UROLOGIE PÉDIATRIQUE Progrès en Urologie (2000), 10, 1245-1254
1245
La lithotritie extra-corporelle chez l’enfant
Olivier TRAXER (1-2), Henri LOTTMANN(1), Gilbert VAN KOTE (3)
(1) Service d’Urologie de l’Enfant et de l’Adolescent, Fondation Hôpital Saint-Joseph, Paris, France
(2) Service d’Urologie, Hôpital Tenon, Paris, France,
(3) Service de Chirurgie Pédiatrique Viscérale et Urologique, Hôpital Robert Ballanger, Aulnay-sous-Bois, France
Les recherches fondamentales entreprises en Russie à
partir de 1955, puis en Allemagne en 1974, ont rendu
possible la maîtrise de la propagation des ondes de
choc à travers le corps humain [18, 54]. C’est en 1980
à Munich, sous l’égide de Christian CHAUSSY que la
lithotritie extra-corporelle (LEC) a trouvé ses pre-
mières applications cliniques [7]. Le succès de la tech-
nique a été d’emblée général et a radicalement modifié
la prise en charge thérapeutique des calculs urinaires.
Au cours des 15 dernières années, la nature des ondes
de choc s’est diversifiée et les lithotripteurs de deuxiè-
me et troisième génération sont apparus sur le marché
[54]. Beaucoup moins invasive que la chirurgie à ciel
ouvert, la LEC enregistre un taux de succès régulière-
ment excellent, variant selon les séries de 60 à 90% [2,
11, 17, 25, 47-50, 71]. Son taux de complications faible
et sa relative innocuité en ont fait le traitement de réfé-
rence des calculs de l’adulte.
Chez l’enfant, son utilisation et son développement se
sont accompagnés d’une certaine prudence et pour cer-
tains de quelques réticences. Les premiers cas de LEC
chez l’enfant datent de 1986 [61]. Depuis, de nom-
breuses séries ont été publiées et l’étude multicentrique
de MYERS (1995) est actuellement la plus importante
avec 446 cas [48]. Plus récemment, le Groupe d’Etudes
en Urologie Pédiatrique (GEUP) a rapporté les résul-
tats d’une étude multicentrique française colligeant 122
cas de LEC chez l’enfant [71].
Alors que la LEC représente désormais le traitement de
choix des calculs de l’enfant [1, 35, 37, 46, 61, 67], il
persiste des incertitudes quant au nombre d’impacts à
ne pas dépasser, à l’intervalle à respecter entre deux
séances et sur les effets à long terme des ondes de choc
sur un parenchyme rénal en pleine croissance [35, 38,
39]. Ces incertitudes sont d’autant plus légitimes que
les séances sont multiples et que les enfants traités sont
jeunes (moins de 2 ans).
L’effet des ondes de choc peut être assimilé à un trau-
matisme fermé du rein, à l’origine de lésions du paren-
chyme rénal sous la forme d’hématomes sous-capsu-
laires, intra et péri-rénaux. Ces lésions sont bien docu-
mentées chez l’adulte par les examens radiologiques,
anatomo-pathologiques, biochimiques et histologiques
[8, 10, 15, 55, 59]. Certains auteurs rendent ces lésions
parenchymateuses responsables d’hypertension arté-
rielle secondaire, bien que le lien de cause à effet n’ait
jamais été clairement établi [30, 33, 40]. La survenue et
le retentissement de telles lésions chez l’enfant sont
mal évalués et mal documentés.
Le but de ce travail a été de faire le point sur la LEC
Manuscrit reçu : août 2000, accepté : octobre 2000.
Adresse pour correspondance : Dr.O.Traxer, Service d’Urologie, Hôpital Tenon,
4, rue de la Chine, 75020 Paris.
