Rôle central du médecin généraliste: un partenaire essentiel dans la prise en charge du patient insuffisant cardiaque Pr Di Patrizio Paolo Médecin Généraliste ICALOR Metz le 7 juin 2014 Pas de conflits d’intérêts Les « outils cardiologiques performants » du MG • • • • • • • Pèse personne Toise Stéthoscope Oxymètre Mètre ruban Tensiomètre ECG Mais surtout • Cerveau • Oreilles • Mains • Carnet d’adresses (cardiologue, 15, hôpital) • Internet • Revues Et aussi Et encore • • • • Infirmier ou infirmière Kinésithérapeute Ergothérapeute Réseau de santé ICALOR MG à toutes les étapes • De la suspicion au diagnostic • Adresse pour confirmation du diagnostic au cardiologue • Hospitalisation • Post-hospitalisation dont nomenclature à créer MIC • Donc de la prévention primaire à tertiaire voire…quaternaire • Propose voire prescrit l’éducation thérapeutique Trochu J-N. Suivi des patients insuffisants cardiaque: le généraliste, le cardiologue et l’infirmière Le concours médical. 2010; 132: 245-7 Assyag P. Surveillance en ville : prévenir les hospitalisations, préserver la qualité de vie Le concours médical. 2013; 135: 452-6 MG: Un coordonnateur • Collige toutes les données anamnestiques et cliniques du patients (HDLM, suivi, bio…) • Recueille les informations du suivi spécialisé • Informe et éduque le patient: – – – – Explique avec des mots adaptés Autonomise le patient Reste le premier recours du patient Permet l’activation des soins de second recours les mieux adaptés • Evalue la clinique et le contexte: – Observance thérapeutique – Mode de vie – Habitude de vie (sel, apport hydrique, réglisse, etc..) MG: Un coordonnateur 2 • Lien avec les autres professionnels de santé – – – – • • • • IDE Kiné SSIAD Réseau de santé Soutien les proches Explique les nouveaux traitements, les bilans Renforce la cohésion de la prise en charge S’informe car ne connaît pas forcément toutes les nouveautés.. Quand penser à l’IC? Les symptômes classiques Typiques Plus spécifiques Essoufflement Élévation de la pression jugulaire Orthopnée Reflux hépato-jugulaire Dyspnée paroxystique nocturne Bruit de galop Réduction de la tolérance à l’exercice Choc latéral de pointe Fatigue, asthénie, augmentation du temps de récupération Murmure cardiaque Gonflement des chevilles Les symptômes moins typiques ou spécifiques Moins typiques Moins spécifiques Toux nocturne Oedèmes périphériques (chevilles sacré, scrotum) Respiration sifflante Crépitants pulmonaires Prise de poids (>2Kg/ semaine) Matité à la percussion (épanchement pleural) Perte de poids (IC avancée) tachycardie Sensation de ballonnement Pouls irrégulier Perte d’appétit Tachypnée (>16/mn) Confusion (sujets âgés) Hépatomégalie Dépression Ascite Palpitation Cachexie syncope Diagnostic de IC Les examens Classe I Classe IIb • ECG • Bilan sanguin: NFS, plaquettes, sodium, potassium, calcium, urée, créatinine et clearance MDRD, ASAT, ALAT, bilirubine, ferritine, TSH • Échocardiographie • BNP ou NTproBNP • Radio pulmonaire Stratégie thérapeutique selon l’avis du cardiologue cardiologue Médecin Généraliste ET cardiologue Classes des recommandations Définition Formulation suggérée Classe I Preuves et/ou accord général que le traitement ou la procédure est bénéfique, utile et effectif. Est recommandé, est indiqué Classe II Éléments de preuve contradictoires et/ou divergence d’opinion. Classe IIa Le poids des preuves / opinions est en faveur de l'utilité / efficacité. Devrait être recommandé Classe IIb Utilité / efficacité sont moins bien établis par des preuves / avis. Peut être recommandé Il existe des preuves/ ou avis général, que le traitement ou une procédure n'est pas utile / efficace, et dans certains cas peut être nocif. N’est pas recommandé Classe III Données issues de multiples essais Niveau de preuve A cliniques randomisés de métaanalyses. Données issues d'un seul essai clinique randomisé ou d’une grande Niveau de preuve B étude non randomisée Consensus