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CEntre de Ressources
pour la COOPération décentralisée
en Franche-Comté
Journée régionale
d’échanges et de réflexions
sur la Coopération
et la Solidarité Internationale
Vendredi 18 novembre 2011
Salle du Conseil
Montbéliard
Le CERCOOP F-C remercie l'ensemble des participants et des intervenants qui ont accepté
d'animer cette journée.
Ces actes résument les interventions de chacun. Pour une communication complète,
contacter le CERCOOP F-C.
Ces actes ont été réalisés par l’équipe du CERCOOP Franche-Comté avec la participation
active d’Annick BÉNEZET que nous remercions sincèrement pour sa disponibilité et sa
gentillesse. Un grand merci à Justine MONNOT, volontaire en service civique au CERCOOP F-C.
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Sommaire
Séance d’ouverture de la journée
Éric DURAND, Conseiller régional de Franche-Comté, Président du CERCOOP Franche-Comté,
Michel GARDAS, Chargé de mission auprès de Jean-Michel DESPAX, Délégué pour l’action
extérieure des collectivités territoriales du Ministère des Affaires Étrangères et Européennes (MAEE),
Bertrand GALLET, Directeur général de Cités-Unies France,
Pierre MOSCOVICI, Président du Pays de Montbéliard Agglomération,
Joseph PARÉ, Ambassadeur du Burkina Faso en France,
Macaire OUEDRAOGO, Maire de Zimtanga, Burkina Faso.
Table ronde 1 : Pourquoi faire de la solidarité internationale en temps
de crise ?
Animateur : Thierry EME, France Bleu Besançon.
Intervenants :
Michel GARDAS, Chargé de mission auprès de Jean-Michel DESPAX, Délégué pour l’action extérieure
des collectivités territoriales du Ministère des Affaires Étrangères et Européennes,
Pierre MAGNIN-FEYSOT, Conseiller régional Franche-Comté, Délégué aux Relations internationales,
Bertrand GALLET, Directeur général de Cités-Unies France,
Karine MEAUX, Responsable du pôle vie associative et communication, Coordination Sud,
Thomas PARENT, Vice-président de l’association Agriculteurs Français et Développement
International (AFDI) Bourgogne Franche-Comté,
Bernard NONGUIERMA, Chef du Département des Projets Satellites, Responsable du volet
Assainissement, Centre Écologique Albert Schweitzer (CEAS), Burkina Faso.
Table ronde 2 : La mutualisation : regards croisés entre acteurs du Nord
et du Sud.
Animateur : Thierry EME, France Bleu Besançon.
Intervenants :
Éric DURAND, Conseiller régional de Franche-Comté, Président du CERCOOP Franche-Comté,
Noël GAUTHIER, Conseiller général du Doubs, Vice-président en charge de la culture et de la
Démocratie participative,
Macaire OUEDRAOGO, Maire de la Commune de Zimtanga, Burkina Faso,
Oscar SAWADOGO, Président de l’association Zood Nooma pour le Développement, Burkina Faso,
Gifty NARH-GUIELLA, Directrice de l’Agence CORADE, Référent du CERCOOP Franche-Comté au
Burkina Faso,
Marie-Hélène de SÈDE-MARCEAU, Université de Franche-Comté, professeure de géographie,
Responsable du Master Aménagement et gestion dans les Pays du Sud.
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Clôture de la journée par Éric DURAND,
Conseiller régional de Franche-Comté et
Président du CERCOOP Franche-Comté.
Annexe : Liste des sigles utilisés
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Séance d’ouverture
Éric DURAND,
Conseiller régional de Franche-Comté, Président du CERCOOP Franche-Comté.
Le Président du CERCOOP Franche-Comté adresse un mot d’accueil et de bienvenue aux
participants à cette journée. Il tient à rappeler le rôle du CERCOOP Franche-Comté : favoriser
et enrichir la réflexion en confrontant les points de vue de chacun et en suggérant des pistes
nouvelles ; être l’outil privilégié et l’acteur de la mise en œuvre de ces pistes. Le CERCOOP
Franche-Comté est aussi présent pour créer une dynamique régionale faite de cohérence et
de concertation.
Éric DURAND rappelle ensuite la coopération mise en place avec cinq collectivités du Burkina
Faso et neuf collectivités franc-comtoises, avec, aux côtés de Besançon, la ville suisse de
Neuchâtel. Cette coopération a pour but général de mutualiser, de concentrer les énergies,
d’apprendre l’un de l’autre et de renforcer la cohérence des actions ici et là-bas.
