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Numéro 1 : automne hiver 2006
Les latinos dans l’Islam 1
Les Latinos et l’islam
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Numéro 1 : automne hiver 2006
Table des matières
L’ISLAM EN AMERIQUE LATINE : UN PRESENCE DISCRETE……………………………..P 4
LES LATINOS MUSLIMS AUX ETATS-UNIS : HISTOIRE D’ISLAM…………………………P 9
ENTRETIEN AVEC MOHAMED SHAFIQ ………………………………………………………..P 13
DE JUAN A SHAFIQ MOHAMED : ITINERAIRE D’UN LATINO CONVERTI………………P.15
Les latinos dans l’Islam 2
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L’islam en Amérique Latine : une présence discrète, une évolution lente
Phénomène religieux peu connu, la présence de l’Islam en Amérique latine reste discrète et peu
étudiée. Composée à son origine par une communauté d’immigrés moyen-orientaux (d’origine
libanaise et Palestinienne), la communauté musulmane latino-américaine se transforme et s’ouvre
aux nationaux, convertis.
L’islam en Amérique
Ne représentant même pas 1% de la population totale, soit 6
millions d’individus, la communauté musulmane américaine et
surtout sud américaine, ne progresse qu’à un rythme très lent. Les
Etats-Unis, dont le nombre de convertis croît à un rythme plus
soutenus, permet de maintenir le nombre de musulmans
américains à un nombre relativement important. L’Argentine, le
Mexique, le Venezuela et le Brésil sont ensuite les 4 pays dont la
population musulmane est la plus importante.
Malgré cela, le continent américain dans son ensemble ne voit
pas évoluer sa population musulmane au même rythme que sur
les autres continents.
Le continent américain
L’islam en Amérique du sud, une présence moins récente qu’on ne le croit et une histoire à écrire
Depuis les années 90, et notamment les festivités liées à l’anniversaire de la « découverte de
l’Amérique », de nombreuses voies d’historiens se font entendre pour remettre en cause l’histoire
établie. Au Brésil, par exemple, le navigateur portugais Pedro Alvarez Cabral était considéré
jusqu’à très récemment comme le premier explorateur de ce pays. De nouvelles recherches tendent
à démontrer la présence de musulmans antérieure à l’arrivée des Portugais au Brésil. De
nombreuses inscriptions avec le terme Allah, ont par exemple été trouvées. Des linguistes ont
identifié dans les langues amérindiennes et dans le nom de certains villages, la présence de certains
mots d’origine arabe. Ces indices d’une présence antérieure à l’arrivée des explorateurs européens
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restent encore à étayer, mais pourraient, dans un moyen terme, remettre en cause tout un pan de
l’histoire Précolombienne.
L’immigration Moyen-orientale
Officiellement, c’est à partir du milieu du 19e siècle, que l’on date l’arrivée des premiers
musulmans en Amérique latine. Il s’agissait d’immigrants provenant de Palestine, de Syrie et
d’Egypte. Ils étaient surnommés les « Turcs » car, tous étaient munis de passeport provenant de
l’Empire Ottoman. La plupart s’installaient en tant que commerçant dans les grands centres, les
capitales. Mais il faut souligner qu’ils ne choisissaient pas tous cette facilité. En Equateur, par
exemple, ces musulmans étaient connus pour traverser les montagnes à dos de mules et aller de la
côte est à la côte ouest, transportant leur produit ou cherchant à monter leur petit commerce dans les
villages les plus éloignés. Aujourd’hui encore, les noms des produits qu’ils vendaient sont encore
connus sous leur forme originelle : Tamar (dates), maiy zahar (fleur d’oganger), falafel
(poivrons) , basbusa and baklaw (baklawa)
Plus récemment, une nouvelle vague d’immigration
eut lieu. Les immigrants d’origine toujours moyen
orientale, mais également, indopakistanaise, choisirent
de s’installer dans de nouveaux pays, comme le Chili,
la Colombie ou le Paraguay. Tous ces migrants eurent
quelques difficultés à afficher leur appartenance
religieuse. La plupart des pays autorisaient la liberté
de culte, mais l’omniprésence de l’Eglise catholique
et son pouvoir démesuré rendait la pratique assez
compliquée
Migrants « ottomans » au Pérou
C’est en Argentine que les premiers musulmans s’organisèrent. En 1928 y fut créé à Córdoba la
Sociedad Árabe Musulmana de Socorros Mutuos, puis en 1957, le premier centre islamique fut
créé à Buenos Aires avec à l’intérieur la première mosquée dirigée par des Imams Egyptiens1.
