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Les clercs étrange rs a u Portugal durant la p ériode de la pa pauté avigno nnaise: un aperç u prélim inaire
L’interventionnisme pontical réglé par les réserves des bénéces et l’action des
collecteurs apostoliques fournirent les arguments pour l’agencement d’une opposition à
la présence bénéciale des bénéciers étrangers à travers les royaumes de la chrétienté.
Car, il ne faut pas se leurrer, la provision apostolique était neement un mécanisme de
subventionnement de la machine administrative de la papauté13.
En ce qui concerna la péninsule ibérique, les manifestations les plus eectives
de cee opposition se décélèrent à la n de la deuxième décennie du XIVe siècle,
notamment lors des cortès castillanes de Medina del Campo (1328) e de Madrid
(1329)14. Suivies de peu par l’Aragon en 133415, elles portaient pour l’essentiel sur les
problèmes causés par la non-résidence des clercs étrangers et sur le drainage de fonds
vers la Curie par ces collecteurs et les curiaux bénéciés en-deçà des Pyrénées16. Mais,
très rapidement, cee argumentation développée par le clergé ibérique a proté aux
monarchies respectives qui en constituèrent un des moyen de pression dans leurs
démêlés avec la Curie, dont l’expression la plus radicale demeure la séquestration des
rendements des bénéciers non-résidents, dont une grande partie appartenait justement
aux curiaux avignonnais17.
Il faut avouer que cee question ne semble pas avoir aeint une telle ampleur
au Portugal. D’une part, l’opposition manifestée par le clergé autochtone à cee
insertion bénéciale d’étrangers paraît être plus voilée, n’ayant pas trouvé place, selon
toute vraisemblance, dans les réquisitoires portés par l’État ecclésiastique aux cortès.
13 McCURRY, Charles – Utilia Metensia. Local benefices for the Papal Curia, 1212-c.1370. In LAW, church and Society Essays presented
to Stephan Kuttner. Ed. PENNINGTON, Kenneth et SOMERVILLE, Robert. Pennsylvania: Pennsylvanie University Press, 1977, p. 311.
14 Le roi castillan Alphonse XI s’était insurgé dès 1321 contre l’acquisition bénéficiale d’étrangers qui ne lui plaisaient pas, revenant
à la charge un an avant ces cortes en plaidant pour que le pape n’accorde pas des évêchés à des étrangers (GOÑI GAZTAMBIDE,
José – Juan XXII y la provisión de los obispados españole. Archivum Historiae Pontificiae, 4 (1966), p. 57). Sur la documentation
des cortes, voir CORTES de los antiguos Reinos de León y de Castilla. Ed. de la Real Academia de Historia de España. Madrid:
M. Rivadeneyra, 1861, t. 1, p. 432-433, article 80. Le même roi a donné suite très rapidement à cette question, puisque celle-ci
s’inscrit dans la supplique que les rois portugais et castillan présentent à Jean XXII en 1329-1330 via les ambassadeurs Lopo
Fernandes Pacheco et Jofre Tenorio lors de la demande de décime pour poursuivre la lutte contre les Maures. Sur cette ambassade,
voir MONUMENTA Portugaliae Vaticana. Ed. de COSTA, António Domingues de Sousa. Roma-Braga: Editorial Franciscana, 1968,
vol. I, p. XCII-XCIII (dorénavant MPV); MOXO, Francisco de – La relación epistolar entre Alfonso XI y Alfonso IV en el Archivo de la
Corona de Aragón. En la España Medieval, 3 (1982), p. 179-180.
15 OLIVAR BERTRAND, Rafael – Alfonso IV el Benigno quiere un cardenal de sus reinos. Estudios de Edad Media de la Corona de Aragón,
4 (1951), p. 157, 164.
16 L’inventaire de ces plaintes furent étudiées dans ARRANZ GUZMAN, Ana – La imagen del pontificado en Castilla a traves de los
cuadernos de cortes. Hispania Sacra, 42 (1990), p. 730-744.
17 Cet arrêt des rentes bénéficiales détenues par des étrangers et des curiales se détectent en Castille avec Alphonse XI, Pierre I et
Henri de Trastamara (BENOÎT XII. Lettres closes patentes intéressant les pays autres que la France Étranger). Ed. de VIDAL, J.M. et
MOLLAT, G. Paris: École Française de Rome, 1913-1950, nº 2473 (dorénavant LSCBXII (Étranger); SERRANO, Luciano – Alfonso XI y el
Papa Clemente VI durante el cerco de Algeciras. Cuadernos de Trabajos de la Escuela Española de Historia y Arqueología en Roma,
3 (1915), p. 4; ZUNZUNEGUI ARAMBURU, José – La legación del cardenal Guillermo de la Jugie a Castilla y Aragón (1355-1358).
Anthologica Annua, 12 (1964), p. 145; MOLLAT, Guillaume – Grégoire XI et la Péninsule Ibérique. Journal des Savants, octobre-
décembre 1964, p. 258. Cette stratégie a été aussi employée en Angleterre (PLÖGER, Karsten – England and the Avignon Popes.
The Practice of Diplomacy in Late Medieval Europe. Legenda: Oxford, 2005, p. 43-44). Nous n’avons trouvé rien de semblable pour
le Portugal jusqu’à présent.