Le CERCOOP Franche-Comté est un acteur de la coopération décentralisée et de la solidarité
internationale sur le territoire régional. Il est à l’initiative du maillage régional entre de
nombreux partenaires impliqués dans ces secteurs. Beaucoup de chemin reste à faire car
l’ « entreprise collective » n’est jamais sans risque et il est important d’avoir un « regard du
Sud » lors de journées telles que celle-ci.
Michel GARDAS,
Chargé de mission auprès de Jean-Michel DESPAX, Délégué pour l’action extérieure des collectivités
territoriales du Ministère des Affaires Étrangères et Européennes.
Le soutien du MAEE aux actions extérieures de coopération décentralisée des collectivités
territoriales est soumis à un cadre juridique sécurisé par deux principales lois :
- la loi Oudin-Santini (2005) permet aux collectivités territoriales d’affecter 1% de leur
budget eau - assainissement à des actions de coopération décentralisée ;
- la loi Thiollière (2007) supprime la nécessité de prouver l’intérêt local des actions en
matière de coopération décentralisée et fait de ces actions une compétence d’attribution.
Dans ce cadre, le MAEE est un espace de dialogue, de réflexion, d’échange et de
propositions avec les acteurs de la coopération et de la solidarité internationale. Il apporte
un soutien financier avec un nouveau dispositif de financement en ligne.
Le MAEE a décidé de privilégier les actions de gouvernance locale, d’appui institutionnel et
de développement économique, social et territorial en Afrique Subsaharienne et sur le
pourtour de la Méditerranée.
Enfin, le MAEE soutient la promotion de l’action des collectivités territoriales à
l’international et au sein de l’Union européenne.
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Bertrand GALLET,
Directeur général de Cités-Unies France.
Cités-Unies France se définit comme un lieu de lobbying qui travaille dans plus de trente
pays avec la Délégation pour l’action extérieure des collectivités territoriales (DAECT).
Bertrand GALLET tient à rappeler un fait ; les collectivités territoriales françaises mettent
plus d’argent, que l’État français, dans l’eau et l’assainissement en Afrique. Il ne faut
cependant pas oublier les aspects moins glorieux de la coopération décentralisée ainsi que
ses effets pervers. En effet, les liens bilatéraux entraînent un certain éparpillement. De fait,
plusieurs collectivités ont un projet dans une même ville sans se concerter entres elles. CitéUnies France est là pour mutualiser ces projets, éviter les tutelles d’une collectivité sur une
autre et surtout associer au maximum les collectivités à l’agenda mondial (Rio+20, forum
mondial de l’eau…).
Pierre MOSCOVICI,
Président du Pays de Montbéliard Agglomération.
Depuis 2008, la commune de Montbéliard, jumelée avec la commune de Ludwigsburg
(Allemagne), mène une action agricole décentralisée dans la commune de Zimtanga (Burkina
Faso) qui regroupe 41 villages pour 18 000 habitants. Cent soixante-cinq femmes, réunies en
groupement, développent un projet de maraîchage de 4 hectares et s’impliquent ainsi dans
le développement rural et local tout en jetant les bases de leur autonomie financière et
personnelle.
L’achat de matériel divers a permis de faciliter le travail de maraîchage pour deux
groupements de femmes et de favoriser de manière considérable l’augmentation de leur
production. La signature de la nouvelle convention d’engagement 2011-2012 permettra le
démarrage de la troisième phase du projet dont le but est la poursuite des formations, la
création de vingt cinq nouvelles compostières, la construction de silos de conservation
traditionnelle et d’un deuxième périmètre de maraîchage.
Depuis 2010, Pays de Montbéliard Agglomération participe à un projet d’amélioration des
conditions d’approvisionnement en eau et d’assainissement à Zimtanga pour une durée de
trois ans. Ce travail, en partenariat avec huit autres collectivités franc-comtoises s’articule
autour de deux axes :
- la formation : entretien et maintenance des installations, constitution d’associations locales
d’usagers de l’eau, sensibilisation à l’hygiène ;
- l’accès à l’eau potable : réparation des forages profonds existants, création de nouveaux
forages, création de latrines.
La coopération Nord/Sud doit rester un élément fort et concret des relations internationales
qui passent par les États mais de plus en plus par les collectivités avec des moyens modestes
et réduits.
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Joseph PARÉ,
Ambassadeur du Burkina Faso en France.
La coopération décentralisée et la solidarité internationale sont des valeurs intimement liées
au développement des sociétés humaines. Le rapprochement des peuples a permis de nouer
des partenariats avantageux renforçant la solidarité. Il est important de souligner également
la pertinence des valeurs choisies pour cette journée. Elle arrive en effet peu de temps après
une crise socio-politique qui a ébranlé de nombreuses institutions au Burkina Faso et influé
négativement sur de nombreux programmes de coopération décentralisée.
