Le projet
Profondément convaincu de l’exigence de la diversité et du dialogue des cultures, Jacques Chirac a
toujours été attentif au destin souvent tragique des peuples premiers. Alors maire de Paris, il avait confié
à Jacques Kerchache, grand voyageur et collectionneur à l’œil incomparable, en 1992, le soin d’organiser
une grande exposition consacrée aux Indiens taïnos d’origine arawak, qui montrait aussi l’autre visage de
la conquête de l’Amérique, dont on célébrait alors le cinquième centenaire.
Devenu Président de la République en 1995, Jacques Chirac a demandé à Jacques Friedmann de lui
proposer les moyens de rendre justice aux civilisations et peuples premiers à travers leurs expressions
artistiques et culturelles. La décision, prise en 1996, de créer une nouvelle institution muséographique et
scientifique dédiée aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques est le fruit de
cette volonté politique : célébrer l’universalité du génie humain à travers la diversité de l’art et promouvoir
un nouveau regard, plus respectueux et plus ouvert au partage et au dialogue, vis-à-vis de ces cultures et
de ces civilisations.
En 2000, a été ouverte l’antenne du pavillon des Sessions du Louvre. Sur 1400 m² aménagés par
l’architecte Jean-Michel Wilmotte, elle présente, dans la vérité et le dépouillement de leur force d’émotion
esthétique, une sélection, choisie par Jacques Kerchache, de quelques 120 chefs-d’œuvre des arts
d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. De manière hautement symbolique, ces pièces
exceptionnelles voisinent avec les plus grands chefs-d’œuvre de l’art occidental conservés au musée du
Louvre.
Pour mettre pleinement en valeur la richesse des collections nationales et faire mieux comprendre, dans
toute leur complexité, les cultures et les civilisations qui ont produit les œuvres qui les composent, la
décision de construire un nouveau musée, réunissant les collections du musée national des arts d’Afrique
et d’Océanie et celles du laboratoire d’ethnologie du musée de l’Homme, soit près de 300 000 objets, a
été définitivement prise lors du Conseil des ministres restreint du 29 juillet 1998. En décembre de la
même année a été créé l’Etablissement public du musée du quai Branly, placé sous la tutelle du ministère
de la Culture et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et nommé son président-
directeur général, Stéphane Martin.
Cette nouvelle institution a une double mission : conserver et valoriser ses collections ; favoriser la
recherche et l’enseignement sur ces œuvres et sur les sociétés dont elles proviennent.