HISTOIRE ET MEMOIRE - Prospectives Marine

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n°11 – Eté - automne 2015
HISTOIRE ET MEMOIRE
LE 1ER BATAILLON DE TIRAILLEURS SOMALIS
L’entrée de la France en guerre en 1914, très vite bousculée par la rapidité de
l’avance allemande entrainant de lourdes pertes dans les lignes françaises, la
perspective d’une guerre longue et « totale » provoquent l’engagement massif de
l’Armée d’Afrique : dès septembre 1914, quelques 25000 tirailleurs algériens sont
engagés sur les frontières du Nord-Est.
Près de 280 000 soldats indigènes issus d’Algérie, de Tunisie et du Maroc viennent
combattre sur les fronts de France, du Moyen Orient, en Syrie, aux Dardanelles
contre les Turcs. D’autres Maghrébins concourent à l’effort de guerre dans l’industrie
et l’agriculture. Mais c’est tout l’Empire qui est sollicité : Indochinois, soldats
des « vieilles colonies » (Guadeloupe, Guyane, Réunion, Martinique) ressortissants
de nos possessions du Pacifique, de Nouvelle Calédonie, les Tirailleurs Sénégalais terme générique qui désigne un soldat noir de l’Armée d’Afrique et pas
exclusivement natif du Sénégal. Tous connaitront le prix du sang et paieront un lourd
tribut.
Cet effort de recrutement, plus ou moins forcé, est étendu aux « petites colonies »
de l’océan Indien, formées de territoires situés sur la côte des Somalis et dans
l’archipel des Comores, entre Madagascar et les côtes de l’Afrique de l’Est. Ces
soldats indigènes sont composés d’arabes du Yémen, de Comoriens, de Somalis.
Un statut en évolution
La présence française sur la Corne de l’Afrique s’inscrit dans une stratégie militaire et
commerciale destinée à contrer la puissance économique britannique. La lutte
d’influence économico-politique entre ces deux empires maritimes est âpre. La
France, solidement installée dès 1841 à Nossi-Bé depuis la conquête de cette ile
côtière de Madagascar, y a installé un port militaire et commercial. La même année,
le sultan de l’île cède à la France sa souveraineté sur l’île de Mayotte qui devient, de
fait, une colonie, statut confirmé deux ans plus tard par le gouvernement du roi
Louis-Philippe.
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Mais c’est principalement après le découpage et le partage de l’Afrique entre les
puissances européennes, lors de la conférence de Berlin en 1885, que la France
déploie son influence dans l’archipel des Comores. En 1886, la Grande Comore,
Anjouan et Mohéli deviennent des protectorats, placés sous l’autorité du gouverneur
de Mayotte qui conserve, elle, son statut de colonie. La loi du 25 juillet 1912
confirme l’unité des quatre îles en officialisant la colonisation des Comores. A la
veille de la 1ère Guerre mondiale, un décret de février 1914 rattache les quatre îles à
Madagascar, les transformant en « dépendances » : les Comores perdent du même
coup leur autonomie administrative, ce qui aura des conséquences inattendues dans
la méconnaissance, voire l’ignorance de l’histoire des Tirailleurs comoriens.
Il faut attendre 1946, date de la réintégration des Comores dans l’Union française
avec le statut de Territoire d’Outre-Mer pour que l’archipel commence à renouer
avec sa mémoire. En effet, les soldats d’origine comorienne n’ont pas été engagés
dans des unités propres mais ont été versés soit dans le 12ème Bataillon de Tirailleurs
Malgaches, soit dans le 1er Bataillon de Tirailleurs Somalis. C’est ainsi que l’histoire
singulière, les destins individuels de ces hommes se brouillent, s’estompent et
disparaissent dans l’histoire englobante de ces glorieux bataillons.
