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Les oiseaux migrateurs
Février 2006
Les oiseaux migrateurs sont de retour de l'Afrique, de l'Espagne ou du Portugal. Certains ne font que passer pour
rejoindre les Pays scandinaves et baltes pour s'y reproduire, en empruntant des couloirs de migrations qui
traversent notre pays. La vague migratoire devrait atteindre son pic, toutes espèces confondues, à la fin du mois
de mars. Le réchauffement climatique perturbe-t-il le cycle de leur migration ? Faut-il considérer les oiseaux
migrateurs comme potentiellement aptes à la diffusion de l’épizootie de grippe aviaire ? Autant de questions qui
se posent actuellement en Haute-Normandie et ailleurs.
L’apparition de certains oiseaux au printemps et leur disparition en automne sont connues depuis longtemps,
donnant parfois lieu à des légendes, comme celle des hirondelles qui s’enfouiraient dans la vase des marais,
simplement parce qu’elles se réunissent le soir dans les roselières pour s’envoler avant l’aube à l’insu des
observateurs. C’est seulement au XIXe siècle que les hypothèses concernant des déplacements saisonniers
entre les aires d’hivernage et de reproduction ont été avancées.
Progression migratoire de quelques oiseaux
Extrait de : L'agenda du jardinier : Les oiseaux, terre vivante, 1990
Hirondelle de fenêtre
Hirondelle de cheminée
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Martinet
Coucou gris
La migration
Qu’est-ce que la migration ?
Aire d’hivernage : région ou pays dans lequel un oiseau migrateur passe l'hiver.
Mue : phénomène entraînant le renouvellement partiel ou total du plumage.
Horloge interne : faculté que possèdent les oiseaux de se repérer dans le temps, de jour comme de nuit, en
l’absence de tout indice.
On appelle migration le mouvement saisonnier de certains oiseaux se déplaçant entre une aire de reproduction et
une aire d'hivernage. Ce voyage, qui se déroule souvent sur des milliers de kilomètres, implique un retour
régulier dans la région de départ : la région de reproduction.
Les migrateurs ont un cycle annuel biologique qui dirige et règle les principales étapes de leur vie, à savoir : la
reproduction, la mue et la migration. Les dates d’arrivée et de départ ne varient guère, pour les migrateurs au
long cours, d’une année à l’autre. Elles sont innées, tout comme la direction de vol et la distance approximative à
parcourir (horloge interne). Parallèlement à ces facteurs internes, des facteurs externes influencent le
comportement des oiseaux migrateurs. La diminution de la durée des jours provoque le développement de
glandes comme l’hypophyse, qui secrète alors des hormones et amplifie l’impulsion migratoire.
Il ne faut pas confondre les migrations proprement dites avec certains autres déplacements d’oiseaux : certaines
espèces bougent en fonction de la nourriture disponible, et leur déplacement est alors plutôt assimilable à une
colonisation. D’autres pratiquent une "migration" post-nuptiale. Les jeunes oiseaux partent à l’aventure, à la
recherche de nouveaux sites, après la reproduction, afin de s’y installer. Il y a également des mouvements
accidentels tels que ces oiseaux nord-américains déportés par de mauvais vents vers les côtes européennes lors
de voyages vers le Brésil, ou ce coucou geai de Méditerranée retrouvé au cap Nord à la suite du dérèglement de
sa boussole interne…
Pourquoi les oiseaux migrent-ils ?
Régime alimentaire : ensemble des aliments entrant dans le menu d’un oiseau.
Sédentaire : désigne une espèce demeurant toute sa vie sur le même lieu et ne migrant pas.
Insectivore : qui mange des insectes.
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Le régime alimentaire des oiseaux migrateurs les rend dépendants des milieux où ils vivent. Ainsi durant la
mauvaise saison ils sont contraints de chercher ailleurs, pour des raisons de survie, la nourriture qui n’est plus
disponible dans leur région de reproduction. Les espèces sédentaires, elles, sont capables de diversifier leur
régime alimentaire.
Les insectivores sont de grands migrateurs (en hiver, il y a peu d’insectes dans nos régions), alors que les
granivores ou omnivores sont sédentaires ou migrateurs sur de petites distances.
