dossier de presse - France Diplomatie

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DOSSIER DE PRESSE
SOMMAIRE
Une institution originale
au service du dialogue des cultures et des civilisations
Le projet
Un musée passerelle
Muséographie page 5
Afrique page 7
Asie page 9
Océanie page 11
Amérique page 12
Quatre collections exceptionnelles page 14
Le pavillon des Sessions page 16
Développer et enrichir le patrimoine page 17
Un système d’information page 18
Les réserves page 19
Le chantier des collections page 20
Prêts et partenariats page 21
La médiathèque page 22
La recherche et l’enseignement page 23
Une institution culturelle aux multiples facettes
Une offre culturelle page 26
Théâtre, danse et musique page 27
Des conférences et colloques page 29
Les publics page 30
La politique éditoriale page 32
Le mécénat page 33
Une architecture conçue autour des collections
Lettre d’intention de Jean Nouvel pour le concours international d’architecture (1999)
Un musée composite
Les principes fondateurs page 38
Quatre bâtiments, un musée page 39
Sous le signe de la diversité page 41
Un musée respectueux de son environnement page 42
Le jardin page 43
Programmation du musée 2006 - 2007 page 44
CIWARA - Chimères africaines page 49
« Nous avons mangé la forêt… », Georges Condominas au Vietnam page 50
« Qu’est-ce qu’un Corps ? » page 51
Le musée pratique page 52
Fonctionnement du musée page 55
Mécènes et donateurs du musée page 58
2
Un musée passerelle
Une institution
originale
au service du dialogue
des cultures et des
civilisations
Une institution culturelle aux multiples facettes
3
« Le musée du quai Branly exprime cette conviction profonde que
l'humanité ne peut progresser que dans le respect et le dialogue ; qu'elle
ne peut s'épanouir que dans la rencontre, pacifique, enrichissante, avec
l'Autre, avec ses expériences, avec ses traditions, avec ses valeurs. Le
musée sera l'un de ces lieux de passage, entre les cultures, entre les
civilisations, entre les hommes. Il viendra rompre une certaine vision,
tronquée et injuste, de l'histoire de l'humanité et rendre toute leur place,
une place immense et essentielle, aux Arts Premiers. Ici, leurs expressions
les plus abouties s'offriront à la découverte et à l'admiration. »
Propos de M. Jacques Chirac, Président de la République,
à l’occasion de la visite du chantier du musée du quai Branly,
le vendredi 15 octobre 2004.
2
Le projet
Profondément convaincu de l’exigence de la diversité et du dialogue des cultures, Jacques Chirac a
toujours été attentif au destin souvent tragique des peuples premiers. Alors maire de Paris, il avait confié
à Jacques Kerchache, grand voyageur et collectionneur à l’œil incomparable, en 1992, le soin d’organiser
une grande exposition consacrée aux Indiens taïnos d’origine arawak, qui montrait aussi l’autre visage de
la conquête de l’Amérique, dont on célébrait alors le cinquième centenaire.
Devenu Président de la République en 1995, Jacques Chirac a demandé à Jacques Friedmann de lui
proposer les moyens de rendre justice aux civilisations et peuples premiers à travers leurs expressions
artistiques et culturelles. La décision, prise en 1996, de créer une nouvelle institution muséographique et
scientifique dédiée aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques est le fruit de
cette volonté politique : célébrer l’universalité du génie humain à travers la diversité de l’art et promouvoir
un nouveau regard, plus respectueux et plus ouvert au partage et au dialogue, vis-à-vis de ces cultures et
de ces civilisations.
En 2000, a été ouverte l’antenne du pavillon des Sessions du Louvre. Sur 1400 m² aménagés par
l’architecte Jean-Michel Wilmotte, elle présente, dans la vérité et le dépouillement de leur force d’émotion
esthétique, une sélection, choisie par Jacques Kerchache, de quelques 120 chefs-d’œuvre des arts
d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. De manière hautement symbolique, ces pièces
exceptionnelles voisinent avec les plus grands chefs-d’œuvre de l’art occidental conservés au musée du
Louvre.
Pour mettre pleinement en valeur la richesse des collections nationales et faire mieux comprendre, dans
toute leur complexité, les cultures et les civilisations qui ont produit les œuvres qui les composent, la
décision de construire un nouveau musée, réunissant les collections du musée national des arts d’Afrique
et d’Océanie et celles du laboratoire d’ethnologie du musée de l’Homme, soit près de 300 000 objets, a
été définitivement prise lors du Conseil des ministres restreint du 29 juillet 1998. En décembre de la
même année a été créé l’Etablissement public du musée du quai Branly, placé sous la tutelle du ministère
de la Culture et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et nommé son présidentdirecteur général, Stéphane Martin.
Cette nouvelle institution a une double mission : conserver et valoriser ses collections ; favoriser la
recherche et l’enseignement sur ces œuvres et sur les sociétés dont elles proviennent.
3
de son Présiden t-directeur
général, M. Stéphane Martin.
La mission de préfiguration
cesse ses activités.
et d’Océanie.
Le Président de la République,
M. Jacques Chirac, constitue
une commission de réflexion
sur la place des arts primitifs
dans les institutions muséales
françaises, présidée
par M. Jacques Friedmann.
1999
janvier
1996
décembre
1995
mai
octobre
Le Président de la République,
M. Jacques Chirac, décide
la création à Paris d’un musée
des Arts et des Civilisations
ainsi que l’ouverture
au musée du Louvre de salles
présentant des chefs d’oeuvre
d’Afrique, d’Asie,
d’Océanie et des Amériques.
1997
février
Création de la mission
de préfiguration du musée
de l’Homme, des Arts et
Civilisations, sous la forme
d’une association loi de 1901
présidée par M. Jacques
Friedmann.
janvier
Lancement du concours
international de maîtrise
d’oeuvre.
Le projet du groupement
Architectures Jean Nouvel,
AJN-OTH Bâtiment-Ingérop
est lauréat du concours
d’architecture.
2000
avril
Ouverture du pavillon
des Sessions au musée
du Louvre, qui présente plus
de 100 chefs-d’oeuvre des arts
d’Afrique, d’Asie, d’Océanie
et des Amériques issus
de collections nationales
et territoriales, ainsi que
des collections publiques
des pays d’origine.
juin
Dépôt du permis de construire.
Ouverture du site Internet.
1998
2001
mars
janvier
Le projet de M. Jean -Michel
Wilmotte est retenu pour
l’aménagement du pavillon
des Sessions au musée du
Louvre.
Obtention du permis
de construire.
mai
Lancement de la politique
d’acquisition d’oeuvres d’art.
juin
Début des travaux
d’aménagement du pavillon
des Sessions au musée
du Louvre.
juillet
Le Président de la République,
en accord avec le gouvernement
de M. Lionel Jospin,
choisit un terrain situé
29/55, quai Branly à Paris (VIIe)
pour l’implantation du futur
musée.
décembre
Création de l’établissement
du musée du quai Branly,
établissement public national
à caractère administratif,
maître d’ouvrage, placé
sous la tutelle conjointe
des ministres chargés
de l’Enseignement supérieur,
de la Recherche et
de la Culture. Désignation
en conseil des ministres
septembre
Installation des équipes dans
l’hôtel industriel Le Berlier,
15, rue Jean -Baptiste Berlier
dans le XIIIe arrondissement.
octobre
Début des travaux sur le site
du quai Branly, début du
chantier des collections en
provenance du musée national
des Arts d’Afrique et d’Océanie
et du laboratoire d’ethnologie
du musée de l’Homme.
2003
Fermeture du musée
national des Arts d’Afrique
et d’Océanie.
décembre
Achèvement de
l’exemplarisation des fonds
de la bibliothèque du musée
de l’Homme et du musée
national des Arts d’Afrique
et d’Océanie.
2004
juin
Achèvement des acquisitions
pour la médiathèque et
des opérations de reliure
et de numérisation
de la documentation
des collections. Achèvement
de la préparation des objets.
juillet
Mise en ligne du nouveau
site Internet.
septembre
Réception des bâtiments
administratifs Auvent
et Branly.
octobre
Achèvement de la deuxième
campagne de traitement
du chantier des collections.
décembre
Déménagement des équipes
du musée de la rue JeanBaptiste Berlier vers les
bâtiments Auvent et Branly.
2005
automne
Réception du bâtiment
Musée et des aménagements
muséographiques.
Livraison des réserves.
hiver
juin
Achèvement de l’installation
des mobiliers, équipements
et objets. Achèvement de
l’installation des programmes
multimédia.
Première campagne de fouilles
archéologiques (INRAP) sur
le chantier de construction.
2006
juillet
23 juin
Achèvement de la première
campagne de traitement
(60 000 objets).
Ouverture au public du musée
du quai Branly.
2002
novembre
Ouverture de « Kodiak,
Alaska », première exposition
du musée du quai Branly,
dernière exposition du musée
national des Arts d’Afrique
2
Un musée
passerelle
Muséographie page 5
Afrique page 7
Asie page 9
Océanie page 11
Amérique page 12
Quatre collections exceptionnelles page 14
Le pavillon des Sessions page 16
Développer et enrichir le patrimoine page 17
Un système d’information page 18
Les réserves page 19
Le chantier des collections page 20
Prêts et partenariats page 21
La médiathèque page 22
La recherche et l’enseignement page 23
2
L’aventure de la création du musée du quai Branly aura duré dix ans. Dix années d’une conception patiente et
attentive pour donner vie à la décision du Président de la République, annoncée dès 1995, de créer un musée
consacré aux arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Il s’agissait ainsi de forger un outil à la hauteur de
l’ambition : offrir le témoignage de la pluralité de l’art et promouvoir un regard nouveau sur les arts extra-européens et
les sociétés qui les produisent, pour favoriser le dialogue des cultures et des civilisations .
Ce projet a été mis en œuvre en deux temps. Le premier a été l’ouverture du pavillon des Sessions, au Louvre, au
mois d’avril 2000. En présentant à des visiteurs du monde entier 120 chefs-d’œuvre choisis pour leur force esthétique
et leur pouvoir d’évocation, les salles du pavillon des Sessions constituent à elles seules un manifeste. Elles
apportent une première réponse à la dette que les institutions culturelles occidentales ont à l’égard des sociétés non
européennes.
Avec plus de 3 millions de visiteurs en 5 ans, le pavillon des Sessions remplit pleinement son rôle d’« appel et de
reconnaissance » en faveur de ces arts, dont ils contribuent à faire découvrir la force et la beauté. Ces salles
demeurent ouvertes après l’inauguration du musée du quai Branly et continueront de témoigner, au Louvre, de la
puissance et de la diversité des productions artistiques des peuples extra européens.
La décision de dédier un lieu spécifique à la mise en valeur des œuvres des collections françaises et à la
présentation des cultures dont elles sont issues a constitué le second temps fort du projet. Placé sous la double
tutelle du ministère de la Culture et de la Communication et du ministère de l'Education nationale, de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche, le musée du quai Branly rassemble, au sein du très beau bâtiment conçu par Jean
Nouvel, les collections du musée national des arts d'Afrique et d'Océanie et celles du laboratoire d'ethnologie du
musée de l'Homme. Musée d'arts et de civilisations, sa vocation est double : cons erver et présenter des collections ;
contribuer à la recherche et à l’enseignement.
Quelques 3 000 œuvres sur les 300 000 que comptent les collections s ont présentées en permanence au public dans
le cadre du « plateau de référence » de l’exposition permanente du musée. Organisée sur une base à la fois
géographique et thématique, elle fait voyager le visiteur d’un continent à l’autre, à l’exception de l’Europe, et éclairer
certains grands thèmes liés aux collections. Un nombre plus important de pièces sera bien entendu montré au public
à l’occasion d’expositions temporaires, auxquelles est consacrée la moitié de sa surface d’exposition : une dizaine
par an, autant de commissaires. La moitié d’entre eux, au moins, seront des consultants extérieurs au musée.
En suscitant de nouvelles émotions, ces collections contribueront à stimuler la curiosité du public et à faire
reconnaître le génie des civilisations non européennes. Elles nous rappellent que notre histoire est étroitement liée à
celle des pays d’origine de ces œuvres, avec lesquels le musée du quai Branly s’efforce d’instaurer un dialogue plus
juste.
Une place de choix est également réservée aux conférences, à l’enseignement et à la recherche, activité qui
répondra à deux objectifs : développer la production d’idées scientifiques et alimenter la réflexion en amont de la
conception d’expositions ou d’événements à destination du public.
La musique, la danse, le cinéma sont également à l’honneur. Le concept architectural du musée, par ailleurs, rendra
compte de la place spécifique dévolue à l’art contemporain puisque Jean Nouvel a eu l’idée d’installer les œuvres de
huit artistes Aborigènes australiens, spécialement conçues pour le musée, sur les plafonds et la façade du bâtiment
de la rue de l’Université.
Au terme de ces dix années de conception, le musée du quai Branly ouvrira ses portes au public le 23 juin prochain.
Une fois passée la curiosité naturelle suscitée par l’ouverture de ce nouveau lieu de culture à Paris, ce sera alors au
visiteur de nous faire savoir si nos choix ont été judicieux et si notre offre correspond à ses attentes. Il nous dira si ce
musée est bien l’espace d’échanges et de dialogue que nous souhaitions pour lui.
Stéphane MARTIN
Muséographie
l’accessibilité des collections, condition de
création d’un nouveau regard
Conjuguer l’accessibilité maximale aux collections et de nouvelles
propositions muséographiques, telle est l’exigence que s’est imposée
le musée du quai Branly pour offrir au public de multiples sources de
découvertes et de connaissances sur les arts et civilisations d’Afrique,
d’Asie, d’Océanie et des Amériques.
Le principe muséographique du musée du quai Branly
découle d’une nouvelle relation à l’oeuvre qui se
développe depuis une quinzaine d’années dans les
sciences humaines consacrées aux arts et
civilisations non européens : la disparition de plus en
plus marquée de l’occidentalocentrisme, l’atténuation
progressive d’un clivage marqué entre anthropologie
et histoire de l’art, et un changem ent de perspectives
issu, entre autres, d’un éloignement dans le temps de
la période coloniale. Dans ce contexte, la
muséographie du musée du quai Branly, orchestrée
par Germain Viatte en collaboration avec Jean
Nouvel, a pour ambition de susciter de nouvelles
émotions, de stimuler la curiosité du public et de faire
reconnaître le génie des civilisations non
européennes.
Des propositions muséographiques
complémentaires
Plusieurs principes ont été développés au sein de la
muséographie, tant sur le plateau des collections que
dans les espaces dédiés aux expositions temporaires,
afin d’articuler de façon optimale les contraintes
architecturales et techniques des espaces en
cohérence avec les souhaits et besoins des
conservateurs pour l’exposition des oeuvres. Associée
à la dynamique de rotation des expositions, cette
approche permet de renouveler fréquemment l’offre
muséographique et d’accroître encore la multiplicité
des regards. Vaste espace sans cloisons, le plateau
des collections présente près de 3 500 oeuvres
réparties sur quatre zones – une pour chaque
continent: Afrique, Asie,Océanie et Amériques.
Communiquant entre elles –elles sont toutes visibles
en chaque point du plateau –, ces zones, organisées
selon leurs principes propres, sont reliées par des
transversales, créant ainsi des lieux d’échanges entre
les civilisations comme l’Insulinde ou encore le
rapprochement Machrek-Maghreb... Le regard a donc
toute latitude de voyager. Il est simplement orienté par
quelques lignes géographiques et civilisationnelles.
Créer un pont entre hier et aujourd’hui
A l’intérieur de chaque parcours, des oeuvres de
différentes natures sont présentées, des plus usuelles
jusqu’aux chefsd’oeuvre, tout en mêlant à chaque fois
une approche esthétique et didactique. L’éclairage
sert l’apparition des objets dans leur dénuement
esthétique mais, à proximité, plusieurs dispositifs –
textes, cartels, écrans multimédia – permettent de
contextualiser l’oeuvre et de transmettre au visiteur
les connaissances scientifiques disponibles. Prises en
compte dès la genèse du projet muséographique,
l’émotion et la subjectivité contribuent à faire accepter
et comprendre l’altérité. En surplomb, une Galerie
suspendue d’informations anthropologiques permet à
ceux qui le désirent de continuer, grâce aux
équipements multimédia et à la richesse des contenus
disponibles, le voyage entrepris sur le plateau des
collections.
Au-delà des collections permanentes et des
expositions temporaires, le musée s’est fixé comme
mission d’accueillir et de promouvoir les expressions
actuelles des arts et civilisations d’Afrique, d’Asie,
d’Océanie et des Amériques. Qu’il s’agisse d’arts
contemporains, de danse, de musique, de
performances traditionnelles ou modernes, le musée
les accueille et prolonge les regards. Dans ce
domaine, la politique du musée demeure : donner les
clés pour comprendre tout en laissant libre cours à
l’émotion.
2
La Bouche du Roi,
de Romuald Hazoumé
L’art contemporain est présent parmi les
collections, dans les espaces d’exposition
temporaires, sur la Rampe, mais
également le long du Promenoir du
Théâtre, qui court entre le grand
auditorium et le Théâtre de Verdure.
Entre le 11 septembre et le 13 novembre
Les transversales :
mettre en perspective l’ensemble
des collections
Dans sa volonté de dévoiler le plus
possible l’étendue de ses collections
au grand public et de lui permettre
d’appréhender aisément tout ce qui
rapproche et différencie les cultures, le
musée du quai Branly a adopté un
principe muséographique clé : les
transversales. Chacune des quatre
aires géographiques comporte ainsi un
ou plusieurs espaces thématiques qui
soulignent les constantes et les
ruptures incarnées par les objets
présentés, au -delà des époques et des
distances : les transversales des
masques et des tapa en Océanie, celles
des instruments de musique et des
textiles en Afrique, des costumes
en Asie, des transformations en
Amérique.
2006,
cet
espace
accueille
une
installation de l’artiste béninois Romuald
Hazoumé: « La Bouche du Roi ». Au sol,
plus de 300 masques sculptés dans des
bidons d’essence dessinent la forme d’un
bateau et évoquent la disposition des
esclaves embarqués sur les navires de la
traite négrière. Au mur est projeté un film
dénonçant les trafics de carburant à la
frontière entre Bénin et Nigeria. Assis ou
déambulant autour des masques, le
public se laisse happer par une
saisissante métaphore où l’esclave
s’incarne dans le bidon : alors que le
trafiquant reproduit les gestes de
l’esclavagiste, l’actuelle exploitation des
ressources africaines est mise en
perspective avec un « commerce » que
l’on croyait révolu.
Un parcours de visite ondulant
entre les continents
Trinh T. Minh-ha, unen oeuvre
contemporaine à l’amorce du
plateau des collections
Qu’il soit à plumes en Amérique du Sud
ou dévoreur de vierges en Afrique, le
serpent est craint et vénéré sur les cinq
continents.
Contribution
de
Jean
Nouvel à la muséographie, le « Serpent
», mécéné par le groupe Schneider
Electric, est ici le nom d’un espace
central qui ondule sur les 200 mètres
du plateau des collections et encadre la
« Rivière », zone de circulation et
espace muséographique à part entière.
Longeant chaque zone géographique,
ce long meuble de cuir sert de support
à l’intégration d’un grand nombre
d’écrans vidéo, haut-parleurs, unités
centrales, système binoculaire pour
vision en 3D, etc., et constitue ainsi un
espace d’information complémentaire
sur les oeuvres en vis-à-vis. Il se
compose de 162 modules à ossature
métallique, assemblés et habillés d’une
peau de cuir scarifiée. D’épaisseur
variable, il contient des assises basses
et hautes, qui en font également un
espace de repos pour les visiteurs.
Témoignage de la place donnée à l’art
contemporain dans tous les aspects
du musée du quai Branly, Trinh T.
Minh-ha,
réalisatrice
et
vidéaste,
écrivain et compositeur, née au
Viêtnam, propose tout au long de
l’ascension un parcours aux multiples
entrées intitulé « L’Autre marche ». Par
cette oeuvre multimédia, il s’agit
d’accompagner la progression du
visiteur vers l’univers des cultures
traditionnelles présentées dans le
musée et de le ramener vers l’extérieur
à l’issue de sa visite. En provoquant
insensiblement un changement de
perception, ce parcours s’articule en
trois étapes – transition, transformation
et ouverture–, intelligibles dans les
deux sens.
Jean-Pierre Mohen
Directeur du département
du Patrimoine et des Collections
Yves Le Fur
Directeur adjoint responsable
des collections permanentes
3
Afrique
un continent entier à portée de regard
Le musée du quai Branly abrite l’un des plus importants fonds d’arts
africains au monde, avec près de 70 000 objets en provenance du
Maghreb, d’Afrique subsaharienne et de Madagascar. Sur environ
1200 m 2 , le visiteur accède à un millier d’oeuvres d’une richesse et
d’une variété exceptionnelles, pour la première fois réunies en un seul
et même lieu, permettant ainsi une relation féconde entre les styles,
les cultures et les histoires.
Elaborée à partir de 1999 par un groupe de travail
réunissant des équipes du musée de l’Homme et du
musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie, la
muséographie des collections africaines propose deux
approches au visiteur : un parcours géographique, qui
invite à un voyage à travers le continent du Nord au
Sud ; un parcours plus thématique,permettant de
découvrir les oeuvres et de les envisager selon leurs
usages et leurs techniques de réalisation. Cette
approche
bénéficie
d’espaces
d’exposition
particulièrement originaux: les nombreuses « boîtes »
en saillie sur la façade nord forment autant de petits
cabinets d’étude consacrés à une famille d’objets ou à
un thème, la divination par exemple. Plusieurs partis
pris essentiels contribuent par ailleurs à faciliter
l’appréhension des oeuvres et de leurs significations,
l’histoire de la région concernée et celle de ses
contacts avec les autres cultures. La contextualisation
fait appel, sous forme de cartes, d’extraits de récits de
voyages et sur des supports multimédia, à de très
nombreux
documents
audiovisuels
et
photographiques.
Les différentes facettes de l’Afrique septentrionale
Le parcours géographique des collections africaines
débute par l’Afrique du Nord, avec un espace
organisé en trois pôles. Le premier présente les arts
citadins, à travers du mobilier et des broderies d’une
grande richesse. Le deuxième s’intéresse aux arts
ruraux, où prédominent les tapis, la vaisselle de bois,
les poteries et les bijoux, avec de nombreux objets
issus de la très méconnue culture berbère. Le
troisième, enfin, est consacré aux arts nomades et à
leurs liens avec les civilisations rurales et l’Afrique
subsaharienne. Des vitrines thématiques assurent la
liaison et la transition entre ces pôles, où l’accent est
mis, notamment, sur l’histoire et la préhistoire,
l’expression du sacré (illustrée par des tablettes
coraniques et hébraïques), le mariage, les mythes, les
jeux…
Voyage dans l’espace-temps subsaharien…
Le parcours continue avec les collections d’Afrique
subsaharienne, dont le coeur est constitué par des
oeuvres du Mali, de Côted’Ivoire, du Nigeria,du Gabon
et du Congo. Deux transversales rassemblent dans
cet espace les textiles et les instruments de musique
issus de l’ensemble du continent et classés par
techniques tout au long du parcours. La galerie
principale est traversée par une grande séquence
statuaire illustrant les multiples variations dans la
représentation du corps que connaît cette région du
monde. Parmi les autres temps forts de cette zone, la
place donnée aux « sociétés des masques » ou à
l’évocation de la mission Dakar-Djibouti conduite par
Marcel Griaule et considérée comme le point de
départ de l’ethnologie française. Les arts et cultures
d’aujourd’hui sont aussi évoqués grâce au support
multimédia proposant un dialogue entre passé et
présent. Le parcours se poursuit par une troisième
partie consacrée à l’Afrique équatoriale, centrale et
australe, ainsi qu’à Madagascar. Les collections
d’Afrique équatoriale sont particulièrement anciennes :
à l’origine du musée d’ethnographie du Trocadéro,
elles proviennent de missions célèbres, comme celles
de Pierre Savorgnan de Brazza à la fin du XIXe siècle.
