stimulation plaquettaire, cette protéine est secrétée et
pourrait réaliser des ponts entre plaquettes et leucocytes
via le récepteur GPIV. Cette hypothèse n’a jamais été, à ce
jour, démontrée dans la littérature.
Le satellitisme des plaquettes survient préférentiellement
autour des polynucléaires mais ce phénomène a été égale-
ment rapporté avec les monocytes [5]. La présence du
récepteur FccRIII à la surface des monocytes peut expli-
quer ce phénomène bien qu’il existe deux types de récep-
teurs : FccRIIIb sur la membrane des polynucléaires neu-
trophiles et FccRIIIa à la surface des monocytes et des
cellules natural killer (NK) [3]. Les autres cellules myé-
loïdes ne présentent pas cette particularité, en revanche
certains lymphocytes, comme dans notre étude de cas,
semblent impliqués dans le satellitisme plaquettaire. En
effet, l’étude d’Espanol et al. [6] met en évidence un
satellitisme plaquettaire à la fois autour des polynucléaires
neutrophiles et de lymphocytes à grains. Ces lymphocytes
(de phénotype NK) présentent le marqueur CD16, ce qui
permet de conclure à la même hypothèse mécanistique
que le satellitisme autour des polynucléaires neutrophiles.
Notre observation se distingue de cette étude par l’absence
de satellitisme autour des PNN.
L’originalité de notre observation réside dans le fait que le
satellitisme touche exclusivement les lymphocytes atypi-
ques, ce qui permet d’évoquer une liaison entre le satelli-
tisme et la pathologie lymphomateuse. Un tel phénomène
a déjà été rapporté pour un contexte de lymphome du
manteau sur une population de cellules B monoclonales
exprimant les marqueurs CD5 et CD20 [7]. Les cellules
lymphomateuses du patient expriment également le mar-
queur CD20, ce qui pourrait faire évoquer la présence
d’un antigène cryptogénique commun à GP IIb/IIIa et à
CD20. Mais CD20 est présent sur toute la lignée B, cette
hypothèse ne permet donc pas d’expliquer le caractère
exclusif du satellitisme vis-à-vis des lymphocytes atypi-
ques. Enfin, la dernière hypothèse envisagée pour expli-
quer le phénomène de satellitisme plaquettaire limité aux
cellules lymphomateuses serait la reconnaissance, par
l’immunoglobuline monoclonale secrétée par les lympho-
cytes atypiques, d’un antigène cryptogénique exprimé par
les plaquettes.
Ce cas original de satellitisme des plaquettes aux lympho-
cytes atypiques constitue un autre exemple de pseudo-
thrombopénie EDTA dépendante, à côté des agglutina-
tions des plaquettes ou du satellitisme des plaquettes aux
polynucléaires neutrophiles. Le biologiste doit donc tou-
jours rester vigilant à ce phénomène qui doit l’inciter à
réaliser des états frais et des frottis sanguins lors de la
validation d’une numération plaquettaire. Dans ces situa-
tions, un chauffage ou une nouvelle analyse à partir d’un
prélèvement réalisé en présence d’un autre anticoagulant
(citrate, héparine) permettra de valider la numération pla-
quettaire.
Références
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5. Cohen AM, Lewinski UH, Klein B, Djaldetti M. Satellitism of plate-
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ding in mantle cell lymphoma. A case report. Am J Clin Pathol 2001 ;
115 : 567-70.
pratique quotidienne
Ann Biol Clin, vol. 65, n° 3, mai-juin 2007290
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