J'AI LU
Jean d'Ormesson
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit.
Robert Laffont, 264 p., 21 €.
« Une douce symphonie du bonheur »
Oui, oui, "Oui, je sais, j'écris toujours la même chose" écrit notre auteur, oui, il est question de
bains de mer, de littérature, d'un grand-père légendaire, du château de son enfance, de femmes
mystérieuses et belles, d'îles grecques et d'horizons lointains, de l'origine du monde et de Dieu,
du temps et de ses mystères. Mais il y a, dans ce nouveau et très beau livre de Jean d'Ormesson,
bien plus que le charme léger de la répétition.
Un écrivain, un vrai, livre après livre, Jean d'Ormesson raconte notre histoire du big bang à la
perspective de sa propre disparition. Qu’est-ce qui a le plus compté, dans l'histoire de l'homme,
qui n'est qu'une petite étape dans l'histoire du monde, et il vous répondra: l'amour. Il ajoutera la
beauté et la joie, qui sont en nous, et sur lesquelles il écrit des pages superbes. Une incitation
magnifique au rêve, à l'amour et à l'admiration. Une fois encore, le temps, sa matérialisation et
sa brièveté sont au centre du projet littéraire de l'auteur.
Jean d'Ormesson est l'un des derniers à pratiquer l'enthousiasme et à entretenir ainsi
l'espérance, qui est, nous dit-il, "sœur du chagrin". Entre nostalgie et impatience, il est une
place qu'il faut apprendre à habiter : le présent. Etre là, au présent, entièrement dédié à l'instant
avant que ce dernier ne disparaisse et ne nous entraîne dans sa chute. Se souvenir des belles
choses, ne pas désespérer face à la mort. Rêver. Savoir que, oui, nous nous en irons un jour
sans avoir tout dit de ce monde que nous avons tant aimé… Bref, rien de neuf, Reste ce brio
inouï pour parler de tout et de soi avec lucidité et légèreté.
Lisez ce livre de Jean d'Ormesson comme si c'était le premier, comme si c'était le dernier…
Mireille Cornud
Michel Barlow,
Le bonheur d’être protestant.
Editions Olivetan.
Le titre est accrocheur et flatte mon petit ego de protestante.
Michel Barlow n’est pas n’importe qui : docteur en philosophie, ès lettres, en sciences de
l’éducation et j’en passe …
Baignant depuis toujours dans la religion chrétienne, catholique en l’occurrence, il est, et aussi
depuis toujours, en opposition viscérale avec l’autorité en général et avec l’autorité devenue
autoritarisme de son Eglise en particulier. C’est à soixante-dix ans qu’il explose et quitte cette
Eglise où il étouffait. A soixante-dix ans ! C’est dire s’il a pris le temps de la réflexion, de la
recherche, de l’étude, de la prière avant de devenir protestant ou, mieux, d’admettre qu’il l’était
déjà.
Et son enthousiasme pour la liberté de pensée, pour la relation directe avec Dieu sans la
médiation d’institutions ou de prêtres, pour la gratuité du salut et pour tout ce qui fait la
spécificité du protestantisme, éclate dans ce livre avec une force jubilatoire.
Pour peu que le lecteur se soit un peu endormi dans sa foi, ce livre le réveille en sursaut.
Anne Weben