Les collections d’Afrique centrale, orientale et australe
ont fait l’objet d’une attention particulière en terme
d’acquisitions. L’Ethiopie est présente au travers d’un
ensemble rare de fresques rurales exceptionnelles de
la région de Gondar, rapportées par Marcel
Griaule.Cet espace fait cohabiter un christianisme très
ancien avec les pratiques animistes
4
Le legs Harter
La collection léguée par Pierre Harter (1928-1991), médecin et
grand spécialiste des arts du Cameroun, constitue une
précieuse contribution au patrimoine du musée du quai Branly
et occupe à ce titre une place privilégiée entre ses murs. Le legs
Harter comporte une cinquantaine de pièces –masques et
sculptures–
intéressantes,
dont
certaines
s’avèrent
exceptionnelles. La succession stipule par ailleurs que la
collection ne peut être exposée que dans son intégralité : un
espace lui a donc été spécifiquement consacré au sein du
musée.
Hélène Joubert
Responsable de l’unité
patrimoniale des collections
Afrique
Marie-France Vivier
Responsable des collections
de l’Afrique septentrionale
Aurélien Gaborit
Unité patrimoniale
des collections Afrique
Gaëlle Beaujean -Baltzer
Unité patrimoniale
des collections Afrique
5
Asie
un kaléidoscope révélateur de la diversité
du continent
Autour d’une transversale des textiles, la zone Asie met en lumière
plusieurs temps forts culturels et religieux de la vie de ces peuples.
Les collections d’Asie du musée du quai Branly sont
de précieux témoignages de la fin du XIXe siècle, et
surtout du XXe siècle. L’idée-force du programme
muséographique est de proposer un nouveau regard
sur les arts et les civilisations populaires de cette zone
: un regard ethnographique contemporain, qui
prolonge celui du musée Guimet et du Louvre,
consacrés tous deux aux civilisations anciennes de ce
continent.
Une présentation
de différents ensembles
La collection Asie couvre une zone immense, aux
civilisations millénaires, qui s’étend de la Sibérie à
l’Asie centrale et du Moyen-Orient au Japon, en
passant par l’Inde et la Chine. Le parti pris
muséographique du parcours n’est pas celui de
l’exhaustivité, irréalisable par essence, mais celui
d’une présentation d’ensembles pertinents, exposant
les objets les plus représentatifs des collections et les
plus révélateurs des thèmes et des sociétés évoqués
ici. Ainsi, le visiteur peut découvrir, au fil d’un parcours
organisé d’est en ouest, les décors au pochoir du
Japon, les diverses formes du bouddhisme
en Asie du Sud-Est ou en Himalaya, la Chine des Han
et des minorités, les mythes et rites en Inde, les
cavaliers nomades en Asie centrale, le langage de la
parure et la symbolique des armes en Orient, les
croyances et les cultes au Proche-Orient... Plusieurs
thèmes mettent en valeur les évolutions dans le
temps, les échanges et les transformations de ces
peuples que l’on considère trop souvent comme figés
dans une culture traditionnelle hors de l’histoire. La
richesse des collections de l’ex-Indochine française
offre un regard diversifié sur l’Asie du Sud-Est. Le
thème dominant est le riz, mais aussi la culture du
végétal, le bouddhisme villageois et les cultes
populaires, notamment ceux tournant autour du
sacrifice du buffle, si spécifique à ces cultures.Ces
thèmes majeurs s’articulent autour d’une travée
centrale sur les peuples d’Asie exposant la collection
de textiles asiatiques du musée, aujourd’hui
internationalement réputée.
Une transversale
des textiles riche
et prestigieuse
Le fonds textile du musée du quai Branly comporte des pièces
provenant de toutes les parties du monde et de toutes les
époques. L’Asie y est particulièrement bien représentée, avec de
nombreuses pièces anciennes ou contemporaines, rares ou plus
usuelles. Toutes expriment une volonté d’affirmation des
identités religieuses, régionales et sociales, et présentent un
intérêt ethnologique et artistique, évoqué dans la transversale de
la zone Asie : par exemple, l’utilisation de l’orme dans une robe
aïnou du Japon, la richesse des coiffures destinées aux enfants
et aux femmes mariées en Asie du Sud-Est, l’extraordinaire
technique de l’ikat en Asie continentale et insulaire ou encore la
variété des costumes orientaux, symboles d’identités
communautaires et héritiers de traditions vestimentaires
antiques.
Christine Hemmet
Responsable de l’unité
patrimoniale des collections
Asie
Hana Chidiac
Responsable des collections
« spécialité Moyen -Orient »
Daria Cevoli
Unité patrimoniale
des collections Asie
6
Océanie
carrefour aux multiples influences
Le musée du quai Branly a choisi d’exposer les oeuvres provenant
d’Océanie selon un parcours géographique, tout en déclinant un ensemble
de thématiques liées aux régions du Pacifique présentées. Les visiteurs
découvrent ainsi des objets de Mélanésie, Polynésie, Australie et Insulinde
issus des collectes historiques menées par les voyageurs au XIXe siècle,
des missions ethnographiques et d’une politique d’acquisitions visant à
enrichir les collections d’oeuvres majeures.
La Mélanésie
L’espace mélanésien s’ouvre sur des oeuvres
spectaculaires de la grande île de Nouvelle-Guinée
associées à la « maison des hommes » ou maison
cérémonielle. Dans un lieu plus confidentiel, sont
exposés des objets réservés aux initiations et aux
relations avec les ancêtres. Les thèmes de la guerre,
la chasse aux têtes et les rituels funéraires ponctuent
le parcours, de la Papouasie Nouvelle-Guinée aux îles
Salomon. Monnaies et parures utilisées dans les
échanges et les rituels montrent la place centrale
occupée par le prestige dans ces sociétés, comme les
objets emblèmes de hiérarchie de grade des îles du
Vanuatu et ceux des chefferies kanak de NouvelleCalédonie.
L’Australie
L’art des Aborigènes d’Australie du nord et du désert
central prend une part importante dans la
muséographie du parcours Océan ie. La «Chambre
des Ecorces » présente une cinquantaine de
peintures sur écorce d’eucalyptus collectées par Karel
Kupka en terre d’Arnhem dans les années 1960. Un
dispositif multimédia évoque,en outre, les sites de
production, les artistes et les mythes du «Temps du
rêve ». L’espace consacré à l’Australie présente
également des boucliers et des propulseurs dont les
motifs sont toujours retranscrits par les Aborigènes.
Enfin, l’exposition de peintures contemporaines à
l’acrylique, issues des traditions aborigènes, témoigne
de leur richesse culturelle.
La Polynésie
Entre Mélanésie et Polynésie – comme un trait
d’union –, le « carrefour des peuples » est une
installation exceptionnelle qui présente l’histoire de
cette immense « mer d’îles » à travers l’archéologie,
le peuplement océanien et les techniques de
navigation. Tout au long du parcours polynésien, le
visiteur découvre les relations qu’entretiennent les
hommes avec leurs dieux. Les arts du corps
poursuivent cette découverte par la présentation
d’objets en plumes, écaille ou nacre, matières sacrées
et signes de haut rang. Dans cette région, la diversité
des styles se lit dans l’élégance du design des plats à
kava (boisson cérémonielle) et des appuis -tête,
comme dans la virtuosité des décors sculptés de l'art
maori de Nouvelle- Zélande.
L’Insulinde
Les collections de l’Insulinde (Asie du Sud- Est
insulaire) soulignent, pour leur part, la diversité
culturelle et ethnique de cette région au confluent de
l’Asie du Sud-Est continentale et de l’Océanie. Elles
présentent un ensemble de parures somptueuses,
témoignage de l’importance accordée au prestige
individuel, aux échanges matrimoniaux et aux trésors
familiaux. Formes et matières sont liées aux mythes,
aux rituels, et reflètent aussi les incessants contacts
commerciaux qui favorisèrent la diffusion de motifs. A
Sumatra chez les Batak, à Nias et à Sumba, un
ensemble unique de sculptures lithiques à caractère
commémoratif proclame le prestige de l’individu ou
celui des clans. Très présent dans l’archipel
insulindien, le culte des ancêtres trouve une
expression singulière dans les îles des Moluques du
Sud, où les autels allient l’abstraction de leurs formes
à l’élaboration d’un décor spiralé foisonnant. Et
partout le souci exprimé dans la vie quotidienne de se
protéger des mauvais esprits, des défunts oubliés. Un
ensemble d’objets usuels est présenté, sur lesquels
se déploient les animaux fantastiques protecteurs –
aso (Bornéo), singa (Sumatra), lasara (Nias) – liés à la
mythologie des premiers temps.
7
Photographie :
un regard contemporain sur la Nouvelle-Zélande et la culture
maori Au sein des collections photographiques figure un don
original : pour saluer l’ouverture de ce grand musée à vocation
internationale, le gouvernement néozélandais a souhaité lui offrir
les séries réalisées par deux de ses ressortissants. Signée
Michael Parekowhai et baptisée « The Consolation of Philosophy
», la première se compose de douze photographies de bouquets
de fleurs faisant chacun référence à des lieux de la Première
Guerre mondiale où moururent des soldats maori engagés dans
le New Zealand (Maori) Pioneer Battalion. En reliant l’usage
commémoratif des fleurs et leur usage dans la tradition maori,
ainsi qu’en jouant sur les significations de son nom –lui aussi
relié à une certaine fleur –, l’artiste tresse un ensemble de sens
qui confèrent à son œuvre une grande profondeur. La seconde
série présente 17 photographies plus étroitement liées à l’art
traditionnel maori. Par un traitement en noir et blanc et un jeu
su btil d’éclairage, Fiona Pardington a souhaité rendre leur chair
à des pendentifs de jade hei-tiki, objets très précieux du culte
maori transmis de génération en génération.
2,35 tonnes de pierre
volcanique pour une pièce hors norme
La tête de Moaï, originaire de l’île de Pâques, est installée dans
les jardins du musée du quai Branly depuis l’été 2005. Cette
oeuvre en tuf volcanique mesure 1,85 mètre de haut et pèse 2,35
tonnes. Elle fut prélevée et acheminée en France en 1872 en
présence de Pierre Loti, officier de marine, romancier et grand
observateur des territoires dits « exotiques ». Exposée au musée
de l’Homme depuis les années 1930, elle a rejoint les ateliers du
musée, où deux personnes se sont chargées de sa restauration
durant trois semaines. Aussi précieuse que fragile, son
installation dans le jardin a demandé d’infinies précautions.
Aujourd’hui, son regard fixe le ciel au-dessus de l’horizon,
comme sur l’île de Pâques où ces statues semblent invoquer les
cieux pour protéger les vivants.
Philippe Peltier
Responsable de l’unité
patrimoniale
des collections Océanie
Constance de Monbrison
Responsable
des collections Insulinde
Magali Melandri
Chargée de collections
Océanie à l’unité
patrimoniale de l’Océanie
8
Amérique
cinq millénaires, de l’Alaska à la cordillère
des Andes
La collection consacrée aux Amériques comporte plus de 900 objets,
exposés dans 65 vitrines, ainsi que des systèmes multimédia.
Le parcours Amérique propose trois séquences : l’Amérique du XVIIe
siècle à nos jours, la «Transversale des transformations », qui
présente la singularité de l’objet amérindien, et l’Amérique avant les
conquêtes.
Comment présenter à la fois la diversité et l’unité des
différentes cultures amérindiennes au sein d’un même
espace alors qu’elles sont nées, se sont développées,
se sont succédées à des milliers de kilomètres de
distance, et sur plusieurs millénaires ? Les
conservateurs en charge de la muséographie du
parcours Amérique ont articulé leur zone autour d’une
césure claire dans l’histoire commune de ces cultures
: les colonisations successives du continent, qui
débutèrent au XVI e siècle et se poursuivirent jusqu’au
XXe siècle. Deux des trois séquences du parcours
sont consacrées à ces deux grandes ères et sont
reliées par une «Transversale des transformations »
qui met en lumière, sous un angle thématique, une
grande constante de la pensée des populations
amérindiennes, à travers tous les âges et à travers le
continent.
L’Amérique du XVIIe siècle à nos jour s
Dans cette première séquence, la muséographie
privilégie une présentation par aires et par thèmes,
avec deux temps forts : une série d’objets en plumes
pour la Grande Amazonie (les terres basses de
l’Amérique du Sud) et, pour les Plaines de l’Amérique
du Nord, un ensemble de peaux peintes datant du
XVIIIe siècle, complété par une série de tableaux de
George Catlin. Par ailleurs, une présentation
thématique de textiles, vêtements en peau et en
écorce souligne l’importance de la couleur pour les
Amérindiens , déjà observée avec les objets en
plumes dès la période précolombienne. Les rituels
américains sont évoqués par des séries d’objets
sacrés : papiers découpés otomi, calebasses perlées
huichol, encensoirs lacandon du Mexique, poupées
kachina pueblo des Etats-Unis, ainsi que des objets
chamaniques pour l’Amazonie. Enfin, une série de
masques vient représenter la côte nord-ouest
canadienne et les Inuit, tandis que les Amériques
noires sont évoquées par des objets provenant des
Noirs marrons de Guyane, des objets vaudous d’Haïti,
ainsi que des objets candomblé
du Brésil.
La « transversale des transformations » :
singularité de l’objet amérindien
Claude Lévi-Strauss a démontré qu’en Amérique il
existait un grand système de transformation des
mythes entre eux, traduisant une unité de pensée des
populations
amérindiennes.Ces
transformations
d’ordre logique procèdent toutes du principe de
l’inversion. Les objets de ces populations sont
produits selon le même principe transformationnel,
dans lequel la forme n’est pas uniquement
conditionnée par la destination de l’objet, mais traduit
toujours une idée parallèle. En rapprochant des objets
sur la base d’analogies parfois inattendues, on
constate qu’ils appartiennent à un même ensemble
porteur de sens, à un même inconscient collectif. A
travers une centaine d’objets provenant de tout le
continent américain, de toutes les époques, la
transversale illustre cette constante panaméricaine.
Ainsi, insensiblement, le hochet, destiné à appeler les
dieux, se rapproche du casse-tête au même titre que
la pagaie, faisant ressortir ainsi leur parenté enfouie…
9
L’Amérique avant la conquête
La troisième séquence fait remonter le temps au
visiteur et présente les populations amérindiennes
avant l’arrivée des Européens. La richesse des
collections archéologiques dont le musée dispose
permet de donner une vue d’ensemble des
nombreuses cultures qui se sont succédé, pendant
plusieurs millénaires, à l’intérieur des trois grandes
aires culturelles : la Mésoamérique, l’Amérique
centrale et les Andes. La présentation de cette
séquence est chronologique et culturelle, allant des
cultures les plus anciennes (Olmèques, Chavin,
Paracas) aux plus récentes (Aztèques, Incas), celles
qui subirent de plein fouet la confrontation avec les
colons européens... Pour illustrer cette période, un
choix d’objets a été effectué : statues, céramiques,
oeuvres en pierre représentant généralement des
divinités, ainsi que des objets en bois, en métal, en
orfèvrerie, en textiles et en plumes. Enfin, pour
présenter l’architecture de cette zone, une installation
multimédia inédite propose une visite des sites de
Palenque au Mexique et de Choque K’Iraw au Pérou.
André Delpuech
Responsable de l’unité
patrimoniale des collections
Amérique
Fabienne de Pierrebourg
Responsable des collections
« spécialité Amérique »
Paz Nuñez -Regueiro
Responsable des collections
« spécialité Amérique »
10
Quatre collections exceptionnelles
offertes à la curiosité du public et des
scientifiques
Le musée du quai Branly abrite quatre fonds particulièrement riches et
précieux, dont il assure la conservation, la gestion et la documentation
avec une double ambition. Ils ont vocation, d’une part, à être
présentés au grand public au fil des rotations régulières d’objets sur le
plateau des collections et lors des expositions temporaires et, d’autre
part, à servir de ressources utiles et accessibles aux étudiants,
enseignants et chercheurs du monde entier dans le cadre de leurs
travaux.
La collection textile
La collection textile du musée compte plus de 25 000
pièces représentatives de l’étonnante variété des
matériaux, procédés, usages et formes employés par
les hommes à travers le monde. La plupart datent des
XIXe et XXe siècles, même si la collection com prend
aussi quelques tissus archéologiques et historiques
en provenance, notamment, d’Amérique. Par son
ampleur, cet ensemble illustre les choix esthétiques
des différentes cultures et rend compte des contacts,
emprunts et innovations observés à travers le temps
et l’espace. Une multitude de fibres s’y côtoient,
végétales (coton, ramie, raphia, liber d’écorces
variées, comme ce rouge utilisé pour une cape
cérémonielle chilktat de Colombie- Britannique),
animales (provenant de divers vers à soie, animaux à
toisons, porcs -épics, oiseaux, coquillages…), et
parfois aussi minérales (métaux précieux). Le tissage
(bandeau de tête de femme quechua de Charazani,
en Bolivie, ou une jupe de femme li de l’île chinoise de
Hainan) met en oeuvre des savoir-faire, pratiqués
dans des ateliers professionnels ou au sein du groupe
familial, qui se transmettent d’une génération à l’autre,
tout en intégrant des procédés nouveaux. Il en est de
même pour les techniques de teinture, d’application
ou de broderie... Quotidiens ou exceptionnels,
profanes ou rituels, les tissus se retrouvent à tous les
instants de la vie, dans le décor de l’habitat (tapis,
tapisseries, couvertures, sacs...), comme supports de
l’expression religieuse et dans le vêtement. A travers
lui s’affirment les identités régionales et sociales.
Genres, âges de la vie, rites de passage, hiérarchies
au sein d’une même société s’y expriment, ainsi que
les relations entre hommes et dieux, entre vivants et
morts.
La collection photographique
La collection de photographies du musée conserve
quelque 700 000 photographies anciennes et
contemporaines, dont environ 580000 provenant du
musée de l’Homme et 66 000 du musée national des
Arts d’Afrique et d’Océanie, auxquelles s’ajoutent les
nouvelles acquisitions. Les photographies les plus
anciennes de la collection datent de 1841, soit peu de
temps après la divulgation du procédé. La partie
1840-1870 constitue un de ses points forts, avec
notamment
un
exceptionnel
ensemble
de
daguerréotypes
témoignant
des
premières
applications de la photographie à l’anthropologie et
dont les auteurs sont d’origines très diverses :
militaires, voyageurs fortunés, scientifiques. Les
images des années 1920-1930 correspondent à
l’émergence de l’ethnologie française. Aux côtés des
ethnologues,
les
photographes
professionnels
deviennent plus présents. Géographiquement, ses
points forts sont l’Amérique, et plus particulièrement le
Mexique,le Pérou, le Brésil, l’Afrique équatoriale et
l’Afrique de l’Ouest, la Polynésie, la Mélanésie,
l’Indonésie et le Viêtnam. Beaucoup de ces
photographies ont été rassemblées dans les années
1930 dans le but de constituer un ensemble
documentaire. Elles sont aujourd’hui devenues de
véritables collections, tant par leur rareté que par le
nombre important de pièces qui témoignent d’un
regard d’auteur. De nombreuses photographies sont à
ce titre présentes dans les premières expositions
du musée. Collection de référence en France et dans
le monde, sa richesse patrimoniale constitue une
ressource accessible aux chercheurs par le biais de
l’Iconothèque (dont le catalogue est en partie visible
sur Internet) et de la salle de consultation des fonds
précieux. Le chantier des collections a permis le
reconditionnement d’environ 200000 photographies et
la numérisation de plus de 200 000 d’entre elles.
11
La collection de musicologie
L’une des thématiques transversales du musée se
déploie autour de la musique et de ses instruments.
Ce choix muséographique s’explique par la richesse
du fonds de musicologie. Héritée du musée de
l’Homme et du musée national des Arts d’Afrique et
d’Océanie, la collection d’instruments de musique
s’est constituée à partir de 1878 et s’est enrichie au fil
des missions ethnographiques françaises. Elle
comprend aujourd’hui environ 9 500 instruments de
musique datant de différentes époques : 4 250
proviennent d’Afrique, 2 150 d’Asie, 2 100 d’Amérique
(parmi lesquelles 750 pièces sont d’époque
précolombienne), 550 d’Océanie et 450 d’Insulinde.
Toutes les familles d’instruments y sont représentées :
instruments à vent, à cordes, tambours et «
idiophones » dont le corps rigide est mis en
vibration par entrechoc, secouement, raclement, etc.
La mise en valeur de cette collection au musée du
quai Branly passe par plusieurs approches. Dès
l’entrée dans le hall d’accueil du musée, une Tour de
verre dévoile la réserve instrumentale. Sur le plateau
d’exposition permanente, plus d'une centaine
d’instruments est présentée. Dans les espaces
d’exposition consacrés aux arts et aux cultures
d'Amérique, d’Asie, d'Insulinde, d’Océanie, et dans
certaines vitrines consacrées à l’Afrique, les
instruments prennent place parmi d'autres objets et
contribuent à la mise en scène d'un propos
muséographique
extramusical.
Par
ailleurs,
l’exposition de la musique est proposée au travers de
trois installations multimédia. Sur le plateau des
collections, les Boîtes à musique Est et Ouest, qui
prennent la forme de deux espaces d’environ 30m 2
chacun, sont le lieu d’une expérience collective de la
musique mise en volume par une installation
multimédia ass ociant des dispositifs de spatialisation
du son et la projection d'images immersives.
Ce sont huit programmes multimédia durant lesquels
le visiteur sera plongé, par exemple, au coeur d’une
veillée de séduction chez les Peuls nomades du
Niger, au sein des polyphonies vocales chez les
Pygmées bedzan du Cameroun, au centre des
musiques processionnaires du Népal… L’objectif du
troisième système de diffusion sonore est d'immerger
la Tour de verre dans un nuage de murmures, une
sorte de parfum sonore, de façon à percevoir
auditivement le mystère des instruments qui y seront
conservés tout en évoquant la dimension sonore du
contenu. Un autre lieu spécialement dévolu au temps
de l'écoute est aménagé sur la mezzanine centrale
d’informations anthropologiques. Il propose aux
visiteurs un programme intitulé «A l’écoute des
musiques du monde» qui offre un aperçu de la
diversité des esthétiques musicales sur les cinq
continents et propose des pistes d'écoute et de
compréhension mettant en valeur le savoir musical.
La collection d’histoire
Le musée du quai Branly possède une unité
patrimoniale Histoire, héritée à la fois du fonds
historique du musée national des Arts d’Afrique et
d’Océanie, ainsi que des collections d’arts graphiques
et de peintures d’artistes français issues pour nombre
d’entre elles du laboratoire d’ethnologie du musée de
l’Homme. Enrichie d’un certain nombre d’acquisitions
au cours des cinq dernières années, cette collection
compte désormais près de 10 000 oeuvres d’une
grande diversité : tableaux, gravures, sculptures,
carnets de voyageurs… A la variété des techniques
s’ajoute celle des représentations: dioramas datant de
l’exposition coloniale de 1931, aquarelles de marins
au tournant du XIXe siècle représentant des paysages
d’Océanie (ou encore celles de Paul Gauguin, dont le
musée possède une vingtaine d’estampes et de
dessins),
tableaux
orientalistes
et
croquis
d’explorateurs représentant des paysages d’Afrique
du Nord et d’Afrique subsaharienne, images
fantaisistes sur les Indiens d’Amérique tels qu’ on les
imaginait au XVIIIe siècle... Toutes ces oeuvres
constituent autant de témoignages historiques
capables de nous renseigner sur l’évolution des
visions occidentales de l’Autre en fonction des lieux
et des époques. Elles sont aussi un formidable rappel
du rôle fondamental que continuent à jouer ces
images dans notre imaginaire. A cet égard,
l’importante iconographie dont dispose le musée sur
la représentation de l’esclavage constitue une
ressource riche d’enseignements. Par sa dimension
historiographique, cette collection n’a pas vocation à
être directement exposée parmi les collections de
référence. Elle est en revanche l’une des sources
principales des multiples programmes multimédia qui
accompagnent la visite et sera très régulièrement
sollicitées pour des prêts ou dans le cadre
d’expositions temporaires, en commençant par « D’Un
Regard l’Autre », à partir de l’automne 2006.