Aujourd’hui le pays recouvre le calme et la sérénité, ce qui favorise l’accomplissement des
actions de coopération menées entre la France et le Burkina Faso, depuis plus de soixante
ans, avec plus de cent quatre-vingts partenariats.
Le Burkina Faso contribuera dans la limite de ces moyens à faire fructifier le bénéfice que
généreront les réflexions de la journée.
Macaire OUEDRAOGO,
Maire de Zimtanga, Burkina Faso.
Les questions posées lors de cette journée sont des questions ouvertes qui amènent
plusieurs réponses liées à l’actualité de l’Homme et des peuples du monde. Le concept de
solidarité internationale trouve son intérêt dans la communication entre les civilisations et
les cultures.
La concertation État - ONG - Collectivités territoriales, occupe une place importante dans les
thématiques des débats cette année.
Le Burkina Faso est un des pays africains qui regroupent le plus d’ONG et d’associations. Les
collectivités territoriales financées par les différents partenaires européens sont prises en
compte dans le programme global de l’État car chaque association et ONG ont l’obligation
de transmettre leur bilan et leur programme aux communes et à l’État par le biais des
ministères concernés.
La coopération et la solidarité internationale en temps de crise se doivent de prendre en
compte les effets des changements climatiques.
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Table ronde 1 : Pourquoi faire de la solidarité internationale en temps
de crise ?
Michel GARDAS,
Chargé de missions auprès de Jean-Michel DESPAX, Délégué pour l’action extérieure des collectivités
territoriales du Ministère des Affaires Étrangères et Européennes.
Le représentant du Délégué pour l’action extérieure des collectivités territoriales du MAEE
rappelle que nous traversons une crise financière sans précédent (dette, chômage,
exclusion...). Il faut poursuivre les actions de solidarité pour deux raisons essentielles :
- l’éthique, car il ne suffit pas de regarder les problèmes du monde extérieur à travers les
médias ;
- la rationalité économique, car les différents problèmes sont globalisés. La pauvreté génère
des flux migratoires que l’ont ne peut pas arrêter par mesure de restriction.
Des conférences internationales ont lieu pour coordonner et mettre au point une politique
d’aide et de coopération au développement. Les collectivités territoriales sont des acteurs à
part entière de la vie internationale et pour remédier à ces difficultés, elles ont un rôle à
jouer en matière de gouvernance locale, de formations des fonctionnaires locaux et d’appui
aux systèmes de gestion et d’urbanisme.
Michel GARDAS ajoute qu’il ne faut pas oublier le danger sécuritaire et terroriste. S’il n’est
pas marqué au Burkina Faso, il existe dans d’autres zones du monde. Faut-il, à partir de ce
constat, arrêter la coopération décentralisée et l’aide au développement ? Non, mais en
s’adaptant aux différents dangers. Pour cela, divers outils existent, notamment sur le site
Internet du Ministère, qui conseillent d’adapter le projet, d’externaliser, de mutualiser les
actions en se rapprochant d’organismes déjà sur place ou des partenaires locaux.
Bertrand GALLET,
Directeur général de Cités-Unies France.
Est-il possible pour les collectivités territoriales de privilégier, à un moment donné, la
solidarité ici plutôt qu’ailleurs ? Les conséquences de la crise en France amènent-elles à dire
qu’il faut s’occuper des pauvres en France plutôt qu’en Afrique ? Le réseau français des
collectivités ne faiblit pas. De nouveaux pays, de nouveaux horizons apparaissent sans pour
autant que « l’intérêt » pour l’Afrique ne disparaisse.
Bertrand GALLET propose plusieurs éléments de réponse :
- la culture devient aujourd’hui un élément du rayonnement des actions internationales et
l’un des éléments de la cohésion sociale, locale des collectivités en France. Faire travailler les
gens ensemble, sur des sujets qui dépassent le quotidien est un élément de pacification,
- l’intégration des migrants valorise la communauté migrante,
- l’international est un moyen pour les communes d’accroître leur rayonnement (par
exemple Barcelone qui participe à des réseaux mondiaux et a vu des entreprises installer
leur siège social au cœur de la ville).
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La majorité des villes ont des actions internationales car cela est devenu très important. Il
est impossible de faire marche arrière, a fortiori en période de crise.
Pierre MAGNIN-FEYSOT,
Conseiller régional Franche-Comté, Délégué aux Relations internationales.
Il est difficile de se confronter à l’augmentation d’un certain nombre de besoins liés à la
situation économique et sociale dégradée, à la formation professionnelle, aux recettes figées
qui ont tendance à se réduire.
