Journée mondiale du cœur: agir pour prévenir !

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INTERVIEW
DR STEVE HUIJNEN
«A Luxembourg, 33% des décès sont
«Au
liliés à la maladie cardiovasculaire. Elle
reste la première cause de mortalité dans
rest
le monde, même si on remarque que
sur les 15 dernières années, la fréquence
globale de la mortalité cardiovasculaire a
glob
diminué dans les pays riches.»
Prévention primaire
Journée mondiale du cœur:
agir pour prévenir !
La Journée mondiale du cœur est l’occasion pour les professionnels de la santé de rappeler au grand public que les maladies
cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans le
monde. Avec le slogan «Nous vous donnons l’information: prenez le pouvoir !», les organisateurs de cette Journée de sensibilisation qui a eu lieu le 29 septembre dernier à l’Hôpital Kirchberg ont mis l’accent sur la prévention primaire, et notamment
sur les principaux facteurs de risque cardiovasculaire. Rencontre
avec le Dr Steve Huijnen, cardiologue aux Hôpitaux Robert Schuman, qui fut l’un des orateurs de cette conférence ouverte au
grand public.
Céline Buldgen
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Pour lutter contre les maladies cardiovasculaires, l’enjeu majeur pour les
cardiologues est de miser davantage
sur la prévention que le traitement. Le
Dr Huijnen explique: «La cardiologie
arrive plutôt à maturité. Ces dernières
années la cardiologie n’a plus vu de
progrès importants permettant la
réduction de la mortalité cardiovasculaire. Le traitement cardiaque
a déjà atteint des «sommets» et il
est difficile de trouver des nouvelles
molécules ou procédures permettant
d’améliorer encore plus le pronostic
après un événement cardiaque. Par
contre au niveau de la prévention
primaire, notamment de la prévention des risques liés au comportement
(tabac, alimentation, sédentarité, alcool…) de gros progrès sont encore
possibles avec la possibilité de sauver
des vies. Ces facteurs de risque comportementaux restent prédominants
dans la population luxembourgeoise.
Et ceux-ci sont même en croissance
chez les jeunes. En maîtrisant ces facteurs de risque, nous pouvons diminuer d’au moins de 50% la maladie
cardiovasculaire prématurée.»
La prévention primaire reste donc un
élément essentiel dans la lutte des
maladies cardiovasculaires. De même,
si le message donné au grand public
n’est pas novateur, il est important
de le répéter… Le Dr Huijnen en est
convaincu: «Il y a toujours d’énormes
efforts à faire dans le cadre de la
INTERVIEW 21
prévention primaire. Nous arriverons
à réduire l’incidence des maladies
cardiovasculaires de manière spectaculaire et significative si nous adoptons tous une hygiène de vie adaptée.
Nous devons répéter régulièrement
les messages de prévention car notre
société moderne crée elle-même la
sédentarité, les mauvaises habitudes
alimentaires, le stress, la pollution
atmosphérique, la dépression, le burnout…».
Le rôle double
du médecin
CONFÉRENCE GRAND PUBLIC:
UNE DIVERSITÉ D’ORATEURS
s Ouverture de la journée
Dr Jean-Claude Schmit, Directeur de la Santé (Ministère de la Santé)
Dr Jean Beissel, Président Société Luxembourgeoise de Cardiologie
Dr Claude Braun, Directeur médical Hôpitaux Robert Schuman
s Controverses autour de la cigarette électronique
Dr Christian Frantz, Pneumologue, Hôpitaux Robert Schuman
s Comment sauver une vie? L’enseignement des gestes de la réanimation
cardiopulmonaire (RCP) à l’Athénée de Luxembourg depuis 2009
Éischt Hëllef Team Kolléisch, Athénée de Luxembourg
s Allgemeinmaßnahmen bei arterieller Hypertonie
Pr Dr Uwe Göttmann, Néphrologue, Hôpitaux Robert Schuman
Le rôle du médecin est d’évaluer les
risques du patient et de déterminer
sur quels facteurs présents (cholestérol, HTA, tabac…) il pourrait agir afin
d’améliorer la situation. «Certes, le
médecin doit participer à l’information générale de la population mais
nous sommes limités dans notre démarche. Nous n’avons pas une réelle
influence sur les facteurs de risque du
grand public, comparativement aux
médias et aux politiques. Une telle
Journée mondiale du cœur est donc
indispensable pour informer les gens,
et nous devons nous mobiliser activement.», note le Dr Huijnen.
Les femmes également
concernées
Il est toujours bon de rappeler à vos
patientes que les maladies cardiovasculaires les concernent elles aussi !
La maladie cardiovasculaire chez la
femme n’a rien d’anodin. La prévalence des facteurs de risque augmente au sein de la gente féminine:
s Activités physiques et maladies cardio-vasculaires: bouge ton coeur!