Françoise Cousin
Responsable des collections textiles
Christine Barthe
Responsable scientifique des collections du fonds photographique
Madeleine Leclair
Responsable de l’unité patrimoniale des collections d’instruments de musique
Nanette Snoep
Responsable du fonds historique
12
Le pavillon des Sessions
une ambassade du musée du quai Branly
au coeur du musée du Louvre
«Pour que les chefs-d’oeuvre du monde entier naissent libres et
égaux... » Premier accès à ce droit fondamental exigé par Jacques
Kerchache dans un manifeste de 1990 : le pavillon des Sessions.
Inauguré en avril 2000, le pavillon des Sessions se
situe au sud du p alais du Louvre, entre l’aile de Flore
et l’aile Denon, et expose 120 chefs -d’oeuvre
sculpturaux du monde entier au coeur de l’un des plus
grands musées des beaux-arts classiques au monde.
Du jour au lendemain, la Victoire de Samothrace et la
Vénus de Milo ont cohabité avec un maître de la
maternité rouge dogon avec un serpent à plumes
Quetzalcoatl : l’ouverture du pavillon des Sessions
marque un tournant important dans l’histoire du regard
que l’Occident porte sur les arts et civilisations
d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, soit les
trois quarts de l’humanité et six mille ans d’histoire du
monde...
Une étape importante
dans l’histoire du regard
Après plusieurs siècles d’attente, ces chefsd’œuvre
font leur entrée au musée du Louvre avec splendeur
et solennité : traités et exposés avec le même respect
et le même regard que les oeuvres des autres salles
du musée. L’architecture intérieure de ce lieu de 1 200
mètres
carrés,
conçue
par
Jean-Michel
Wilmotte,permet aux visiteurs de pénétrer dans cet
espace sans ressentir, de prime abord, sa spécificité :
épuré, aux volumes simplifiés, aux cloisonnements
limités,baigné d’une lumière tamisée par des écrans
en mailles de bronze argenté, il est à la fois moderne
et fidèle aux principes originels de l’archite cture du
Louvre de présentation des oeuvres dans leur pleine
dimension.
Aujourd’hui, une ambassade
au coeur du Louvre
Si l’architecture du lieu s’intègre parfaitement dans le
Louvre, elle n’en préfigure pas moins les grands
principes qui ont présidé à la conception du musée du
quai Branly. Ainsi, les quatre grandes aires
géographiques sont présentes et, déjà, elles
communiquent entre elles : le visiteur peut passer
librement de l’une à l’autre... Par ailleurs, si la valeur
esthétique des oeuvres est d’abord mise en avant –
dans l’esprit du musée du Louvre, hôte du pavillon
des Sessions –, le visiteur peut aussi étendre son
niveau de lecture et de compréhension des objets. A
l’entrée de chaque salle, de grandes cartes
géographiques renseignent immédiatement sur
l’origine et la situation des oeuvres, et des fiches
signalétiques illustrées complètent l’information
première donnée par les cartels. En outre, un
dispositif multimédia pourvu d’une douzaine d’écrans
interactifs permet d’accéder à des informations
complémentaires sur l’histoire, le contexte, l’usage et
la société d’origine des objets présentés. Aujourd’hui,
alors que le musée du quai Branly ouvre enfin ses
portes, le pavillon des Sessions reste ouvert et
poursuit son rôle d’ambassade du nouveau musée.
La statuette chupícuaro, première acquisition du musée du quai Branly
Datée de 600 à 200 avant J.-C., la statuette chupicuaro choisie
comme emblème du musée est une terre cuite mexicaine
provenant de la
collection de Guy Joussemet, l’un des nombreux don ateurs qui
ont souhaité participer à l’enrichissement des collections du
musée.
Issue d’une civilisation encore mal connue de l’époque
précolombienne, cette statuette de 31 centimètres, symbole de
la fertilité et du renouveau des saisons, a parcouru deux
millénaires pour nous parvenir dans un état de conservation
extraordinaire et réside aujourd’hui au pavillon des Sessions.
13
Développer et enrichir le patrimoine du
musée du quai Branly
Le musée du quai Branly bénéficie d’une politique d’acquisitions lui
permettant de dynamiser son patrimoine.
Dès 1997, la nécessité de mettre en place une
politique d’acquisitions est apparue comme
indispensable.Le
Comité
directeur
a
donc
nommé,dans ce but, un Comité de présélection des
oeuvres susceptibles d’intégrer le patrimoine du
musée du quai Branly. Cinq membres de droit ont
ainsi constitué une liste des priorités, charge
ensuite au directeur du projet muséologique, Germain
Viatte, de présenter les propositions retenues devant
le Comité consultatif des conservateurs et le Conseil
artistique des musées nationaux. Le Comité de
présélection a arrêté ses choix selon 4 axes :
renforcer les collections avec des pièces majeures,
rééquilibrer
les
quatre
aires
géographiques
présentées dans le musée, souligner la diversité et
procéder à des acquisitions dans les pays d’origine.
Dans un premier temps, ces orientations générales
ont surtout contribué à l’enrichissement de la sélection
présentée au pavillon des Sessions. Par la suite, elles
ont permis de renforcer et de personnaliser davantage
la présentation des collections permanentes du
musée.
L’appui des nouveaux dispositifs de la loi de 2003
sur le mécénat
Entre 1999 et 2005, les opportunités du marché de
l’art, les dons et dations ont permis d’acquérir
plusieurs centaines d’objets exceptionnels : deux
vases totihuacan, une lance bambara, un grand
masque vungvung des Baining, un poteau mapuche
rare du Chili, une statue lubahemba… Par ailleurs,
une place particulière revient à l’acquisition, avec le
mécénat d’AXA, de la statue dogon qui accueille les
visiteurs à l’entrée du plateau des collections, et aux
25 masques de l’Himalaya offerts par Marc Petit.
Il est enfin important de souligner l’achat, en 1999,
d’une centaine de bronzes tribaux de l’Inde, qui
généra, en 2004, la donation d’une collection de 3 000
pièces provenant de ces mêmes cultures et de leurs
développements contemporains.
La statue dogon de style djennenké, un symbole
d’immortalité
L’acquisition par l’Etat français, grâce au mécénat d’AXA, d’une
statue en bois du Xe ou XIe siècle, originaire de la région de
Djenné à l’ouest du pays dogon, illustre le désir du musée du
quai Branly de rendre accessibles au public les sculptures les
plus exceptionnelles. Elle est, par ailleurs, la première oeuvre
d’in térêt majeur issue d’une civilisation non occidentale à
bénéficier de la loi sur le mécénat d’août 2003. Cette statue, une
des pièces majeures de la zone Afrique, est unique et
remarquable non seulement par sa taille (près de 2 mètres), mais
également par sa beauté et son ancienneté. Protectrice et
médiatrice, aux contours androgynes, les bras tendus vers le
monde divin, elle porte des jumeaux respectueusement
agenouillés. OEuvre au visage sévère, incarnant une certaine
idée de la perfection et de l’immortalité, elle accueille le visiteur
à l’entrée du plateau des collections.
14
Un système d’information
pour accompagner les regards
Le musée du quai Branly propose un concept novateur en termes
d’adaptation des nouvelles technologies à l’art et à l’ethnographie. Le
multimédia y a ici pour objectif l’initiation et la compréhension des
oeuvres, des cultures des peuples et des civilisations.
Favoriser l’accessibilité des objets présentés
Les outils multimédia participent à une compréhension
complémentaire de l’usage des oeuvres dans leur
contexte d’origine. Nombre d’objets présentés dans
les expositions jouaient ou jouent encore un rôle actif
pour leurs peuples, que ces programmes permettent
de visualiser sous un angle dynamique. Ces supports
audiovisuels accompagnent la visite, en complément
de l’exposition des oeuvres. Ils constituent également
pour le musée un moyen
de présenter son patrimoine immatériel, fait d’archives
sonores, photographiques ou filmées. En mettant en
valeur des contenus inédits et en exploitant les fonds
documentaires du musée, le multimédia permet de
montrer les cérémonies, la vie quotidienne,
l’architecture et les paysages. Au-delà de la simple
représentation, il situe les œuvres chronologiquement,
géographiquement, et guide le public dans ses
découvertes. Le système d’information suit une ligne
éditoriale précise, dont le but est d’offrir une image
dynamique des pratiques culturelles et artistiques
Une interactivité sur plusieurs niveaux
L’information multimédia est disponible sur différents
supports identifiables selon la typologie du mobilier.
Ainsi, les visiteurs ont accès à des installations qui
vont des plus simples (niveau 1) aux plus innovantes
(niveau 3). Ces dernières permettent notamment une
interactivité forte avec l’utilisateur. Les installations de
niveau 1 affichent un contenu volontairement sobre.
Ces 60 programmes courts durent en moyenne trois
minutes. Les installations de niveau 2 s’articulent
autour d’un contenu éditorial thématique plus
développé, et la manipulation y est plus sophistiquée.
Les connaissances et points de vue de spécialistes
sont exposés à travers vingt programmes interactifs.
En introduction à ces programmes thématiques de
niveau 2, un écran spécifique a été conçu dans le but
de donner la parole aux populations issues des
cultures locales, par le biais du récit. Il fonctionne
comme une « préface » et ne vise pas à résumer le
sujet, mais invite au contraire à l’approfondir. La
conception des programmes de niveau 2 a privilégié
les extraits de reportages ou de documentaires rares.
Ils font référence à des personnalités charismatiques,
connues ou anonymes. Les installations multimédia
de niveau 3 sont, enfin, totalement inédites,
spécialement conçues par et pour le musée du quai
Branly. Elles placent le visiteur dans un
environnement interactif, sollicitant sa subjectivité à
travers des dispositifs comme la projection
holographique, le mur d’images ou la visualisation de
type immersif. Dix installations multimédia de niveau 3
couvrent ainsi l’ensemble des zones géographiques et
des thèmes abordés au musée. Par exemple, il est
possible d’expérimenter des lunettes binoculaires
montrant une vue stéréoscopique et panoramique de
deux sites archéologiques précolombiens : Palenque
au Mexique et Choque K’Iraw au Pérou.
L’information multimédia : un espace dédié
Les programmes multimédia de la mezzanine centrale
d’informations anthropologiques sont conçus comme des
observatoires culturels et scientifiques des peuples et des
civilisations présents au musée. Ils couvrent des domaines
aussi vastes et variés que l’architecture, la linguistique, les
écosystèmes, la géographie et l’anthropologie, qui sont autant
d’éléments indispensables à aborder pour envisager la culture
de ces peuples. Le visiteur peut exploiter l’arborescence des
programmes avec un croisement des entrées pour organiser sa
découverte et son savoir comme il l’entend. Tout comme le
portail documentaire, cette Galerie suspendue a bénéficié du
mécénat d’Ixis C&B Groupe Caisse d’Eparg ne.
La production multimédia en chiffres
La totalité des scénarios sont écrits par des scientifiques et par
les conservateurs du musée, aidés des meilleurs spécialistes
internationaux, permettant de rapporter au public des chefsd’œuvre du patrimoine imma tériel, des traditions orales, de la
musique traditionnelle, ainsi que l’état actuel du travail sur le
terrain et dans la recherche.
100 programmes, soit environ 8 heures d’audiovisuel.
20 programmes interactifs.
35 auteurs. 1781 documents audiovisuels (90 % d’archives et 10
% de création).
192 sources documentaires ou ayants droit différents.
15
Les réserves au coeur du musée
Accueillant près de 300 000 oeuvres, les réserves ont pris une place
particulière au coeur du projet du musée du quai Branly.
Dès son origine, le projet prévoyait d’associer
étroitement les réserves à la vie du musée, dans le
cadre de sa politique de rotation des expositions.
Singularité dans l’univers muséographique, une partie
des réserves se révèle à la vue du public au travers
de la Tour de verre de 24 mètres de haut qui abrite sa
collection d’instruments de musique et d’une fenêtre
ouvrant sur la réserves des oeuvres de grande taille.
Toutefois, l’enjeu majeur du programme était de
rendre l’ensemble des réserves accessibles à un
public spécialisé, constitué de chercheurs, de
scientifiques et d’universitaires. Les 300 000 oeuvres
sont ainsi entreposées au niveau bas du jardin, sur
une surface qui s’étend sur près de 6000m 2. Elles
sont toutes desservies par de larges allées qui
parcourent les rayonnages. Ces dernières, si elles
contribuent à rendre les oeuvres disponibles,
permettraient, en cas de crue d’une ampleur sans
précédent, d’évacuer la totalité des réserves en 24
heures.
Une nouvelle conception des réserves
La proximité de la Seine a soulevé le problème de la
conservation d’objets organiques particulièrement
sensibles à l’humidité. Lors de la construction, une
véritable fortification souterraine a été mise en place
autour des sous -sols du bâtiment. L’ensemble a été
rendu totalement étanche au moyen de cuvelages qui
protègent efficacement contre les infiltrations du
fleuve.
La Tour de verre :
la réserve des instruments
de musique
Point de repère et d’ancrage pour
l’ensemble du bâtiment qu’elle tr averse
de haut en bas, la Tour de verre,
réalisée avec le concours de la Caisse
des
Dépôts
et
Consignations,
représente
une des manifestations de la volonté de
dévoiler au public les coulisses du
musée habituellement dérobées à sa
vue. Les quelque 9 500 instruments qui
y sont conservés font de la réserve
instrumentale un surprenant objet de
contemplation : ils baignent dans un
subtil mélange d’ombre et de lumière,
destinés autant à les protéger qu’à
aviver l’imaginaire. Un effet intriguant
encore renforcé par des «murmures »
musicaux diffusés par les parois de
verre, audibles en s’approchant de la
réserve, ainsi que par les écrans : cette
programmation multimédia apparaît et
disparaît en rythme à la surface de la
tour, sous forme de points lumineux
concentrant de courtes séquences
d’images sur les instruments, les détails
de leur fabrication et leurs jeux.
Timbale sur socle
16
Le chantier des collections
une première dans le paysage muséal
Répertorier, cataloguer et nommer les pièces relève bien évidemment des premières
missions de conservation d’un musée. Au regard de l’ampleur de ses collections, le
musée du quai Branly a adapté une méthode issue des bibliothèques : le chantier des
collections.
Le musée du quai Branly a effectué en quelques mois
un véritable chantier des ollections sur les 300 000
oeuvres qui onstituent son fonds. Cette vaste
opération permis bien sûr de préserver l’intégrité
hysique des objets confiés au usée, d’organiser les
collections, de sauvegarder t d’étendre les données
concernant es pièces, mais aussi de réfléchir sur eur
statut et de le redéfinir, le cas échéant.
Enfin, elle garantit aujourd’hui leur accessibilité t leur
diffusion internationale, otamment dans leurs pays
d’origine.
Entamé en 2001 et achevé en 2004, sous a direction
de Christiane Naffah, ce chantier, ui a mobilisé 70
personnes, s’est ffectué en plusieurs étapes. La
chaîne de raitement a commencé avec le récolement
uis le prélèvement des collections ans les deux
musées d’origine (musée e l’Homme et musée des
Arts d’Afrique t d’Océanie) et s’est terminée par
l’installation es collections dans les salles des
ollections ou les réserves du musée.Dans ’intervalle,
les équipes de restauration ont ffectué l’étiquetage
des objets par codesbarres, eur archivage sous TMS,
les prises de mesure, le dépoussiérage des objets, les
prises de vue 2D et 3D (pour 4 000 d’entre eux), ainsi
que leur désinsectisation par anoxie (privation
d’oxygène).
Donner une nouvelle existence aux objets
conservés
Ce chantier des collections est une étape majeure du
projet par la diversité et la fragilité des pièces traitées,
et par les procédés et les techniques innovantes qui
ont permis son bon déroulement. En outre, au-delà de
la rigueur nécessaire à un tel chantier, les travaux ont
été conduits dans un réel esprit d’ouverture, de
nombreux anthropologues ayant été sollicités pour y
collaborer. Les protocoles et les retours
d’expériences, consignés en français et en anglais,
ont été mis à la disposition d’autres musées. Au-delà
de la rationalisation des méthodes de préservation et
de conservation des oeuvres, une telle démarche
présente un intérêt stratégique, intéressant l’ensemble
de la communauté scientifique et universitaire
internationale : grâce au portail documentaire
accessible depuis le site Internet du musée du quai
Branly, l’inventaire détaillé et illustré de l’ensemble de
ses collections est porté à la connaissance de chacun,
où qu’il se trouve dans le monde... De ce fait, les
collections, qu’elles soient exposées ou en réserve,
restent toujours accessibles et profitent d’une
existence virtuelle.
The Museum System: l’archivage nouvelle génération
Développé et édité par la société GallerySystems, he Museum
System (TMS) st une base de données nformatique spécialement
onçue pour les musées, qui permet de cataloguer,d ’enregistrer
les pièces et de leur assigner une fiche signalétique complète.
Le logiciel répertorie aussi les différents mouvements des
oeuvres, que celles-ci quittent les réserves pour être exposées,
qu’ell es soient en restauration ou qu’elles soient prêtées à
d’autres institutions. Cette dernière fonctionnalité se révèle
particulièrement précieuse pour le musée du quai Branly : d’une
part, en prévoyant d’exposer l’intégralité des
300000 pièces à sa disposition sur un cycle de 12 ans, il est
nécessaire d’assurer une traçabilité fiable et rapide, et, d’autre
part, elle permet de mettre en place une politique de prêts suivie
et réactive.
Enfin, TMS est accompagné d’un logiciel appelé eMuseum, qui
permet la mise en ligne du catalogue complet du musée,
réserves incluses : ainsi, l’ensemble de la communauté
scientifique et universitaire a accès aux richesses du musée,
gratuitement et instantanément.
17
Prêts et partenariats
dialoguer et coopérer avec les institutions
du monde entier
Exposant des oeuvres provenant de quatre continents, le musée est
par essence une institution à vocation internationale. Inscrite dans sa
politique générale, cette volonté implique naturellement un dialogue
riche et constant avec les pays d’origine des collections, ainsi qu’avec
les institutions homologues. Grâce à une politique active de prêts, de
partenariats et de participations à divers réseaux, le musée se donne
les moyens de devenir un acteur à part entière de la communauté
internationale.
Outre la participation à la création du GDRI
(Groupement de Recherches Internationales), au sein
duquel le musée est un membre actif, des partenariats
divers et multiples sont tissés. En premier lieu, des
coopérations bilatérales – les plus « traditionnelles » –
sont mises en oeuvre. Dans le cadre de projets
d’expositions portés par le musée, il s’agit de
coopérations pour une durée donnée,passant par la
sollicitation des collections des musées des pays
concernés (par le biais de prêts, d’études, de
publications) ou par l’implication de personnes ressources
:
responsables
de
collection,
chercheurs…Par exemple, le Costa Rica a prêté au
musée une sphère diquis, présentée dans le foyer de
l’auditorium ; de même, la Nouvelle- Zélande a fait
don des oeuvres de deux artistes contemporains... En
retour, le musée met ses collections à disposition de
ses homologues grâce à des dépôts ou des prêts
d’oeuvres à d’autres musées, tels que le Centre JeanMarie Tjibaou, ou dans le cadre d’expositions
internationales telles qu’«Africa Remix», organisée
par le Centre Georges Pompidou.
Les grands axes de la coopération internationale
au musée
Par ailleurs, parallèlement à la participation active à
divers réseaux européens et internationaux –
programme TREEMUS, Groupe des directeurs de
musée d’ethnologie européens, réseau ASEMUS, qui
Restauration des enveloppes funéraires paracas :
un programme de coopération internationale
En juin 2008, le musée consacrera une grande expositiondossier aux « enveloppes funéraires », ou fardos, des Paracas,
une civilisation du Pérou aujourd’hui disparue. Vieilles de plus
de 2000 ans et préservées jusqu’à leur découverte sur des sites
de fouilles archéologiques grâce à un climat particulièrement
aride, ces pièces textiles font actuellement l’objet d’une
restauration prise en charge conjointement par le musée du
quai Branly et l’Institut National de la Culture du Pérou. La
rassemble musées européens et asiatiques, Pacific
Art Association –, le musée met en place une politique
de partenariats de long terme avec divers pays
d’origine des pièces qu’il expose. Ainsi en décembre
2005, un accord-cadre signé avec le musée de Tahiti
a été reconduit, créant une relation privilégiée entre
les deux institutions.Echanges d’expériences, mise à
disposition de moyens,de techniques, de formations,
ces partenariats durables permettent au musée de
construire une relation constructive avec un grand
nombre d’établissements
et de communautés dans le monde. De nombreuses
opérations sont déjà en cours, voire conclues : les
plafonds aborigènes australiens font désormais partie
intégrante du musée, un Fonds de Solidarité
Prioritaire a été mis en place avec l’aide du ministère
des Affaires étrangères, impliquant le musée, l’Ecole
du patrimoine africain de Porto-Novo, ainsi que 26
musées africains. D’autres coopérations sont
actuellement en cours de formalisation. Parmi les
pays concernés, on peut d’ores et déjà citer le Mali, la
République démocratique du Congo, le Pérou, le
Nigeria, l’Ethiopie ou le Viêtnam. Les accords passés
avec ces pays permettent de valoriser leur patrimoine,
de mettre en place de véritables politiques de
préservation ou d’aider le musée à documenter ses
propres collections.
convention de partenariat, technique et professionnel, permet
l’accompagnement sur place, au Pérou, d’une campagne de
restauration de ces trésors nationaux supervisée par les
conservateurs péruviens avec la collaboration de Danièle
Lavallée, chercheur au CNRS et commissaire de la future
exposition. Outre la volonté de préserver ce patrimoine unique
au monde, ce partenariat vise à établir, sur le long terme, une
démarche de mutualisation
des connaissances et des savoir -faire entre la France et le
Pérou.
18
La médiathèque
entre recherche et savoirs populaires
Héritière de fonds riches et prestigieux, la médiathèque du musée du
quai Branly a renouvelé la gestion et la consultation à travers un
concept associant accessibilité pour le grand public et projet
scientifique de haut niveau.
Installée dans le bâtiment Auvent, la médiathèque
s’est constituée à partir des fonds documentaires du
musée de l’Homme et du musée national des Arts
d’Afrique et d’Océanie. Un apport conséquent
représentant 170 000 monographies, 3 000 titres de
périodiques et 580 000 photographies pour le premier,
12 000 monographies et tirés à part, 65 000
photographies pour le second. Le transfert de ces
collections a exigé un long et difficile travail de
conservation, d’informatisation et de numérisation sur
plusieurs années. A ce précieux héritage s’ajoute une
politique d’enrichissement permanent des collections,
notamment en histoire de l’art, complétée de façon
exceptionnelle par des donations ou acquisitions de
bibliothèques de chercheurs et collectionneurs.Au
cours des deux dernières années, par exemple, la
médiathèque a fait l’acquisition d’environ 25000
ouvrages, en plus des bibliothèques de Jacques
Kerchache et de Georges Condominas. Enfin, un
fonds très important d’archives et de documentation
La médiathèque
en chiffres
Un fonds de 250000
imprimés, dont 25 000
ouvrages en accès libre
11 km linéaires de magasin
Un salon de lecture
de 250 m2 et 50 places
Une salle de recherche
de 1100 m2 et 180 places
sur le toit du musée
Le salon de lecture
Jacques Kerchache
Le musée rend hommage à l’un de ses
principaux initiateurs en baptisant le
salon de lecture de la médiathèque du
nom de Jacques Kerchache, grand
collectionneur français disparu en
2001. Réalisée grâce au mécénat de
Sony Europa Foundation, pour
l’aménagement et le mobilier, et de M.
et Mme Bruno Roger, qui ont pris en
charge les frais liés au montage de
photographies prises par Jacques
Kerchache ornant le plafond, cette salle
autour des objets du musée – respectivement 550 et 6
000 dossiers – complète cet ensemble.
