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Numéro 1 : automne hiver 2006
restent encore à étayer, mais pourraient, dans un moyen terme, remettre en cause tout un pan de
l’histoire Précolombienne.
L’immigration Moyen-orientale
Officiellement, c’est à partir du milieu du 19e siècle, que l’on date l’arrivée des premiers
musulmans en Amérique latine. Il s’agissait d’immigrants provenant de Palestine, de Syrie et
d’Egypte. Ils étaient surnommés les « Turcs » car, tous étaient munis de passeport provenant de
l’Empire Ottoman. La plupart s’installaient en tant que commerçant dans les grands centres, les
capitales. Mais il faut souligner qu’ils ne choisissaient pas tous cette facilité. En Equateur, par
exemple, ces musulmans étaient connus pour traverser les montagnes à dos de mules et aller de la
côte est à la côte ouest, transportant leur produit ou cherchant à monter leur petit commerce dans les
villages les plus éloignés. Aujourd’hui encore, les noms des produits qu’ils vendaient sont encore
connus sous leur forme originelle : Tamar (dates), maiy zahar (fleur d’oganger), falafel
(poivrons) , basbusa and baklaw (baklawa)
Plus récemment, une nouvelle vague d’immigration
eut lieu. Les immigrants d’origine toujours moyen
orientale, mais également, indopakistanaise, choisirent
de s’installer dans de nouveaux pays, comme le Chili,
la Colombie ou le Paraguay. Tous ces migrants eurent
quelques difficultés à afficher leur appartenance
religieuse. La plupart des pays autorisaient la liberté
de culte, mais l’omniprésence de l’Eglise catholique
et son pouvoir démesuré rendait la pratique assez
compliquée
Migrants « ottomans » au Pérou
C’est en Argentine que les premiers musulmans s’organisèrent. En 1928 y fut créé à Córdoba la
Sociedad Árabe Musulmana de Socorros Mutuos, puis en 1957, le premier centre islamique fut
créé à Buenos Aires avec à l’intérieur la première mosquée dirigée par des Imams Egyptiens1.
Les raisons d’une lente évolution de la population musulmane
L’isolement géographique
Dans un premier temps, il ne faut pas sous-estimer l’isolement géographique. En effet, le continent
américain est éloigné de tous les grands centres de diffusion de l’Islam et des terres habituelles
d’émigration. L’Asie aussi bien que le Moyen-Orient se trouvent à des milliers de kilomètres des
métropoles Sud-Américaine. Cet isolement atténue considérablement l’impact de tous les moyens
qui, habituellement, sont utilisés pour véhiculer l’Islam. Qu’ils s’agissent des nouveaux moyens de
communication (Internet, la télévision par satellite par exemple) ou des plus classiques, humains,
tous se heurtent à cet isolement. D’ailleurs, il est clair que les mouvements musulmans connus pour
leur prosélytisme n’ont jamais fait de l’Amérique Latine, une de leur priorité.
La ferveur de la foi catholique et l’implantation de nombreux courants missionnaires rendent
forcément les populations moins réceptives aux autres religions, et plus particulièrement à l’Islam à
l’égard de laquelle une méfiance systématique s’est développée depuis des décennies.
1 Los Musulmanes en Argentina de Muhammad A.R. Ciarla
Les latinos dans l’Islam 4