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10 degrés et + 30 degrés.L’axe de repérage à 30 degrés
est celui de l’onde de choc, il permet de voir si une
structure vasculaire calcifiée est sur le trajet de l’onde.
Il permet aussi de contrôler en cours de traitement la
bonne position du calcul et de le recentrer si nécessai-
re. La présence d’un anévrisme artériel ou d’une artère
calcifiée à proximité du centre de visée dans cet axe est
pour nous une contre-indication au traitement à cause
du risque potentiel de traumatisme vasculaire. Chez ce
patient, il n’y avait ni sur le cliché simple de l’abdomen
ni sur l’incidence de visée à 30 degrés de calcification
artérielle iliaque visible.
Nous avons retrouvé dans la littérature 2 cas de throm-
bose veineuse et 1 cas de thrombose artérielle comme
complication de la lithotritie extracorporelle [1, 3, 5].
Dans une de ces observations qui portait sur une throm-
bose portale après lithotritie d’un calcul biliaire, le
patient présentait une dysfonction des mécanismes de
la fibrinolyse pouvant être à l’origine de la complica-
tion [1]. Par contre, dans les deux autres cas, il n’y
avait aucun facteur prédisposant et le mécanisme invo-
qué était le traumatisme de l’onde de choc sur la paroi
vasculaire.Expérimentalement, il a été décrit la forma-
tion de petits thrombus dans la veine rénale après litho-
tritie chez le chien [2].Il est démontré que la lithotritie
a un effet traumatique vasculaire tant chez l’animal que
chez l’homme au point focal et sur le trajet de l’onde de
choc [4].La création de bulles de cavitation qui est une
observation commune dans le système porte au cours
de séances de lithotritie de calculs biliaires est avancée
comme cause possible d’un cas de thrombose porte [6].
Il n’a jamais été décrit à notre connaissance de compli-
cation telle une rupture d’anévrisme aortique ou la
migration de plaque d’athérome à la suite de lithotritie
extracorporelle.
Néanmoins le Siemens Multiline est un lithotriteur sûr
et notre expérience de plus de 400 traitements ne nous
a pas permis d’observer d’autres complications trauma-
tiques telle un hématome périrénal ou rétropéritonéal.
CONCLUSION
Nous rapportons le premier cas de complication vascu-
laire après lithotritie extracorporelle d’un calcul urété-
ral pelvien. Cette observation bien qu’exceptionnelle
doit nous rappeler que ce traitement n’est pas exempt
de morbidité due au traumatisme de l’onde de choc.
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bladder stones : the first 175 patients.N. Engl. J. Med., 1988, 3187,
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Commentaire du lecteur (E. Lechevallier, Hôpital Salvator,
Marseille)
Le risque vasculaire de la lithotritie extracorporelle a été évoqué
dès l’utilisation de cette technique chez l’homme. Cependant
aucune certitude n’existe concernant l’innocuité ou le risque des
ondes de choc sur les parois vasculaires.
In vitro, sur des parois d’anévrismes aortiques calcifiés réséqués
aucune différence histologique n’a été observée entre des échan-
tillons soumis à des ondes de choc et des échantillons témoins
[4]. En particulier les ondes de choc ne semblent pas in vitro
fragmenter les plaques calcifiées. Les auteurs de ce travail ne
fournissent pas d’explication à cette absence d’effet (protection
des plaques par le cholestérol?).
Cependant certains travaux [5] ont montré in vivo chez l’animal
des lésions des vaisseaux intrarénaux dues à la lithotritie extra-
corporelle. Ces lésions peuvent concerner les veines et les
artères. Il peut s’agir de lésions pariétales, de rupture ou de
thrombose.
En clinique il a été rapporté des cas de rupture d’anévrisme aor-
tique après lithotritie extracorporelle [2] bien que la causalité
lithotritie-rupture soit difficile à affirmer.
Certains auteurs ont mis en évidence des troubles de la biologie
de la coagulation après lithotritie rénale [3].
Dans le doute il paraît cependant prudent de dépister avant litho-
tritie extracorporelle une pathologie artérielle par une échogra-
phie chez les sujets à risques vasculaires ou les hommes de plus
de 65 ans [2].
Lorsqu’une telle pathologie existe, il est souhaitable d’éviter
d’aligner la zone pathologique sur l’axe de visée, de positionner
la tache focale à distance de l’artère pathologique et de réduire
la puissance de tir [1, 2].
REFERENCES
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