Des fonds documentaires
de référence
Les missions confiées à la médiathèque sont à
l’image de ses collections. Elle doit en effet répondre
aussi bien à la curiosité du grand public que constituer
un centre de ressources performant pour les
chercheurs travaillant dans de multiples disciplines –
ethnologie,bien sûr, mais aussi histoire de l’art,
architecture… Pour cela, son offre de service aux
publics se décline en deux niveaux : un salon de
lecture inscrit dans le parcours du musée,
rassemblant une documentation générale sur les
oeuvres exposées, leurs pays et civilisations d’origine;
une médiathèque de recherche, mettant à la
disposition des étudiants et professionnels des
sciences et des arts non occidentaux tous les fonds
de référence liés aux thématiques abordées par le
musée.
de 50 places, équipée d’une machine à
lire pour les handicapés visuels,
propose 5 000 ouvrages en accès libre
dont 500 plus spécialement destinés
aux enfants à partir de 7 ans. Une
oeuvre taïno, le génie du Gayac, prêtée
par le musée anthropologique Montane
de La Havane, vient habiter le salon
Jacques
Kerchache
pendant
la
première année du musée. Hommage à
une exposition organisée en 1994 par
Jacques Kerchache, « L’art des taïnos
», qui fut un événement annonciateur
de ce que serait un jour la place des
arts et civilisations non occidentaux :
au musée du quai Branly, au coeur de
Paris...
s’est fixé comme objectif de proposer,
dès son ouverture, un accès en ligne
à l’ensemble des objets de sa
collection.
Proposition
novatrice
rendue possible grâce au mécénat
d’Ixis C&BGroupe Caisse d’Epargne,
cet important catalogue sur Internet
dénombre au total 300 000 pièces avec
leur notice et photographie. Autres
innovations du portail documentaire : la
possibilité de croisements avec les
autres bases de données du musée –
documents imprimés, documents
iconographiques,
archives
et
documentation des collections – et
l’effort d’ergonomie accompli pour
rendre aisée la navigation à travers les
données et les outils intuitifs de
recherche et de consultation.
Le portail documentaire :
300000 objets accessibles
sur Internet
Parce que la valorisation de son
patrimoine et le partage le plus ouvert
possible de ses collections avec leurs
p ays d’origine et avec le grand public
figurent
parmi
ses
missions
principales, le musée du quai Branly
Odile Grandet
Directeur adjoint responsable
de la médiathèque
19
La recherche et l’enseignement
une mission majeure du musée du quai
Branly
Le musée du quai Branly a, par décret, vocation à être un centre de
recherche. Ses missions : préserver, exposer, valoriser et étudier des
collections représentatives des arts et civilisations d’Afrique,
d’Amérique, d’Asie et d’Océanie.
L’une des principales missions confiées au musée du
quai Branly, dès son origine, consiste à développer la
recherche et l’enseignement supérieur dans les
domaines qui le caractérisent. Ainsi, le musée du quai
Branly s’articule autour de deux départements
majeurs : le département du patrimoine et des
collections, dirigé par Jean-Pierre Mohen, et le
département de la recherche et de l’enseignement,
dirigé par Anne-Christine Taylor. Ce département
entend susciter des travaux de recherche en lien avec
les collections du musée. Il souhaite par ailleurs
dispenser un enseignement de haut niveau à des
étudiants de master et de doctorat et promouvoir
également la diffusion des connaissances en sciences
humaines. Pour remplir l’ensemble de ces objectifs,
les chercheurs et enseignants associés au musée
disposent de bureaux, de salles de cours et d’étude
des objets.
Comprendre les rapports entre les cultures
Le musée est ouvert aux projets de recherche
relevant de nombreuses disciplines : anthropologie,
histoire, histoire de l’art, sociologie des institutions
culturelles ou des procès d’institutionnalisation,
linguistique
– plus particulièrement l’ethnolinguistique
–, ethnomusicologie, technologie culturelle, sciences
de la cognition, etc.
Le musée,s’il soutient les projets de recherche
en relation avec les cultures non occidentales, porte
une attention particulière aux projets intégrant une
dimension
culturelle
européenne.
En
effet,
comprendre les rapports entre les cultures est l’un des
enjeux majeurs de l’institution.
Un enseignement de haut niveau
Le musée du quai Branly ne délivre pas de diplômes
nationaux et ne se substitue pas aux universités ou
aux écoles spécialisées. Cependant, il accueillera des
enseignements de haut niveau en lien avec ses
collections ou correspondant aux orientations
scientifiques définies par le département. Destinés
aux étudiants de première et deuxième année
d e master et aux doctorants, ces enseignements
seront délivrés tantôt par des universitaires relevant
de grands établissements d’enseignement supérieur,
dans le cadre d’une « délocalisation » de leurs
cours ou séminaires réguliers, tantôt par des
conservateurs du musée, tantôt par des chercheurs
des équipes accueillies au musée dans le cadre du
Groupement de Recherche International piloté par le
musée du quai Branly. Par ailleurs, le rôle du
département dépasse l’organisation de séminaires ou
la tenue de cours : il prend également une part active
dans l’élaboration des programmes d’enseignement
en master et en doctorat dans le cadre de partenariat
avec de prestigieux établissements d’enseignement
supérieur. Dès octobre 2006, le musée accueillera
250 étudiants ; quatre bourses post-doctorales, trois
bourses doctorales et un prix de thèse seront
également alloués.A côté de ces enseignements
réguliers, le département invite un large public à des
conférences ponctuelles. Elles permettent de mettre
en lumière les travaux des chercheurs français et
étrangers invités au musée.
20
premier semestre 2005 par le musée
du quai Branly.
Gradhiva : une revue scientifique
réputée
Fondée en 1986 par Michel Leiris et
Jean Jamin, la revue Gradhiva (à
l’origine, une publication du Groupe de
Recherches
et
d’Analyses
sur
l’Histoire
et
les
Variations
de
l’Anthropologie, une équipe composée
de chercheurs du CNRS et du musée
de l’Homme) est publiée depuis le
Le projet TREEMUS
(Tools for Researching
European Ethnographical
Museums)
Le département de la recherche et de
l’enseignement du musée du quai
Branly est à l’initiative d’un projet
européen associant plusieurs
institutions muséales. Ce projet a pour
objectif la mutualisation des basesde
données numériques des collections de
musées européens d’ethnographie. On
peut estimer le patrimoine extraeuropéen de l’ensemble des musées
européens entre 5 et 10 millions
d’objets. Or, la mutualisation des
catalogues numériques, leur
documentation et leur mise en ligne
nécessitent le développement de
solutions inédites adaptées à cet
immense corpus, à savoir le
développement d’outils d’interrogation
capables de gérer l’hétérogénéité des
thésaurus liée à la nature des
catégories traitées : ethnonymes,
typologie d’objets, etc. Ce projet de
rech erche implique une innovation
dans les technologies de l’information
appliquées aux sciences humaines,
appuyée sur la recherche de pointe
dans le domaine de l’ingénierie
son comité scientifique.
A l’occasion du lancement de la
nouvelle série, le sous-titre de la
publication, « revue d’histoire et
d’archives
de
l’anthropologie
»,
devient « revue d’anthropologie et de
muséologie ». La vocation scientifique
de la revue et sa politique éditoriale
demeurent. Lieu de débat sur l’histoire
et les développements actuels de
l’anthropol ogie, fondée sur des études
sémantique. Afin de contourner ces
contraintes, le projet TREEMUS sollicite
la recherche de pointe dans le domaine
de l’ingénierie sémantique et implique
des innovations technologiques
importantes. Il s’affirme, d’ores et déjà,
comme un projet de recherche à part
entière.
Un Groupement de
Recherche International
(GDRI)
Dès son ouverture, le musée du quai
Branly a souhaité s’associer au Centre
National de la Recherche Scientifique
(CNRS) pour créer une structure de
recherche
interdisciplinaire
à
dimension internationale, consacrée au
développement et à la diffusion des
recherches en anthropologie et en
histoire des arts. Un GDRI réunit un
réseau d’institutions de plusieurs pays
qui s’accordent pour développer des
recherches autour de thématiques
scientifiques définies. Financé par
toutes les parties, il suscite des projets
de recherche inno vants et favorise la
mobilité du personnel relevant des
institutions partenaires. Il organise des
séminaires, des ateliers ou des
colloques. La durée d’un GDRI est de
originales et sur la publication
d’archives ou de témoignages, la revue
reste ouverte à de multiples disciplines
:
l’anthropologie,
l’esthétique,
l’histoire, la sociologie, la littérature ou
encore la musique. Elle privilégie
l’étude et l’analyse des objets et des
problématiques
muséologiques
et
s’attache à développer, par une
iconographie importante et singulière,
un croisement entre le texte et l’image.
quatre
ans,
renouvelables.
Les
institutions partenaires lors de la
création du GDRI « anthropologie et
histoire des arts », outre le musée
du quai Branly et le CNRS, sont :
l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales
(EHESS-Paris),
l’Institut
National d’Histoire de l’Art (INHA-Paris),
l’Université
de
Paris
X-Nanterre
(départements
d’ethnologie
et
d’histoire de l’art), l’Université de Paris
I-Panthéon Sorbonne
(archéologie), la Direction Générale de
la Coopération Internationale (DGCI) du
ministère des Affaires étrangères ; à
l’étranger, le Sainsbury Centre for
Visual Arts de l’Université d’East
Anglia, la Scuola Normale Superiore de
Pise, le Staatliches Museum für
Völkerkunde de Munich, le Museu
Nacional (PPGAS) et le PPGSA (IFCS UFRJ) de l’Université de Rio de
Janeiro, l’Université de São Paulo
(USPI),
l’Instituto
Nacional
de
Antropologia e Historia (INAH) du
Mexique et l’Université de Californie à
Los Angeles (UCLA). Cette liste n’est
pas limitative. Dans le futur, d’autres
institutions pourront se joindre au
GDRI, sous réserve de l’approbation de
Anne-Christine Taylor
Directeur
Marcel Skrobek
Directeur adjoint
21
Une
institution
culturelle aux
multiples
facettes
Une offre culturelle page 26
Théâtre, danse et musique page 27
Des conférences et colloques page 29
Les publics page 30
La politique éditoriale page 32
Le mécénat page 33
22
Une offre culturelle en mouvement
La vie du musée du quai Branly est rythmée par de multiples
expositions temporaires de plus ou moins longue durée, destinées à
mettre en perspective ses collections sous des angles sans cesse
renouvelés et faire partager au public les trésors provenant d’autres
institutions internationales ou les créations d’artistes contemporains.
Les expositions temporaires
internationales
Le musée comporte trois espaces dédiés aux
présentations temporaires.Le premier et le plus
important est réservé aux expositions temporaires
internationales. Au rezde- jardin, la Galerie jardin de 2
000m 2 accueille chaque printemps et chaque
automne deux expositions consacrées d’une part aux
cultures traditionnelles et d’autre part aux artistes
contemporains. Par ce dialogue permanent, les
visiteurs sont invités à passer d’une exposition à
l’autre et à s’enrichir de l’expérience de cultures,
d’époques ou de visions différentes. Ces expositions
sont constituées à partir des objets des collections et
de prêts consentis par des musées du monde entier.
Les expositions
d’anthropologie
C’est au niveau du plateau des collections que se
trouve le second espace d’expositions temporaires.
Sur une surface de 800m 2, la Galerie suspendue
ouest propose des présentations exceptionnelles de
longue durée – dix-huit mois – consacrées aux
thèmes majeurs qui structurent les relations entre les
hommes. A travers des scénographies originales, ces
expositions d’anthropologie encouragent le visiteur à
la réflexion sur des questions universelles : créer,
croire, initier, grandir, conquérir… La première d’entre
D’Un Regard l’Autre
Pour sa première exposition temporaire dans la Galerie jardin, le
musée du quai Branly propose un thème particulièrement
symbolique
de sa vocation et de son histoire : « D’Un Regard l’Autre »
retrace l’évolution des différents regards portés sur les mondes
non occidentaux par les Européens depuis le XVe siècle.
Directeur adjoint du département du Patrimoine et des
Collections du musée, Yves Le Fur est le commissaire. Cette
exposition à la fois thématique et chronologique démontr e la
relativité de nos regards sur les cultures
d’Afrique, d’Océanie et des Amériques. Dans cette mise en
abyme, les objets présentés sont abordés en fonction de la
variété des regards portés sur eux selon les époques et
elles s’intitule « Qu’est-ce qu’un corps ? ». Conçue
par l’ethnologue Stéphane Breton et un collectif
d’anthropologues, elle compare les différentes façons
de penser le corps à travers ses représentations, en
Afrique de l’Ouest, en Nouvelle-Guinée, en Amazonie
et en Europe. Invitation à visiter les multiples «
fabriques du corps », elle en éclaire certaines
constantes, notamment l’inclination de la pensée
humaine à concevoir son corps comme composite –
assemblage de matériaux « autres ».
Les expositions « dossiers »
Sur la Galerie suspendue est de 600m 2, des
expositions au concept original sont proposées. Elles
se focalisent sur des sélections d’oeuvres issues des
collections du musée pour les révéler sous un angle
particulier. Une exposition dont le commissariat
est assuré par Lorenz Homberger, Directeur adjoint
du Museum Rietberg de Zurich, rassemble par
exemple 36 masques cimiers antilopes ciwara du Mali
; une autre, dont le commissaire est Christine
Hemmet, responsable de l’unité patrimoniale des
collections Asie du musée du quai du Branly, rend
hommage à la collecte réalisée par l’ethnologue
Georges Condominas au Viêtnam entre 1948 et
1949.
configurations culturelles qui se sont succédé en Europe,
depuis la Renaissance jusqu’à nos
jours. En s’appuyant sur les collections du musée du quai
Branly et sur de nombreux prêts de musées internationaux,
l’exposition illustre la focalisation des collections occidentales
sur certains typ es d’objets à travers les siècles (les armes, les
statuettes), le retour périodique de certains thèmes – le
Sauvage, l’Eden –, et certains invariants, comme l’image de
l’Autre. L’entrelacement de vues ainsi proposé n’impose aucun
jugement sur l’Histoire. Il vise au contraire à stimuler la réflexion
personnelle du visiteur sur la possibilité d’envisager l’art non
européen selon des approches renouvelées, dépassant
l’esthétique et l’ethnographie traditionnelles. L’exposition
s’arrête au seuil du plateau des collections, comme une
invitation pour chacun à exercer et critiquer son propre regard.
23
Théâtre, danse et musique
ou l’Afrique, l’Asie, l’Océanie et les
Amériques aujourd’hui
Elément essentiel du dispositif muséographique, la programmation
valorise différentes formes d’expression traditionnelles et
contemporaines.
La programmation des arts vivants, orchestrée par
Alain Weber, permet de montrer la vitalité et l’actualité
des arts et civilisations d’Asie, d’Afrique, d’Océanie et
des Amériques. Grâce à la modularité de l’espace, le
Théâtre Claude Lévi-Strauss accueille différentes
sortes de représentations.
Le musée du quai Branly consacre une large place à
l’actualité de ces arts par le biais d’un ensemble de
performances, « spectacles », traditions populaires et
patrimoines immatériels, corpus d’épopées, de rites et
de chants.Ces cycles laissent largement s’exprimer
les cultures extra-européennes en croisant les
approches traditionnelles, contemporaines et
urbaines. Organisées en fonction d’affinités
géographiques ou thématiques entre les oeuvres,
selon les moments de la saison, une vingtaine de
manifestations par an sont prévues, autour de cinq
thèmes différents, offrant un espace privilégié à
plusieurs formes de création artistique.
Pour la saison 2006-2007, à l’intérieur ou
à la croisée de ces thèmes, cinq cycles sont
retenus :
Arts « métis » (au sens donné par
Serge Gruzinski dans «La Pensée métisse», un
ouvrage qui montre les constructions identitaires et les
productions artistiques et sociales qui découlent d’un
héritage pluri-culturel) : sensible aux échanges et
aux influences, la programmation met en regard trois
Mahabharata dès le premier cycle : un italien, un
indien et un japonais.
Cérémonies populaires
et rituelles
Dans le but de faire se rencontrer le public européen
et les personnes des diasporas, le théâtre propose
chaque année un grand cycle autour d’une fête
populaire ou d’un art rituel.Pour l’année d’ouverture, le
cycle « Chamanisme en Sibérie » présente des
chants traditionnels. Ces manifestations seront
présentées par un anthropologue invité, lors de
conférences explicatives précédant les spectacles.
Musiques du monde
Elles se situent logiquement au coeur de la
programmation avec, cette année, les « Desert Blues
» d’une part et, d’autre part, les Repentistas – ces
joutes oratoires poétiques pratiquées dans les pays
lusophones et hispanophones, avec un accent porté
sur celles de Cuba, pays où cette forme est largement
développée et pratiquée.
Arts, artisanats
et cultures urbaines
La programmation donne un espace et une parole aux
« arts de la rue », conçus comme mixant tradition et
extrême
contemporanéité
:
chants,
mode,
performances, vidéos expérimentales... Une
place particulière est accordée à l’émergence
d’expressions féminines au sein de ces différents
champs artistiques.
Poésie
Mise à l’honneur lors de la première saison, au sein
du thème directeur défini par Alain Weber, «Poésie,
des mots et des hommes », la poésie concerne tous
les modes de création liés à l’oralité. Le musée
propose aussi de créer des passerelles, des
résonances entre les différents cycles. Certaines
expositions sont accompagnées de relais dans
l’auditorium. C’est le cas de «Qu’est-ce qu’un
corps?»: autour de l’exposition, des conférences
donnent la parole à des artistes (chorégraphes,
metteurs en scène et écrivains). Enfin, au sein du
Théâtre Claude Lévi- Strauss, le musée souhaite
conserver, transmettre et faire connaître les arts
vivants non européens et pose la question de la
sauvegarde des patrimoines immatériels : un
partenariat avec différentes structures institutionnelles
françaises (Centre National de la Danse, Cité des
Sciences et de l’Industrie, Festivals de Radio France
et Montpellier, IRCAM, INA) permet de travailler sur
les modalités de la mémoire et de la transmission,
ainsi
que
sur
l’analyse
musicologique
et
choréologique.
24
Le Mahabharata,
trois propositions pour
une visite de l’épopée
fondatrice de l’hindouisme
Comportant plus de 250 000 vers, le
Mahabharata, dont la légende veut qu’il ait
été écrit par Ganesh, met en scène, entre
autres épisodes, la vie de Krishna, huitième
avatar de Vishnou. Pour l’inauguration de sa
programmation, le théâtre du musée propose
trois versions de « la geste de la Grande Inde
». La première, une version contée par une
actrice indienne, permet au public de se
familiariser avec l’œuvre et de découvrir les
charmes et les rebondissements de cette
épopée
considérée
comme
l’Odyssée
indienne. Les deux autres spectacles de ce
cycle
proposent
des
partis
pris
scénographiq ues marqués: d’une part, la
compagnie japonaise Ku Na’uka Theater,
dirigée par Satoshi Miyagi, propose une
version inspirée du kabuki dans laquelle un
seul conteur dit le texte pendant que 28
comédiens évoluent sur scène. D’autre part,
Massimo Schuster, acteur et marionnettiste
italien, propose une version mêlant un seul
comédien et de véritables marionnettessculptures, réalisées par le plasticien italien
Enrico Baj, incarnant des personnages issus
du fond des âges...
25
Des conférences et colloques
Le musée du quai Branly a pour vocation de développer la
connaissance des arts et civilisations non occidentales. Parallèlement
aux collections et aux expositions temporaires, la proposition de
découverte est soutenue tout au long de l’année par des colloques et
des séminaires, destinés au plus grand nombre ainsi qu’à des publics
de spécialistes.
Une université populaire, des rendez-vous publics
Rapprocher le grand public, les savants et les
intellectuels, tel est l’objectif de l’Université populaire
du quai Branly, gratuite et d’accès libre. Historiens et
chercheurs de toutes les nations, artistes et
philosophes délivreront des connaissances et des
outils de réflexion permettant de mettre en perspective
la diversité des civilisations. Catherine Clément,
philosophe, romancière, essayiste, pilote l’Université
populaire comme conseillère chargée de sa
programmation.
Des rencontres à caractère scientifique
En parallèle, l’activité scientifique du musée propose
différentes manifes tations – ateliers, journées d’étude,
colloques, etc. Elles permettent notamment de
présenter l’avancement de la recherche et de recueillir
de nouveaux éléments nécessaires à son
déploiement. Le musée accueille ainsi, en octobre
2006, le 15e Congrès inuit organisé par l’INALCO
Quatre cycles
Réguliers
Cycle 1
septembre 2006 à avril 2007
Une histoire mondiale
de la colonisation
Venus de toute l’Europe,
des historiens résument
l’histoire coloniale de leur
pays.
Cycle 2
septembre 2006 à avril 2007
Les grandes controverses
sur l’universalité
Cycle 3
janvier 2007
(Institut National des Langues et Civilisations
Orientales). Le musée produit et organise également,
en juin 2007, un colloque international proposé par
Thierry Dufrêne, sur le thème « Anthropologie et
histoire de l’art ». Le musée a déjà organisé,
antérieurement à son inauguration, deux colloques:
l’un en 2002 dans le cadre de l’exposition «Kodiak,
Alaska : Les masques de la collection Alphonse Pinart
» sous la direction d’Emmanuel Désveaux ; le second,
en 2004, dans le cadre du cycle consacré à l’«
expérience métisse » en partenariat avec l’auditorium
du Louvre, sous la direction de Serge Grüzinski. Outre
ces manifestations scientifiques d’envergure, le
département de la recherche et de l’enseignement
souhaite mettre en place des cycles consacrés à la
présentation et à la discussion de thèmes d’actualité
scientifique pointus,réservés à un public de
chercheurs et d’étudiants avancés. Ils permettraient
en outre de favoriser de nouveaux champs de savoirs
et
d’accélérer
la
diffusion
des
avancées
conceptuelles, méthodologiques et techniques.
Conférences « Les artistes
et leur rapport au corps »
En lien avec l’exposition
« Qu’est-ce qu’un corps ? »,
trois artistes s’expriment
sur leur rapport au corps :
la danseuse Karine Saporta,
l’écrivain Hélène Cixous,
le cinéaste et metteur
en scène Patrice Chéreau.
Cycle 4
tous les mois
Les Grands Témoins
Porteurs d’une rare
expérience biographique
et de « la parole sûre » :
Abdou Diouf, Mario Soares,
Erik Orsenna, Ousmane Sow...
26
Sensibiliser les publics
à l’égale dignité des cultures
Le musée du quai Branly agit comme une interface. Havre pour des
milliers d’objets et de documents racontant la vie et les cultures du
monde, il est aussi une maison de restitution conçue pour rendre
hommage aux pays d’origine des collections, pour rendre intelligibles
et sensibles aux Européens des pans entiers de l’histoire et des arts
de l’Humanité, pour enfin rendre accessible cette richesse à tous,
avec une attention partic ulière pour les personnes handicapées ou
bien connaissant des difficultés sociales.
Appel à la découverte et à la reconnaissance de l’égalité entre les cultures, le musée privilégie une pluralité de
regards – scientifiques, poétiques, analogiques…– placés sous le signe du partage et du respect.
Accueillir le plus large public
Cette ambition se traduit notamment dans tous les
dispositifs d’accueil du public qui sont, par exemple,
accessibles en plusieurs langues : français, anglais,
espagnol, ainsi qu’en allemand pour les audioguides.
