« L’homme est le remède de l’homme ».
Ce proverbe wolof nous invite, tout à la fois, à la lucidité et à l’espérance, car si
« les guerres prennent naissance dans l’esprit des hommes », c’est aussi dans
l’esprit des hommes que naissent les promesses de paix.
Et le prix Houphouët Boigny pour la recherche de la paix, du nom du grand sage de
l’Afrique qui a incarné au plus haut point cet idéal, est là pour nous le rappeler,
année après année. Aussi, suis-je très heureux, en qualité de Parrain du prix, de
pouvoir rendre hommage, une nouvelle fois, dans cette enceinte de l’Unesco,
Madame la Directrice générale, au lauréat honoré par les membres du jury et son
président, Mario Soares, avec l’appui du Secrétaire exécutif Alioune Traoré.
Je suis, par ailleurs, particulièrement fier, Monsieur le Président de la République
française, de pouvoir me joindre, aujourd’hui, à tous les chefs d’Etat et de
gouvernement, au Protecteur du prix et à toutes les hautes personnalités qui ont
tenu à venir vous témoigner leur reconnaissance et leur amitié.
« Le courage, disait Jean Jaurès, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel.»
Comprendre le réel, c’est comprendre que nous sommes tous des Maliens lorsque le
Mali est attaqué.
C’est comprendre que désormais les effets des crises, des conflits, du sous-
développement chronique ne peuvent plus être circonscrits aux seuls pays ou aux
seules régions qu’ils frappent, et que nous sommes tous concernés par les défis à
relever et les réponses à apporter.
C’est comprendre qu’en dépit de la crise économique, du chômage, des déficits
budgétaires auxquels ils sont confrontés, les pays développés et en paix, doivent
plus que jamais exercer leur devoir de solidarité.
C’est comprendre que l’alerte précoce et la prévention des crises et des conflits
doivent être sans cesse recherchées, mais qu’elles ne sauraient, en cas de carence
ou d’insuccès, dispenser d’une réaction rapide parce qu’il n’est pas de seuil de
tolérance envisageable lorsque la dignité, la survie, la vie de milliers de victimes
innocentes est en jeu.
C’est comprendre que rapidité peut rimer avec légalité, pour peu qu’on en ait la
volonté politique, et que réaction doit rimer avec consolidation afin que
s’enracinent, dans le temps, la réconciliation et les conditions d’épanouissement
de la sécurité, des institutions de l’Etat de droit, du développement.
Le courage, c’est effectivement comprendre ces réalités pour en tirer toutes les
conséquences, mais c’est aussi aller à l’idéal, et refuser, aujourd’hui, avec