L`HYPERACTIVITÉ ET LES TROUBLES DE L`ATTENTION

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L’HYPERACTIVITÉ ET LES TROUBLES
DE L’ATTENTION CHEZ L’ENFANT
Bernard TERRISSE, professeur
DÉFS, Université du Québec à Montréal
Document téléaccessible à l’adresse URL:
http://www.unites.uqam.ca/terrisse
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Université de Mons-Hainaut, Belgique
16 octobre 2006
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Le trouble déficit de l’attention / hyperactivité (TDA/H) fait
l’objet de recherche depuis plus de 60 ans:
•
hyperkinésie (syndrome hyperkinétique)
•
dysfonction cérébrale minime (DCM)
•
hyperactivité avec déficit de l’attention (THADA)
Selon que l’accent a été mis par les chercheurs sur les troubles
de l’attention ou sur l’hyperactivité le syndrome a été appelé
TDA/H ou THADA.
D’après le DSM-IV-TR (American Psychiatric Association, 2001),
la dénomination actuelle (TDA/H) recouvre 3 sous-types:
inattention prédominante – modèle mixte – impulsivité
prédominante
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PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE L’ENFANT AYANT
UN TDA/H
•
•
•
•
•
•
Agité et impulsif sur le plan moteur, ne tient pas en place
Parle trop souvent, de façon inopportune, interrompt
les autres
Fixe difficilement son attention sur les tâches, facilement distrait
Perd ses objets, organise difficilement ses tâches, oublie les
consignes
N’écoute pas les consignes, ne s’y conforme pas
Les garçons présentent plus de TDA/H (7 cas sur 8) que les
filles, il y a plus de TDA/H en milieu socio-économiquement
faible, dans les familles instables, dans celles où les parents
sont alcooliques et dans celles où ils ont eux-mêmes été
TDA/H. La prévalence est de 3 à 5% des enfants d’âge
scolaire.
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TROUBLES FRÉQUEMMENT ASSOCIÉS AU TDA/H
Troubles d’apprentissage,
troubles de la mémoire
60%
Opposition et provocation
50%
Trouble de comportement agressivité
désobéissance, vol, mensonge
25%
Anxiété
25%
Instabilité socio-affective
18%
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ÉTIOLOGIE
De multiple causes possibles ont fait l’objet de recherches
1. Les facteurs organiques
- Les facteurs génétiques. Sans marqueur prouvé mais il y a
57% de risques qu’un parent TDA/H ait un enfant TDA/H:
carences vitaminiques, carences dans le métabolisme du
glucose, réactions aux produits chimiques de faible dose
moléculaire.
- Les facteurs prénatals: alcoolisme, toxicomanie, tabagisme,
maladies infectieuses chez les mères (atteintes du cerveau du
fœtus).
- Les facteurs périnatals: anoxie, prématurité (lésion cérébrale et
immaturité neurologique)
- Les facteurs néonatals: maladies infectieuses, hyperthyroïdie,
empoisonnement au plomb, traumatismes crâniens (lésions
cérébrales).
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La plupart de ces facteurs peuvent provoquer des anomalies du
métabolisme des neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine,
noradrénaline) qui sont moins activés dans les neurones. Le
système inhibiteur étant moins stimulé, l’activité motrice des
enfants n’est pas freinée.
Ceci explique:
- que l’augmentation de la sérotonine, de la noradrénaline et
surtout de la testostérone (qui augmente l’activité des
neurotransmetteurs) à la puberté provoque une baisse du TDA/H,
- l’efficacité des médications par les stimulants des
neurotransmetteurs.
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2. Les facteurs psychosociaux
•
Les facteurs familiaux
- L’instabilité du milieu familial: conflits, séparation, violence,
abus, problèmes de santé mentale et d’alcoolisme des parents
(Tout ce qui provoque stress et anxiété chez l’enfant et un
attachement insécure).
- Les pratiques éducatives parentales: structuration éducative
inadéquate, pratiques trop permissives ou rigides, froideur,
excès d’attention et de punitions sur les comportements
dérangeants en oubliant de renforcer les comportements
acceptables (Tout ce qui provoque l’incertitude dans la
construction de l’identité chez l’enfant et dans le développement
des compétences sociales, l’insécurité et l’anxiété).
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- Les facteurs scolaires:
situation d’échec, sentiment
d’incapacité, faible estime de soi, attitudes et pratiques
éducatives inadéquates des enseignants, rejet par les pairs
etc. (Tout ce qui entraîne anxiété, stress et insécurité.
L’enfant qui craint l’échec ou la punition est obnubilé, il ne peut
se comporter ou répondre adéquatement et se libère de la
tension par des réponses impulsives).