L’audioguide du musée du quai Branly est le résultat
d’un travail de fond sur les contenus et les
formats.Adapté à la variété des publics, il propose une
première sélection d’oeuvres sur lesquelles poser son
regard. L’audioguide du musée du quai Branly permet
au visiteur de se « plonger » dans une ambiance
sonore en résonance avec les objets présentés, grâce
à un travail proche du « mix radiophonique ». Le
commentaire invite le visiteur à mieux regarder les
oeuvres, en maintenant un lien constant entre les
objets – formes, techniques, matières – et les
explications délivrées. Les équipements, parcours,
animations et services ont été pensés pour favoriser
le confort des visiteurs, la simplicité et la qualité de
leur expérience. Les fonctions d’information, de
conseil et d’initiation à l’histoire et la culture des
collections sont particulièrement travaillées à travers
un système muséographique multimédia original et un
programme complet de visites, conférences, ateliers,
dossiers à consulter sur place ou bien en ligne.
Un lien privilégié avec les visiteurs originaires des
pays des collections
Afin de créer un lien constructif avec les personnes
issues des pays d’origine des collections – objectif
figurant au coeur de ses missions –, le musée veille à
nouer des relations privilégiées avec elles. Visiteurs
attendus, ils deviennent aussi les acteurs de certaines
manifestations conçues par le musée en intervenant
dans les débats et conférences et en faisant partager
au public leurs savoirs et pratiques culturelles (atelier
de conteurs, de musiciens…).
Dans la même perspective, ces publics privilégiés
sont associés à la vie du musée par la tenue
exceptionnelle, dans le bâtiment ou le jardin, de
grandes fêtes rituelles, coproduites avec les
associations communautaires.
Une attention marquée aux personnes
handicapées et aux publics en difficulté sociale
Dès sa conception, le musée s’est engagé en faveur
de l’accueil des personnes présentant un handicap, ce
qui se traduit concrètement dans l’architecture et le
fonctionnement du bâtiment : des accès dégagés à
ses abords, de larges couloirs de circulation et des
zones de repos ont été aménagés dans cette
perspective. La Rampe, longue pente douce, permet
d’accéder du hall d’entrée au plateau des collections
par une déambulation autonome et facile.Cet
engagement se retrouve également dans la
muséographie,donnant une large part aux approches
multi-sensorielles telles que celle proposée par la
Rivière, et fait appel à des bas -reliefs, à des objets
tactiles et des écrans multimédia pour offrir une
expérience des collections et des expositions plus
riche que les seules visions et auditions.
Parallèlement, des actions sur le long terme sont
menées avec des associations, des centres de loisirs
et des éducateurs, afin d’élaborer des programmes
permettant d’ouvrir les portes du musée aux publics
connaissant des difficultés sociales et de les impliquer
dans ses activités.
27
La place du jeune public
et des étudiants
Par la nature même de ses collections, le musée du
quai Branly représente un lieu d’émerveillement et
d’apprentissage pour les enfants. Pour cette raison, le
musée conçoit spécialement pour eux des ateliers
contées et des propositions ludiques pour découvrir
ses oeuvres, en famille comme avec la classe. En
dehors de la visite, le musée met à la disposition des
écoles des dossiers pédagogiques qui s’articulent sur
les programmes scolaires, tant dans le champ
artistique que dans celui des Sciences humaines. Le
site Internet propose par exemple des dossiers sur les
surréalistes ou les explorateurs européens, de la
Renaissance au XX e siècle, livrés clés en main avec
textes, images et cartes. Aux étudiants, le musée
propose un campus dynamique,où la médiathèque et
l’enseignement dispensé sur place constituent
d’importantes ressources pour leurs travaux. Ils sont
également largement associés aux activités d’initiation
et d’éducation, ainsi qu’aux débats, conférences et
rencontres régulièrement organisés dans l’auditorium.
La Rivière :
une nouvelle expérience esthétique et informative
Serpentant sur 200 mètres à travers le plateau des
collections, le dispositif de la Rivière combine 19
modules vidéos, bas-reliefs, textes incrustés dans
un
long
meuble
de
cuir.
Proposition
muséographique inédite et accessible à tous, en
particulier
aux
personnes
non -voyantes,
malvoyantes ou se déplaçant en fauteuil roulant, la
Rivière n’expose aucun objet réel mais toujours
des
transpositions
d’observations
et
d’interprétations multiples du monde, provenant
d’ethnologues
ou
d’habitants
des
quatre
continents mis à l’honneur au musée. Divisée en
trois parties, la rivière met en scène une variation
sur la notion de lieux, tels qu’ils sont recensés
(lieux de la découverte), habités (lieux des
hommes) ou rêvés (lieux sacrés), de la Mongolie à
l’Amazonie, de la Chine au Sénégal... En
découvrant la carte du voyage des âmes après la
mort des Dayak d’Indonésie, en contemplant l’idée
de l’Eldorado, en volant vers le haut de la
montagne de Kunlun (lieu sacré des Taoïstes), le
visiteur, au fil de la Rivière, voyage à travers les
mondes, à travers les regards. La réalisation de la
Rivière a été rendue possible grâce au mécénat du
groupe Schneider Electric.
28
La politique éditoriale du musée
liberté de ton et exigence des contenus
Dépositaire de trésors issus du monde entier, témoin et organisateur
d’une interdisciplinarité nouvelle autour des arts et des civilisations
non européens, le musée du quai Branly entend jouer un rôle de
premier plan dans l’édition d’ouvrages liés à ses collections et à ses
missions. Avec quinze ouvrages publiés sur la saison 2006-2007,
les éditions du musée affichent un programme original et dynamique.
Catalogues d’exposition, catalogues raisonnés, livres
sur le musée, guide des collections, imagiers...
Destinée à tous types de publics, déclinée sous de
multiples formes et sur de multiples supports, la
politique de publication du musée du quai Branly
s’articule autour d’éditions en son nom propre ou bien
de coéditions avec des maisons de premier plan :
Flammarion, Actes Sud, 5 continents, Réunion des
Musées Nationaux...
Richesse des collections, ressources inédites :
une nouvelle proposition éditoriale
Les éditions du musée ont pour mission
d’accompagner et d’appuyer l’ens emble des
propositions émises par le musée dans les domaines
liés aux arts et aux civilisations non occidentaux :
anthropologie, ethnologie, ethno-musicologie, histoire
de l’art, philosophie, ainsi que toutes les disciplines
qui s’invitent parfois dans ces domaines...
DVD, films et œuvres audiovisuelles :
Prolonger l’ouverture sur le monde
Parallèlement à l’édition de livres, la politique
éditoriale du musée intègre également la production
sur d’autres supports : ainsi, le catalogue de
l’exposition cinématographique
et plastique «
Diaspora d’Afrique » sera disponible en DVD
Aztèques, livre d’art et inventaire raisonné de la
collection
La collection de sculptures aztèques du musée du quai Branly,
avec plus de 90 pièces, est l’une des collections européennes
les plus riches
avec celles de Londres, Berlin et Bâle. Avant même son
ouverture, en mai 2005, le musée du quai Branly en a publié
l’inventaire raisonné sous la direction de Marie-France FauvetBerthelot, docteur en préhistoire, et de Leonardo Lopez Lujan,
docteur en archéologie. Ce titre est le premier de la collection
d’inventaires raisonnés à venir, trois pour 2006 et trois pour
2007.
(septembre 2007), un support particulièrement adapté
aux principes du musée.Des productions en
partenariat sur d’autres supports sont actuellement à
l’étude : une collection d’oeuvres musicales issue des
diverses zones exposées au musée, ainsi qu’une
série de films, entre fiction et documentaire, autour du
thème de l’étrangeté, qui proposerait une nouvelle
approche de l’altérité.
Un canal d’expression rapide et accessible au
plus grand nombre : le site Internet du musée du
quai Branly
Le musée du quai Branly est également un « éditeur
en ligne » à part entière. Il effectue un travail éditorial
spécifique afin de rendre disponible gratuitement un
grand nombre de publications sur son site
www.quaibranly.fr et présente l’ensemble des
programmes, ressources du musée.
Trois types de publications sont particulièrement
concernés : des thèses de chercheurs, sélectionnées
par le département de la Recherche et de
l’Enseignement ; les actes des principaux colloques et
conférences organisés dans le Théâtre du musée; les
catalogues
raisonnés,
équivalents
pour
les
expositions temporaires de ce que représente le
portail documentaire pour les collections.
Qu’est-ce qu’un corps ?
Catalogue de l’exposition organisée par Stéphane Breton, ce
livre coédité avec Flammarion vise à « illustrer une théorie
anthropologique
par des objets et des formes» et se présente comme un
véritable ouvrage de sciences humaines, rédigé par une équipe
d’auteurs anthropologues contemporains de premier plan et
doté d’une importante iconographie.
29
Le mécénat
un enrichissement partagé
Depuis son origine, le musée du quai Branly a souhaité que son proje t
soit accompagné par des mécènes, tant par le soutien des créations
artistiques liées à son architecture que dans le cadre de ses
restaurations, de ses acquisitions majeures, de ses projets de
recherche et d’enseignement.
Un nouveau dialogue s’engage
La politique de mécénat du musée du quai Branly
remonte à la genèse même de son projet : elle a été
mise en place dès 1999, après analyse comparative
des méthodes employées en la matière par d’autres
musées en France, au Royaume-Uni et aux EtatsUnis. Animé et piloté par Stéphane Martin, président
du musée du quai Branly, le mécénat construit un
dialogue avec les grandes sociétés françaises et
internationales, et mène des actions spécifiques de
sensibilisation à l’activité du musée auprès de leurs
présidents et directions de la communication, du
marketing ou du mécénat. Elle diffuse donc
régulièrement à ces publics privilégiés des
informations sur les temps forts de la vie du musée et
y organise des visites ou des événements.
Partager des valeurs communes
L’objectif de cette politique est d’attirer des mécènes
qui accompagnent la vie du musée et s’associent à
des projets clairement identifiables. Ils doivent pour
cela se reconnaître dans les valeurs portées par les
projets que leur soumet le musée – soit qu’ils
s’inscrivent dans une philosophie partagée, soit qu’ils
incarnent la stratégie ou les savoir-faire particuliers du
groupe mécène. Dans tous les cas, pour qu’une
entreprise s’engage avec le musée du quai Branly, il
faut qu’elle adhère pleinement à ses missions, à son
esprit et à sa volonté de s’ouvrir sur le monde et les
pays d’où proviennent les oeuvres présentées.
La Société des Amis du musée du quai Branly
Parallèlement à sa politique de mécénat, le musée du
quai Branly compte sur le soutien de la Société des
Amis qui, créée en 2002, compte plus de 300
membres, entreprises et particuliers, en France ou à
l’étranger. La Société des Amis appuie le musée sur
l’ensemble de ses missions, favorise son
développement et son rayonnement. Elle joue un rôle
important dans la sollicitation des donateurs –
engagement qui s’est notamment démontré lors
du financement de la restauration du mât kaiget
Seligmann, en 2003, et de la tête de Moaï, en 2004.
Présidée par Louis Schweitzer, la Société des Amis
est ouverte à tous et offre un accès privilégié au
musée et des informations sur tous les temps forts de
son activité.
Le Cercle des Grands Mécènes
Dès l’origine du projet, de grandes
entreprises ont souhaité s’engager aux côtés
du musée du quai Branly, apportant leur
concours à de nombreuses réalisations
architecturales d’envergure et à l’acquisition
d’œuvres importantes... Ces entreprises, qui
se sont engagées à hauteur de un million
d’euros, font désormais partie du Cercle des
Grands Mécènes. Le groupe Pernod Ricard
en fut le premier membre dès 2003, en
permettant la réalisation des bassins du
musée, et il fut rapidement rejoint, en 2004 et
2005 par d’autres contributeurs : AXA, la
Caisse des Dépôts, Gaz de France, Schneider
Electric, Ixis C&B -Groupe Caisse d’Epargne
et la Fondation EDF.
30
Un musée composite
une architecture
conçue
autour des collections
31
Le bâtiment
en chiffres
25100 m2 de terrain
40600 m2 de bâtiments
18000 m2 de jardin
2500 m2 de terrasse
Le plateau des collections
4750
s’étend sur
m2.
Il est abrité par une
mégastructure métallique
220 m de long.
26 poteaux portent
ses 3400 tonnes
à 10 m au -dessus du sol.
3 Galeries suspendues,
dont 2 sont destinées
de
aux expositions thématiques
800 m2 à l’ouest
600 m2 à l’est),
et 1 à des postes multimédia
(
et
pour la consultation
d’informations anthropologiques.
Des fondations protégées
et étanchéifiées
par une paroi de béton
750 m,
sur 20 m à 30 m
longue de
de profondeur.
Au nord, la façade est composée
1500
de
losanges de verre,
formant un vitrail
200 m de long
sur 9 m de haut.
1 galerie jardin de 2000 m2
de
pour les expositions temporaires
internationales.
2 restaurants.
1 librairie-boutique.
32
Présence-absence ou la dématérialisation sélective
« C’est un musée bâti autour d’une collection. Où tout est fait pour
provoquer l’éclosion de l’émotion portée par l’objet premier ; où tout est fait,
à la fois, pour le protéger de la lumière et pour capter le rare rayon de soleil
indispensable à la vibration, à l’installation des spiritualités. C’est un lieu
marqué par les symboles de la forêt, du fleuve, et les obsessions de la mort
et de l’oubli. C’est l’asile où sont accueillis les travaux censurés ou
méprisés, conçus naguère en Australie ou en Amérique. C’est un endroit
chargé, habité, celui où dialoguent les esprits ancestraux des hommes qui,
découvrant la condition humaine, inventaient dieux et croyances.
C’est un endroit unique et étrange. Poétique et dérangeant.
Le construire ne peut se faire qu’en récusant l’expression de nos actuelles
contingences occidentales. Exit les structures, les fluides, les
“menuiseries”de façade, les escaliers de secours, les garde-corps, les faux
plafonds, les projecteurs, les socles, les vitrines, les cartels... Si leur
fonction par la force des choses doit demeurer, qu’ils disparaissent de notre
vue et de notre conscience, qu’ils s’effacent devant les objets sacrés pour
autoriser la communion. Facile à dire, plus difficile à faire...
Et l’architecture qui en découle a un caractère inattendu. Est-ce un objet
archaïque ? Est-ce l’expression de la régression ? Non, tout au contraire,
pour arriver à ce résultat, les techniques les plus pointues sont convoquées
: les verres sont grands, très grands, très clairs, souvent imprimés
d’immenses photographies, les poteaux, aléatoires dans leur
positionnement et leur taille, se prennent pour des arbres ou des totems...
Mais peu importent les moyens... Seul le résultat compte : la matière par
moment semble disparaître, on a l’impression que le musée est un simple
abri sans façade, dans un bois. Quand la dématérialisation rencontre
l’expression des signes, elle devient sélective. Ici l’illusion berce l’oeuvre
d’art.
Reste à inventer la poétique de situation : c’est un doux décalage, le jardin
parisien devient un bois sacré et le musée se dissout dans ses
profondeurs. »
Lettre d’intention de Jean Nouvel pour le concours international d’architecture (1999)
33
Un musée
composite
Les principes fondateurs page 38
Quatre bâtiments, un musée page 39
Sous le signe de la diversité page 41
Un musée respectueux de son environnement page 42
Le jardin page 43
34
Les principes fondateurs
d’un chantier de collection
Offrir aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie,
d’Océanie et des Amériques un lieu digne d’eux,
refléter l’évolution du regard porté sur ces arts,
s’intégrer et à la fois se démarquer dans un tissu
urbain et monumental dense sont les principes
fondateurs sur lesquels l’Agence Jean Nouvel
s’est appuyée pour apporter une réponse aussi
novatrice que fidèle.
Le projet architectural du musée du quai Branly est
atypique et témoigne de la maturité du travail de
l’architecte. Sur un site exceptionnel à l’ombre de la
Tour Eiffel et sur les bords de Seine, il répond à des
exigences spécifiques en matière d’image, d’identité,
d’accessibilité et d’insertion urbaine. « Présence
absence » ou «dématérialisation sélective » sont les
maîtres mots de la conception du lieu et de la
muséographie orchestrée par Jean Nouvel. En effet,
pour l’architecte, le musée doit s’incliner, voire
s’effacer devant ces arts et civilisations non
occidentaux, tout en magnifiant leur profondeur
historique ainsi que leur charge poétique.
S’émanciper des références occidentales
S’émanciper des références de l’architecture
occidentale –barrières, vitrines, garde-fous, faux
plafonds– et inventer un environnement qui accueille
les arts et civilisations de quatre continents, telles sont
les lignes directrices du projet architectural.
A l’abri d’une façade de verre, transparente et
protectrice, le « jardin-forêt» constitue ici un écrin
naturel pour le musée: lieu emblématique, commun à
tous les continents, il est à la fois organique,
La rampe
La rampe d’accès au plateau des collections est une longue
sinusoïde de 180 mètres. Les visiteurs peuvent ainsi, depuis le
hall d’entrée jusqu’au plateau des collections, découvrir la Tour
de verre, réserve des instruments de musique, et la zone des
Des oeuvres aborigènes contemporaines intégrées au
projet architectural
Le musée du quai Branly inscrit, au coeur de sa mission, la
création de passerelles entre les cultures et la valorisation de
l’art contemporain non occidental. Déclinant cette démarche,
Jean Nouvel a eu l’idée d’introduire l’art aborigène australien
sur la façade et les plafonds du bâtiment de la rue de
l’Université. Soucieux d’allier découverte artistique et exigence,
le musée du quai Branly a proposé une collaboration inédite aux
institutions australiennes qui ont accueilli avec enthousiasme
cette initiative. Au terme de dixhuit mois d’échanges entre
mystérieux, vivant, alternativement sombre et
lumineux.
Longue passerelle sur pilotis, le bâtiment principal du
musée apparaît comme posé sur la canopée du
jardin, avec, sur son côté, des «boîtes » en saillie
accueillant en leur sein des oeuvres.
Devenu explorateur, le visiteur traverse ce jardin
vallonné, conçu à l’image des végétations
indisciplinées, pour pénétrer dans le hall d’accueil du
musée. Empruntant une rampe en pente douce, il
chemine lentement pour parvenir au plateau des
collections.
A l’intérieur, la pénombre domine. Indispensable à
leur préservation, l’éclairage tamisé permet de révéler
progressivement la charge poétique des œuvres
exposées. Pour privilégier le mystère, l’environnement
technique est gommé au profit d’une scénographie
épurée permettant d’articuler discrètement la
présentation des oeuvres et les multiples sources
d’information proposées.
Dans une modernité qui lui est propre, cette
architecture repose sur des vocabulaires non
occidentaux, jouant de l’émotion et du dépaysement,
en rupture avec les codes traditionnels des musées.
expositions temporaires. Ils gravissent la rampe comme on
remonte un cours d’eau, en découvrant de nouveaux espaces
au détour d’une courbe. Ouvrage d’art à part entière, elle est
construite à la manière d’un pont autoroutier, par éléments
soudés de 7,50 m.
conservateurs français et australiens, et grâce à l’appui des
gouvernements respectifs, huit artistes ont été retenus pour
participer au projet : Pady Nyunkuny Bedford, John Mawurndjul,
Ningura Napu rrula, Lena Nyadbi, Michaël Riley, Judy Watson,
Tommy Watson et Gulumbu Yunupingu.
En 2004, cette démarche inédite, soutenue par trois mécènes –
Véolia, AM Conseil et Bruno Roger –, a abouti à la réalisation de
fresques visibles de l’intérieur et de l’extérieur du bâtiment.
Cette rencontre entre un art millénaire et la tradition française
de commandes d’artistes pour des institutions emblématiques
crée, aujourd’hui, un témoignage inédit de la vitalité cet art.
35
Quatre bâtiments,
un musée
Le musée du quai Branly se compose de quatre bâtiments distincts,
possédant chacun une architecture propre, reliés par des chemins et
passerelles. Conçus pour s’adapter avec précision au fonctionnement
de l’établissement et de ses différents départements et directions, ils
semblent être des entités autonomes dans l’enceinte du musée,
capables de se combiner en totale harmonie, entre eux et avec
l’environnement urbain.
Le bâtiment Musée
Coeur du projet développé sur 5 niveaux, le «bâtiment
Musée» se décline en espaces aux géométries
variables répondant chacun, de façon inédite, aux
exigences liées aux missions du musée : la
préservation et la valorisation des collections ainsi que
l’enseignement et la recherche. Tout est courbe,
fluide, transparent et chaleureux.
Les oeuvres y sont ici accueillies, exposées et
accessibles. La tour de verre – réserve des
instruments de musique – accueille le visiteur et
l’invite à emprunter la grande rampe pour accéder au
plateau des collections. Cette Galerie sans cloison
s’organise selon un circuit périphérique légèrement
ascendant. Sur sa face nord, les «boîtes », dans
lesquelles le visiteur est invité à pénétrer, constituent
autant de lieux d’exposition plus intimes. Deux
Galeries suspendues à chaque extrémité offrent des
espaces
d’expositions
temporaires
permettant
d’explorer les collections au travers de thématiques ou
de dossiers. Les 2 000m 2 de la Galerie jardin, au rezde-chaussée,
accueillent
les
expositions
internationales, au nombre de 4 par an.
Les 6 000m 2 de réserves constituent un es pace de
travail inédit pour les conservateurs et les chercheurs.
L’auditorium avec le théâtre, la salle de cinéma et les
salles de cours permet de démontrer, en lien avec les
collections, la vitalité et l’actualité de la création
artistique des civilisatio ns de ces quatre continents.
Lieu privilégié pour les étudiants et les chercheurs, la
médiathèque domine la terrasse.
De l’extérieur, côté Seine, le visiteur voit émerger audessus du jardin une longue passerelle aux couleurs
chaudes, en partie habillée de bois et dont la forme
épouse la courbe du fleuve. Sa façade de verre
imprimée de motifs végétaux est plantée de « boîtes »
multicolores aux tailles variées. L’effet produit est celui
d’une rangée de cabanes, sortes de boîtes émergeant
de la forêt.
La structure du bâtiment, pourtant imposante, est
totalement invisible. Vingt-six poteaux, aléatoirement
disposés, soutiennent une charpente métallique de
220 mètres de long –hommage discret à la tour
Eiffel voisine.
Volontairement limité à une hauteur de 21 mètres par
souci d’intégration et de respect des riverains, le toit
est surmonté d’une terrasse offrant une vue
spectaculaire sur la colline de Chaillot, ses jardins et
les bords de Seine jusqu’au Grand Palais.
36
Le bâtiment Branly
Au nord-ouest, en prise directe sur le quai, s’élève le
bâtiment « Branly ».
Avec son mur végétal conçu par le botaniste,
chercheur au CNRS,Patrick Blanc, ce
bâtiment principalement administratif, d’une surface
totale de 2250m 2, se dresse sur cinq niveaux et abrite
140 postes de travail ainsi qu’une salle de cinéma
d’une centaine de places. Sa façade, dans le
prolongement direct de l’immeuble Haussmannien
contre lequel il est appuyé, se courbe et s’affine pour
s’effacer devant la palissade de verre protégeant le
jardin. Côté cour, la façade vitrée est couverte de
brise-soleil mobiles coulissant sur des arêtes de
couleur orange. Au sommet du bâtiment se trouve la
salle des conseils, dont la principale baie vitrée
s’inscrit dans un cadrage au format exceptionnel.
Le bâtiment Université
Au sud, le bâtiment de la rue de l’Université propose
une architecture composée de verre et de pierre. Le
rez-de-chaussée de cet immeuble de 1 500 m2
accueille la librairie-boutique ouverte au public, tandis
que les étages sont réservés aux ateliers de
restauration des oeuvres ainsi qu’aux 30 postes de
travail nécessaires à la gestion des collections. Point
de similitude avec les immeubles haussmanniens de
l’arrondissement, le bâtiment reproduit cette hauteur
sous plafond qui permet d’apercevoir, depuis
l’extérieur, les plafonds sur lesquels sont exposées
des fresques peintes par des artistes contemporains
aborigènes australiens.