La constitution du Bataillon de Tirailleurs Somalis
Ce bataillon est constitué en deux temps et avec deux composantes :
- un premier bataillon, le 6ème Bataillon de Marche Somali est formé le 11 mai 1916 à
Majunga à Madagascar à partir d’éléments recrutés sur la Côte française des Somalis,
aux Comores et sur la Corne de l’Afrique, appartenant aux 7ème et 8ème compagnies
du Bataillon Sénégalais de Madagascar. Placée sous le commandement du chef de
bataillon Fortin, l’unité embarque pour la France le 12 mai pour Fréjus où elle
cantonne.
- Le 18 mai, les 5ème et 6ème compagnies du Bataillon Sénégalais de Madagascar,
basées à Diégo-Suarez, sont intégrées à leur tour dans le 6ème Bataillon de Marche
Somalis pour y former la 1ère et 2ème compagnies et rejoignent aussi Fréjus.
Le 10 juin 1916, ce bataillon prend le nom de 1er Bataillon de Tirailleurs Somalis
sous le commandement du capitaine Depuy. Il compte 8 officiers, 36 sous-officiers,
13 caporaux et soldats européens et 1194 sergents, caporaux et tirailleurs indigènes.
Après une période d’instruction, ces soldats rejoignent le front sur la Meuse près de
Verdun en juillet 1916. D’abord constitué en bataillon d’étapes, c’est à dire en
soutien des troupes de première ligne, leur principale occupation consiste à
entretenir les routes, les voies de chemin de fer, à ravitailler le front, à évacuer les
blessés. Les tirailleurs apprécient peu ces tâches : ils veulent combattre.
Cette revendication portée dans de nombreux rapports transmis par les chefs de
corps aboutit en octobre 1916 à la constitution d’une unité de marche rattachée au
Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc, le prestigieux RICM. L’affectation de
soldats coloniaux dans une unité combattante a surpris, compte tenu de leur relatif
sous-entraînement au combat et de la difficulté d’adaptation au climat. Cette
conception dite de « deuxième ligne de défense » était celle du colonel Mangin dans
l’emploi de la Force noire. Les soldats coloniaux auront à cœur de démontrer leurs
qualités au combat. Ces obstacles sont levés lors de l’hivernage entre novembre
1916 et le printemps 1917 à Saint-Raphaël, lieu de leur cantonnement où le
bataillon va s’entrainer de façon intensive et percevoir du matériel et des armes
appropriées aux combats de première ligne.
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Le 21 novembre, l’arrivée d’un nouveau chef de corps, le chef de bataillon Bouet,
marque un moment important dans cette mutation. Ce chef aura des liens très forts
avec ses hommes et rendra plus tard un très bel hommage à ses chers compagnons
d’arme du Bataillon Somali dans son ouvrage « Historique du bataillon de tirailleurs
somalis pendant la guerre », paru en 1931. Il fait remonter leurs demandes,
rappelant que les Somalis ont été recrutés comme tirailleurs en vue d’opérations de
guerre, pas comme cantonniers.
De bataillon d’étapes à une unité combattante
Du 22 au 24 octobre 1916, désormais constitué en bataillon de renfort du RICM, le
1er BTS participe à l’assaut et à la reprise du fort de Douaumont. Les deux
compagnies engagées se distinguent « par le nettoyage rapide d’abris occupés par
les réserves allemandes. Cette action d’éclat a un fort retentissement. L’assaut des
lignes s’est fait au coupe-coupe ». Clémenceau, croisant des tirailleurs noirs de
retour du fort reconquis, leur dit toute son admiration : ils revenaient avec des fusils
cassés, des vêtements en loque… magnifiques ! Et quand ils m’ont vu, ils se sont mis
à jouer la Marseillaise en tapant sur des morceaux de bois, des pierres. Je leur ai
parlé. Je leur ai dit qu’ils étaient en train de se libérer eux-mêmes en venant se
battre avec nous, que nous devenions frères, fils de la même civilisation … Des mots
qui étaient tout petits à côté d’eux, de leur courage, de leur noblesse . Pour cette
action, le drapeau du RICM reçoit la Légion d’honneur et sa 3ème citation à l’ordre de
l’armée. Les Tirailleurs Somalis pour leur part reçoivent la Croix de guerre avec
palme.