Les raisons d’une lente évolution de la population musulmane
L’isolement géographique
Dans un premier temps, il ne faut pas sous-estimer l’isolement géographique. En effet, le continent
américain est éloigné de tous les grands centres de diffusion de l’Islam et des terres habituelles
d’émigration. L’Asie aussi bien que le Moyen-Orient se trouvent à des milliers de kilomètres des
métropoles Sud-Américaine. Cet isolement atténue considérablement l’impact de tous les moyens
qui, habituellement, sont utilisés pour véhiculer l’Islam. Qu’ils s’agissent des nouveaux moyens de
communication (Internet, la télévision par satellite par exemple) ou des plus classiques, humains,
tous se heurtent à cet isolement. D’ailleurs, il est clair que les mouvements musulmans connus pour
leur prosélytisme n’ont jamais fait de l’Amérique Latine, une de leur priorité.
La ferveur de la foi catholique et l’implantation de nombreux courants missionnaires rendent
forcément les populations moins réceptives aux autres religions, et plus particulièrement à l’Islam à
l’égard de laquelle une méfiance systématique s’est développée depuis des décennies.
1 Los Musulmanes en Argentina de Muhammad A.R. Ciarla
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Arrêtons nous quelques instants sur l’exemple du Brésil, la plus grande nation catholique du
monde. En dépit de ce que l’Eglise peut affirmer, elle a perdu de nombreux adeptes dans ce pays.
Cependant, contrairement à ce qui peut se passer sous d’autres horizons, ces anciens catholiques
préfèrent rejoindre d’autres églises ou sectes, que les rangs des musulmans.
Les responsables des organisations musulmanes arguent que la culture latine et donc festive des
brésiliens constitue un obstacle à leur travail de prédication et de propagation du message
Coranique. On a peine à entendre cet argument quand on connaît la nature profondément religieuse
des Brésiliens. Pour Maria Moreira1, l’une des plus célèbres converties brésiliennes, ces leaders se
cachent derrière de faux argument pour ne pas assumer leurs propres responsabilités. Selon elle, le
travail des institutions musulmanes se borne principalement aux services rendus à la petite
communauté d’immigrés arabes et aucunement à l’information ou l’éducation des populations non
musulmanes. Les relations entre ces immigrés, pour la plupart Libanais, et les Brésiliens qui se
convertissent à l’Islam sont très difficiles et compliquées. Les premiers se servent souvent des
erreurs des néophytes comme des « preuves » de leur « incapacité » à pratiquer l’Islam.
« Les convertis doivent ainsi faire face aux critiques de leurs familles, de leurs amis, de la société
brésilienne tout entière, et pire, à celles de leurs propres frères et sœurs en Religion »
Un autre obstacle qui se présente à ces nouveaux musulmans est celui de la barrière linguistique.
Très peu d’arabes parlent couramment le portugais et vice et versa. Très peu de livres sont traduits
en portugais, et le petit nombre concerné est soit mal traduit soit extrêmement pauvre en terme de
contenus. D’une façon générale donc, le Brésil et l’Amérique Latine dans sa globalité sont
confrontés, plus que tous les autres continents à un problème de ressources. L’exemple brésilien
montre bien à quel point l’éloignement géographique a conduit nécessairement à un isolement en
matière de communication, voire même à un isolement des communautés arabe immigrées préférant
se regrouper autour de leurs valeurs communes plutôt que de s’ouvrir voire d’accepter les nouveaux
venus. D’ailleurs les conversions à l’Islam sont encore très récentes tout comme la construction des
mosquées. Les premiers lieux de cultes officiels virent le jour dans la plupart des pays d’Amérique
Latine à la fin des années 80 et au début des années 90 (1994 par exemple en Bolivie, 1988 au
Chili, 1994 en Equateur pour donner quelques exemples).
Les réticences culturelles et politiques
Même si l’on prend en compte l’argument selon lequel, l’Islam fait partie, via l’histoire de
l’Espagne, du patrimoine historique des Sud-Américains, il ne faut pas sous-estimer le fait que
cette religion reste profondément étrangère à la culture des populations vivant dans ces pays.
1 Brazilian Muslims: Reverting To Their Islamic Past par Maria Moreira
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