RESUME
La lithotritie extra-corporelle (LEC) représente le traitement de référence des calculs
du rein et de l’uretère chez l’adulte. Chez l’enfant, son utilisation et son développe-
ment se sont accompagnés d’une certaine prudence et de quelques réticences. Depuis
1986, de nombreuses séries pédiatriques ont été publiées confirmant son efficacité et
son caractère peu invasif. La modification de la nature des ondes de choc et la com-
mercialisation d’appareils de deuxième puis de troisième génération ont simplifié la
prise en charge des calculs de l’enfant. Il persiste cependant des incertitudes quant
au nombre d’impacts à ne pas dépasser, à l’intervalle à respecter entre deux séances
et sur les effets à long terme des ondes de choc sur un parenchyme rénal en pleine
croissance.
Le but de ce travail a été de faire le point sur la LEC chez l’enfant à partir de l’ana-
lyse de la littérature, du rapport du GEUP et de notre activité.
Mots clés : Lithotritie, lithiase urinaire, rein, enfant, scintigraphie rénale.
1246
chez l’enfant à partir de l’analyse de la littérature, du
rapport du GEUP et de notre activité dans le service
d’Urologie de l’Enfant et de l’Adolescent de la
Fondation Hôpital Saint-Joseph.
EPIDEMIOLOGIE
Les calculs urinaires sont fréquents dans les pays
industrialisés et affectent 1 à 5% des adultes avec une
incidence annuelle de 0,1 à 0,3%. En France, près de 2
millions de personnes sont concernées, dont 100 000
souffrent chaque année de coliques néphrétiques. Chez
l’enfant, ils sont beaucoup plus rares et on estime qu’ils
sont 50 à 100 fois moins fréquents [3, 13, 31, 32]. Aux
USA, la prévalence des hospitalisations des enfants
pour calcul urinaire varie selon les états de 1 pour 1000
à 1 pour 7600 mais est actuellement en augmentation
[12, 36, 62]. Au Royaume-Uni, l’incidence chez l’en-
fant est estimée à 2 par million alors qu’elle est de 2
pour 1000 chez l’adulte [13, 31].
De façon générale, 66% des calculs de l’enfant au
moment du diagnostic sont de siège rénal, 33% sont de
siège urétéral, sans prédisposition de côté [12, 36, 62].
Les calculs vésicaux sont rares en Europe et en
Amérique du Nord, mais restent fréquents en cas
d’agrandissement vésical dans 13 à 50% des cas [20].
C’est essentiellement en Asie du Sud-Est et au Moyen-
Orient que les calculs vésicaux, présents à l’état endé-
mique, constituent un problème de santé publique [62].
Dans les pays industrialisés, les calculs urinaires affec-
tent les enfants de tout âge. Sur les 122 cas de LEC rap-
portés par le GEUP, 40 concernaient des enfants de 3
mois à 2 ans [71]. La prédominance masculine existe
pour les enfants de moins de 2 ans avec un sexe- ratio
de 5/1 mais s’atténue au-delà de cet âge pour s’abaisser
à 1.5/1 [12]. Le GEUP a rapporté un sexe-ratio de 1,9/1
[71]. Enfin, aux Etats-Unis les calculs sont moins fré-
quents chez les enfants noirs ou d’origine hispanique
[12, 36, 62].
Les calculs phosphatiques sont fréquents chez les
enfants de moins de 2 ans alors que les calculs oxalo-
calciques sont plus fréquents après l’âge de 2 ans [13].
La cystinurie est responsable de 10% des calculs uri-
naires de l’enfant entre 10 et 15 ans [13, 31].
On estime que 50% des calculs sont expulsés sponta-
nément chez l’enfant [36, 62].
Dans 10 à 40% des cas, les calculs sont associés à une
anomalie anatomique obstructive, la plus fréquente
étant le syndrome de jonction pyélo-urétérale [13, 14,
36, 62]. Ces anomalies participent à la génèse des cal-
culs en favorisant la stase et l’infection des urines. On
estime cependant que moins de 5% des uropathies se
compliquent de lithiase. Le GEUP a retrouvé 15 ano-
malies anatomiques (12%), le reflux vésico-urétéral a
été l’anomalie anatomique la plus souvent rapportée
[71].