Les élus doivent faire face à des choix difficiles car les demandes sont légitimes et on peut
donc se demander pourquoi on privilégie tel projet par rapport à un autre. Ces choix
reposent sur des principes partagés. La stratégie individuelle n’est pas garante de succès, il
ne faut pas chercher le salut individuel. Les actions collectives doivent être mises en œuvre.
Les mots solidarité, fraternité doivent être portés dans les discours et se faire ressentir dans
les décisions et les mesures prises. Plus personne ne peut vivre en dehors des échanges
internationaux. Ce qui se passe ailleurs à un impact chez nous.
La coopération existe en Franche-Comté depuis le 13ème siècle. La coopération, c’est partir
du principe que nous avons des intérêts convergents, que nous avons beaucoup à partager
pour des solutions durables. C’est dans ce sens qu’il faut convaincre les citoyens et les élus
que notre intérêt commun est de travailler ensemble dans des programmes de coopération
avec l’aide au développement, l’éducation au développement, le soutien aux associations
qui s’engagent dans la solidarité internationale, le travail des entreprises et des acteurs
locaux. Toutefois, l’origine des coopérations est très variable, elles peuvent venir des
relations personnelles, humaines, des intérêts économiques, etc.
Bernard NONGUIERMA,
Chef du Département des Projets Satellites, Responsable du volet Assainissement, Centre Écologique
Albert Schweitzer (CEAS), Burkina Faso.
Les problèmes sont globalisés. Les pays pauvres sont les plus vulnérables, il faut donc être
solidaires les uns avec les autres.
Karine MEAUX,
Coordination Sud, Responsable du pôle vie associative et communication.
Coordination Sud est une plateforme nationale de coordination des ONG françaises. Elle
regroupe environ cent trente ONG françaises engagées dans la solidarité internationale, qui
travaillent dans tous les domaines liés à la solidarité.
Il y a plusieurs crises économiques et financières et pourtant la richesse mondiale continue
d’augmenter et malheureusement les inégalités se creusent. La solidarité internationale doit
permettre de ne pas reproduire les erreurs du passé. La crise alimentaire, énergétique,
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climatique, de gouvernance vont nous obliger à devenir responsables. On peut alors se
demander s’il est possible de sortir de ces crises grâce à la solidarité internationale.
Pour répondre à cette question il faut prendre en compte l’expression « solidarité
internationale » et son interprétation qu’il est nécessaire de repenser. Il ne suffit pas d’un
élan émotionnel, il faut s’associer à d’autres personnes pour agir avec des actions durables,
pérennes. La solidarité internationale ne diminue pas, au contraire, mais il faut une
mobilisation plus large. Elle doit appeler à s’ouvrir et à sortir de la réflexion ethnocentrique.
Travailler avec les partenaires du Sud, c’est aussi attirer notre attention sur nos modes de
fonctionnements, de consommation, de vie. C’est aussi proposer des modalités différentes
pour travailler. Il faut repenser la solidarité, le partenariat en terme d’échanges plus
équilibrés, avec de la réciprocité entre les acteurs Nord/Sud.
Thomas PARENT,
Vice-président de l’association Agriculteurs Français et Développement International (AFDI)
Bourgogne Franche-Comté.
Pour ce qui relève de l’AFDI, l’approche de la solidarité se fait par des échanges de paysan à
paysan. Les agriculteurs français interviennent auprès de jeunes organisations paysannes
pour les accompagner dans la structuration. Les échanges sont de plus en plus mondialisés.
Les actions se poursuivent, non sans conséquence car il est de plus en plus difficile de
trouver des partenaires financiers.
Bertrand GALLET,
Directeur général de Cités-Unies France.
En réponse aux différentes questions posées, Bertrand GALLET avance que les collectivités
travaillent plus avec des partenaires qu’avec l’État. Très souvent, quand il y a des embargos,
on ne touche pas aux classes dirigeantes, on punit la population. L’idée des collectivités
territoriales est de continuer à travailler avec les partenaires malgré les embargos et les
interdits.
Michel GARDAS,
Chargé de mission auprès de Jean-Michel DESPAX, Délégué pour l’action extérieure des collectivités
territoriales du Ministère des Affaires Étrangères et Européennes.
La coopération décentralisée menée par les collectivités territoriales a son autonomie mais il
faudrait que ces dernières rejoignent les politiques dans lesquelles l’État injecte l’aide. On ne
veut pas séparer l’aide et la démocratie.
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Mathias BAZIE,
Association Acacia, Burkina-Faso.