Mais alors pourquoi les oiseaux migrateurs ne nichent-ils pas sur leur lieu d’hivernage ?
Leur retour dans les régions tempérées pour se reproduire s'explique par la présence moindre de prédateurs et
une moindre concurrence avec les autres espèces lors de la collecte de la nourriture.
Quand la migration a-t-elle lieu ?
Selon les espèces, la migration n’a pas lieu à la même période du cycle biologique de l’animal. La migration de
printemps est appelée "prénuptiale" car elle a lieu avant la reproduction. Elle débute parfois dès la fin janvier pour
des espèces comme l’oie cendrée ou le vanneau huppé, et peut finir au début du mois de juin, comme chez les
martinet noir ou le roselin cramoisi. La migration d’automne, qui a lieu dès la fin juin et jusqu’à fin novembre, est
dite "postnuptiale" car elle débute après la reproduction.
Tous les oiseaux migrent-ils de la même façon ?
Tous les oiseaux ne migrent pas de la même façon.
Les migrateurs partiels sont les oiseaux dont une partie seulement de l’espèce migre. Le corbeau freux en est un
exemple : il vit un peu partout en Europe, mais seuls les corbeaux freux de Russie migrent en descendant plus au
sud avant l’hiver. Les individus de France et de Grande-Bretagne, eux, ne migrent pas. Ainsi, les grives litornes,
grives mauvis, tarins des aulnes, bécasseaux violets sont chez nous uniquement des hivernants. Les populations
les plus au nord hivernent en France, tandis que les plus méridionales restent sur place.
Les petits migrateurs regroupent les espèces d’oiseaux qui migrent à l’intérieur d’un même continent : toute
l’espèce descend un peu plus au sud. En Europe il s’agit, par exemple, du vanneau huppé, du canard colvert ou
encore de la grive musicienne.
Vanneau huppé et grive musicienne (Photos : J.-F. Noblet)
En ce qui concerne les grands migrateurs, tous les membres de l’espèce partent au loin, seuls ou en groupe,
avant l’hiver. Parmi ces migrateurs au long cours figure la sterne arctique, qui effectue le plus long voyage. Elle
quitte l’Arctique et parcourt 40 000 km pour rejoindre l’Antarctique. En France, on trouve des oiseaux de petite
taille au bien que de grands oiseaux : l’hirondelle rustique, le coucou gris, le martinet et la cigogne blanche sont
les principaux grands migrateurs. Ils partent tous au sud du Sahara, en Afrique. Il y a également plusieurs
fauvettes, le tarier des prés, le rougequeue à front blanc et le gobemouche gris.
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Hirondelle rustique (Photo :
J.-F. Noblet)
Cigogne blanche (Photo : J.
Chaïb)
Indigène : propre à un territoire donné.
Attention aux faux sédentaires : certains oiseaux laissent à croire qu’ils sont sédentaires. Lorsque les populations
indigènes de rougegorges qui descendent vers le sud sont remplacées par des populations venant du nord pour
passer l’hiver chez nous, l’oiseau donne l’impression de rester sur place. On peut assister à de véritables
remplacements de population : les mouettes rieuses, mais aussi les goélands bruns français s’en vont vers la
péninsule ibérique tandis que des mouettes rieuses et des goélands bruns nordiques viennent les remplacer en
hiver sous nos latitudes.
Rougegorge familier (Photo : J.-F. Noblet)
Si certains oiseaux ne migrent pas c’est qu’ils trouvent la nourriture dont ils ont besoins sur place durant la
mauvaise saison en partie grâce aux activités humaines. C’est le cas, notamment, de nos oiseaux des villes
comme les moineaux ou les tourterelles turques.
Sur les 570 espèces d’oiseaux européens, une vingtaine ne niche pas en Europe et ne vient que pour hiverner ou
traverser le continent vers l’Afrique. C’est le cas du bécasseau cocorli, limicole sibérien, qui séjourne sur nos
côtes aux deux passages migratoires lors de son voyage Sibérie-Afrique.
Comment les oiseaux migrent-ils ?