d’opinion d’experts et/ou petites études, Niveau de preuve C études rétrospectives, registres IEC (ou ARA2) et béta-bloquant. Niveau de preuve e é e r l lé a m to i t u p béta-bloquant Un IEC est recommandé en complémentod’un pour o e tous les patients dont la FE ≤40% se é o nd d a a l m Un béta-bloquant est recommandé e men complément d’un IEC (ou r o tous les patients dont la FE d pour ARA2 si intolérance auxnIEC) c i ≤40% te le re t A a Un anti-aldostérone (spirolonolactone ou eplerenone) est m i x les patients dont les symptomes persistent recommandé pour a tous (classe II-IV NYHA) = m et dont la FE ≤35%, malgré un traitement par Classe DIMINUTION du risque d’hospitalisation et de décès prématuré I A I A I A Classe Niveau de preuve Diminution des hospitalisations ARA2 recommandés (diminution des hospitalisations et décès prématuré) si intolérance aux IEC (toux). Ces patients devraient recevoir aussi un béta-bloquant et un anti-aldostérone. I A ARA 2 recommandés si persistance des symptômes malgré IEC + bétabloquant et intolérance aux anti-aldostérone (rare). I A Ivabradine devrait être envisagée si FC > 70bts/mn (sinusal) et FE <35%, et persistance des symptômes (classe II-IV NYHA) malgré un traitement optimal par béta-bloquant, IEC et anti-aldostérone. IIa B Ivabradine peut être envisagée si FC > 70bts/mn (sinusal) et FE <35%, et persistance des symptômes (classe II-IV NYHA) en cas d’intolérance aux béta-bloquants. IIb C Digoxine peut être envisagée chez les patients intolérants aux bétabloquant (ivabradine traitement alternatif si FC < 70 bts/mn) ces patients devraient prendre un IEC et un antialdostérone. IIb B Digoxine peut être envisagée si FE <45%, et persistance des symptômes (classe II-IV NYHA) malgré un traitement par béta-bloquant, IEC et anti-aldostérone. IIb B Oméga3 peuvent être envisagés dans tous les cas (diminution des hospitalisations CV et décès) IIb B Classe Niveau de preuve III A La plupart des inhibiteurs calciques ( à l’exception de l’amlodipine et de la felodipine) ne devraient pas être utilisés en raison de l’effet inotrope négatif et de l’aggravation de l’IC. III B AINS et anti-COX-2 devraient être évités si possible (rétention hydro-sodée, effet rénal délétère, et aggravation de l’IC) III B III C Recommandations Glitazones ne devraient pas être utilisées (aggravation de l’IC et des hospitalisations) L’association IEC + ARA2 (ou anti-rénine) + anti-aldostérone est déconseillée (risque rénal et hyperkaliémie). En quoi le MG est-il particulièrement impliqué? Prise en charge holistique Entre dans la définition de la Médecine Générale WONCA • • • • • Prise en charge multidisciplinaire Classe I Monitoring du patient Éducation thérapeutique Niveau de preuve A Entraînement à l’exercice physique Et soins palliatifs Recommandations ESC 2012 Caractéristiques : • Approche multidisciplinaire (cardiologues, médecins généralistes, infirmières, pharmaciens) • Cibler les patients symptomatiques et à haut risque • Professionnels formés en éducation thérapeutique Composants : • Optimisation et coordination des soins • Éducation du patient pour l’impliquer dans sa propre prise en charge • Implication des patients dans la surveillance des symptômes et l’utilisation des diurétiques • Suivi après la sortie (clinique régulière et/ou des visites à domicile, éventuellement une assistance téléphonique ou à distance) • Amélioration de l'accès aux soins (grâce au suivi à domicile, au contact téléphonique, à la télésurveillance) • Faciliter l’accès aux soins au cours des épisodes de décompensation • Intervention appropriée et évaluation en cas d'augmentation inexpliquée de poids, en fonction de l'état nutritionnel et fonctionnel, de la qualité de vie et des résultats biologiques • Accès aux options de traitement avancées • Fourniture d'un appui psychosocial aux patients et à la famille et/ou le personnel soignant Surveillance clinique • Interrogatoire : douleur, syncope, dyspnée • Examen physique : - poids, œdèmes, fréquence cardiaque → variations +++ (avoir des valeurs de référence) - pression artérielle • Veiller à l’observance thérapeutique Classe I: pas de limitation de l’activité physique ordinaire qui ne cause pas de fatigue, de dyspnée ou de palpitations Classe II: discrète limitation de l’activité physique ordinaire qui entraîne fatigue,dyspnée,palpitations ou angor Classe III: limitation franche de l’activité physique ordinaire sans symptôme au repos Classe IV: impossibilité de mener sans gêne une activité physique quelconque; les symptômes de l’insuffisance cardiaque présents même au repos se majorent à l’effort criteria committee of NYHA,6th ed.Boston,Little Brown&Co,1964 Surveillance biologique • Créatinémie et kaliémie → après chaque modification de traitement • Numération formule sanguine : attention à l’anémie • BNP : avoir une valeur de référence pour chaque patient Intérêt du BNP • Aide à l’optimisation du traitement • Marqueur de l’évolution de la maladie • Pas de recommandations quant à la fréquence des dosages • En cas d’insuffisance cardiaque aiguë, une diminution de 30% du BNP traduit l’efficacité du traitement Modifications du BNP • Augmente indépendamment des pressions de remplissage : - âge - hyperthyroïdie - sepsis - insuffisance rénale - FA - CMH - BPCO sévère - Sd coronarien aigu - embolie pulmonaire sévère • Diminue chez le patient obèse Consultations à prévoir • • • • • Médecin traitant : 1x/mois Diététicienne Kinésithérapeute Cardiologue : 1x/3 à 4 mois Cardiologue rythmologue : 1 à 2x/an (si pace-maker ou défibrillateur) • Consultation de la parenté au premier degré si CMD ou CMH Ne pas oublier… Pour les traitements : • ↑doses d’IEC / ARA2 / beta-bloquants • ↓ doses de diurétiques • Arrêter les inotropes négatifs et les antiarythmiques (sauf amiodarone) Ne pas oublier… Pour les mesures préventives : • Vaccination anti-grippale • Vaccination anti-pneumococcique • Prévenir les facteurs de décompensation : poussées d’HTA, poussées d’ischémie, infections, FA, hyperthyroïdie, anémie • Arrêt des IEC / ARA 2 en cas de déshydratation Éducation thérapeutique Pour permettre au patient • d’acquérir des compétences, • de pouvoir prendre en charge de façon active sa maladie, ses soins et sa surveillance, En partenariat avec les soignants Objectifs • Améliorer la qualité de vie du patient et de son entourage • Diminuer la morbi-mortalité Les acteurs de l’éducation thérapeutique • • • • • Le médecin traitant / le cardiologue Le kinésithérapeute L’infirmier(ère) Le(la) diététicien(ne) (Le psychologue) → équipe formée à l’éducation thérapeutique et à l’insuffisance cardiaque Prise en charge par le médecin traitant des épisodes de décompensation cardiaque La décompensation cardiaque aiguë brutale : l’OAP Appeler le SAMU, hospitalisation Oxygénothérapie si possible Donner des diurétiques IV ou per os à défaut, en attendant l’arrivée des secours Donner des dérivés nitrés par voie sublinguale Recommander la position demi-assise La décompensation cardiaque « progressive » • Augmenter les diurétiques (selon la fonction rénale et la kaliémie) • Rajouter hydrochlorothiazide si furosémide inefficace • Régime sans sel • Beta-bloquants: - Pas d’intérêt à les arrêter, sauf si bronchospasme ou nécessité d’ inotropes positifs. • Traitement de la cause de la décompensation (suite) • Dosages biologiques rapprochés de : créatinémie, kaliémie, BNP • Prévoir une consultation cardiologique • En cas d’absence d’amélioration, ou signes de bas débit (hypotension) → HOSPITALISATION Conclusion • L’insuffisance cardiaque : premier poste de dépenses de santé en France • 600 000 Français • Intérêt d’une prise en charge globale avec différents praticiens et paramédicaux afin d’améliorer leur qualité de vie, leur durée de vie et de diminuer les dépenses de santé. • RÔLE PRIMORDIAL DU MEDECIN TRAITANT Merci pour votre attention