Les facteurs de risque métaboliques ou environnemen-
taux sont rapportés dans la littérature chez 63 à 86%
des enfants. Ils sont certainement sous-estimés, parti-
culièrement en Europe où les explorations métabo-
liques sont moins réalisées qu’en Amérique du Nord
[39, 62]. C’est l’hypercalciurie qui est l’anomalie
métabolique la plus fréquemment rapportée [39]. Les
facteurs de risque ne sont mentionnés que dans 12%
des cas par le GEUP [71].
Les calculs en rapport avec une infection urinaire
représentent 13 à 15% des calculs de l’enfant de moins
de 2 ans aux Etats-unis et 50 à 70% en Europe [13, 36,
62].
Le rôle du prépuce comme facteur favorisant de l’in-
fection urinaire chez le garçon pourrait expliquer en
partie ces différences statistiques.
SIGNES CLINIQUES ASSOCIES
AUX CALCULS
Les signes cliniques révélant les calculs varient en
fonction de l’âge des enfants. Les situations d’urgence
sont identiques à celles rencontrées chez l’adulte, qu’il
s’agisse de la pyélonéphrite obstructive, de la colique
néphrétique hyperalgique ou de l’anurie sur calcul.
Leur prise en charge ne diffère pas de celle de l’adulte
dans ses indications, ses principes et ses buts.
- La douleur est habituellement abdominale ou pel-
vienne et est présente dans près de 50% des cas. Elle
est fréquente chez l’adolescent, plus rare chez le jeune
enfant. Elle est souvent intense mais difficile à locali-
ser, moins précise que chez l’adulte et peut en imposer
pour une urgence chirurgicale digestive. La colique
néphrétique typique est rare chez le jeune enfant et
s’observe essentiellement à partir de 15 ans [62]. Le
GEUP rapporte dans près d’un tiers des cas l’associa-
tion calcul-douleur abdominale [71].
- L’infection urinaire ou la pyurie associée à des accès
fébriles est plus fréquente chez les jeunes enfants que
chez les adolescents. Si l’association “calcul-infection
urinaire” est fréquemment rapportée, les auteurs ne
précisent pas toujours s’il s’agit de calculs générés par
l’infection urinaire (struvite) ou si l’infection est sim-
plement favorisée et entretenue par le calcul. Chez
l’enfant de moins de 2 ans, particulièrement le garçon,
l’infection urinaire est à l’origine de calculs de struvite
et de carbapatite qui généralement ne récidivent pas
une fois l’infection éradiquée et le calcul extrait. Les
fillettes sont plus exposées que les garçons à partir de 5
ans [13]. L’infection urinaire a été le signe clinique le
O. Traxer et coll., Progrès en Urologie (2000), 10, 1245-1254
plus souvent rapporté par le GEUP qu’elle soit aiguë
(41 pyélonéphrites) ou chronique (13 cas) [71].
- L’hématurie micro- ou macroscopique est rapportée
par les auteurs dans 33 à 90% des cas [12, 36, 62]. Le
GEUP l’a rappore chez 39 enfants (32%) [71].
Parfois l’hématurie ne révèle qu’une anomalie biochi-
mique isolée des urines (hypercalciurie, hyperoxalurie
ou hyperuricosurie) alors qu’aucun calcul n’est mis en
évidence. Mais 20% des enfants présentant une héma-
turie associée à une hypercalciurie développent un cal-
cul urinaire dans les 5 ans [56, 62].
- Enfin, la découverte fortuite d’un calcul sur un ASP
ou une échographie abdominale n’est pas rare et a
concerné 9 % des observations du GEUP [71].
La radiographie de l’abdomen sans préparation et
l’échographie réno-vésicale permettent le plus souvent
de faire le diagnostic. En cas de doute, l’urographie
intra-veineuse reste, comme pour l’adulte, l’examen de
référence.