Le Burkina-Faso a connu de nombreuses crises. Ce qui préoccupe les populations au Burkina,
c’est de vivre et non pas de s’occuper de la gouvernance en place. Les habitants n’ont pas le
temps d’interpeller les gouvernements. Il reste tout de même à mobiliser d’avantage les élus
français car ils ne sont pas assez engagés. Ils préparent le cadre pour les acteurs et délèguent
par la suite. Il faut un dialogue politique constructif entre les élus locaux du Sud et les élus
du Nord.
Alexandre MOINE,
Professeur de Géographie à l’Université de Franche-Comté.
Peut-on imaginer une inversion des relations classiques Nord/Sud ? N’a-t-on pas des choses
à apprendre ? Sentez-vous cette inversion émerger du Sud et venant au Nord ?
Karine MEAUX,
Coordination Sud, Responsable du pôle vie associative et communication.
Une inversion des relations Nord/Sud est possible. Elle existe d’ores et déjà mais il faudrait
lui donner plus de poids. Il y a de plus en plus d’ONG qui pensent à déplacer leur siège social
dans les territoires où elles exercent.
Bernard NONGUIERMA,
Chef du Département des Projets Satellites, Responsable du volet Assainissement, Centre Écologique
Albert Schweitzer (CEAS), Burkina Faso.
Dans les pays d’Afrique, il y a des exemples d’interventions internationales qui ont permis
aux collectivités d’évoluer. La mise en place de nouvelles activités et les nouvelles politiques
de financement permettent de faire rester les jeunes. Il est nécessaire d’appuyer l’Afrique
dans ce contexte de crise mais de revoir la façon d’intervenir.
Pierre MAGNIN-FEYSOT,
Conseiller régional Franche-Comté, Délégué aux Relations internationales.
Concernant les rapports Nord/Sud, il s’agit plutôt d’une évolution que d’une inversion.
Dans le cadre de la coopération, on arrive à mieux travailler ensemble. La connaissance et la
compréhension des autres permettent de prendre un peu de recul par rapport au quotidien
des actions.
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Noël GAUTHIER,
Conseiller général du Doubs, Vice-président en charge de la culture et de la Démocratie participative.
La problématique à venir de la coopération décentralisée et de la solidarité internationale
est culturelle. Il ne faut pas oublier la notion de respect des actions, des territoires, des
habitants. Il ne suffit pas que les élus votent un projet, il faut que les partenaires rencontrent
des gens porteurs d’une idée, d’une politique, d’une volonté.
Que laissons-nous aux générations futures ? Les élus doivent avoir la volonté d’aller aussi sur
le terrain pour voir par eux-mêmes.
Jean-Marie DESCOURVIÈRES,
CCFD - Terre Solidaire.
Les politiques étaient présents au début de cette journée pour signer la convention et faire
un discours et sont maintenant repartis. Il interroge alors sur le rôle des politiques. Ce sont
les citoyens qui font de la politique alors comment décentraliser dans ce contexte ?
Éric DURAND,
Conseiller régional de Franche-Comté, Président du CERCOOP Franche-Comté.
Il ne faut pas confondre élus et militants associatifs. Les élus vont de temps en temps sur le
terrain mais il ne faut pas oublier qu’une semaine sur le terrain pour un élu est un frein pour
la politique. De plus, ces voyages leur sont reprochés notamment à cause de leur coût
financier.
Alain VILLALONGA,
Militant associatif.
Depuis un an et demi, son association, qui intervient au Mali depuis 25 ans, ne se rend plus
dans le pays en raison de l’insécurité. La communication physique n’est plus réalisée. Malgré
des partenariats de collectivité à collectivité, il semble que les élus locaux aient besoin de
formation et notamment d’être formés à la démocratie.
Bernard NONGUIERMA,
Chef du Département des Projets Satellites, Responsable du volet Assainissement, Centre Écologique
Albert Schweitzer (CEAS), Burkina Faso.
Il y a un problème de mutualisation au niveau des communes, plusieurs coopérations se
retrouvent pour former un seul comité qui gère tous les jumelages. Le gouvernement
souhaite mieux organiser les choses car les interventions désordonnées des partenaires sont
fréquentes. Il est indéniable que l’aide n’est pas correctement utilisée.
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Didier GRETILLAT,
Ville de Neuchâtel.
Une crise n’a pas été évoquée : la crise démographique. La population du Burkina-Faso a
doublé en 30 ans. Ne va-t-on pas dans le mur ? Nous sommes confrontés à une jeunesse en
nombre croissant et donc à plus de bouches à nourrir, ce qui annihile les progrès agricoles.
Qui se préoccupe de la politique familiale du pays ?
Gifty NARH-GUIELLA,
Directrice de l’Agence CORADE, référent du CERCOOP Franche-Comté au Burkina Faso.