Q: Les facteurs psychosociaux sont-ils des facteurs à l’origine
du TDA/H ou ne sont-ils que des facteurs catalyseurs ou
aggravants? Controverses.
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ÉVALUATION ET DIAGNOSTIC DU TDA/H
Le diagnostic doit toujours être précédé d’une anamnèse.
D’après le DSM-IV-T.R. (2001), il doit reposer sur la présence
de 12 symptômes sur les 18 caractérisant l’inattention,
l’hyperactivité et l’impulsivité.
Les instruments spécifiques les plus utilisés sont:
•
les échelles basées sur les critères du DSM-IV-T.R.
(Échelle d’Asselin, Échelle de Poulin (MEQ, MSSS,
2003).
•
les échelles de Conners (1990), en version parentsenseignants-adolescents (IRP, 2006) et le Continuous
Performance Test (C.P.T.) Computer Program (Conners,
1992).
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D’autres instruments ne sont pas spécifiques au TDA/H et
permettent d’évaluer le comportement.
Ex.: Inventaire ASEBA d’Achenbach (IRP, 2006).
Le diagnostic peut être précisé à l’aide de tests d’intelligence
(Ex: Wisc-III-R) et par des tests psycho et perceptivo moteurs.
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TRAITEMENT : MULTIMODAL
- Contrôle de l’environnement physique: bannir tous les
irritants: produits chimiques, odeurs, éclairages (agents de
nettoyage, produits de toilette, peinture).
Efficacité non prouvée.
- Contrôle du régime alimentaire: bannir tous les sucres
raffinés et les aliments contenant des colorants artificiels
(bonbons, chocolats, gâteaux), certains fruits et noix
(oranges, fraises, arachides, etc.). Efficacité non prouvée.
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- Médication
Les stimulants sont extrêment efficaces dans plus de 80%
des cas, surtout sur l’inattention. Ils activent les
neurotransmetteurs qui exercent une fonction inhibitrice.
Deux familles de stimulants:
- Le méthylphénidate (Ritalin)
- Le dextroamphétamine (Dexedrine ou Adderall)
Le dosage doit être adapté au poids de l’enfant et doit être
optimal (celui qui diminue le plus les symptômes du TDA/H
sans effets secondaires). Il doit être adapté par tâtonnements
et revisé régulièrement.
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- Interventions psychosociales
• Les approches cognitivo-béhaviorales, individuelles ou
collectives. Ce sont les plus fréquemment utilisées et les
plus efficaces. Elles visent à diminuer les comportements
inacceptables et à renforcer les comportements acceptables
(Contrats) pour amener l’enfant à l’autocontrôle et à
développer ses habiletés sociales.
Les parents et les enseignants doivent aussi contrôler les
variables organisationnelles à la maison et en classe
(gestion de l’espace, du temps, des activités et tâches)
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•
Les programmes spécifiques de stimulation de l’attention
•
Le biofeedback: autocontrôle de l’activité cérébrale et
relaxation (recherche)
•
L’imagerie mentale: arrêter, écouter, se représenter, agir
mentalement (recherche).
Dans tous les cas, les parents devraient bénéficier de
programmes d’éducation et de soutien ainsi que de
possibilités de répit.
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CONCLUSION
Le syndrôme du TDA/H est encore mal connu et ses causes
éventuelles sont multiples. Il recouvre un ensemble de
symptômes. Le diagnostic doit être très précis et multiréférencié. Il
s’agit d’éviter, notamment, de mettre sous médication des enfants
présentant des troubles de comportement liés à des pratiques
éducatives inadéquates dans leur famille et à l’école.
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Pour en savoir plus:
Dubé, R. (1992). Hyperactivité et déficit de l’attention chez l’enfant.
Boucherville, Qc.: Gaétan Morin éditeur.
Gouvernement du Québec (2003). TDA/H. Agir ensemble pour mieux
soutenir les jeune. Document de soutien à la formation: connaisances et
interventions. Québec, Qc.: ministère de l’Éducation et ministère de la
Santé et des Services Sociaux (Téléaccessible à l’adresse URL:
www.messs.gouv.qc.ca).
Conners, C.K. (1992). Continuous Performance Test (CPT) Computer
Program. North Tonawanda, N.Y.: Multi Health Systems Inc.
American Psychiatric Association (2001). Diagnostic and Statistical
Manual of Mental Disorders (DSM-IV-TR). 4e éd. Paris: Masson.
N.B.: - L’échelle de Poulin, l’échelle d’Asselin et les critères diagnostiques du
DSM-IV-TR sont présentés dans le document du Gouvernement du
Québec.
- Les échelles de Conners et l’ASEBA d’Achenbach sont disponibles en
français à l’Institut de Recherches Psychologiques (www.I-R-P.ca)
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