage-
ments en eau qui nous préoccupent dans cet ouvrage, si les vocations d’étangs de
pêche, d’espaces de loisirs autour d’un plan d’eau et dans certains cas de bases de loi-
sirs se sont faits jour les premières, c’est pour la double raison suivante : d’une part ces
aménagements répondaient à une réelle attente sociale ; d’autre part, nul n’imaginait
vraiment une autre affectation à ces espaces. Quant à une éventuelle vocation écolo-
gique, ce dernier terme paraissait encore antinomique du mot carrière.
La nature, ignorante des mots et ne se satisfaisant pas des idées toutes faites que nous
fabriquons si souvent, s’est souverainement emparée des espaces modifiés qui lui étaient
offerts et, peu à peu, il a bien fallu reconnaître que le potentiel écologique de certains sites
ainsi que leur valeur comme zone humide méritaient qu’on y prête attention. C’est ainsi
qu’avec l’apport incontournable d’un Comité Scientifique, dont le Professeur Jean-
Claude LEFEUVRE fut le pivot central, la Charte a développé une étude technique qui s’est
traduite par un document en cinq volumes et un colloque international en mars 2000.
Ces études, et les contacts avec le monde scientifique qui en ont résulté, nous ont natu-
rellement conduits à vouloir rassembler en un ouvrage les enseignements pratiques en
matière de remise en état écologique d’une carrière en eau. C’est donc la vocation pre-
mière de ce livre d’être un outil pratique pour les exploitants de granulats, dès lors
qu’ils ont à mener à bien un aménagement écologique.
Néanmoins, un tel ouvrage n’est qu’une étape sur un long chemin à parcourir. Il ne
pourra l’être qu’avec l’apport des compétences de tous et ne vaudra que par sa cohé-
rence avec les autres programmes de recherches nationaux sur ce thème.
Je formule donc le souhait que, dans ce domaine de l’écologie comme dans d’autres
qui intéressent aussi la vie et l’après-vie des carrières, nous ayons de nouvelles occasions
de travail avec des scientifiques de nombreuses disciplines, comme de tous horizons,
et des gestionnaires des milieux recréés.
Introduction de Bernard du PEYROUX
Président du Comité National de la Charte
Pendant des siècles, soit pour assurer la navigation ou pour se protéger des
crues, pour récupérer des terres agricoles, pour construire des villes " les pieds
dans l’eau " en minimisant les inondations, nous avons canalisé nos fleuves et
nos rivières, nous avons isolé les lits majeurs et les plaines d’inondation des
lits mineurs, nous avons poldérisé des zones humides, nous avons détruit les zones de
tressage, rectifié les cours d’eau en supprimant les méandres. Pour fournir de l’énergie
hydraulique, pour assurer la distribution d’eau potable, pour irriguer, pour en principe
lutter contre les crues, pour créer des plans d’eau de loisirs, pour maintenir des débits
d’étiage à des rivières dépossédées de leurs eaux, nous avons créé des barrages. Parallè-
lement nous avons fait de nos rivières le réceptacle des effluents de nos villes, de nos
industries et de la pollution diffuse des bassins versants transformés pour les besoins
d’une agriculture toujours plus intensive.
Pendant le même temps, le développement des villes, des ouvrages d’art, l’extension
du réseau routier ont, en raison de progrès techniques tels la découverte du béton, des
enrobés… contraint à l’ouverture de multiples carrières d’extraction de granulats non
seulement dans les plaines d’inondation mais aussi dans le lit des fleuves. Notre société
est ainsi faite qu’elle peut exiger que l’on réponde à ses besoins sans se rendre compte
qu’y répondre nécessite d’occasionner des dégâts supplémentaires à des milieux natu-
rels qui ont déjà beaucoup souffert de nos activités.
Il serait vain en effet de prétendre que l’extraction des granulats, comme bon nombre
d’autres activités, est sans effet sur les habitats naturels de la faune et de la flore, ne per-
turbe pas les systèmes hydrologiques des plaines alluviales qui “bénéficient” de graviè-
res, ne compromettent pas, au moins temporairement leur fonctionnement général et
celui des rivières auxquelles elles sont connectées…
On sait maintenant qu’au siècle dernier, une exploitation intensive des matériaux allu-
vionnaires dans le lit des cours d’eau, exploitation qui a négligé d’évaluer ce qui pou-
vait être prélevé annuellement, a conduit à un enfoncement de ce lit qui, en certaines
circonstances, a pu atteindre quelques mètres. On peut lister, comme pour toutes les
actions citées ci-dessus, les dégâts occasionnés par cette pratique : enfoncement de la
nappe d’accompagnement des fleuves, perte de la biodiversité par disjonction entre le
lit mineur et ses annexes hydrauliques (bras morts, lônes, boires…), déchaussement
des ouvrages d’art, apparition de seuils… Ainsi, le volume extrait de l’Ardèche pen-
dant 20 ans à l’aval de Ruoms a été évalué à 4 milliards de m3alors que, dans le même
temps, l’apport moyen de la rivière a été de 1,3 millions de m3(SOGREAH, 1993).