LITHOTRITEURS ET LEC: GENERALITES
Les progrès technologiques des 15 dernières années ont
permis la fabrication de nouveaux lithotriteurs de
deuxième puis de troisième génération [54]. La dispari-
tion de la cuve d’immersion présente sur le premier
lithotriteur de la firme allemande Dornier (HM3) ou le
Sonolith 3000, la modification de la nature des ondes
de choc et le double repérage écho-radiographique ont
été les principaux progrès de ces nouveaux appareils.
Actuellement, il existe plus de 30 lithotriteurs diffé-
rents dont la majorité utilise les ondes de choc électro-
hydrauliques. Les ondes de choc produites par les dif-
férents générateurs sont des ondes de pression de forte
puissance de type acoustique et générées sur un temps
très court. Au contact des corps d’impédence acous-
tique élevée (calculs), elles libèrent leur énergie qui par
phénomène de cavitation fragmentent les calculs [18].
La fragmentation des calculs n’a pas été améliorée par
le changement de la nature des ondes de choc, qu’elles
soient électro-hydrauliques (Sonolith 2000 et 3000,
Nova Direx, Dornier HM3), électro-conductives
(Sonolith 4000, Sonolith Praktis), pzo-électriques
(Edap LT01 et LT02, Wolf Piézolith 2300 et 2500,
Diasonics Therasonic) [63] ou plus récemment électro-
magnétiques (Lithostar Modularis et Mutiline Siemens,
Compact Delta Dornier, Storz Modulith SLX 20) [69].
- Les ondes électro-hydrauliques (EH) sont produites
par une décharge électrique puissante et brève entre les
2 pôles d’une électrode. L’intensité des ondes de choc
est de 10 à 20 kilovolts pour l’enfant et on recomman-
de de ne pas dépasser 2 à 3000 impacts par séance
(moyenne 1200). Les appareils de troisième génération,
utilisant les ondes EH, bénéficient d’une électrode
axiale qui augmente la surface du point d’entrée cuta-
né des ondes de choc et réduit la tache focale. La dou-
leur cutanée et l’atteinte du parenchyme rénal sont
ainsi limitées.
- Les ondes électro-conductives dérivent du principe
des EH et possèdent une meilleure régularité en puis-
sance et en convergence.
- Les ondes piézo-électriques sont produites par l’exci-
tation de céramiques sous l’effet d’impulsions élec-
triques et convergent sur une tache focale réduite. La
fréquence de tir est souvent peu élevée et on recom-
mande de ne pas dépasser 3000 impacts par séance.
Les ondes électro-magnétiques sont générées par un
champ magnétique produit par une décharge électrique
brutale. Une lentille acoustique fait converger ces
ondes au point focal. Le nombre d’impacts par séance
varie de 3 à 4000 et la puissance de 13 à 17,5 kV [18].
- Le repérage peut s’effectuer par les rayons X ou les
ultrasons. Pour les modèles de troisième génération, le
double repérage est disponible mais l’utilisation simul-
tanée est rare. Le repérage échographique des calculs
du rein et de l’uretère pelvien doit être privilégié chez
l’enfant pour éviter une irradiation inutile. Il permet de
suivre en continu la fragmentation du calcul, mais la
qualité de la fragmentation est mieux appréciée par les
rayons X [18, 54]. Enfin, en cas de fragments de petite
taille ou peu radio-opaques, la réalisation d’une UIV
pendant la séance (2 cas pour le GEUP) ou la mise en
place préalable d’un cathéter urétéral pour opacifica-
tion per-opératoire, peut aider à visualiser le calcul et
positionner au mieux l’enfant. En cas de manoeuvre
endoscopique rétrograde (flush ou opacification), il
faut veiller à ne pas insuffler d’air dans la voie excré-
trice qui peut gêner la localisation du calcul et diminuer
le taux de succès de la LEC [12].