Eric Besenius, Sport-Santé, Luxembourg Institute of Health
Michel Thill, Kinésithérapeute, Hôpitaux Robert Schuman
s Facteurs de risque cardio-vasculaires
Dr Steve Huijnen, Cardiologue, Hôpitaux Robert Schuman
s L’infarctus du myocarde: n’attendez pas pour réagir !
Dr Bruno Pereira, Cardiologue, INCCI
s Clôture de la journée
Outre la conférence, des ateliers pédagogiques et des stands d’informations
ont aussi été organisés. Ils ont ciblé:
s La mesure des facteurs de risque.
s Le parcours éducatif.
s La démonstration des gestes de réanimation.
s Le visionnage de vidéos d’information.
la surcharge pondérale et la sédentarité sont assez préoccupantes. Le
tabagisme est en croissance chez la
femme, notamment chez la jeune
femme. Malgré le fait que la femme
soit épargnée avant la ménopause,
elle pourrait développer une maladie
cardiovasculaire au-delà de 65 ans
avec un risque de mortalité accru par
rapport à un homme de même âge.
DR STEVE HUIJNEN
«Ne banalisons pas l’usage de la cigarette électronique, surtout
chez la population jeune. Elle pourrait être le point de départ avant
le passage à un tabagisme avec des cigarettes traditionnelles.
Malheureusement, nous ne disposons toujours pas de données
scientifiques formelles pouvant prouver la dangerosité de la cigarette
électronique au niveau cardiovasculaire.»
Sensibiliser
dès l’enfance
«Nous devons sensibiliser les enfants
dès leur plus jeune âge afin qu’ils
adoptent les bons réflexes pour leur
santé. Si nous n’intervenons pas dans
ce sens, nous serons confrontés dans
le futur à des maladies cardiovasculaires prématurées en raison d’une
«épidémie» de surcharge pondérale
et d’une accumulation des facteurs de
risque chez les jeunes.», s’inquiète le
Dr Huijnen.
Evolution dans
le diagnostic
«Aujourd’hui, nous pouvons diagnostiquer la maladie cardiovasculaire de
Semper Luxembourg - octobre 2016
INTERVIEW
DES CONTACTS
UTILES POUR
VOS PATIENTS
s Société Luxembourgeoise
de Cardiologie
2A, rue Barblé
L-1210 Luxembourg
Tél. (+352) 26 25 50 81
Fax (+352) 26 25 50 18
[email protected]
www.slcardio.lu
s Institut National de
Chirurgie Cardiaque
et de Cardiologie
Interventionnelle
2A, rue Barblé
L-1210 Luxembourg
Tél. (+352) 26 25 5000
[email protected]
www.incci.lu
façon très prématurée, notamment
via l’utilisation des scanners. Nous
sommes désormais capables de dire
quel est l’âge coronaire du patient
et d’affiner davantage nos critères
de risque cardiovasculaire du patient,
comparativement à l’utilisation des
facteurs de risque cardiovasculaires
classiques. Nous pouvons effectivement calculer le score calcique des
artères coronaires, c’est-à-dire estimer précisément de degré d’athérosclérose du patient. La maladie
coronaire identifiée par CT a des implications pronostiques significatives
pour le patient. D’autres technologies (échographie cardiaque, IRM…)
permettent aussi de diagnostiquer
DR STEVE HUIJNEN
«Pour lutter contre les
maladies cardiovasculaires,
l’enjeu majeur pour les
cardiologues est de miser
davantage sur la prévention
que le traitement.»
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prématurément les maladies vasculaires ou cardiaques.», se réjouit le Dr
Huijnen.
Le facteur génétique
Les recherches sur la génétique ne
sont actuellement qu’à un stade précoce. Impossible donc pour le moment de proposer au patient un test
génétique pour dépister des maladies
cardiovasculaires. «Il est certain que la
génétique prendra un jour une place
prépondérante pour établir notre diagnostic. Les familles à risque de maladies cardiovasculaires prématurées
(par exemple un infarctus du myocarde chez l’homme en dessous de
55 ans et chez la femme en dessous
de 65 ans) doivent être dirigées de
manière précoce vers un cardiologue.
De plus, il est primordial de rechercher systématiquement les hypercholestérolémies héréditaires d’origine
génétique chez ces patients», précise
le Dr Huijnen. ■
s Association Nationale des
Diététiciens du Luxembourg
143, rue de Mühlenbach
L-2168 Luxembourg
Tél. (+352) 621.54.60.60
[email protected]
www.andl.lu
s Maison du Diabète
et Association
Luxembourgeoise
du Diabète
143, rue de Mühlenbach
L-2168 Luxembourg-Eich
Tél. (+352) 48.53.61
Heures d’ouverture: lundi, mercredi, vendredi de 9 - 16 heures
(sauf congés scolaires)
www.ald.lu
s Ministère de la Santé
- Direction de la Santé
(programme d’aide au
sevrage tabagique)
Villa Louvigny
1, Allée Marconi
L - 2120 Luxembourg
Tél. (+352) 247 - 8556
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