Durant la migration, les oiseaux ne vont pratiquement pas pouvoir se nourrir. Ainsi le voyage est précédé d’une
phase de préparation (constitution de serves de graisse, renouvellement du plumage, rassemblement) pour
affronter dans les meilleures conditions un périlleux trajet qui peut atteindre, selon l’espèce, des milliers de
kilomètres et durer plusieurs semaines. Beaucoup d’oiseaux périssent en cours de route, victimes de la fatigue,
de la faim, des conditions météorologiques, de la prédation, de la chasse, etc.
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Seul ou en groupe
Certains oiseaux, surtout les oiseaux d’eau, restent groupés pendant les migrations et se concentrent dans des
lieux favorables, tandis que d’autres migrent plutôt seuls et de façon dispersée à l’échelle du continent européen.
Itinéraire et étapes
La plupart des oiseaux évitent de voler au-dessus de la mer, et préfèrent longer les côtes. Seul le pluvier doré
d’Alaska survole l’océan Pacifique sur 3 300 km pour rejoindre les îles Hawaï. Les changements de continent se
font souvent au niveau des détroits (Gibraltar, Bosphore). Des voies migratoires se sont constituées, comme de
vraies "autoroutes", et des centaines de milliers d’oiseaux les empruntent chaque année, en automne dans le
sens nord-sud et au printemps en sens inverse. Dans leurs déplacements, ils peuvent suivre la route de l’Ouest,
qui passe par Gibraltar ou celle de l’Est par le détroit du Bosphore. Pour une même espèce, certaines populations
vont vers l’ouest tandis que d’autres partent vers l’est. On connaît même des cigognes qui changent de route
d’une année sur l’autre !
Isthme : bande de terre étroite, située entre deux mers et réunissant deux terres.
Limicoles : terme regroupant l’ensemble des petits échassiers qui recherchent leur nourriture dans la vase ou la
boue.
Les étapes nécessaires pour le repos et l’alimentation sont choisies en fonction de la qualité du milieu, de la
nourriture disponible et de la tranquillité. Certains lieux de passage comme détroits, isthmes et cols sont réputés
: les observateurs voient passer chaque année des millions d’oiseaux et les ornithologues procèdent à des
comptages.
Les oiseaux d’eau et les limicoles font étape dans les zones humides, et notamment dans les estuaires. Ceux-ci
jouent un rôle primordial en hébergeant des effectifs importants de migrateurs.
La modification d’un milieu entraîne souvent la disparition de la présence des oiseaux migrateurs, ceux-ci ayant
des habitudes et des exigences particulières pour leur habitat. Inversement, des aménagements de terrain
appropriés favorisent le stationnement des oiseaux et attirent de nouveaux occupants.
L’estuaire de la Seine est classé d’importance européenne eu égard aux espèces hébergées et à leurs effectifs
(spatules blanches, courlis, tadornes, avocettes, etc.). Ainsi on a dénombré, à certains moments, jusqu’à 10 000
huîtriers-pies en stationnement sur les vasières.
Le jour ou la nuit
Granivores : qui se nourrit de graines.
Ils peuvent migrer le jour (la majorité des granivores, les hirondelles…) ou de nuit (la plupart des insectivores).
Comment s’orientent-ils et se retrouvent-ils ?
Au cours de leur trajet, certains oiseaux s'orientent avec le soleil, plus exactement ils sont sensibles aux
ultraviolets émis par le soleil (visibles même à travers les nuages). Les oiseaux peuvent aussi s'orienter grâce
aux étoiles et au champ magnétique terrestre. Ceux qui ont perdu leur chemin sont capables de se réorienter. La
méthode qu'ils utilisent pour retrouver leur route reste le grand mystère de la migration.
Les oiseaux migrateurs peuvent utiliser des repères visuels terrestres comme des chaînes de montagne, des
fleuves, etc.
L’étude des migrateurs
Il est très difficile de suivre un oiseau en migration : les techniques les plus récentes utilisent des balises radio
miniaturisées, fixées aux plumes des oiseaux. La technique la plus courante est le baguage qui consiste à
capturer l’oiseau, à lui poser une bague sur la patte et à le relâcher. Souvent, on n’en reçoit aucune nouvelle
mais, parfois, on apprend que quelqu’un l’a recapturé (ou plus souvent l’a trouvé mort) à une plus ou moins
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