Le bâtiment Auvent
Le bâtiment Auvent est niché entre le bâtiment Musée
et le bâtiment Branly, avec lesquels il communique
par des passerelles transparentes. Avec sa façade de
verre et de métal, adossé aux pignons des habitations
de l’avenue de La Bourdonnais , ce bâtiment abrite sur
1 300m 2 les magasins de la médiathèque (180000
volumes et 700000 photographies et documents
sonores), le salon de lecture Jacques Kerchache, la
salle de consultation des fonds spéciaux ainsi qu’un
atelier de découverte pour les enfants.
Rendre visibles les réserves : la Tour de verre des instruments de musique
A la fois parti pris architectural et innovation muséographique, la réserve des instruments de
musique (620m2 répartis sur six niveaux), abritant près de 9 500 instruments, offre au visiteur
l’opportunité de pénétrer dans le cœur du musée. Colonne de verre de 16 mètres de diamètre,
elle traverse le musée de part en part, depuis l’auditorium jusqu’au plateau des collections.
Mécénée par la Caisse des Dépôts, la réalisation de cette œuvre architecturale a nécessité
l’assemblage de 220 vitraux cintrés sur 24 mètres de h auteur.
Un restaurant dans les ombres d’Eiffel
La terrasse du musée du quai Branly propose une nouvelle relation avec le paysage parisien.
A son extrémité Est, le restaurant s’inscrit, par son architecture, dans un dialogue visuel avec
la tour Eiffel qui le domine.
Cette création architecturale est coiffée d’un dôme composé d’une multitude de pans vitrés
triangulaires reposant sur une charpente métallique en aluminium.
La Galerie jardin
Sous la passerelle du plateau des collections se glisse la Galerie jardin. De forme douce et
ovoïde, sa blancheur crée une rupture avec
le bâtiment Musée et souligne ainsi sa destination : accueillir les expositions temporaires
internationales.
Sa structure mêlant le verre et l’aluminium dans une géométrie complexe est constituée de
trois niveaux de vitrage s’enroulant à la manière d’une coquille d’escargot, entrecoupés de
panneaux horizontaux pare-soleil.
Les rideaux de Naoki Takizawa, une création originale
Issey Miyake Inc. et son directeur artistique Naoki Takizawa ont souhaité, dès les premiers
temps du projet, s’associer à Jean Nouvel. Réalisée grâce au mécénat de Saint-Gobain, la
création de ces rideaux a été offerte par Naoki Takizawa et Issey Miyake Inc.
Pouvant être envisagés à la fois comme peau, membrane, fluide, circulation, ils servent à la
fois de gardes et de passeurs. Ils évoquent les flots d’une cascade pour le rideau de
l’auditorium, et des murs d’eau ou un fleuve pour le rideau des expositions temporaires. Les
deux rideaux s’attachent à créer une impr ession de mouvement qui accompagne la circulation
à l’intérieur des espaces en créant un cheminement modulable suivant les différents instants
de vie du musée (expositions, événements, concerts...).
37
Une architecture placée
sous le signe de la diversité
Grâce à un programme architectural précis et
stable, ce projet unit une fonctionnalité parfaite,
une inscription harmonieuse dans la courbe
de la Seine et une maîtrise ludique des volumes.
Les premières étapes du chantier, en raison de la proximité avec la Seine, ont été consacrées à un vaste travail
d’étanchéité et de fondations. Une paroi moulée de 750 mètres de long sur 20 à 30 mètres de profondeur ceinture, en
sous -sol, tout le bâtiment pour protéger du fleuve le musée et ses collections. De plus, un dispositif anti-crue avec
murs et merlons de terre argileuse se cache dans les vallons du jardin pour faire face à un éventuel débordement de
la Seine supérieur à la crue centennale de 1 910.
Une place au hasard calculé
Reposant sur une charpente métallique de 220mètres de long, la structure du $ bâtiment, divisée en deux parties
réunies par un joint de dilatation, est soutenue par 26 poteaux métalliques disposés aléatoirement.
Cette configuration a complexifié la mise au point de la charpente métallique, qui devait déjà prévoir l’insertion de
multiples « boîtes » scénographiques en encorbellement sur le jardin.
L’un des principaux enjeux du travail architectural a été de restituer le volume dessiné par Jean Nouvel en masquant
les 3 500 tonnes d’acier de la mégastructure.
Cette dernière a, en effet, disparu sous un habillage de plâtre recouvert d’un enduit artisanal à la chaux.
A l’intérieur du bâtiment, faisant référence à la nature, les poteaux, habillés d’un enduit traditionnel, prennent « racine
» dans le sol en pente douce. Çà et là, des vibrations lumineuses aléatoires pourraient évoquer le soleil à travers la
canopée.
Les «boîtes »,
harmonieuses
source
d’irrégularités
Le mur végétal, refuge de la biodiversité en
milieu urbain
De dimensions variables, trente boîtes à ossature
métallique émergent tout le long de la façade du
bâtiment, côté nord, et augmentent la longueur des
porte-à-faux jusqu’à 15 mètres par endroit. Ces
boîtes « scénographiques » visent à créer des
espaces d’exposition plus intimes au sein du
plateau des collections. Elles proposent aux
visiteurs des ensembles d’objets d’origine ou de
thème communs.
L’idée d’un mur végétal est née des observations
de Patrick Blanc, paysagiste, botaniste et
chercheur au CNRS. A partir du constat que, dans
les milieux régulièrement arrosés, la végétation
colonise la plupart des supports disponibles,
notamment les plans inclinés des rochers et des
arbres, le chercheur a inventé et breveté un
procédé qui lui offre la possibilité de végétaliser
des surfaces urbaines jusqu’alors inaccessibles
aux plantes. Ce décor végétal de 800m2, composé
de 15 000 plantes – l’un des plus grands réalisés à
ce jour–, remplit un objectif esthétique, mais
constitue également une protection originale pour
le bâtiment Branly, ainsi qu’une contribution
environnementale non négligeable dans l’univers
urbain. Structuré en un ensemble de tuyaux
régulièrement percés et superposés à partir du
sommet du mur, l’arrosage maintient un niveau
minimal d’humidité et distribue une solution
nutritive. Ce système simple et fiable – d’une durée
de vie d’au moins trente ans– s’entretient
simplement.
Une mise en lumière signée Yann Kersalé
Pour son projet, mécéné par la Fondation EDF,
Yann Kersalé a souhaité omettre un maximum
d’objets fonctionnels :
la lumière s’incorpore dans l’architecture, elle
prend corps dans les végétaux.
Pièce majeure de Lô (titre générique du projet de
Yann Kersalé pour le musée du quai Branly), un lac
allégorique, sous le bâtiment Musée, présente
l’eau sous ses trois états, en fonction de l’état
météo ambiant. A forte dominante blanche, il tend
vers le vert pour évoquer la vapeur, ou vers le bleu
pour l’état liquide. La façade accueille, quant à elle,
un jeu d’ombres et de lumières dessiné par les
arbres. Les autres installations –dans la clairière,
le théâtre de verdur e, la terrasse, les bassins, etc.
– donnent à la lumière du musée du quai Branly
une orchestration inédite.
Un théâtre de verdure pour tous les publics
Amphithéâtre situé dans la partie basse du jardin,
le th éâtre de verdure accueille le public sur des
gradins aménagés dans le relief du jardin, pour
des spectacles et des conférences en plein air.
Faisant face au théâtre Claude Lévi-Strauss, ils
s’ouvrent l’un sur l’autre pour constituer, parfois,
un théâtre unique.
38
Un musée respectueux
de son environnement proche
et lointain
En résonance avec les problématiques actuelles de développement
durable, le musée du quai Branly s’est donné comme exigence d’être
le plus respectueux possible de son environnement, à la fois immédiat
et lointain...
Dès la genèse du projet, les différents acteurs
ont souhaité inscrire le musée dans une
démarche écologiquement, respectueuse et
développée, en s’inspirant des normes HQE
(Haute Qualité Environnementale) les plus
récentes. Ce parti pris a été décliné au cours
de chaque étape de la construction, en
cohérence avec les études de faisabilité. Ainsi,
les espaces verts représentent plus de 70 %
de la surface du lieu, avec, dans la plupart des
cas, des essences locales issues d’élevages.
Un système de récupération des eaux
résiduelles permet de limiter la consommation.
Les peintures utilisées sont sans solvants. De
plus, le choix des matériaux a également été
effectué avec la plus grande vigilance quant
aux
conséquences
environnementales
engendrées par leur utilisation. Par exemple, le
verre, largement utilisé sur l’ensemble du
musée, est une solution particulièrement
écologique. En effet, la généralisation des
espaces vitrés limite les besoins en éclairage,
évite les remises en peinture successives, et
les vitrages, filtrés à 99 %, installés de part et
d’autre du plateau des collections, contribuent
à la climatisation du lieu en évitant le
réchauffement de l’intérieur.
L’environnement, l’affaire de chacun au musée
Parallèlement à sa politique générale, le musée incite ses
collaborateurs à être attentifs à leur environnement. Une
vigilance quotidienne, au travers de gestes « citoyens », réduit
substantiellement les atteintes à l’environnement, suivant en
cela la charte du fonctionnaire éco -responsable. L’utilisation de
la messagerie électronique, de papiers recyclés pour les
documents internes ou encore la mise à disposition d’un garage
à vélos participe de ce souhait d’inscrire le fonctionnement du
musée dans une politique de développement durable.
De plus, concerné par la santé des collaborateurs du
musée, l’établissement est un espace de travail
entièrement non fumeur et propose, aux agents qui en font
la demande, la prise en charge d’un traitement antitabagique d’un mois.
Le végétal, un matériau omniprésent
Avec un jardin de 18 000m2, un mur végétal de 800m2, et des
milliers d’essences intégrées au site, le musée ajoute, en plein
coeur de
Paris, un espace végétal étendu, accessible et d’une grande
diversité. Pour l’agencement du jardin, une sélection d’essences
très communes a été privilégiée.
Le bois sélectionné pour la construction provient d’élevages ou
dispose de certificats d’origine. Les quelques espèces rares
présentes sur le site n’ont pas engendré de déforestation
sauvage.
39
Le jardin, un écrin naturel
pour le musée
Le jardin s’étend sur 18000 m 2 et enserre l’architecture en créant une
impression de foisonnement, un écrin naturel pour les collections.
Sentiers, petites collines, chemins dallés de pierres de torrent, bassins
propices à la méditation et à la rêverie, amphithéâtre ouvert où se
donneront spectacles, conférences et concerts, ce nouveau jardin à
Paris sera le terrain de rencontre des différents publics.
Une scénographie d’immersion
C’est à Gilles Clément qu’a été confiée la tâche de
dessiner le jardin dont la création a été soutenue par
Gaz de France. Le jardinier, paysagiste et botaniste
français a souhaité rompre avec la tradition
occidentale dominée par l’ordre et la raison
symétrique, et offrir un espace souple, ondulant, où la
distance ordinairement prise avec la nature se trouve
remplacée par une scénographie d’immersion. Une
couverture de graminées aux nuances blondes, un
tracé des chemins évoquant le hasard et l’usure plutôt
que l’arbitraire et la mesure, l’absence de perspective
directe et de gazon réglé pour conduire le regard,
l’apparent désordre d’un boisement clair, le
ménagement des surprises au détour des reliefs, tout
concourt à valoriser la puissance organique de la
nature. Ce dispositif renvoie aux paysages
enchevêtrés de l’univers animiste pour qui chaque
être de nature, de l’herbe à l’arbre, de l’insecte à
l’oiseau, quelle que soit leur position dans l’espace, se
présente face à l’homme de façon égalitaire et
respectable.
D’où l’importance accordée aux plantes minuscules,
carex, luzules, comme aux arbres et aux lianes de
grande venue, chênes, érables, vigaines, vignes… Le
vocabulaire botanique n’emprunte rien à l’exotisme
tropical : il se déploie sur le registre des flores
planétaires compatibles avec le climat de Paris. Par
son architecture, le musée libère au sol une partie
centrale liant les deux masses boisées de la « savane
arborée». Au nord, les grands arbres et les lianes,
destinés à rejoindre le niveau du toitterrasse, au sud
les arbres à fleurs de petite et moyenne dimensions
(prunus, magnolias) laissant venir sur la façade le,
soleil et la lumière. A la rencontre des chemins
disposés en réseau, les « clairières» constituent les
pauses et les événements du parcours.
Une forme en référence : la tortue
Toutes les formes et tous les objets liés aux clairières
évoquent la tortue, animal mythique occupant une
place à part dans les cosmogonies animistes et
polythéistes dont le musée accueille les oeuvres
sacrées. En Asie, la tortue cosmophore porte l’Univers
(Bedawang, figure mythique, antérieure aux
influences polythéistes de l’île de Bali) ; en Afrique
(pays dogon), le siège où s’installe le coupable aux
aveux est une tortue ; en Amazonie, certaines
populations donnent à leur campement tribal une
forme de tortue, dont la, queue indique la direction de
la rivière, repère indispensable au sein de la forêt.
Dans le jardin, l’animal n’est jamais représenté de
façon littérale. Bien que tous les objets évoquant la
tortue n’aient pu être installés, l’ovale de sa carapace
apparaît çà et là pour tracer les contours des
clairières, dessiner la forme d’un banc, émerger d’un
chemin sous les apparences de roches couvertes de
mousses ou encore se dresser en abri-tuteur couvert
de lianes au milieu du jardin. Enfin, un bassin aux
formes aléatoires constitue une limite le long de la rue
de l’Université. C’est un jardin d’eau planté de
massettes et de joncs dans lequel serpente la grille
conçue comme un enchevêtrement de roseaux
métalliques.
Protéger sans couper du monde :
la palissade de verre Dans le prolongement du
bâtiment Branly, l’enceinte du musée est circonscrite
par une imposante palissade de verre de 12 mètres
de haut sur 200mètres de longueur, épousant la
courbe légère de la Seine. Sur le plan architectural,
cette palissade assure la continuité du front bâti, d’une
faible densité côté quai. Elle constitue également un
support de communication pour l’information des
publics sur les activités et événements du musée.
Enfin, elle représente une barrière phonique mettant
ainsi le jardin et le musée à l’abri du bruit engendré
par la circulation routière. Grâce à sa transparence, ce
mur de verre préserve un espace calme de méditation
et de détente sans pour autant le couper de son
environnement urbain.
40
programmation du
musée
2006 - 2007
41
Les expositions
Autour des collections
Six «expositions dossiers » se tiendront dans la Galerie suspendue est pour découvrir les collections du musée.
du 23 juin au 15 décembre 2006
« Nous avons mangé la forêt », Georges Condominas au Viêtnam
du 23 juin au 17 décembre 2006
Ciwara, chimères africaines
du 12 février au 13 mai 2007
Premières nations, collections royales :
les Indiens des plaines et des prairies d’Amérique du Nord
du 12 février au 13 mai 2007
« Le Yucatan est ailleurs », expéditions photographiques de Désiré
Charnay
du 18 juin au 16 septembre 2007
Au nord de Sumatra : les Batak
du 11 juin au 16 septembre 2007
Objets blessés. La réparation en Afrique
Dans la Galerie suspendue ouest, la thématique abordée dans la grande exposition d’anthropologie porte, de
façon pérenne, sur les enjeux universels des relations entre les hommes.
du 23 juin 2006 au 25 novembre 2007
L’exposition d’anthropologie : Qu’est-ce qu’un corps ?
Les expositions internationales
Les expositions temporaires internationales présentent, dans la Galerie jardin, des oeuvres issues des collections du
musée du quai Branly et de grands musées étrangers ainsi que des oeuvres d’artistes contemporains.
du 18 septembre 2006 au 21 janvier 2007
D’Un Regard l’Autre
du 2 avril au 15 juillet 2007
Nouvelle-Irlande, arts du Pacifique Sud
du 2 avril au 8 juillet 2007
Jardin d’Amour, installation de Yinka Shonibare
42
Le théâtre du musée
arts vivants,
débats et rencontres, cinéma
Théâtre, danse et musique
Pour sa première saison, le musée du quai Branly propose une vingtaine de spectacles correspondant à cinq cycles
de représentations. Cette programmation s’articule autour du thème «Poésie, des mots et des hommes ».
Cycle 1 • du 29 septembre au 8 octobre 2006
Le Mahabharata, une épopée universelle
Trois spectacles montrent comment, de l’Inde ancienne au Japon contemporain, poésie originelle et récit
épique deviennent théâtre rituel.
Krishnacharitam, La Geste de Krishna (conte)
Kapila Venu et la troupe de Irinjalakuda (Inde).
Mahabharata (spectacle de marionnettes)
Massimo Schuster, Théâtre de l’Arc-en-Terre.
Mahabharata (Épisode du roi Nara)
Compagnie Ku Na’uka Theater (Japon).
Cycle 2 • décembre 2006
Programmation en cours
Cycle 3 • du 1er au 4 février 2007
« Les esprits écoutent »
Le chamanisme en Sibérie
Ce cycle propose de découvrir pour la première fois les traditions musicales et chantées, d’inspiration chamanique,
de Sibérie. Des conférences introduisent ces performances.
Cycle 4 • du 28 mars au 1er avril 2007
Repentistas, la tradition du Punto, poésie chantée et improvisée
Le Punto est une véritable joute oratoire qui se pratique dans les pays de cultures hispanophone et lusophone. Le
cycle met l’accent sur Cuba, où le Punto est développé et pratiqué par des poètes vachers.
Cycle 5 • du 14 au 17 juin 2007
Desert blues : griots et poètes des sables
Avec plus de 21 grands artistes de ; l’Afrique traditionnelle, ce spectacle multimédia évoque quelques -unes des plus
belles traditions musicales du Mali. Desert Blues, créé pour le Théâtre du quai Branly, est un voyage musical et
multimédia qui réunit sur une même scène Touareg du désert, Songhaï de la boucle du Niger et Bambara du pays
mandingue.
43
Spectacles jeune public
Pendant les vacances scolaires, le musée du quai Branly propose aux enfants et à leurs parents de découvrir des
univers musicaux, théâtraux ou chorégraphiques venus d’ailleurs.
Cycle 1
pendant les vacances de Noël, les 3, 5 et 6 janvier 2007 à 15h
Cycle 2
pendant les va cances d’hiver, les 21, 23 et 24 février 2007 à 15h
Cycle 3
pendant les vacances de Pâques, les 18, 20 et 21 avril 2007 à 15h
Débats et rencontres
L’Université populaire du quai Branly ouvre le débat sur des enjeux historiques et contemporains, et encourage le
dialogue sur les questions liées à l’Autre.
Cycle 1 • d’octobre 2006 à avril 2007
Histoire mondiale de la colonisation
Cycle 2 • de septembre 2006 à avril 2007
Les grandes controverses sur l’universalité
Cycle 3 • janvier 2007
Conférences « les artistes et leur rapport au corps »
Cycle 4 • tous les mois
Les Grands Témoins
10 et 11 mars 2007
Week-end consacré à Paul-Emile Victor
Cinéma
Dans la salle de cinéma, le musée du quai Branly projette des films de fiction, des documentaires ou des images
d’archives, en lien avec la programmation des spectacles ou des thèmes spécifiques.
Cycle 1 • du 18 au 22 octobre 2006
«Regards comparés » : immigration, assimilation, intégration
Cycle 2 • du 10 au 25 mars 2007
Autour de Paul-Emile Victor, images des pôles
Installation
du 11 septembre au 13novembre 2006
« La Bouche du roi », installation d’art contemporain de l’artiste béninois Romuald Hazoumé, occupe le foyer du
théâtre.
44
Visites, ateliers, expériences
Une sélection des activités
culturelles proposées aux visiteurs
du musée du quai Branly
Découvrir
« Sanzas »
« Devenir griot »...
Des visites et des ateliers généralistes, l’occasion
d’une première rencontre avec les richesses du
musée :
Expérimentation sur les traces d’artistes
contemporains
rencontre-performance Yinka Shonibare
Visite «Découverte du musée »
(parcours architectural)
Engagement dans une réflexion éthique
« Équitables ! »
« L’autre jouet »
Visite «Découverte du parcours des collections »
(arts et cultures des quatre continents)
Visites «en questions »
(visite et débat)
Visites
«Découverte de l’Afrique »
«Découverte de l’Asie »
«Découverte de l’Amérique»
«Découverte de l’Océanie »
Visites des expositions temporaires
Voyager
Les « voyages » sont proposés aux visiteurs pour leur
permettre d’aborder l’Ailleurs en dépassant le fantasme
exotique, pour aller à la rencontre des peuples
d’aujourd’hui,
entre
identités
culturelles
et
mondialisation.
Deux embarquements sont proposés :
Visites contées
«Voyage d’un jour »
Mali, Mexique, Thaïlande…
une destination par trimestre sans quitter Paris.
Ateliers « Devenir ethnologue »
Explorer
Des ateliers et des visites transversales permettent de
dépasser les cloisonnements géographiques en
tissant des échos visuels et thématiques entre les
objets :
Visite «Puissantes beautés »
Visite « Le secret du masque »
Visite «Pas si bêtes »
Atelier « Dans tous les sons »
Rencontrer
Des activités organisées dans les ateliers visent à une
meilleure compréhension de l’Autre au travers
d’expérimentations structurées autour de trois axes
différents:
Découverte des arts vivants
«Chorégraphies indiennes »
Fêter
Les grandes fêtes populaires ou rituelles trouvent au
musée du quai Branly une place à part. La
programmation permet aux différents publics de se
retrouvent lors d’événements divers et bigarrés :
Nocturnes exceptionnelles
« Melting Pot »
Fêtes traditionnelles une fois par trimestre ( Diwali en
octobre, carnavals en février, Gnawa en juin…)
Journées du Patrimoine
16 et 17 septembre 2006
Séminaire sur le handicap dans le monde
printemps 2007
Nuit blanche 29 septembre 2007
45
CIWARA - Chimères africaines
du 23 juin 2006 au 17 décembre 2006
L’une des premières expositions temporaires du musée du quai Branly
est consacrée aux cimiers antilopes Ciwara, issus de l’art bamana du
Mali. Souvent composées de plusieurs figures anthropomorphes ou
animales, ces « chimères africaines » constituent un élément essentiel
et fédérateur de la culture et de la vie des Bamana, mais aussi des
populations voisines : Malinké, Bozo ou Sénoufo ...
Masque ou sculpture ?
En bois sculpté, gravé, patiné, peint, orné de perles
de crins, de pompons, le Ciwara peut être défini
comme une sculpture portée sur la tête de danseurs.
Les Ciwara (également appelés wara-kun,wara-ba-kun,
nama-koro-kun ou sogo-ni-kun, selon les lieux) comptent
de nombreuses variations stylistiques, en fonction des
régions et de l’évolution du temps. Cette exposition
permet de rassembler et de présenter ce que le
monde scientifique connaît, à ce jour,sur ce sujet
grâce aux études conduites depuis une vingtaine
d’années, et d’aborder les éléments nouveaux
disponibles. Ouverte à tous, elle vise également à
faire découvrir ce culte dont on ne connaît ni l’époque,
ni le lieu d’origine sous un angle esthétique.
Parce que le masque, le costume et la danse qui y
sont liés sont indissociables de l’efficacité que
dispense ce masque, l’exposition présente aussi le
culte tel qu’il était pratiqué au travers de
photographies et de films tournés sur le terrain.