L’État a mis en place un programme de planification familiale pour amener les familles à
prendre en compte cette dimension d’espacement des naissances. Certaines ONG et
associations œuvrent sur la thématique de la démographie.
Michel GARDAS,
Chargé de mission auprès de Jean-Michel DESPAX, Délégué pour l’action extérieure des collectivités
territoriales du Ministère des Affaires Étrangères et Européennes.
L’Afrique regorge de richesses formidables mal utilisées, mal employées ou confisquées par
les élites. Il ne faut pas se décourager à cause de problèmes démographiques. Il faut arriver
à mettre sur pieds des coopérations et aller dans le bon sens.
Jean-Pierre AMIOTTE,
CCFD-Terre Solidaire Doubs.
Il ne faut pas confondre « les populations pauvres ont beaucoup d’enfants » et « les
populations sont pauvres parce qu’elles ont beaucoup d’enfants ».
Mathias BAZIE,
Association Acacia, Burkina-Faso.
Il y a eu une période de forte natalité, ce qui explique, entre autre, le pic démographique
d’aujourd’hui. La mortalité infantile est en recul grâce aux politiques mises en place et aux
actions dans le domaine de la santé et de la lutte contre cette mortalité.
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Table ronde 2 : La mutualisation : regards croisés entre acteurs du Nord
et du Sud.
Éric DURAND,
Conseiller régional de Franche-Comté, Président du CERCOOP Franche-Comté.
Le besoin de se rassembler, de se réunir autour d’un projet de mutualisation s’est fait
ressentir assez tôt entre les collectivités. Quand on est une petite région (population,
ressources etc.), la mutualisation est un bienfait pour économiser les ressources et échanger
les savoir-faire.
Le CERCOOP Franche-Comté a en charge de mener à bien la mutualisation et de préserver
toutes les spécificités de chaque collectivité tout en permettant une plus value sur le terrain
de cette coopération.
Gifty NARH-GUIELLA,
Directrice de l’Agence CORADE, Référent du CERCOOP Franche-Comté au Burkina Faso.
Dans ce processus de mutualisation, chaque collectivité reste autonome dans l’identification
des thématiques pertinentes au regard des collectivités où elles interviennent. Au-delà des
différentes thématiques, on mutualise aussi des outils et des principes pour aller vers une
éthique commune.
Noël GAUTHIER,
Conseiller général du Doubs, Vice-président en charge de la culture et de la Démocratie participative.
Cela fait plus de 20 ans que le département du Doubs mène des actions de coopération
décentralisée avec le Burkina Faso. Certaines actions sont dispersées au milieu d’autres
actions de coopération. En réalité, il y a beaucoup d’associations et de collectivités franccomtoises qui interviennent sur le même territoire et chacun le faisait pour soi jusqu’en
1999.
En 2009, un partenariat avec la Chambre régionale de l’agriculture du Doubs a permis la
réorientation de la coopération sur la question prioritaire de l’alimentation des troupeaux.
Cette mutualisation permet la mise en commun d’expériences, redonne une certaine
vigueur à la coopération décentralisée et au maintien de l’engagement de la collectivité.
Il est certain qu’aujourd’hui, toutes les collectivités éprouveraient des difficultés à mener
seules des actions. Grâce à une meilleure insertion dans les dynamiques locales, la qualité
des actions menées et l’efficience de l’action, on répond plus directement aux besoins des
territoires et on peut mieux prendre en compte les réalités.
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Cependant, il faut tenir compte des difficultés de mise en œuvre. Si la communication est
meilleure à destination des publics concernés, elle n’offre pas, a contrario, pour les
collectivités intervenantes, une grande lisibilité sur le travail de chaque partenaire.
Macaire OUEDRAOGO,
Maire de Zimtanga, Burkina Faso.
Il y a trois formes de coopérations au Burkina Faso :
- les comités de jumelages qui ont débuté la coopération ;
- la coopération que nous vivons actuellement avec Montbéliard et le projet de maraîchage ;
- les comités de pilotages composés d’élus.
Marie-Hélène DE SÈDE-MARCEAU,
Université de Franche-Comté, Professeure de géographie responsable du Master Aménagement et
gestion dans les Pays du Sud.
Il est compliqué de trouver des solutions adaptées pour les projets qui associent les acteurs,
les environnements, les contraintes etc. La maîtrise de la complexité du territoire est la
meilleure façon d’aborder les territoires pour pouvoir être efficace. Il faut favoriser les
actions communes et la complémentarité des acteurs. Il est important de prendre en
compte la dimension informationnelle, c’est-à-dire connaître le territoire, ce qui s’y fait, les
caractéristiques, les acteurs qui interviennent. Nous sommes là pour former les étudiants à
la compréhension de ces problèmes et de leur complexité, à acquérir les informations
nécessaires pour la gérer au mieux et pour conduire les projets, à comprendre les pratiques
de gouvernance etc.