En mai 1917, c’est sur le front de la Somme et de l’Oise que le BTS va s’illustrer.
Lors de l’attaque du Chemin des Dames, il obtient sa première citation. Il participe
ensuite à la bataille de l’Aisne et remporte au sein du RICM la bataille de la
Malmaison le 23 octobre 1917. Le BTS est cité à l’ordre de l’armée. En mai-juin 1918,
c’est la bataille du Mont de Choisy et une deuxième citation, ce qui autorise le BTS
au port de la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre. De nombreux officiers,
sous-officiers et soldats seront récompensés à titre individuel pour leur engagement,
totalisant 1160 citations (Cdt Bouet, op.cit).
D’autres combats, d’autres engagements se présenteront pour ce bataillon dont les
hommes sont venus de si loin combattre aux côtés de leurs camarades français et
qui désormais sont unis par le prix du sang. Le chef de bataillon Bouet détaille dans
son ouvrage les différents combats.
Bien que peu nombreux sur le théâtre des opérations, ces soldats ont acquis une
réputation de combattants efficaces. Nous l’avons vu : originaires des « petites
colonies » de l’océan Indien, leur recrutement géographique, tout comme leurs
pratiques au quotidien sont hétérogènes, diverses. Seule la religion musulmane les
relie.
Dans son ouvrage, le commandant Bouet dénombre 1700 hommes dont 1400
Somalis, 200 arabes du Yémen, 75 Comoriens, 25 Abyssins et Sénégalais. Au final,
cette diversité sera favorable au bataillon somali qui s’est révélé troupe de choc
d’excellente valeur, qui a donné grande satisfaction.
Une fois la guerre terminée, le retour ne s’est pas fait sans problèmes, liés bien sûr
aux blessures, aux maladies mais également à l’expérience du front et à la
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découverte de la « vie à la française ». Ainsi, un journal de la Grande Comore écrit
en 1919 à propos de soldats revenus à Moroni que la désinvolture sans gêne,
l’injure à la bouche, l’éloignement des coutumes musulmanes, … tout cela a produit
chez les sages qui réfléchissent une triste opinion de la civilisation occidentale…
Le 1er BTS n’en avait pas fini avec l’Histoire
La Deuxième Guerre mondiale lui donne à nouveau l’occasion de s’illustrer.
La Côte française des Somalis rallie la France libre en décembre 1942. Elle fournit à
nouveau une unité de tirailleurs somalis qui revendique l’héritage du 1er BTS de la
Grande Guerre pour participer aux combats pour la libération de la France.
Après maintes péripéties et retards, le bataillon est reconstitué et équipé en Afrique
du Nord dès 1943. Intégré avec deux autres bataillons au Régiment de marche
d’Afrique équatoriale et somali, il rejoint le Détachement d’armée de l’Atlantique
commandé par le général de Larminat et est finalement dirigé vers les poches de
l’Atlantique pour y déloger les dernières mais ô combien redoutables forces
allemandes.
Le 2 avril 1945, sur la place de la Concorde à Paris, le général de Gaulle remet les
drapeaux aux régiments de l’armée française, en particulier le drapeau du 57ème
régiment d’infanterie coloniale au régiment de marche de l’Afrique équatoriale
française et somali. Quelques jours plus tard, le bataillon somali s’illustre avec le
Régiment de marche dans des combats exceptionnellement durs : a mené pendant 7
jours dans la pointe de Grave du 14 au 20 avril, un combat exceptionnellement dur
contre un ennemi enragé à se défendre, allant jusqu'à se faire sauter sur place plutôt
que de se rendre, très fortement armé et appuyé sur des ouvrages cuirassés à toute
épreuve, couvert par un terrain d’inondation dont les passes étroites étaient
littéralement bourrées de mines. A tué 947 Allemands, pris 100 ouvrages bétonnés et
90 pièces de canon, fait 3 300 prisonniers. Fait d’armes qui mérite de prendre rang
dans les annales de cette guerre (citation à l'ordre de la division attribuée au
Régiment de marche d’Afrique équatoriale française et somalie après les combats
pour la libération de la Pointe de Grave). Le BTS libère Soulac et le Verdon.