Un objet aux pouvoirs bénéfiques L’exposition permet
de présenter et de connaître l’aspect traditionnel de la
société banama. Les danses du Ciwara ont lieu en
plein jour, au début de la saison des pluies, aussi bien
au milieu des champs qu’au village. Liées aux rites
agraires, elles célèbrent l’union mythique du soleil,
principe masculin, et de la terre, principe féminin, tout
en stimulant l’ardeur des jeunes cultivateurs. Le
Ciwara, qui sort généralement en couple, peut avoir
un usage différent selon les villages : au moment des
deuils, par exemple, pour dispenser des bienfaits ou
pour lutter contre les morsures de serpent. Son
pouvoir magique repose sur des objets sacrés
appelés Boliw, sans lesquels le masque n’est qu’un
objet inefficace. C’est un objet fédérateur et protecteur
pour la communauté, d’autant plus que, si seuls les
initiés le portent, il peut être vu de tous. Autrefois
largement répandu au Mali, le culte Ciwara est
progressivement abandonné est n’est plus guère en
vigueur que dans quelques villages aujourd’hui.
Quatre styles de Ciwara attribués Si l’on ne peut
réellement identifier des « maîtres » dans l’art du
cimier, quatre principaux styles, très divers dans leur
forme, mais reliés par la destination des cimiers, sont
exposés sur la Galerie suspendue est. Le style de
Bougouni présente plusieurs motifs animaux
combinés sur la même pièce. La crinière, stylisée,est
en zigzag et le corps repose sur un animal hybride,
mêlant l’antilope et d’autres espèces telles que
l’oryctérope, le pangolin ou la pintade. Deux antilopes
peuvent également être superposées, parfois avec un
autre animal sous des formes plus ou moins
abstraites. Le style de Bélédougou, que l’on trouve
dans la zone d’influence de Bamako et au nord du
fleuve Niger, présente une structure marquée par
l’horizontalité : la partie supérieure figure une tête
d’antilope aux cornes souvent démultipliées,tandis
que la partie inférieure est constituée d’un animal de
forme convexe, difficile à identifier. Les antilopes
attachées au style de Ségou donnent une impression
de verticalité accentuée.Le mâle et la femelle se
différencient nettement : le premier est plus grand
avec un sexe fortement marqué, la seconde possède
des cornes droites et porte souvent un petit sur le dos.
Enfin, le dernier style de cimiers antilope est attribué,
avec moins de certitude, à la région de Sikasso.
Raffinés et complexes, ces masques d’une grande
diversité ne ressemblent guère à des antilopes,
notamment les plus remarquables d’entre eux : les
nama tyétyé. Se dévoilent ainsi aux visiteurs 36 objets
parmi les 60 de la collection, qui permettront au public
à la fois d’admirer et de comprendre l’esthétique, les
rites et les croyances liés aux Ciwara de l’art bamana
du Mali.
Lorenz Homberger
Jean-Paul Colleyn
Frédéric Druot
Commissaire d’exposition
Lorenz Homberger, conse rvateur et
directeur adjoint du Rietberg Museum
de Zurich. Il a par ailleurs pris part au
chantier des collections du musée du
quai Branly, qui a permis de mettre à
jour la richesse de la collection de
cimiers du musée.
africaniste, directeur d’étude à l’EHESS
et spécialiste de l’anthropologie
visuelle, a apporté sa collaboration à la
sélection des oeuvres.
Scénographie
Aurélien Gaborit
Chargé des collections Afrique,
coordination Scientifique
Contact média :
Muriel Sasse n
chargée des relations médias
tél : 33 (0)1 56 61 52 87
[email protected]
46
« Nous avons mangé la forêt… »,
Georges Condominas au Vietnam
du 23 juin au 15 décembre 2006
Sar Luk, hauts plateaux du centre du Vietnam, 1948-1949 :
l’ethnologue Georges Condominas s’installe pendant un an et demi
dans un village Mnong Gar et tient la chronique des lieux. Il jette les
bases d’une nouvelle ethnologie dans laquelle le chercheur, tout en
s’astreignant au maximum d’objectivité, assume et revendique la part
de subjectivité inhérente à son travail. Disposant d’un fonds important
légué par Georges Condominas, le musée lui consacre une de ses
premières expositions temporaires sur la Galerie suspendue Est.
Objets usuels et rituels, instruments de musique,
cos tumes et parures, mais aussi photographies,
enregistrements et carnets de voyage : le fonds
Condominas, avec plus de 500 pièces, constitue une
source d’une rare richesse, et d’une grande diversité.
D’une part, les objets typiques de l’artisanat Mnong
Gar donnent à voir la richesse de cette culture des
Hauts Plateaux, et d’autre part, les carnets, les
croquis, les enregistrements audio et les
photographies permettent de se rendre compte de la
présence participante de l’ethnographe à la vie du
village.
L’ethnologue, présence participante
Cette nouvelle approche de l’ethnologie, inaugurée
par André Leroi-Gourhan avec l’observation très
détaillée de la culture matérielle dans la vie du
groupe, a été développée par Georges Condominas.
L’immersion totale dans le milieu observé et la
connaissance de la langue approfondissent le regard
sur l’autre. L’exposition, construite sur plusieurs
niveaux de lecture, restitue cette vision de l’ethnologie
: 140 objets présentés, tous accompagnés d’une fiche
indiquant le nom du propriétaire, l’histoire de l’objet,
Christine Hemmet
Commissaire d’exposition
Christine Hemmet est ethnologue,
chargée de cours à l’INALCO.
Responsable de l’unité patrimoniale
Asie du musée du quai Branly, elle
était auparavant conservateur au
musée de l’Homme. Entre autres
réalisations, elle a notamment été
responsable de l’équipe en charge de
la création du musée d’ethnographie
ainsi que la contrepartie de l’échange pour les obtenir.
Un dispositif scénographique sous forme de « papier
peint » couvrant les socles et les fonds de vitrine
présente
la
documentation
rassemblée
par
l’ethnologue : photos, fiches -dessins et carnets de
terrain. Ces nombreux commentaires personnels eux
aussi conservés et retranscrits, illustrent sa démarche.
Le quotidien de chaque époque
Par
ailleurs,
différents
supports
vidéo
et
photographiques donnent à voir une succession
d’époques dans le village : un montage vidéo de
photographies illustrant les activités de Sar Luk, et
Retour à Sar Luk (52’), tourné en 1995. Ce
documentaire montre le retour de Georges
Condominas sur le lieu de ses premières recherches,
et les photos de Hoang Canh Duong, un habitant de
Ban Me Thuot, près de Sar Luk, évoquent les
transformations du village aujourd’hui. Ces retours
vers différentes époques de la vie de Sar Luk
permettent de montrer les Mnong Gar dans leur
quotidien. Un principe fidèle aux préceptes de
Georges Condominas, pour qui, comme l’indique le
titre de l’ouvrage, « l’exotique est quotidien ».
du Vietnam (prix Rockefeller 1999 de la
meilleure réalisation muséographique
d’Asie).
Yves Goudineau
Conseiller scientifique
Jérémy Jammes
Assistant d’exposition
Frédéric Druot
Scénographie
L’exposition bénéficie du soutien
de la Maison de l’Indochine
Contact media :
Muriel Sassen
chargée des relations médias
tél : 33 (0)1 56 61 52 87
[email protected]
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« Qu’est-ce qu’un Corps ? »
Exposition d’anthropologie • du 23 juin 2006 au 25 novembre 2007
Le musée du quai Branly inaugure les expositions d’anthropologie situées
sur la Galerie suspendue Ouest par « Qu’est-ce qu’un Corps ? », une
comparaison entre les façons de penser le corps dans quatre régions du
monde et la mise en avant d’une constante : le corps apparaît toujours
comme un mélange recelant une altérité fondamentale. Cette exposition
s’inscrit dans la volonté du musée de rendre accessible, à un large public,
un discours anthropologique de grande qualité scientifique grâce à une
approche claire et attractive.
« Si je suis distinct des autres, c’est par mon corps. Je peux
parler la même langue qu’eux, avoir des idées en commun et
agir avec eux, mais ce qui fait que je suis moi, c’est que j’ai
mon propre corps et que je ne peux pas le partager ». Le
corps est le lieu où le sujet moderne croit trouver son
irréductible singularité et exercer sa pleine souveraineté.
C’est sur cette évidence que repose en grande partie l’idée
typiquement occidentale d’un « individu » au sens moral,
c’est-à-dire d’un sujet normatif indépendant qui se
déterminerait seul et représenterait la valeur absolue de la
société dans laquelle il vit.
Ebranler une évidence typiquement occidentale
L’exposition « Qu’est- ce qu’un Corps ? » veut ébranler les
bases de cette évidence : en adoptant le point de vue de
l’anthropologie comparative, elle veut montrer qu’il n’est pas
de société humaine – y compris la nôtre – où le corps soit
jamais considéré comme un objet de pensée et d’action
strictement individuel.
Partout, au contraire, s’exerce sur le corps un certain partage
de souveraineté : il est l’objet d’une fabrication sociale
réalisée en établissant une relation avec autre chose –
quelque chose qui n’est pas soi.
L’anthropologie est par méthode curieuse des relations :
cette exposition en est l’illustration, en cherchant à mettre en
lumière les relations fondamentales dont le corps est le
support et qui le fabriquent. Une exposition en quatre parties
L’exposition est composée de quatre parties illustrant de
manière schématique les conceptions indigènes du corps
humain existantes en Afrique de l’Ouest,
en Europe Occidentale, en Nouvelle- Guinée et en
Amazonie. Cet « autre » qui constitue le corps est différent
dans chaque cas. Il s’agit :
• des morts en Afrique de l’Ouest, où le corps est pensé
comme le produit d’une relation avec les ancêtres – les morts
du lignage auxquels est rendu un culte garant de la
prospérité et de la fécondité communes, comme les
fondateurs mythiques de village, de clan ou de culte,
représentés par des effigies anthropomorphes affichant les
attributs d’une maturité sociale accomplie (coiffure,
scarifications, parures, emblèmes statutaires) ;
• du divin en Europe occidentale où, avec le christianisme,
s’instaure une conception à la fois imitative et transcendante
du corps : l’homme a été créé à l’image et à la ressemblance
de Dieu, il en est le signe et l’instrument. Dans le monde
moderne déchristianisé, l’idée fondamentale de l’incarnation
perdure, son modèle n’est plus divin mais biologique :
intériorisée, laïcisée, l’âme prend alors la forme du code
génétique ;
• de l’autre sexe en Nouvelle-Guinée, où les théories locales
de la procréation aboutissent à l’idée que le corps est un
composé masculin et féminin. L’être humain est
fondamentalement androgyne, avec des conséquences
cependant très différentes selon qu’on est un homme ou une
femme ;
• du règne animal en Amazonie, où la forme du corps
dépend de la relation sociale dans laquelle se trouvent les
êtres vivants entre eux : il est humain entre congénères qui
mangent et vivent ensemble. S’il peut être mangé par l’autre
ou le manger, être traqué par lui ou le pourchasser, alors il
n’est pas humain et apparaît tantôt comme une proie, par
exemple un pécari, tantôt comme un prédateur, par exemple
un jaguar. Sur les 800 m2 de la Galerie suspendue Ouest, la
scénographie présente des statues et objets issus des
collections du musée du quai Branly ou prêtés par d’autres
grands musées européens. Elle fait également appel à des
installations, des tableaux, des photos et des montages
vidéo, sur lesquels s’appuie le discours anthropologique.
Stéphane Breton
Anne-Christine Taylor
Michèle Coquet
Commissaire général
Stéphane Breton est réalisateur de films
documentaires et ethnologue. Maître de
conférences à l’École des Hautes Études en
Sciences Sociales, il enseigne l’ethnologie et
l’anthropologie des images. Spécialiste de la
Mélanésie, il a notamment vécu plusieurs
années chez les Wodani des hautesterres de
Papouasie occidentale (Nouvelle- Guinée
indonésienne).
directeur d u département Recherche et
Enseignement du musée du quai Branly
chargée de recherches au CNRS
Eduardo Viveiro de Castros
professeur d’ethnologie à l’université fédérale
de Rio de Janeiro
Jean-Marie Schaeffer
philosophe, plasticien, directeur de recherches
au CNRS
Michael Houseman
directeur d’étude à l’Ecole Pratique des Hautes
en Sciences sociales
Christian Kaufmann
Conseiller scientifique
Frédéric Druot
Scénographie
Contact media :
Muriel Sassen
chargée des relations média
tél : 33 (0)1 56 61 52 87
[email protected]
48
le musée pratique
téléphone
01 56 61 72 72
mail
[email protected]
Site Internet
www.quaibranly.fr
49
Horaires
d’ouverture
Du mardi au dimanche de 10h à 18h30.
Entrée réservée, dès 9h, pour les groupes.
Nocturne le jeudi, jusqu’à 22h.
Fermeture hebdomadaire le lundi.
Horaires spéciaux et entrée libre
pour le week-end d’inauguration
Le vendredi 23 juin 2006 : de 10h à 18h30.
Ouverture sans interruption du samedi 24 juin
2006 à 10h jusqu’au dimanche 25 juin 2006 à
18h30.
Tarifs
Billets d’entrée au musée
du quai Branly
(Plateau des collections)
tarif plein : 8.50 €
tarif réduit : 6 €
moins de 25 ans, étudiants
Expositions
Expositions d’anthropologie et dossiers
Les expositions dossiers et l’exposition
d’anthropologie sont accessibles avec le billet
d’entrée au musée du quai Branly (Plateau des
collections et Galeries suspendues)
tarif plein : 8.50 €
tarif réduit : 6 €
moins de 25 ans, étudiants
Expositions temporaires
internationales
Le billet pour l’exposition temporaire
internationale (Galerie jardin) est
distinct du billet d’entrée au plateau des
collections du musée
tarif plein : 8.50 €
tarif réduit : 6 €
(moins de 25 ans, étudiants,
chercheurs du musée du quai Branly)
Gratuité
moins de 18 ans, chômeurs, RMIstes, grands
mutilés de guerre et grands handicapés civils,
journalistes, titulaires de la carte « culture »,
amis du musée, détenteurs du
«Pass musée du quai Branly »,
membres de l’ICOM et de
l’ICOMOS.
Billet « Un jour au musée »
Plateau des collections (dont
exposition d’anthropologie et
expositions dossiers)
+ expositions temporaires
internationales
tarif plein : 13 €
tarif réduit : 9.50 €
Adhésion
Les Pass du musée du quai
Branly donnent un accès
illimité à tous les espaces du
musée, servent de coupe-file
en cas d’affluence, et
permettent de bénéficier de
réductions sur les spectacles
du théâtre.
Le Pass est disponible pour les
jeunes (15 €), pour les adultes
single (45 €), ou en «duo» (70
€).
Pass quai Branly
45 €
Pass quai Branly Duo
70 €
Pass quai Brany Collectivité
35€
Pass quai Branly Jeunes
15€
Le théâtre du
musée
Tarifs spectacles
Salle modulable à double
tarification :
Tarif A (Gradins sud)
tarif plein : 20 €
tarif réduit : 14 €
Tarif B (Gradins nord)
tarif plein : 14 €
tarif réduit : 10,50 €
Tarif réduit
groupes à partir de 15
personnes, chômeurs,
RMIstes, grands mutilés de
guerre, grands handicapés
civils, étudiants, titulaires de la
carte culture, de la carte
chercheurs du musée du quai
Branly, détenteurs du Pass, Amis du
Musée.
Tarifs spectacles jeune public
tarif unique : 8 €
tarif réduit : 5,50 €
(groupes à partir de 10 personnes)
Conférences et débats
entrée libre
Cinéma
tarif plein : 5 €
tarif réduit : 3,50 €
(chômeurs, RMIstes, grands mutilés de
guerre, grands handicapés civils,
étudiants, titulaires de la carte culture, de
la carte chercheurs du musée du quai
Branly, détenteurs du Pass, Amis du
Musée)
Visites, ateliers,
expériences
Tarifs individuels
(hors prix d’entrée)
Visite commentée
visite contée
tarif plein : 8 €
tarif réduit : 6 €
Visite en questions
tarif plein : 5 €
tarif réduit : 3,50 €
Voyage d’un jour
tarif plein : 30 €
tarif réduit : 21 €
Atelier adultes
tarif plein : 10 €
tarif réduit : 17 €
Atelier enfants
tarif unique : 8 €
Tarifs groupes
Visites avec conférencier
tarif plein : 130 €
tarif réduit : 87 €
groupes scolaires : 70 €
Ateliers adultes
tarif plein : 200 €
tarif réduit : 134 €
Ateliers enfants
tarif plein : 130 €
groupes scolaires : 100 €
50
Site
Internet
Accroître l’accessibilité du musée
pour tous les publics avec une mise
à jour quotidienne et une ergonomie
simple pour faciliter la navigation.
La page d’accueil se présente
comme la «Une» d’un journal et met
l’accent sur l’actualité du musée.
Préparer sa visite et explorer
l’intégralité des collections :
l’internaute trouve, sur le site, les
conseils pratiques qui orienteront sa
visite selon ses goûts, les conditions
de sa venue (en famille, personne
handicapée, etc.) et le temps dont il
dispose.
Une référence en matière scientifique
avec un suivi de l’actualité ainsi
qu’un annuaire commenté de sites
Internet scientifiques.
Une agora virtuelle avec une tribune
d’expression libre ouverte à la fois au
grand public et aux spécialistes, mais
aussi à des personnalités venant du
monde de l’art ou de la recherche :
blogs, forums, «cartes blanches».
Des éditions en ligne L’accessibilité
aux personnes handicapées
sensorielles, sourds et
malentendants.
Services
Renseignements
Se restaurer au
musée du quai
Branly
téléphone
01 56 61 72 72
Sur la terrasse, le restaurant du
musée du quai Branly peut
accueillir 130personnes. Le
musée dispose également d’une
cafétéria d’une capacité de 120
places, et d’un café de 80 places,
situés au niveau du jardin. La
concession du restaurant a été
confiée à l’entreprise Elior.
mail
[email protected]
Site Internet
www.quaibranly.fr
Pour préparer votre visite, pour vous tenir
au courant des programmes, rendez-vous
sur le site :
www.quaibranly.fr
La librairie
boutique
Située au Rez-de-chaussée du
bâtiment « Université », la
librairie-boutique du musée du
quai Branly, gérée par la Réunion
des Musées Nationaux, propose
à la vente les reproductions,
ouvrages, CDs et DVDs édités et
coédités par le musée.
Accès piétons
Métro
Accès voiture
L’entrée au musée s’effectue par la
rue de l’Université ou par le quai
Branly.
Portail Université
218 rue de l’Université
Portail des Bassins
206 rue de l’Université
Portail Alma
27 quai Branly
Portail Debilly
37 quai Branly,
face à la Passerelle Debilly
Portail Branly
51 quai Branly
RER C Pont de l’Alma
ligne 6 Bir Hakeim
ligne 9 Alma-Marceau
ligne 9 Iéna
Parking payant accessible aux
voitures par le 25 quai Branly.
La sortie piétons se fait rue de
l’Université, à l’orée du Jardin.
520 places sur trois niveaux.
L’entreprise Saemes est
concessionnaire du parking.
Bus
ligne 42
arrêt La Bourdonnais
ou Bosquet-Rapp
lignes 63, 80, 92
arrêt Bosquet-Rapp
ligne 72
arrêt musée d’art moderne – Palais
de Tokyo
Navette fluviale
arrêt tour Eiffel (Batobus,
Bateaux parisiens et
Vedettes de Paris).
51
fonctionnement du
musée
52
L’organigramme
Le musée du quai Branly est un établissement public administratif
placé sous la double tutelle du ministère de la Culture et de la
Communication, d’une part, et du ministère de l’Éducation nationale et
de la Recherche, d’autre part. Il est présidé par Stéphane Martin.
Président d’honneur Jacques Friedmann
Président Stéphane Martin
Service du mécénat
Martine Aublet
Chargé de mission pour les relations
internationales
Séverine Le Guével
Chargé de mission pour les relations
institutionnelles
Laurence Reculet
Chargé de mission Recherche
Emmanuel D ésveaux
Conseiller auprès du Président pour la
muséographie Germain Viatte
Agence comptable André Clair
Conseil d’administration
Conseil d’orientation scientifique
Commission des acquisitions
Commission des dépôts
Directeur général délégué Pierre Hanotaux
Directeur général délégué adjoint Patrice Januel
Service de la communication
Nathalie Mercier
Inspecteur hygiène et sécurité
Chargé du contrôle de gestion
Chargé de programmation architecturale
Département de la recherche et de l’enseignement
Département du patrimoine et des collections
Anne-Christine Taylor
Jean-Pierre Mohen
Directeur adjoint responsable de la recherche
Directeur adjoint responsable des collections
permanentes Yves Le Fur
Marcel Skrobek
• Unités de recherche
• Pensionnaires
• Chargé de mission pour la recherche
sur l’architecture non européenne
• Enseignement :
(UMR, GIS…)
UMS 1834
Unité patrimoiniale des collections
Afrique
Amériques
Océanie
Asie
Textiles
Instruments de musique
Photographies
Histoire
Directeur adjoint responsable de la médiathèque
Odile Grandet
Direction du développement
culturel et des publics
Direction de l’administration
et des ressources humaines
Direction des moyens
techniques et de la sécurité
Hélène Cerutti
Service des expositions
Service de l’auditorium
Service des activités culturelles
et du développement des publics
Service éditorial et des publications
Danielle Brault
Service des ressources humaines
Service juridique
Service du budget général
et des moyens
Service de la billetterie
et de sa gestion financière
Nadim Callabe
Service de la gestion du bâtiment
Service de la sécurité et de la sûreté
Service des systèmes d’information
53
Le budget
du musée du quai
Branly
En décembre 1998, le budget alloué, par le
gouvernement, au chantier de la construction et à la
campagne de traitement des collections a été fixé à
167,69 M€TTC.
En mars 2000, après décision interministérielle
d’adjoindre trois nouveaux chantiers au projet initial,–
médiathèque (transfert d’une partie de la bibliothèque
du Musée de l’Homme, achat d’ouvrages, traitement
des fonds…),informatique (développement des
solutions techniques retenues initialement) et
multimédia (extension du projet) –, un complément
budgétaire de 22,87M€ a été apporté, portant
l’enveloppe d’investissements hors actualisation à
190,56 M€ TTC.
Dans le détail, le budget sur dotation d’État se
décompose selon les postes suivants :
Bâtiment 204,3M€ TTC
Informatique 12,4M€ TTC
Campagne de traitement des œuvres (inventaire,
restauration, numérisation) 5,7M€ TTC
Médiathèque 6,4M€ TTC
Multimédia 3,7M€ TTC
L’enveloppe globale d’investissement financée par
l’État s’élève donc à 232,5M€ soit un surcoût
d’environ 9% pour un projet qui a débuté en 1998.
Attribué à parité par le ministère de la Culture et de la
Communication d’une part, et le ministère de la
Recherche et de l’Enseignement supérieur d’autre
part, le budget de fonctionnement pour l’année 2006
est de 44M€ hors amortissement et crédits
d’acquisition, ces derniers représentant 2 M€.
En 2001, une actualisation du budget, procédure
usuelle sur les chantiers de construction étalés sur
plusieurs années, a été calculée sur la base d’un taux
d’inflation prévisionnelle. Le montant provisoire
d’actualisation ainsi accordé s’élevait à 25,92 M€
TTC. Le montant total du budget, y compris prévisions
d’actualisation, se montait donc alors à 216,48 M€
TTC.
En 2004, le budget a été abondé pour tenir compte,
d’une part, de la nécessité de travaux
complémentaires apparue en cours de chantier
(protection au feu supplémentaire pour la charpente
m étallique, travaux de terrassement des fondations de
l’exposition universelle de 1937, surprime des polices
d’assurance chantier, renforcement de la paroi
moulée…) et, d’autre part, d’une mise à jour de
l’actualisation du budget suite à une évolution très
défavorable des taux d’inflation dans le domaine du
bâtiment, du coût des matières premières et des
matériaux, notamment (pétrole, acier, aluminium…).