Nous travaillons à distance et avons besoin de centres d’examen à l’étranger, de
mutualisation et d’interfaces technologiques. Nous collaborons avec le CERCOOP FrancheComté, ce qui permet des échanges dans les deux sens.
Oscar SAWADOGO,
Président de l’association Zood Nooma pour le Développement, Burkina Faso.
Il y a beaucoup d’intervenants dans plusieurs régions, il est donc nécessaire de mutualiser
c’est-à-dire d’accepter d’aider l’un et l’autre pour avoir une synergie afin de mieux travailler.
Au Burkina Faso, il y a une forme de mutualisation dans chaque province. Il fallait se
retrouver, voir comment chacun peut apporter sa pierre à l’édifice.
La mutualisation, ce n’est pas dépendre de l’autre. Il faut chercher à se développer, à avoir
une promotion. La mutualisation entre les acteurs c’est une complémentarité et un
renforcement de la coopération Nord/Sud avec un élargissement des forces.
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Noël GAUTHIER,
Conseiller général du Doubs, Vice-président en charge de la culture et de la Démocratie participative.
Aujourd’hui, pour pérenniser la mutualisation il faut avoir une part d’optimisme et aussi de
recul. L’optimisme c’est se tourner vers ce qui a déjà été fait. Il faudrait systématiquement
une évaluation, des perspectives et des objectifs.
Alain VILLALONGA,
Militant associatif.
La mutualisation est aujourd’hui différente car des kilomètres séparent les villages.
Gifty NARH-GUIELLA,
Directrice de l’Agence CORADE, référent du CERCOOP Franche-Comté au Burkina Faso.
Les communes sont les cadres des ensembles de coopérations qui se mènent sur le
territoire. Comment accompagne-t-on les jeunes municipalités à jouer leur rôle dans les
coopérations menées sur leur territoire ?
Oscar SAWADOGO,
Président de l’association Zood Nooma pour le Développement, Burkina Faso.
Toutes les ONG ont des obligations de présenter un bilan financier et d’exécution des
projets. Cela permet de faire connaître les intervenants au niveau des régions.
Gifty NARH-GUIELLA,
Directrice de l’Agence CORADE, référent du CERCOOP Franche-Comté au Burkina Faso.
Il existe un réel problème de coordination mais l’État semble avoir pris les choses en main.
Éric DURAND,
Conseiller régional de Franche-Comté, Président du CERCOOP Franche-Comté.
Le CERCOOP Franche-Comté a pour mission de base d’offrir des formations aux acteurs
institutionnels franc-comtois ou aux ONG pour les aider à monter leurs projets, dans le but
de sortir du rapport de l’aide imposée.
Marie-Hélène DE SÈDE-MARCEAU,
Université de Franche-Comté, Professeure de géographie responsable du Master Aménagement et
gestion dans les Pays du Sud.
Il y a un problème dans la façon d’aborder l’aide aux pays du Sud. Il est nécessaire de
soulever l’importance de l’information stratégique. Il s’agit d’une première richesse pour
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agir. La fracture numérique est importante mais il y a une évolution importante du progrès
technologique qui permet de bénéficier de tout ce qui va favoriser la communication.
Les personnes travaillent ensemble sur des projets différents mais avec des socles communs.
Christine TORNARE,
Secrétaire de l’agence mondiale de solidarité numérique.
L’association est née en 2005, à l’issue du Sommet sur la société de l’information. Le but est
de lutter contre la fracture numérique grâce à l’envoi, par des entreprises du Nord, de
matériel informatique permettant l’installation de classes numériques au Sud. Cependant,
dans beaucoup de pays, cette mission est difficilement réalisable car il n’y a pas l’électricité
et deux cents machines réutilisables sont en attente de projet. Le donateur a besoin d’un
suivi de formation.
Éric DURAND,
Conseiller régional de Franche-Comté, Président du CERCOOP Franche-Comté.
Il y a un bémol dans l’envoi de matériel, il faut veiller à ce que cette bonne idée ne devienne
pas une fausse bonne idée, car elle est génératrice de déchets polluants. Le Ghana, par
exemple, devient une décharge de matériel électronique et électrique avec des conditions
de travail déplorables. Il faut réfléchir à la fin de vie des ordinateurs.
Le tourisme solidaire est considéré comme une partie de l’économie en Franche-Comté. Il
faut le considérer comme tel en Afrique également. À long terme, il faut se méfier du
tourisme comme un produit qui permet de sortir les populations isolées de leur situation
économique pauvre.