Le 22 avril 1945, lors d’une prise d’armes rassemblant l’ensemble des forces ayant
participé à la libération des poches du Médoc, le général de Gaulle accroche une
palme au fanion du bataillon, à côté de celle gagnée à Verdun en 1916 avec le RICM.
La Croix de guerre 1939-1945 décernée au BMS est accompagnée de la
mention : Bataillon qui, sous le commandement calme et énergique du chef de
bataillon Bentzmann a, par sa valeur, sa bravoure et son opiniâtreté, réussi le 15
avril 1945, le franchissement de vive force, sous le feu violent et ajusté de l’ennemi,
de la ligne d’eau du Gua, large de plus de 400 mètres. Par son habile manœuvre a
fait tomber les éléments de défense ennemis du Pont du Gua. Dans la journée du 18
avril a bousculé l’ennemi sur les fortes positions d’un fossé antichars et, d’un seul
élan, a enlevé le village du Vieux Soulac, ainsi que l’ensemble très fortement
bétonné et vigoureusement défendu des ouvrages constituant le poste de
commandement de la forteresse ennemie de la Pointe de Grave. Au cours de ces
deux journées de combat, a fait 300 prisonniers.
La reddition des armées allemandes les privent d’autres glorieux combats.
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Le 14 juillet 1945 , le bataillon défile dans les rues de Bordeaux qui acclament les
libérateurs de la Pointe de Grave avant de rentrer à Djibouti, après une guerre
courte mais intense.
Aujourd’hui, le 5ème RIAOM, stationné à Djibouti, est le gardien des traditions du
Bataillon de Tirailleurs Somalis.
DE L’HISTOIRE A LA MEMOIRE
La transmission de la mémoire combattante est au cœur de nos débats mémoriels.
Les premières commémorations du Centenaire de la Grande Guerre et celles du
70ème anniversaire de la Libération ont suscité des intérêts renouvelés pour ces
grands moments de notre histoire. A juste titre puisque la connaissance, la recherche
y trouvent leur compte.
Mais la mémoire ne peut s’écrire que sur la véracité historique.
C’est pourquoi, Le 21 septembre 2013 en l’Hôtel national des Invalides à Paris a été
créée l’Amicale pour la Mémoire des Tirailleurs Comoriens (AMTC), composante
importante du Bataillon de Tirailleurs Somalis, avec pour objectifs de :
- contribuer à la connaissance de l’histoire des tirailleurs comoriens ;
- commémorer la mémoire de ces soldats qui ont combattu et sont morts pour la
France durant les deux guerres mondiales ;
- leur donner la place qui leur est due dans la mémoire collective nationale.
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La création d’un chemin de mémoire rassemble ces différents objectifs dans une
perspective de long terme, donc de continuité, associant étroitement les
commémorations sur les lieux même des combats à une recherche historique
largement ouverte à la pluridisciplinarité.
Par le passé, des hommages leur ont été rendus.
Le 9 juillet 1961 était inauguré à Cuts, dans l’Oise, le monument dédié aux
combattants somalis morts pour la France.
Le général de Larminat, commandant du BTS en 1944, puis président de l’Association
des Français libres, rappelle que si ce monument est modeste, il est hautement
significatif. Le passant … aura l’œil attiré par l’ancre de marine … Il lira que par deux
fois des hommes différents de nous par la race et la religion sont venus de
l’extrémité de la Mer Rouge, des sables semi-désertiques pour donner leur sang en
défendant un idéal de civilisation humain et libéral. Ici est inscrit un titre de noblesse
qui honore grandement les Somalis et aussi la France qui fut digne d’inspirer de tels
dévouements. Que ce monument soit le témoin d’un attachement réciproque et
durable entre nos deux peuples.