Le montant de cet abondement s’est élevé à 19M€
TTC, le musée y participant à hauteur de 3 M€ sur
son propre fonds de roulement et ce complément
étant validé et accordé par les deux ministères de
tutelle, Culture et Communication d’une part et
Recherche et Enseignement supérieur d’autre part.
54
mécènes et
donateurs du musée
Les mécènes. Le musée du quai Branly,
une certaine idée du mécénat
Le musée du quai Branly propose à des mécènes de soutenir des projets spécifiques
qui ne pourraient voir le jour sans leur soutien. Il offre, à cet égard, divers contenus de
mécénat liés à la construction du musée, à la réalisation d’outils multimédia culturels et
scientifiques, à la restauration d’oeuvres emblématiques des collections du musée ainsi
que des projets d’acquisition d’oeuvres d’art, la mise en oeuvre de programmes
pédagogiques et de relations internationales. Depuis le 1er août 2003, la loi relative au
mécénat, aux associations et aux fondations a donné un nouvel élan au mécénat
culturel, en accordant notamment une réduction d’impôt sur les sociétés équivalente à
60 % des dons affectés aux oeuvres et organismes d’intérêt général. Cette nouvelle loi
est aussi le signe d’une reconnaissance nouvelle accordée aux mécènes dans la
société et le monde de l’entreprise.
PERNOD RICARD,
2003
Le projet soutenu
Patrick
Ricard,
Président
Directeur-Général de Pernod
Ricard, a choisi en 2003 de
soutenir la réalisation des
bassins des terrasses du musée.
Ces bassins très spectaculaires
borderont la terrasse sur tout son
périmètre, tels de grands miroirs
d’eau.
Le projet architectural est
dessiné par le célèbre architecte
Jean Nou vel et renouvellera la
vision
des
perspectives
parisiennes.
Sens de l’engagement du
mécène
Projet ambitieux, le musée du
quai Branly sollicite le concours
d’entreprises se reconnaissant
dans ses valeurs. Pernod Ricard
devient le premier de ses
partenaires.
Ce
partenariat
véhicule un message cher au
Groupe: le respect des cultures
et des particularités locales des
pays où il est implanté. Patrick
Ricard et Stéphane Martin,
Président du musée, signent la
convention de mécénat le 6 avril
2004. Elle confirme le nouvel
élan donné au mécénat culturel
par la loi du 1er août 2003. C’est
le signe d’une reconnaissance
nouvelle accordée au mécénat, à
la fois dans l’entreprise et la
société.
EURO RSCG, 2003
Le projet soutenu
Depuis 2003, le groupe Euro
RSCG accompagne le musée du
quai Branly dans sa stratégie de
communication, que ce soit en
communication
externe
ou
interne. Le groupe est fier d’avoir
contribué aux relations presse du
musée, ainsi qu’à son rapport sur
le développement durable.
Sens de l'engagement du
mécène
Tout autant que la fierté de
participer à l’une des plus belles
aventures culturelles de ce début
de millénaire, Euro RSCG a
souhaité s’impliquer aux côtés du
musée du quai Branly en raison
de la qualité et de la générosité
de son projet. Un groupe de
communication mondial comme
Euro RSCG ne pouvait pas
rester insensible à la promesse
de faire se parler toutes les
cultures, toutes les époques et
tous les continents. Le groupe y
voit un écho humaniste de son
propre métier ; c’est la source de
son soutien au musée du quai
Branly.
Le groupe Euro RSCG avec
Stéphane
Fouks,
Executive
55
Chairman
d’Euro
RSCG
Worldwide ont accompagné le
musée jusqu’en septembre 2005.
SONY FRANCE,
2004
SONY EUROPA
FOUNDATION,
2004
Les projets soutenus
Sony France et la Sony Europa
Foundation
sont
devenus
mécènes du musée du quai
Branly, en fournissant des
équipements informatiques et
multimédia pour la médiathèque
l’étude et de recherche ainsi que
des écrans «points information»
pour tout le musée. Sony France
participe à la volonté du musée
d’offrir au plus grand nombre
l’opportunité de découvrir les
multiples facettes du patrimoine
de l’humanité. De plus, au
travers
d’une
contribution
financière dédiée au Salon de
lecture Jacques Kerchache,la
Sony Europa
Foundation
complète
la
démarche
de
mécène
de
l’entreprise envers le musée du
quai Branly. Créée en 1995,
cette
fondation
veille
à
encourager la créativité sous
toutes ses formes dans les
domaines de l’art, du design et
de la musique.
Sens de l’engagement des
mécènes
Sony France souhaite associer
son nom et son image à un
événement culturel majeur du
millénaire. Soutenir un projet à la
fois original et pointu aux niveaux
architectural,
scientifique
et
technologique, correspond aux
valeurs que Sony France défend.
Le musée du quai Branly, terre
de
contrastes
et
de
confrontations entre cultures
ancestrales
et
nouvelles
technologies offre en effet
l’occasion exceptionnelle de
mettre des produits à la pointe
de la recherche au service des
arts premiers.
La contribution de Sony Europa
Foundation, complétant celle
effectuée sous forme de matériel
par Sony France, est affectée à
la salle Jacques Kerchache, tant
la personnalité de cet éminent
collectionneur a été déterminante
dans la genèse du projet de
musée.
PROJET
AUSTRALIE, 2004
et 2005
Le projet
Ce projet soutenu par M.
Jacques Chirac, Président de la
République française,par M.
John Howard, Premier Ministre
australien ainsi que par leurs
Ambassadeurs en France et en
Australie donnera un signe fort et
spectaculaire de la place de la
création contemporaine au sein
du musée du quai Branly,avec
notamment
une
présence
emblématique de l’art australien.
Ainsi, la création contemporaine
dans le bâtiment Université est
un véritable lien entre l’Australie
et la France, et un hommage à
l’art aborigène contemporain
australien au coeur même de
Paris.
Le
bâtiment
Université,
à
l’initiative de l’architecte Jean
Nouvel, accueillera sur ses
plafonds du rez-de-chaussée,
1 er, 2e et 3e étages, ainsi que sur
sa façade, les œuvres des 8
artistes australiens aborigènes
parmi les plus importants
aujourd’hui. Les peintures des
plafonds seront visibles pour les
passants depuis la rue de
l’Université.
Le financement
Pour réaliser ce projet, le musée
du quai Branly s’est engagé à
trouver
un
financement
exceptionnel de mécénat de plus
de un million d’euros auprès de
mécènes privés et d’entreprises.
Le musée du quai Branly
souhaite créer un cercle de 3 à 5
entreprises françaises présentes
en Australie ou d’entreprises
australiennes en France qui
s’engageraient
chacune
à
hauteur de 150 000 à 350000€
pour soutenir ce projet.
Le
projet
artistique
est
actuellement soutenu par :
• le gouvernement australien via
l’Australia Council for the Arts et
l’Harold Mitchell Foundation,
• le Quai d’Orsay, via le
secrétariat permanent pour le
Pacifique ;
• deux entreprises françaises,
Veolia Environnement et AM
Conseil ;
• et complété par un mécène
privé, M. et Mme Bruno Roger ;
Grâce à ces généreux soutiens,
le musée a obtenu un montant
total de plus de la moitié de
l’objectif de mécénat à atteindre.
Le musée du quai Branly
souhaite élargir ce premier cercle
de mécènes et compte sur
l’engagement
d’autres
entreprises et mécènes privés.
ISSEY MIYAKE/
SAINT -GOBAIN,
2004
Le créateur mécène
Naoki Takizawa et Issey
Miyake
Naoki
Takizawa,
Directeur
artistique d’Issey Mi yake, a
conçu les deux rideaux géants
qui habilleront à l’ouverture le
musée du quai Branly. En tant
que designer, Naoki Takizawa
n’aura de cesse de faire
dialoguer le savoir - faire
artisanal le plus ancestral et les
technologies
les
plus
sophistiquées. «La main de
l’homme sera toujours pour moi
la plus haute des technologies»,
répète-t-il, goûtant ce paradoxe.
La façon dont l’homme s’inspire
de la nature, dont il l’interprète et
la transforme,a toujours été au
coeur de son inspiration.
Les rideaux ont été conçus pour
prolonger cette expérience du
temps et de l’espace, comme
des flux à l’intérieur d’un
paysage ou d’un corps immense.
Ils résultent de l’architecture,
entretenant une sorte de lien
organique avec elle. Ils peuvent
être envisagés à la fois comme
peau,
membrane,
fluide,
circulation, et servent à la fois de
gardes et de passeurs. L’image
56
directrice qui a prévalu pour leur
conception est celle de l’eau.
Flots d’une cascade pour le
rideau de l’auditorium, murs
d’eau ou fleuve pour le rideau
des expos itions temporaires.
Saint-Gobain
soutient
la
réalisation et la fabrication du
projet artistique
Pour que cette création originale
voie le jour, le soutien d’une
entreprise
mécène
était
indispensable.
Le 5 juillet 2004, Jean-Louis
Beffa, Président du groupe SaintGobain, découvre le chantier de
construction du musée et décide
d’accompagner sa naissance en
soutenant l’un des projets de
création artistique contemporaine
au coeur du projet architectural
de Jean Nouvel : les rideaux de
Naoki Takizawa.
La société Saint-Gobain valorise
notamment,
avec
ce
mécénat,340ans
de
développement industriel qui,
d’un noyau initial français, s’est
étendu à l’Europe puis à d’autres
continents pour proposer des
produits utiles au confort et à la
vie quotidienne de tous.
SCHNEIDER
Electric, 2005
Le projet soutenu
Invitation au voyage dans le
temps et dans l’espace, le projet
de la « Rivière » est situé au
coeur
des
collections
permanentes du musée du quai
Branly.
C’est
un
parcours
muséographique destiné à un
large
public
et
plus
particulièrement aux personnes
handicapées
moteurs.
La
muséographie se veut novatrice :
gravure, tatouage, insertion de
reliefs
et
de
supports
d’information dans le cuir. Le
musée à a fait appel à de
nombreux
spécialistes
(ethnologues,
chercheurs,
architectes,
enseignants,
conservateurs ou historiens) afin
de développer un projet qui soit
tout à la fois scientifiquement
irréprochable et compréhensible
par tous.
Sens de l’engagement du
mécène
Schneider Electric a défini au
sein de l’entreprise un certain
nom bre
de
principes
de
responsabilité.
Dans cet esprit, Schneider
Electric mène de longue date
une démarche en faveur des
handicapés :
• intégration dans son effectif de
plus de 6 % de travailleurs
handicapés,
•
signature
avec
les
organisations syndicales d’un
accord triennal sur l’emploi des
personnes handicapées,
• soutien de salariés champions
sportifs ayant un handicap,
• accords de partenariats de la
Fondation Schneider Electric
avec des associations en faveur
des handicapés
• engagement de nombreux
collabo rateurs qui consacrent du
temps
et
des
ressources
financières auprès de jeunes
handicapés.
Par cet acte fort de mécénat au
musée du quai Branly, Schneider
Electric
réaffirme
son
engagement pour l’intégration
des publics handicapés dans la
société civile et devient Grand
Mécène du musée en 2005.
CAISSE DES
DÉPÔTS,2005
Le projet soutenu
Dans son projet architectural,
Jean Nouvel a voulu donner aux
réserves des collections une
place privilégiée, les rendre
visibles et faire découvrir aux
visiteurs la face caché d’un
musée. Il a donc conçu une
spectaculaire tour de verre, de
23mètres de haut et d’un
périmètre de 51mètres, qui
permet
d’apercevoir
en
transparence
une
réserve
muséographiée dans laquelle
seront
installés
les
9500instruments de musique de
la collection du musée du quai
Branly.
Véritable
colonne
vertébrale du bâtiment, pièce
maîtresse
et
centrale
de
l’architecture, la réserve se
déploie sur 6 niveaux, qui
représentent une surface utile
totale
d’environ
620
m 2.
Devenue
l’une
des
plus
importantes
d’Europe,
la
collection
d’instruments
de
musique du musée du quai
Branly regroupe les collections
qui se trouvaient autrefois au
département d’ethnomusicologie
du musée de l’Homme et au
musée
national
des
Arts
d’Afrique
et
d’Océanie,
auxquelles se sont ajoutées des
pièces récemment acquises par
le musée du quai Branly.
Sens de l’engagement du
mécène
La Caisse des dépôts s’engage
aux côtés du musée en
soutenant la réalisation de la
grande tour de verre, réserve
d’instruments de musique du
musée. Par ce mécénat, elle
confirme son engagement pour
la musique et la culture, et entre
dans le Cercle des Grands
Mécènes du musée.
GAZ DE FRANCE,
2005
Le projet soutenu
Gaz de France a souhaité
rejoindre le cercle des Grands
Mécènes du musée en 2005 en
apportant son soutien aux 18
000 m 2 du jardin du musée du
quai Branly conçu par l’architecte
paysagiste Gilles Clément : « Le
jardin en rupture avec la tradition
occidentale dominée par l’ordre
et la raison symétrique, offre un
espace souple, ondulant, où la
distance ordinairement ; prise
avec la nature se trouve ici
remplacée par une scénographie
d’immersion. »
Sens de l’engagement du
mécène
Gaz de France, préoccupé par la
fragilité de notre environnement,
a décidé de faire de la protection
de la nature un des axes
essentiels de ses actions de
mécénat. Sa Fondation contribue
à la réhabilitation de Grands
Sites naturels, à la sauvegarde
de chemins remarquables, à la
création et à la valorisation de
jardins extraordinaires.
57
Ces engagements rejoignent les
messages véhiculés par Gilles
Clément au travers de ce jardin
exceptionnel, véritable lieu de
dialogue entre le musée et son
environnement végétal, espace
d’ouverture,
d’accueil
de
voyages, de rencontres et de
culture.
IXIS CORPORATE
&
INVESTMENT
BANK
Groupe Caisse
d’Épargne, 2005
Le projet soutenu
Pour la première fois et grâce à
la
création
d’un
portail
documentaire offrant une grande
base de données de 300 000
oeuvres, un musée donne accès
à l’intégralité de ses collections
sur
Internet.
Ce
défi
technologique permet d’étendre
l’accès à la culture et au
patrimoine bien au -delà des
frontières de la France.
Par ailleurs, le mécène attache
son nom à la mezzanine
multimedia sur laquelle sera
présentée, à l’ouverture, trois
programmes qui traiteront de la
musique du monde et de la
diversité
de
l’esthétique
musicale,de l’anthropologie et de
son évolution au cours de son
histoire et enfin des langues
dans le monde pour sensibiliser
le public aux différences et
similitudes qui les caractérisent,
tant au niveau de leurs
composantes que de leurs
usages.
Ces trois programmes sont
produits par les services de
l’enseignement et la recherche
du musée, ainsi que du CNRS.
Sens de l’engagement du
mécène
A l’instar de sa recherche
constante d’innovation, IXIS
Corporate & Investment Bank, la
banque d’investissement du
Groupe Caisse d’Épargne a
choisi de soutenir le défi
technologique représenté par la
création du portail documentaire
du musée. La société attache
également son nom à la
mezzanine multimédia située au
cœur des collections du musée,
espace de diffusion dédié aux
connaissances scientifiques et à
l’action pédagogique.
Avec ces deux projets majeurs,
porteurs d’innovation
et
de
modernisme mais aussi de
partage de savoirs avec le
monde entier, IXIS Corporate &
Investment Bank devient Grand
Mécène du musée en 2005.
FONDATION EDF,
2006
Le projet soutenu
La mise en lumière du musée est
réalisée par l’artiste et plasticien
lumière
Yann
Kersalé.
L’éclairage du musée comporte
la mise en lumière des parties
suivantes : la palissade de verre,
le bâtiment central, les bassins
de la rue de l’Université, les
bassins de la terrasse du
musée,le mur végétal, le théâtre
de verdure, l’ensemble des
cheminements dans le jardin
vers le musée, la voie de
pompiers et l’accès au restaurant
du musée Pour l’essentiel de ces
espaces, le matériel d’éclairage
est intégré à l’architecture.
Sens de l’engagement du
mécène
A travers sa Fondation, créée en
1987,EDF
intervient
pour
développer des actions de
mécénat dans le domaine
culturel, et en particulier la mise
en valeur du patrimoine. EDF a
souhaité apporter son soutien au
musée du quai Branly et associer
son nom à la mise en lumière du
musée. EDF et sa Fondation font
désormais partie du Cercle des
Grands Mécènes du musée et
accompagnent la naissance de
l’Institution.
58
Inauguration du musée
du quai Branly
Mécénats
des
particuliers
En 2005, Martine et Bruno Roger
renouvellent leur engagement
pour le musée (mécénat sur le
projet Australie) en apportant
leur soutien à la réalisation
artistique du plafond du salon de
lecture Jacques Kerchache. Il
s’agit d’un projet de montage
photographique conçu par
l’agence AJN (Ateliers Jean
Nouvel) en hommage à Jacques
Kerchache.
Depuis le 1er janvier 2005, la
réduction d’impôt pour les
particuliers est égale à 66% des
dons versés aux oeuvres et
organismes d’intérêt général, dans
la limite de 20% du revenu
imposable.
Les
partenaires
Inauguration du pavillon
des Sessions, musée du
Louvre
PUBLICIS, 2000-2001
Métrobus, 2000
SCNF, 2000
AOM, 2000
MEDIAVISION
METROBUS,
2005 et 2006
La société Métrobus et, à travers
elle, le groupe Publicis auquel
elle appartient, sont
particulièrement heureux et fiers
de s’associer à nouveau à
l’évenement que constitue la
création du musée du quai
Branly. Chargée de la gestion et
de la commercialisation des
espaces publicitaires liés à
l’activité de la RATP et de
nombreuses autres sociétés de
transport en France et à
l’étranger, Métrobus, par le biais
de son activité de régie
d’affichage, s’est depuis
longtemps assigné la mission de
soutenir l’activité artistique et
culturelle sous toutes ses formes
et d’en révéler l’existence auprès
d’un public, populaire et
nombreux, qui fréquente les
transports en commun. C’est
dans le cadre de cette mission «
citoyenne » que Métrobus
Médiavision , au travers de son
réseau de salles cinéma,
concourent à la promotion d’une
discipline essentielle à
l’affirmation de l’art sur la terre et
encore peu connue du grand
public.
MAISON DE
L’INDOCHINE,
2006
Partenaire de grandes
expositions patrimoniales depuis
plusieurs années, c’est tout
naturellement que la Maison de
l’Indochine a souhaité soutenir
l’exposition « Nous avons mangé
la forêt », Georges Condominas
au Vietnam. La Maison de
l’Indochine, c’est tout le charme
et les regards croisés d’artistes,
chercheurs, journalistes ,
écrivains et des meilleurs
professionnels du tourisme,
animés par une même passion
de la culture des pays de l’Asie
du Sud-Est dans toutes ses
dimensions. Pour qui souhaite
voir et comprendre l’évolution de
ces nouveaux mondes nourris de
civilisation ancienne, il est
possible de sortir des sentiers
battus. Une équipe d’experts
façonne des itinéraires sur
mesure aux antipodes du
tourisme de masse.
JCDECAUX, 2006
Pionner de la communication
extérieure, JCDecaux a bâti son
développement sur l’innovation.
Pour le Groupe, offrir aux
citoyens de nouveaux services et
des produits conçus par les plus
grands designers ne peut se
faire sans prendre en compte la
culture des 46 pays où il est
implanté. C’est pourquoi
JCDecaux est heureux
d’accompagner le musée du quai
Branly, symbole de créativité
architecturale et muséale, dont
chaque chef d’oeuvre constitue
une véritable ouverture sur le
monde.
59
Les collections du musée du quai Branly
s’enrichissent grâce aux dons d’oeuvres
Dès 1997, des collectionneurs français et étrangers enrichissement
les collections du musée grâce à leurs dons.
Ces donations nombreuses se poursuivent très largement
jusqu’à aujourd’hui.
Les particuliers s’engagent depuis 1997
• Monsieur Benoît Aubenas,
• Madame Patricia Aubenas,
• Monsieur Rémy Audouin,
• Axis gallery Inc.,
• Monsieur Jean Paul Barbier-Mueller,
• Madame Monique Barbier-Mueller,
• Madame Jacqueline Bocquet,
• Monsieur et Madame Jaques Blazy,
• Madame de Baillencourt,
• Madame Marie-Claire Bataille-Benguigui,
• Monsieur Georges Benguigui,
• Madame Janine Claude Berge,
• Madame Marie-Thérèse Berger,
• Monsieur et Madame Gérard Boëly,
• Monsieur et Madame Samir Borro,
• Monsieur Jacques Chirac
Président de la République Française,
• Madame Mireille Clausse,
• Madame Catherine Clément,
• Le père Convers,
• Monsieur Pierre Dartevelle,
• Monsieur Sebastian Dass,
• Madame Angelina Dass,
• Madame Catherine Dass,
• Mesdames Aube et Oona Elléouët,
• Monsieur Asher Eskenazy,
• Madame Claudine Foulon,
• Monsieur Léonard Giannada,
• Monsieur Hubert Goldet,
• Monsieur Olivier Goldet,
• Madame Guérin,
• Madame veuve Fernand Haïm,
• Monsieur Georges Halphen,
• Monsieur Udo Horstmann,
• Monsieur et Madame Jean-Charles
Humbert,
• Madame Hélène Joubert,
• Monsieur Guy Joussemet,
• Chef Laukalbi (tribu tanna – Vanuatu),
• Monsieur Jacques Kerchache,
• Madame Anne Kerchache,
• Monsieur et Madame Marcel Korolnik,
• Monsieur Guy Ladrière,
• Monsieur et Madame Jean Mansion,
• Monsieur Daniel Marchesseau
en mémoire d’André Fourquet,
• Monsieur Louis Jean-Pierre Mathieu,
• Monsieur Pierre Messmer de l’Institut,
• Monsieur et Madame Cayetana &
Anthony JP Meyer,
• Le ministre de la Culture (France),
• Monsieur Alain de Monbrison,
• Monsieur Christophe Niemoller,
• Monsieur Douglas Newton,
• Madame Patricia Oyelola,
• Monsieur Arthur Papadimitriou,
• Monsieur Marc Petit,
• Monsieur et Madame Pierre Pinson,
• Radio France,
• Madame Marie-Hélène Reichlen,
• Monsieur et Madame Jeffrey A. Rosen
donateurs américains en l’honneur de
Martine Aublet et de Bruno Roger,
• Madame Rueff-Pigeat,
• Monsieur Alain Schoffel,
• Monsieur et Madame
Guy Stresser Péan,
• Madame Pierrette Tapie,
• Monsieur et Madame Claude Vérité,
• Monsieur de Vertenelle,
• Monsieur Marcel Wislin
Le Groupe AXA offre au musée du quai Branly un chef d’oeuvre du pays dogon
L’Etat français a pu acquérir, dans le cadre des lois de 2002 et du 1 er août 2003 et grâce à l’action de mécénat du
groupe AXA, un chef d’oeuvre de l’art africain. Il s’agit d’une statue en bois du Xe ou XI e siècle, originaire de la région
de Djenné, à l’Ouest du pays dogon (Mali). Cette oeuvre djennenké, offerte au musée du quai Branly, prendra place
dans les espaces d’expositions permanentes lors de l’ouverture du musée, le 23 juin 2006. C’est le premier objet
majeur d’art extraeuropéen à bénéficier des dispositions de la loi d’août 2003 relative au mécénat,aux associations et
aux fondations.
Sens de l’engagement d’AXA
« L’engagement d’AXA comme entreprise citoyenne prolonge naturellement notre métier, qui consiste à protéger les
individus et les entreprises mais également à développer et transmettre leur patrimoine. Le
Groupe a formalisé sa politique de mécénat qui se démultiplie dans chacun des pays, où nous sommes présents tout
en tenant compte des spécificités locales, pour faire découvrir l’art quel qu’il soit à un plus large public. »
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