Mathias BAZIE,
Association Acacia, Burkina-Faso.
Le tourisme doit permettre aux habitants de retrouver leur histoire et de se centrer sur la
réappropriation de l’histoire des peuples.
Une volontaire de solidarité internationale.
On a maintenant un certain recul sur les projets divers d’ONG et d’associations en Afrique.
Comment la population accueille ces nouvelles actions ? Quel est le regard des habitants des
pays dans lesquels on intervient ?
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Oscar SAWADOGO,
Président de l’association Zood Nooma pour le Développement, Burkina Faso.
La coopération n’est pas seulement financière, c’est aussi un échange culturel, on apprend
des choses des deux côtés mais on n’a pas la même chance d’être dans le même cadre de
vie. Les jeunes des pays du Sud l’ont bien compris.
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Clôture
Éric DURAND,
Conseiller régional de Franche-Comté, Président du CERCOOP Franche-Comté.
Le Président du CERCOOP Franche-Comté remercie tous les participants de leur présence à
cette journée régionale organisée à Montbéliard. C’est le témoignage que la présence du
CERCOOP Franche-Comté n’est pas limitée à Besançon.
Il remercie également toutes les personnes d’être restées jusqu'à une heure tardive et se
félicite du déroulement de la journée. Rendez-vous est donné en juin ou juillet 2012 pour la
prochaine journée régionale.
Éric DURAND se réjouit enfin que les étudiants soient venus aussi nombreux, et aient
participé aux débats de manière assidue. Il espère que cette journée leur a apporté un
éclairage et des idées nouvelles dans le domaine de la solidarité internationale pour leur
cursus.
Il salue ses collègues élus et les amis burkinabè, sans oublier l’animateur, Thierry EME pour
son professionnalisme et la bonne coordination des prises de parole lors de cette journée.
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Liste des sigles utilisés
AFDI
Agriculteurs Français et Développement International
CEAS
Centre Écologique Albert Schweitzer
DAECT
Délégation pour l’Action Extérieure des Collectivités Territoriales
MAEE
Ministère des Affaires Étrangères et Européenne
ONG
Organisation Non Gouvernementale
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Le CERCOOP Franche-Comté en quelques lignes…
Le CERCOOP Franche-Comté est un outil de service public en faveur de la coopération
décentralisée et de la solidarité internationale. Animé par un réseau de collectivités
territoriales, d’associations, également d’institutions… œuvrant ici et là-bas.
L’objectif général du CERCOOP Franche-Comté est d’améliorer la qualité des actions de
coopération et de solidarité internationale menées en Franche-Comté, tout en favorisant le
développement de synergies entre acteurs. Pour cela il recense les acteurs franc-comtois de
la coopération et de la solidarité internationale et leurs actions, développe des activités de
coopération, accompagne les porteurs de projets dans les différentes étapes, mutualise les
pratiques grâce à l’organisation de rencontres, réunions …
Toutes les activités du CERCOOP Franche-Comté ont le même objectif : améliorer la qualité
de l’offre de coopération internationale en Franche-Comté et sensibiliser les citoyens de
notre région à l’importance et à la nécessité d’une ouverture à l’international. Pour cela il
met divers outils à la disposition des acteurs :
Un site Internet d’information, de ressources et d’échanges : consultation de la base de
données, boite à outils, emploi et stage, fiches pays, éducation et solidarité, espace jeunes,
boite à idées, agenda…,
Une base de données des acteurs franc-comtois et de leurs actions, accessible en ligne sur
ce portail Internet,
La lettre du CERCOOP Franche-Comté : bulletin de liaison diffusé deux fois par an,
Un bulletin d’information électronique, Votre Point Info
Des cycles de formations destinés au renforcement des capacités des acteurs franc-comtois,
L’organisation ou co-organisation de réunions, de rencontres, de forums, etc. thématiques
ou géographiques,
La production ou co-production d’outils : mise en réseau, orientation et renforcement des
capacités des acteurs
Un appui conseil personnalisé aux projets : rendez-vous individuels, accompagnement de la
réflexion, mise en relation, etc.
Service questions/réponses : sollicitations par courriel ou par téléphone
Un baromètre de la coopération et de la solidarité en Franche-Comté, publié chaque
année.
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Coordonnées du CERCOOP Franche-Comté
CERCOOP Franche-Comté
Arsenal - Bât. Q
Place Saint-Jacques
BP 16163
25014 Besançon cedex
Tél. : 03 81 66 52 49/38
Fax : 03 81 66 50 36
Mail : [email protected]
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