Plus récemment, le 30 novembre 2011, lors d’une cérémonie officielle à Moroni,
l’ambassadeur de France auprès de l’Union des Comores a remis au directeur de
cabinet chargé de la Défense, les copies des deux fanions des bataillons malgache
et somali au sein desquels ont combattu les Comoriens. Ils ont tous deux insisté sur
l’importance de la perpétuation du souvenir et de la mémoire pour les générations à
venir.
Cet acte symbolique constitue à la fois la transmission par la France d’un patrimoine
mémoriel aux Comoriens et l’expression de la volonté de poursuivre des relations
constructives dans un futur apaisé.
L’AMTC perpétue cet esprit de reconnaissance :
Le 19 juillet 2014, lors de la commémoration des combats du Mont de Choisy à Cuts
du 30 mai au 2 juin 1918 et de ceux du 20 août 1918 à Ourscamp dans l’Oise, une
plaque portant les noms des cinq soldats comoriens tués lors de ces combats ainsi
qu’une stèle portant les vingt et un noms de soldats comoriens morts au champ
d’honneur, ont été dévoilées. Des enfants ont appelé les noms de ces hommes morts
pour la France. Ces soldats, qui n’étaient pas des inconnus, ne sont plus aujourd’hui
des anonymes. La France ne les a jamais oubliés.
Cette cérémonie, placée sous le haut patronage du Secrétaire d’Etat auprès du
Ministre de la Défense chargé des anciens combattants et de la mémoire et en
présence du directeur de cabinet du Président de la République comorienne chargé
de la Défense, a rassemblé de nombreux habitants des communes concernées et
près de trois cents Comoriens unis dans un même souvenir.
Le 18 avril 2015, c’est à Soulac et au Verdon en Gironde que s’est poursuivi ce
chemin de mémoire pour y commémorer la libération de la Pointe de Grave en avril
1945. Une nouvelle fois, le bataillon somali s’y était illustré aux côtés du régiment de
marche d’Afrique équatoriale française.
En 2016, ce chemin se prolongera jusque dans la Somme et à Verdun.
Parallèlement, des travaux historiques se développent et se diversifient.
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A côté des thèses en histoire, se profilent de nouvelles approches, de nouveaux
thèmes empruntés à l’ethnologie. C’est ainsi que le professeur Damir Ben Ali,
historien et antropologue somalien a recueilli des transcriptions de narrations orales
de la Grande Guerre dans l’île de la Grande Comore. Une lecture en a été faite lors
d’un colloque au Sénat en novembre 2013 consacré aux Mémoires oubliées.
Aux Comores, en relation avec l’Université de Moroni, des enquêtes sont lancées
auprès des familles pour recueillir des lettres, objets, photos, témoignages en
relation avec les soldats engagés dans les bataillons.
En septembre 2014, un DVD sur les cérémonies de Cuts et d’Ourscamp a été réalisé
grâce au soutien de l’ambassade de France aux Comores. Ce DVD est le premier
document d’un fonds d’archives audiovisuelles.
Parce qu’un chemin de mémoire est aussi le lieu de rencontre et de compagnonnage
entre les générations, un ravivage de la flamme autour de la tombe du Soldat
Inconnu rassemblera chaque année les membres de l’AMTC et ceux qui voudront s’y
associer, notamment des établissements scolaires parisiens et de la petite couronne.
En s’engageant sur ce chemin de mémoire, les Comoriens de France comme ceux de
l’archipel, les jeunes Comoriens en particulier, vont s’approprier cette mémoire
combattante ; ils vont y puiser des éléments constitutifs de leur citoyenneté et
s’inscrire dans la continuité de leur histoire qui est une histoire partagée avec la
France au nom des valeurs de la République.
