Conseils techniques Maïs : Effets des sols froids et saturés sur la
germination et l’émergence du maïs
Les conséquences des sols froids et saturés
La germination et l’émergence du maïs
Les sols saturés et le froid ont un effet négatif sur la germination et l’émergence du maïs.
Ces sols peuvent également entrainer d’autres problèmes comme la battance, la compaction, et augmenter les
risques de maladies germinatives.
Il est important de comprendre l’impact de ces mauvaises conditions sur la germination et l’émergence pour mesurer
les effets potentiels sur la culture.
Effet du froid et du gel
Le maïs a besoin d’un sol humide et d’une température supérieure à 10°C pour
germer. En général, il faut 100 degrés jours pour émerger mais cela peut varier de
90 à 150 degrés-jours. Par conséquent, des températures froides et une faible
accumulation des degrés-jours peuvent provoquer des irrégularités d’émergence.
On dit généralement que sur de jeunes plantules, le risque lié aux faibles
températures est bas car le bourgeon terminal reste en dessous de la surface du
sol jusqu’au stade 6 feuilles. Cette règle est vraie au regard de la température de
l’air, mais ne l’est pas toujours au regard de la température du sol. En effet, des
sols humides avec une température inférieure à 10°C peuvent entrainer des
lésions pendant la germination. Lors de la phase d’imbibition, la graine absorbe de l’eau froide qui endommage les
membranes cellulaires. Il peut en résulter l’avortement de radicules, la prolifération de racines séminales et le
retardement de la croissance des plantules. Ces dommages peuvent limiter, voire stopper l’absorption des nutriments
et ralentir le développement du mesocotyle et du coléoptile ainsi que créer des portes d’entrées à des maladies ou
insectes.
Il est important de comprendre que ces symptômes du froid peuvent également être causés par d’autres facteurs et
probablement associés à d’autres stress pendant la germination, tels que la phytotoxicité liée à l’application
d’herbicides, des maladies ou de la battance. Les symptômes typiques sont :
Des graines imbibées mais non germées
Un mesocotyle défor, en tire-bouchon
Des lésions visibles sur le mesocotyle et le coléoptile
Des racines, mesocotyle ou coléoptile fragiles ou absents.
Sols saturés et inondés
Les sols saturés en eau peuvent également avoir un effet négatif sur la
germination et l’émergence. Ils entraînent généralement une réduction de
la croissance par diminution de l’oxygène disponible. Par exemple, un sol
saturé peut inhiber la croissance des racines, l’expansion de la surface
foliaire et la photosynthèse. Les plus jeunes plantes peuvent présenter un
jaunissement des feuilles lié au ralentissement de la photosynthèse et de
la croissance.
Si le sol reste saturé pendant une longue période, l’absence d’oxygène va
limiter plus fortement l’émergence et la germination et pourra entraîner des
nécroses racinaires. Les plantules pourront survivre si le mesocotyle et le
coléoptile ne sont pas lésés.
Parcelles inondées
Un maïs complètement submergé a de très fortes chances de mourir. En revanche, un maïs qui n’est submergé que
partiellement peut, en partie, continuer la photosynthèse. Le risque supplémentaire est le lessivage de l’azote et la
dénitrification des sols qui pourra entrainer des pertes de rendement additionnelles.
Durée de saturation
Plus la zone reste inondée longtemps, plus le risque pour la culture est important. Les experts considèrent qu’une
jeune plantule de maïs peut survivre à environ 4 jours d’inondation si les températures restent relativement fraîches
(moins de 18-20°C environ). Si les températures deviennent supérieures à 20°C, l’intervalle de survie se réduit par
épuisement de l’oxygène du sol au bout de 48h de saturation. Sans oxygène, l’absorption d’eau et de nutriments est
altérée et la croissance des racines est inhibée.
Une période prolongée de sol saturé après que l’eau s’est retirée va globalement impacter la vigueur de la culture.
Des nécroses racinaires vont apparaître et la croissance de nouvelles racines sera retardée jusqu’à ce que le sol soit
ressuyé. Il en résulte que la plante sera plus sensible au stress hydrique pendant la culture en raison d’un système
racinaire réduit.
Croûte de battance
Les sols saturés ou inondés posent le risque de formation d'une croûte de battance compacte après que l'eau se soit
retirée qui augmentera la résistance mécanique à l'émergence des plantules.
Sols compactés
La compaction du sol peut entraîner des pertes de rendement en raison de la réduction de la germination, de la
croissance des plantules et des racines et de l’absorption des nutriments. Des recherches indiquent
qu’approximativement 80% de la compaction d’un sol se produit lors du premier passage dans le champ alors que
les passages suivants, bien qu’ils augmentent la compaction, auront un effet progressivement moindre. Pour prévenir
les risques de compaction, il faut retarder au maximum les interventions jusqu'à ce que les conditions soient
favorables. Tant que la boue colle aux pneus et que les ornières sont supérieures à 2-3 cm, il y a encore trop d’eau
pour rentrer dans la parcelle.
Dépôt de limons
Lorsque l’eau se retire, un dépôt de limon peut rester en surface des feuilles. Il peut générer un stress pour les
plantes en limitant la photosynthèse. Dans cette situation, un retour des pluies peut être bénéfique pour éliminer le
dépôt.
Stade de croissance
Le maïs est plus sensible aux sols saturés et inondé avant le stade 6 feuilles. Cela est dû, d’une part au fait que des
plantules seront plus facilement submergées que des plantes plus développées, d’autre part car l’apex est encore
au-dessous du niveau du sol.
Maladies
De longues périodes de conditions humides favorisent le développement de maladies fongiques causées en
particulier par des champignons type Pythium (responsable de la fonte des semis). Les risques d’apparition ultérieure
de certaines maladies comme le charbon commun ou le charbon des inflorescences peuvent également augmenter
sur ces parcelles.
Quantifier et manager les risques pour la culture
Il faut observer les plantes environ 5 jours après un
épisode de froid ou une inondation de la culture et
examiner l’apex en coupant la plantule dans la longueur.
Si l’apex est mou et de couleur grise ou marron, la plante
a de faibles chances de survivre. Un apex sain doit être
blanc, légèrement jaune.
Des plantes jeunes ne peuvent tolérer que quelques jours
de submersion totale. Des plantes avec un apex en-
dessous de la surface du sol peuvent survire à deux à
quatre jours d’inondation. En revanche, des plantes qui
restent saines avec un retour de bonnes conditions
peuvent récupérer avec un impact minime sur leur
rendement. Une culture inondée en début de cycle entraine
une baisse de rendement de 5 à 32% selon l’azote disponible et la durée de l’inondation. L’évaluation des plantes en
place et leur état sanitaire donne des indications sur la nécessité à ressemer.
La profondeur de semis peut être critique dans les situations de sol extrêmement saturés. Les semences qui seront
semées légèrement plus en surface pourront absorber un peu d’oxygène et survivre. A l’inverse, les graines semées
1-2 cm plus profond ou dans un léger creux peuvent être asphyxiées. Il est recommandé d’ajuster la profondeur de
semis selon les conditions de chaque parcelle. Semer un peu plus profond peut protéger du froid et favoriser le
développement racinaire, tandis que, dans les zones de terres plus humides, un semis plus en surface est
nécessaire pour favoriser la disponibilité en oxygène et donc l’émergence. Dans des sols secs, quelques cm de
profondeur supplémentaires peuvent permettre à la graine de trouver un peu d’humidité et maximiser le
développement racinaire. Ces ajustements d’une parcelle à l’autre sont importants.
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