- Le bilan urologique à réaliser avant une séance de
LEC ne diffère pas de celui de l’adulte. Il comporte un
examen cyto-bactériologique des urines qui vérifie la
stérilité des urines, un dosage de la créatinine sanguine,
une étude de l’hémostase (temps de prothrombine,
temps de céphaline activée, fibrinogène sanguin et
numération plaquettaire). Une urographie intra-veineu-
se vérifie la perméabilité des voies excrétrices et
recherche une anomalie anatomique associée. Un
abdomen sans préparation la veille ou le jour de la
séance complète ce bilan pré-LEC. Certains auteurs y
associent une échographie réno-vésicale et une scinti-
graphie rénale [9, 42, 68].
- Le déroulement de la LEC chez l’enfant n’est pas dif-
férent de chez l’adulte. Certaines adaptations sont
cependant nécessaires en raison de la taille et du poids
réduits des enfants [23, 35, 37, 50]. Les appareils de
2ème et 3ème générations ont facilité la réalisation de
la LEC chez l’enfant en simplifiant leur positionne-
1247
O. Traxer et coll., Progrès en Urologie (2000), 10, 1245-1254
ment sur le lithotriteur, principalement en raison de
l’absence de cuve d’immersion [54]. La protection des
champs pulmonaires doit être systématique et une anes-
thésie générale est le plus souvent requise chez les
enfants les plus jeunes [6, 35, 41]. Les appareils les
plus récents et l’utilisation de la “méthode Puigvert”
permettent souvent d’éviter l’anesthésie générale pour
les enfants plus âgés [24, 27, 41, 48, 52, 63, 70].
- La mise en place d’une prothèse endo-urétérale avant
la séance de LEC est rarement indiquée chez l’enfant et
la majorité des auteurs ne la recommande pas [22, 23,
46, 50]. On sait en effet que la voie excrétrice des
enfants est nettement plus compliante que celle de
l’adulte et permet le passage de fragments proportion-
nellement plus volumineux [37, 42, 46, 56]. Nous ne
recommandons pas la mise en place préalable d’une
prothèse endo-urérale, particulièrement chez les
enfants les plus jeunes, mais prévenons les parents du
risque d’empierrement urétéral et d’une éventuelle
dérivation des urines [42, 44].
- De façon générale, on respecte un maximum de 3000
impacts par séance délivrés sur 30 à 45 minutes et un
intervalle de 15 jours à 1 mois en cas de nouvelle séan-
ce. Ce délai peut être abaissé à 2-3 jours en cas de cal-
cul urétéral [31].
- L’examen des fragments lithiasiques doit être systé-
matique. Il est réalisé au mieux par spectroscopie molé-
culaire et en particulier par spectrophotométrie infra-
rouge. L’étude de la cristallurie est précieuse en l’ab-
sence de calcul analysable. L’analyse chimique des cal-
culs ne doit plus être réalisée [31, 32, 34].
- Enfin, à distance de la LEC il faut réaliser un bilan
métabolique qui sera au mieux mené en collaboration
avec les services d’urologie et de néphrologie pédia-
triques. La mise en évidence d’anomalies métaboliques
permet, comme pour l’adulte, l’institution de mesures
préventives (diététiques et médicamenteuses) qui repré-
sentent la meilleure arme contre la récidive lithiasique.
- L’évaluation des résultats se fait classiquement sur
l’ASP mais certains auteurs y associent une échogra-
phie rénale (75% des cas pour le GEUP). L’urographie
intra-veineuse est moins fréquemment réalisée (moins
de 10 % des cas pour le GEUP). La place du scanner
spiralé sans injection en coupes fines (5 mm) pour
l’évaluation des fragments résiduels n’est actuellement
pas évaluée chez l’enfant mais les premières études
chez l’adulte ont prouvé son intérêt [53]. C’est la dis-
parition complète du calcul qui caractérise le succès de
la LEC (“stone free” ou «sans fragments»). Les frag-
ments résiduels de petite taille (moins de 5 mm) ne peu-
vent pas être considérés comme insignifiants, particu-
lièrement en cas de calcul phospho-amoniaco-magné-
sien (origine infectieuse). En effet, le taux de récidive
des calculs est directement lié à la présence de frag-
ments résiduels [64].