CC(R) Edith Rozier-Robin
Professeur certifié d’histoire et géographie
Rappel de mémoire
Quelques dates de l’histoire de la marine… et des marins
2 septembre 1933 – Mort de Georges Leygues, ministre de la Marine pendant neuf
ans entre 1917 et 1933. Au cours de ses ministères, fut lancé la construction de plus
de 120 bâtiments dont les premiers porte-avions Béarn, Joffre et Painlevé. Le
croiseur Châteaurenault en chantier au moment de sa mort sera renommé Georges
Leygues dès 1933.
3 septembre 1939 – Au jour de la déclaration de guerre à l’Allemagne, la Marine
nationale compte 175 navires de combat pour un tonnage de 554 400 tonnes : 7
cuirassés, un porte-avions, 19 croiseurs, 32 contre-torpilleurs, 26 torpilleurs
d’escadre, 12 torpilleurs légers, 77 sous-marins et 117 petits bâtiments de combat et
navires auxiliaires. A cette même date, 64 bâtiments de combat et 86 bâtiments
divers sont en construction ou autorisés pour un total de 360 000 tonnes.
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4 septembre 1987 – Pendant la guerre entre l’Iran et l’Irak, les Iraniens
conduisent des actions contre le trafic maritime dans le golfe Arabo-Persique et en
particulier des opérations de minage en mer d’Oman dans les zones d’attente des
pétroliers. Une force de guerre des mines composée du bâtiment de soutien Loire et
des chasseurs de mines Vinh Long, Cantho et Garigliano appareille de Djibouti pour
le détroit d’Ormuz.
16 septembre 1936 - Pris dans une violente tempête au large de Reykjavik en
Islande, le capitaine de vaisseau de réserve Jean-Baptiste Charcot disparaît avec le
Pourquoi Pas ? commandé par l’officier des équipages Le Conniat. Célèbre dans le
monde entier pour ses nombreuses expéditions polaires et ces ouvrages, surnommé
par les Britanniques le gentleman des pôles, le docteur Charcot a été pendant la
Grande Guerre le concepteur des bateaux-pièges pendant la guerre anti-sous-marine
et a commandé l’un d’eux. Il était par ailleurs président du Yacht Club de France
depuis 1913.
9 octobre 1959 – Mort du vice-amiral Georges Durand-Viel. Brillant ingénieur et
marin, chef d’état-major général de la Marine en 1931, il joua un rôle actif dans la
construction de la flotte et la mise au point notamment des cuirassés type
Dunkerque et Richelieu. Membre de l’Académie des sciences et de l’Académie de
marine, il fut de 1937 à 1945 président du Yacht Club de France.
11 octobre 1942 – Le capitaine de corvette Henri Daillière est tué au large de
Freetown à bord d’un avion de reconnaissance. En 1940, il avait effectué de
nombreuses missions audacieuses de bombardement de Berlin, Rostock, Venise,
Livourne ; en particulier, il lâcha ses bombes sur les usines Siemens dans la banlieue
de Berlin dans la nuit de 7 au 8 juin 1940.
24 octobre 1790 – Adoption par décret de Louis XVI du pavillon tricolore dans la
Marine de guerre.
Membre du réseau « Confrérie Notre-Dame », le quartier-maître radio Bernard
Anquetil transmet des renseignements sur la flotte allemande dans le port de Brest.
Arrêté par les Allemands, il est fusillé, sans doute au Mont Valérien. Il est fait
compagnon de la Libération à titre posthume en 1942.
11 novembre 1918 – Signature de l’armistice. La Marine a perdu au combat quatre
cuirassés d’escadre, cinq croiseurs cuirassés, treize torpilleurs et contre torpilleurs,
dix sous-marins, sept croiseurs auxiliaires. Onze mille huit cents officiers, officiers
mariniers et marins ont sacrifiés leurs vies.
