Nous passons maintenant à Othmane, qu’Allah l’agrée. Quand Omar, qu’Allah l’agrée, fut poignardé,
il désigna un comité composé des restants parmi les dix auxquels le prophète (s) a annoncé le Paradis
pour désigner le calife parmi eux, en l’occurrence : Othmane Ibn Affane, Ali Ibn Abi Talib, Zoubayr Ibn
Alawwam, Talha Ibn Oubaydillah, Saïd Ibn Zayd et Abderrahmane Ibn Awf. Trois étaient déjà morts :
Abou Bakr, Abou Oubayda Ibn Aljarrah, et bientôt Omar, et un était absent : Saad Ibn Abi Waqqas en
jihad en Perse. Les six se sont donc réunis et Abderrahmane, qu’Allah l’agrée, dirigea les séances de
bout en bout. Il dit : « Que ceux qui ne souhaitent pas être califes désignent leurs candidats ! » Trois
désignèrent trois : Zoubayr, Talha et Saïd désignèrent Othmane, Ali et Abderrahmane. Puis
Abderrahmane demanda aux trois non candidats de quitter la maison. Il dit ensuite à Othmane et
Ali : « Je ne veux pas être calife, mais je vais choisir un parmi vous. Je vous donne ma parole de faire
de mon mieux pour l’intérêt de l’islam et des musulmans, et vous me donnez votre parole que
quiconque ne sera pas désigné écoutera et obéira à l’émir ». Tous trois donnèrent leurs paroles et
Abderrahmane, qu’Allah l’agrée, passa trois jours à se concerter avec les mouhajirins, les ansars, les
chefs d’armée, les commerçants etc. puis réunit les musulmans à la mosquée. Il désigna Othmane
comme calife et dit à Ali : « Ne sois pas fâché, je sais que tu le mérites, mais les gens ne sont plus
prêts à subir la rigueur que Omar appliquait », et les gens savaient que Othmane serait plus doux et
préféraient Othmane. Ainsi l’époque a changé et quand les troubles éclatèrent au temps de
Othmane, qu’Allah l’agrée, on lui demanda : « pourquoi au temps d’Abou Bakr et de Omar il n’y avait
pas ceci ? Il dit : parce qu’eux nous gouvernaient et maintenant nous vous gouvernons ». Donc
Othmane n’a pas la carrure d’Abou Bakr et Omar et les gens qu’il dirige ne sont pas comme ceux
d’avant non plus.
Nous avons dans cette procédure plusieurs enseignements. D’abord le principe d’un homme = une
voix, appliqué et accepté dans la procédure dirigée par Abderrahmane. Ensuite la désignation de
l’émir par la choura – consultation – des personnes compétentes. Sauf que les personnes
compétentes étaient celles que le prophète (s) avait désignées comme appartenant au Paradis, de
même que ceux qui ont choisi Abou Bakr, qu’Allah l’agrée, étaient les mouhajirins et ansar dont Allah
avait dit qu’Il était satisfait d’eux, mais quelles sont les personnes compétentes aujourd’hui ? Nous
n’avons d’autre choix que de les choisir nous-mêmes, de les élire, autrement dit d’élire un parlement
qui va décider au nom du peuple. Maintenant il reste à savoir qui est éligible et qui est électeur et
quelles sont les pouvoirs de cette assemblée et autres modalités ; toutes ces questions chaque pays
s’efforce de s’organiser pour le mieux, mais du moment que nous acceptons le principe, les détails
sont de moindre importance. Nous aboutissons ainsi à la démocratie, sachant que ce terme recouvre
plusieurs réalités différentes, puisque le vote des femmes par exemple est récent, certains pays ont
un mode en deux temps : les citoyens désignent les sénateurs qui désignent le président, les
élections législatives peuvent effacer les petits partis, etc.
Ensuite quand Othmane, qu’Allah l’agrée, fut assassiné, les sahabas sont allés voir Ali pour qu’il soit
calife mais il refusa. Puis ils allèrent chez Zoubayr et il refusa. Puis ils allèrent proposer à Talha et il
refusa. Ils revinrent alors à Ali et il accepta pour éviter l’anarchie qui était le pire. On peut parler de
consensus mais il est sûr que c’était dans un grand désordre. Quand Ali, qu’Allah l’agrée, fut tué, ses
adeptes désignèrent Hasan, qu’Allah l’agrée, d’office comme calife et lui prêtèrent serment. C’est
alors que Mouawiya écrivit à Hasan : « Pourquoi nous battre et faire couler le sang des musulmans ?
Laisse-moi la place et tu la récupères après moi », autrement dit : laisse-moi la place ou c’est la
guerre. Hasan, qu’Allah l’agrée, savait que c’était un piège mais a préféré renoncer au califat pour
éviter une nouvelle guerre fratricide car malheureusement Mouawiya disposait de grandes armées :