INDICATIONS
La majorité des calculs de l’enfant peut être traitée par
LEC.
- Le calcul unique du rein, pyélique ou caliciel de 10 à
15 mm de diamètre représente une indication de choix
pour la LEC. La compliance de la voie excrétrice supé-
rieure de l’enfant permet la progression et l’élimination
de fragments volumineux [42, 56].
- En cas de calcul caliciel inférieur ou d’anomalie ana-
tomique associée (syndrome de jonction pyélo-urétéra-
le, diverticule caliciel, méga-uretère), certains auteurs
préfèrent l’abord percutané du rein (“mini percutanée”)
ou la chirurgie ouverte [5, 21, 29].
- La LEC a également été utilisée pour le traitement des
calculs coralliformes. Plusieurs séances de LEC sont le
plus souvent cessaires, particulièrement chez le
grand enfant [24, 42, 51]. Cependant, la LEC en mono-
thérapie semble particulièrement adaptée pour le traite-
ment des calculs coralliformes de l’enfant de moins de
3 ans [24, 42, 43,51].
- Les calculs uniques de l’uretère, essentiellement en
situation pelvienne, sont également une bonne indica-
tion pour la LEC et les résultats sont proches de ceux
obtenus chez l’adulte [4, 12, 19].
- Les calculs de vessie, de taille modérée, peuvent aussi
être traités par LEC (2 cas pour le GEUP).
CONTRE-INDICATIONS DE LA LEC
- Les troubles de la coagulation, l’insuffisance rénale
oligurique, la présence d’une anomalie anatomique
obstructive ou d’une infection urinaire non traitée
constituent des contre-indications classiques et non
spécifiques de l’enfant.
- En cas d’infection urinaire pré-existante, son traite-
ment est indispensable et la LEC ne sera réalisée
qu’après vérification de la stérilité des urines. En cas de
pyélonéphrite aiguë, la LEC sera différée d’au moins
trois semaines. Les résultats dun ECBU, réalisé
quelques jours avant la LEC, sont indispensables et
font partie du bilan systématique.
- Comme pour l’adulte, la composition des calculs
influence les résultats de la LEC et peut en limiter son
utilisation. Les calculs de cystine, difficiles à fragmen-
ter ne constituent généralement pas une bonne indica-
tion, de même que les volumineux calculs d’oxalate de
calcium monohydraté [12, 22, 28, 37, 50].
- Le nombre de calculs est également un élément qui
peut faire réfuter la LEC [12, 28].
- L’adaptation des appareils de lithotritie à la petite
taille des enfants, la présence d’une équipe anesthé-
1248
O. Traxer et coll., Progrès en Urologie (2000), 10, 1245-1254
sique pédiatrique et la prise en charge des complica-
tions de la LEC par un urologue pédiatre sont des élé-
ments essentiels [73]. Leur absence contre-indique la
séance de LEC.
- En cas de pathologie neurologique ou orthopédique
avec anomalies de posture, l’installation correcte de
l’enfant peut s’avérer difficile, voire impossible et
contre-indiquer ainsi la séance. Ces problèmes d’ins-
tallation existent essentiellement avec les appareils de
première génération. L’utilisation de l’appareil Dornier
HM3 a imposé l’utilisation d’un siège adapté à la taille
de l’enfant, une diminution du niveau de la cuve pour
maintenir la tête de l’enfant hors de l’eau, une réduc-
tion des champs d’irradiation et une diminution du
temps d’exposition [12]. Le GEUP n’a rapporté que 5
cas de LEC sur Dornier HM3 [71].