14 novembre 1929 – A l’occasion de la pose de la première pierre de l’Ecole
navale sur le plateau des Quatre-Pompes à Brest, le ministre de la Marine Georges
Leygues souligne dans son discours : l’utilisation légitime de la mer, la force sur mer
sont pour les nations un des éléments essentiels de la véritable grandeur. Les
périodes de prospérité économique et de puissance politique coïncident, dans tous
les pays, avec les époques de prospérité maritime. Etre puissance mondiale, c’est
être puissance maritime.
19 décembre 1962 – Mort du vice-amiral d’escadre Jean Abrial qui contribua
activement à la défense de Dunkerque en juin 1940 et permit ainsi l’évacuation de
trois cent quarante mille combattants britanniques et français vers la GrandeBretagne. Resté à son poste jusqu’au dernier moment, il est fait prisonnier par les
Allemands.
24 décembre 1941 – Le vice-amiral Emile Muselier, commandant les FNFL,
débarque à Saint-Pierre et Miquelon à la tête d’une petite force navale comprenant le
croiseur sous-marin Surcouf et obtient le ralliement de l’île à la France libre.
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1er janvier 1857 – Création à Lorient d’une école et d’un bataillon d’apprentis
fusiliers destinés à former les fusiliers marins.
Le 16 septembre 1914, le contre-amiral Pierre Alexis Ronarc’h, commandant la
brigade de fusiliers marins forte de 6 500 marins et 170 officiers dont le PC est établi
à Dixmude reçoit l’ordre de tenir le passage de Dixmude « tant qu’il restera un
fusilier marin vivant quoiqu’il puisse arriver à votre droite ou à votre gauche ». La
brigade tiendra jusqu’au 10 novembre et arrêtera la progression allemande au prix
de la perte de la moitié de ses effectifs.
Un mois plus tard, le 17 décembre, la brigade engage un nouveau combat au nord
d’Ypres. Elle subira à nouveau des pertes considérables mais arrêtera à nouveau la
progression allemande en tenant sa position jusqu’au 29 décembre.
La Marine ayant besoin de son personnel pour armer des navires et renforcer ses
capacités face à la menace sous-marine allemande, le brigade de fusiliers marins du
contre-amiral Ronarc’h est réduite en novembre 1915 à un simple bataillon. 13 500
officiers et marins ont servi dans la brigade ; 6 600 hommes ont été tués pendant les
combats de Dixmude et d’Ypres.
Le 13 septembre 1918, une compagnie de fusiliers marins commandée par le
lieutenant de vaisseau Pierre Marrast prend d’assaut le moulin de Laffaux près de
Soisson où des Allemands sont retranchés. Elle s’en empare au cours d’un combat.
sanglant ; Le LV Marrast, cinq autres officiers, quinze officiers mariniers et cent vingt
et un quartiers-maîtres et matelots tombent au champ d’honneur.
La première compagnie de fusiliers marins commandos est créée le 12 novembre
1942 ; elle prend le nom de 1er bataillon de fusiliers marins commandos dès 1943
et débarquera le 6 juin 1944 sur les plages de Ouistreham sous le commandement
du lieutenant de vaisseau Philippe Kieffer.
Le 7 septembre 1944, le régiment blindé des fusiliers marins (RBFM) intégré à la
2ème DB du général Leclerc quitte Paris pour combattre jusqu’à la prise de
Strasbourg.
La plupart de ces dates sont extraites de l’ouvrage Histoires de Marine de Amaury du Chéné.
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Liens et publications
Centre d'Etudes Stratégiques de la Marine (CESM) publications, études et séminaires:
Brèves Marines - A la Hune: Veille Maritime - Etudes Marines Etudes Thématiques du CESM - Bulletins d'Etudes de la Marine
http://cesm.marine.defense.gouv.fr
Cols Bleus, Le Magazine de la Marine Nationale
http://www.defense.gouv.fr/marine
Marine et Océans
http://www.marine-oceans.com
Mer et Marine, Toute l'actualité maritime
http://www.meretmarine.com
Le Cluster Maritime Français - site et publications
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l’environnement littoral et la filière nautique, l’activité de la
société est entièrement dédiée à l’économie de la mer.
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