Le bassin de la Loire produisait encore en 1993 30 millions de tonnes de matériaux
alluvionnaires (près de 10 % de la production nationale) dont une bonne partie pro-
venait du lit du fleuve et ce, malgré le décret du 10 décembre 1979 interdisant d’ex-
traire des matériaux du lit des fleuves. En mettant fin définitivement aux extractions
dans le lit mineur des cours d’eau, la loi du 23 juin 1994 a bloqué une pratique qui
aurait pu ne pas provoquer d’aussi importants dégâts et qui aurait même pu perdurer
si l’extraction n’avait porté que sur les intérêts (les apports annuels) et n’avait pas com-
promis le capital.
Préface par Jean-Claude LEFEUVRE
Professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle
Directeur de l’Institut d’Ecologie et de Gestion de la Biodiversité
Les granulats d’origine alluvionnaire sont considérés comme les matériaux les plus
nobles”. De ce fait, la production nationale a augmenté notablement de 1960 à
1999, avec des chutes de production dont l’une est liée en partie à l’interdiction
d’extraction de granulats dans le lit mineur. Seules sont donc autorisées actuelle-
ment, avec un encadrement législatif de plus en plus contraignant, les extractions
en lit majeur en sachant que la loi sur l’eau du 30 janvier 1992 institue les SDAGE
qui peuvent réguler les activités extractives dans les vallées des cours d’eau et qu’as-
surer la protection de l’environnement est un préalable indispensable à l’ouverture
d’une carrière. Une partie de ces contraintes résulte d’un antagonisme latent qui
pendant près de trente ans a opposé les carrières et les protecteurs de l’environne-
ment. Cette opposition n’a pu que s’amplifier au fur et à mesure que la connaissance
sur le fonctionnement des zones humides et de leur liaison avec les fleuves et les
rivières progressait.
Les producteurs de granulats, les premiers parmi les industriels à avoir admis les
dégâts qu’ils occasionnent, ont aussi été les premiers à vouloir restaurer la qualité
écologique des espaces exploités. Leur regroupement au sein de l’UNPG et de l’U-
NICEM est à l’origine de la charte de l’Industrie des Granulats qui a, dans ses objec-
tifs, de convaincre la profession que produire des granulats, gérer les ressources exis-
tantes, prendre en compte l’environnement et aménager le territoire sont des
activités compatibles. Grâce aux études financées par la taxe parafiscale dans un pre-
mier temps puis plus récemment sur la base d’un inventaire des richesses naturelles
effectué sur 17 sites exploités à des dates plus ou moins éloignées, répartis sur l’en-
semble du territoire des 6 Agences de l’Eau, l’on sait maintenant que des carrières
réaménagées constituent une opportunité formidable pour le maintien d’une biodi-
versité faunistique et floristique nationale en régression, avec 1001 espèces de plan-
tes vasculaires sauvages (soit 17 % de la flore de France) et 132 espèces d’oiseaux
nicheurs (soit 48 % de cette avifaune) trouvées sur ces 17 sites. Ces résultats ont été
exprimés parmi bien d’autres au colloque international qui s’est tenu en mars 2000
sur le thème de la biodiversité et de l’écologie des carrières en eau où il a été ques-
tion non seulement de la restauration de la qualité écologique des milieux mais aussi
d’expliciter et gérer les services rendus par les écosystèmes afin de convaincre de la
nécessité de leur restauration. Se basant également sur une analyse bibliographique
effectuée au niveau international, le guide technique qui est mis à votre disposition
fait état des savoir-faire techniques recensés au cours de ces diverses études afin de
créer des écosystèmes de substitution et de développer des modalités de gestion des-
tinées à assurer la durabilité des écosystèmes ainsi restaurés ou créés.
“Recréer la nature” fait partie à mon sens des plus belles ambitions que devrait avoir
notre société au début du XXIesiècle, en sachant qu’il s’agit d’une nécessité absolue
si nous voulons continuer à bénéficier des services gratuits rendus par les écosystè-
mes (régulation du climat, du cycle de l’eau, contrôle des pollutions…) services qui
sont indispensables à un développement durable.
En participant à ce formidable et néanmoins nécessaire projet, les industriels des car-
rières aideront d’ailleurs à la création d’une ingénierie écologique définie par MITSH
(1989) comme “l’ambition de créer un système intégrant la société humaine à son envi-
ronnement naturel pour le plus grand bénéfice des deux.
Comment utiliser ce guide
Le Comité National de la Charte Professionnelle de
l'Industrie des Granulats s'est engagé depuis plusieurs années
dans un ambitieux programme de recherche sur l'écologie des
carrières en eau.
À l'issue de ce programme, il s'est avéré que les documents
techniques, utilisables par les exploitants étaient très dispersés
et qu'il n'existait pas en France d'ouvrage synthétique
rassemblant l'essentiel des informations nécessaires à la
conception et à la réalisation des travaux d'aménagement et
de valorisation écologique des carrières en eau.
C'est pourquoi, le Comité a souhaité mettre à la disposition
du public, un ouvrage pratique bénéficiant des dernières
connaissances dans ce domaine en pleine évolution
conceptuelle et pratique.
Contenu du guide
Ce guide met l’accent sur les carrières de matériaux alluvionnaires situées
dans le lit majeur des rivières, mais traite également des carrières de roches
massives concassées (schistes, calcaires durs…) qui offrent parfois l’oppor-
tunité de créer de nouvelles zones humides d’intérêt écologique.
Outre l’introduction, qui resitue les enjeux du réaménagement des carrières
par rapport à l’évolution récente des zones humides, le guide comprend 5
chapitres principaux :
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