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des éléments susceptibles de nourrir ses analyses, comme le soutien Moshé Idel, 
mais  auprès  de  l'ensemble  des  personnes  ou  des  groupes  qui  se  déclarent 
engagés dans une étude de la cabale, qui s'inspirent de ses enseignements, même 
s'ils  y  mêlent  des  éléments  venus  d'autres  traditions  religieuses  et  de  divers 
courants  philosophiques.  D'ordinaire,  cette  forme  de  cabale  modernisée  est 
perçue  comme  une  sorte  de  prolongement  de  la  cabale  chrétienne  de  la 
Renaissance. Celle-ci a été reprise et réaménagée dans les courants occultistes, 
spirites,  ésotéristes  des  XVIII
e
  et  XIX
e
  siècle,  en  Europe  et  dans  les  pays  de 
culture  occidentale.  Mais  peut-on  encore  regarder  l'ensemble  des  “nouveaux 
cabalistes” comme les héritiers et les continuateurs de cette cabale christianisée 
des Renaissants? C'est l'impression que l'on pourrait avoir en lisant les pages que 
Moshé  Idel  consacre  à  l'influence  de  la  cabale  sur  la  culture  européenne  (4). 
Quant à Gershom Scholem, le vaste aperçu historique qu'il consacre à la cabale 
dans l'Encyclopedia Judaica (repris en un volume séparé), se referme sur une 
note très brève concernant le XX
e
 siècle: “Divers types de littérature cabalistique 
continuèrent à être écrits en Europe de l'Est et au Proche Orient jusqu'à l'époque 
de  l'holocauste  et  en  Israël  jusqu'à  maintenant.  La  transformation  des  idées 
cabalistiques  dans  les  formes  de  pensée  moderne  peut  être  aperçue  dans  les 
écrits de penseurs du XX
e
 siècle tels que R. Abraham Isaac Kook [...]; dans les 
livres en hébreu de Hillel Zeitlin; et dans les écrits allemands de Isaac Bernays 
[...] et Oscar Goldberg” (5). Et Scholem conclut en indiquant que les assauts du 
mouvement  rationaliste  de  la  Haskalah  ont  limité  l'influence  de  la  cabale  en 
Europe de l'Est mais que celle-ci a pu continuer à s'épanouir sans entrave dans 
les  pays  d'Orient.  Cette  considération  historique  n'était  sans  doute  plus 
totalement  justifiée  à  l'époque  où  Scholem  écrivait  ces  lignes  (au  début  des 
années 70), elle apparaît aujourd'hui comme complètement dépassée.En dehors 
de ceux qui ont été appelés “cabalistes chrétiens”, la cabale a depuis longtemps 
traversé  les  murs  du  Ghetto,  du  Shtetel  ou  des  quartiers  juifs  des  pays