- Enfin, le recours à l’anesthésie générale avec intuba-
tion endo-trachéale permet chez les plus jeunes enfants
de contrôler la douleur, l’angoisse et les mouvements
durant la séance. MYERS a rapporté un taux d’anesthé-
sie de 100% pour les enfants de 8 mois à 2 ans, 91%
pour les 3-6 ans, 78% pour les 7-10 ans, 46% pour les
11-15 ans et 5,2% pour les 15-18 ans [48]. La LEC
peut donc être contre-indiquée si l’anesthésie générale
n’est pas envisageable. Pour certains auteurs, la métho-
de “Puigvert”, basée sur l’augmentation progressive de
la puissance des ondes de choc, permet de ne pas envi-
sager d’anesthésie générale, mais au besoin une simple
sédation intra-veineuse [24, 27, 48, 51].
LE RAPPORT DU GEUP
Le Groupe d’Etudes en Urologie Pédiatrique (GEUP)
a récemment rapporté les résultats d’une étude multi-
centrique française colligeant les cas de LEC chez
l’enfant. Cette étude a permis de recueillir l’expérien-
ce des différents centres en analysant d’une part les
caractéristiques des calculs et d’autre part le mode,
l’efficacité et les effets secondaires de la LEC.
Treize centres ont participé à cette étude et 122 obser-
vations ont été rapportées.
Il s’agissait de 80 garçons et 42 filles dont l’âge était
compris entre 3 mois et 17 ans. Quarante enfants
avaient moins de 2 ans.
Plus de 200 calculs ont été traités dont 11 calculs coral-
liformes, 22 calculs urétéraux et 2 calculs vésicaux
( Tableau 1). Cinq lithotripteurs ont é utilisés
(Sonolith 2000 et 3000, Nova Direx, Edap LT02,
Dornier HM3) et 184 séances ont été réalisées dont
75% sous anesthésie générale. Une sonde urétérale a
été mise en place en pré-opératoire dans 19 cas et deux
empierrements urétéraux ont nécessité la pose d’une
sonde en post-LEC. Le nombre de séances par patient
a été de 1.5 (extrêmes de 1 à 4). Le nombre d’impacts
a varié de 400 à 3000 avec une moyenne de 1500 à
2000 par séance. Les LEC ont toutes été effectuées par
un urologue, assisté pour certains par un radiologue.
La durée de séjour a été brève (2 à 3 jours) et dans 15
cas la LEC a été réalisée en ambulatoire. Le répérage
des calculs a été échographique dans 66% des cas et
mixte dans 6 %. Le taux de succès global (“stone free”)
a été de 70% (84 cas), le taux d’échec total a été de
10% (Tableau 2). Aucune complication majeure n’a été
notée. Une évaluation scintigraphique prospective sys-
tématique des conséquences parenchymateuses de la
LEC na é réalisée que dans un seul centre
(Fondation Hôpital Saint-Joseph, Paris) et concernait
20% des enfants de la série. Aucune altération de la
fonction rénale n’a été rapportée sur les examens scin-
tigraphiques.
Bien que non-exhaustive du fait de la dispersion géo-
graphique et de la fréquence peu élevée en France des
cas de lithiases urinaires chez l’enfant, cette enquête
multicentrique constitue une des plus importantes
ries pédiatriques et correspond à un nombre relatif
1249
Tableau 1. Distribution des calculs traités selon leur siège
(enquête multicentrique du Groupe d’Etudes en Urologie
Pédiatrique).
Calculs rénaux 136
- Coralliformes 11
- Caliciels 70
- Unique 32
Supérieur 6
Moyen 6
Inférieur 20
- Double 16
- Triple 2
- Pyélo-caliciels 18
- Unique ou double 14
- Triple 4
- Pyéliques 37
Calculs urétéraux et vésicaux 24
- Lombaire 7
- Pelvien 15
- Vessie 22
Tableau 2. Succès thérapeutiques : patients sans fragment
(enquête multicentrique du Groupe d’Etudes en Urologie
Pédiatrique).
Calculs rénaux 69
- Coralliformes 6 (2, 2, 2, 1, 4, 3 LEC)
- Caliciels simples 22
- Caliciels multiples 5
- Pyélo-caliciels 13
- Pyéliques 23
- Unique 22 (4 flushs urétéraux)
- Double 1
Calculs urétéraux 17
- Lombaire 2
- Pelvien 15
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