
Mini-revue
Dans la MdH en particulier ce dysfonctionnement
gonadique préthérapeutique est retrouvé. Ainsi, on note
11 % d’azoospermie avant tout traitement et 69 %
d’anomalies spermatiques [5, 19-21]. Les patients porteurs
de MdH présentent fréquemment des signes systémiques
au diagnostic avec fièvre et sueurs nocturnes et un
syndrome inflammatoire biologique important pouvant
expliquer ce taux important d’altération des paramètres
spermatiques [19].
Par ailleurs, les protocoles thérapeutiques utilisés dans
la MdH contiennent des alkylants à dose importante, à
l’origine de la dysfonction gonadique.
Comme dit précédemment, plus la dose d’alkylants
utilisée est importante, plus le risque d’infertilité est
majeur [1, 22]. Ainsi, les enfants et les adolescents trai-
tés avec une chimiothérapie type MOPP/COPP (moutarde
azotée/cyclophosphamide, oncovin, procarbazine, pred-
nisone) ont un risque majoré d’infertilité par rapport à ceux
recevant une cure de type ABVD (adriamycine, bléomy-
cine, vinblastine, dacarbazine) [11, 14, 19].
Chez le garc¸on, après MOPP, plus de 90 %
d’azoospermie sont retrouvés [19]. La fille est un peu
moins sujette au risque d’infertilité pour le même trai-
tement rec¸u. Une ménopause précoce (plus ou moins
précoce suivant la dose d’alkylants rec¸ue, l’âge au moment
du diagnostic et la susceptibilité individuelle) est en
revanche retrouvée dans la quasi-totalité des cas [22].
Le risque d’atteinte de la fertilité est encore majoré en
cas d’irradiation pelvienne.
Les leucémies aiguës
Après un traitement standard de la leucémie aiguë (LA),
il existe peu de risque d’atteinte gonadique. Les proto-
coles actuels n’incluent en effet pas d’agent alkylant (et en
particulier de cyclophosphamide) à forte dose.
Différentes études relatent 10 % de filles développant
des anomalies ovariennes et en particulier une ménopause
précoce après un traitement standard de leucémie aiguë
lymphoblastique (LAL) [1, 11].
Chez le garc¸on également, la fertilité est préservée,
même si près d’un patient sur deux ayant rec¸u une chi-
miothérapie pendant l’enfance (même à dose modérée)
présentera des altérations des paramètres spermatiques à
l’âge adulte [19].
Le risque de stérilité ne concerne réellement que les
enfants présentant une rechute «on therapy »pour les-
quels une intensification thérapeutique avec allogreffe
de cellules souches hématopoïétiques (CSH) va s’avérer
nécessaire.
Les tumeurs solides (sarcome d’Ewing, ostéosarcome,
neuroblastome, néphroblastome, tumeur cérébrale,
hépatoblastome) et les lymphomes non hodgkiniens
De même que pour les LA standards, il existe un risque
théorique faible de développer une infertilité après une
chimiothérapie de première ligne. Ce risque paraît tout
de même un peu plus important dans les tumeurs solides,
notamment car les enfants atteints sont souvent plus âgés
et que le traitement peut inclure une irradiation locali-
sée, parfois pelvienne selon le site primitif de la maladie
[1, 14].
Ainsi, les protocoles thérapeutiques des sarcomes
d’Ewing ou des rhabdomyosarcomes comportent dans les
formes graves une irradiation abdominale ou pelvienne à
la dose de 20 à 30 Gy. Or, cette dose est connue pour être
à l’origine d’une insuffisance ovarienne dans plus de 97 %
des cas (voir infra) [14, 23].
Dans les tumeurs cérébrales également, le risque de
dysfonction ovarienne est majoré. Cela est essentiellement
lié à l’irradiation spinale et à l’utilisation de nitroso-urées
qui font partie de la famille des alkylants [1, 11, 23].
Il est important de noter qu’une reprise des menstrua-
tions après traitement gonadotoxique n’est pas synonyme
de respect de l’intégrité de la réserve ovarienne. On peut
ainsi constater l’installation secondaire de troubles du
cycle souvent témoins d’un risque d’insuffisance ova-
rienne prématurée. Ainsi, Larsen et al. notaient parmi
100 femmes survivantes de cancer pendant l’enfance
(tout cancer confondu), 70 patientes présentant des cycles
menstruels réguliers ou un taux de FSH non augmenté
mais ayant pourtant un volume ovarien plus petit, un
nombre de follicules par ovaire moindre et donc un risque
majoré de ménopause précoce [24].
Les greffes de cellules souches
hématopoïétiques
Quelle que soit la pathologie sous-jacente pour
laquelle la greffe de cellules souches hématopoïétiques
(CSH) est réalisée, l’intensité de traitement est telle – à
l’exception des greffes dites à conditionnement réduit
(moins de 20 % des cas en pédiatrie) – que le risque
d’infertilité est quasi constant et toujours à prendre en
considération et à discuter avec le patient et sa famille.
Le conditionnement myéloablatif qui prépare à la
greffe de CSH comprend de la chimiothérapie haute dose
associée on non à de la radiothérapie. Ce conditionne-
ment est particulièrement gonadotoxique et induit dans la
grande majorité des cas une infertilité à l’âge adulte.
Il est difficile de définir si ce dysfonctionnement gona-
dique est lié à l’irradiation corporelle totale (ICT), à la
chimiothérapie haute dose, à la chimiothérapie conven-
tionnelle rec¸ue avant le traitement myéloablatif ou à
l’association des trois [11, 25].
L’ICT, particulièrement utilisée dans le conditionne-
ment des LAL de l’enfant, délivre habituellement une dose
de 12 Gy fractionnée en six doses.
Même si le fractionnement des doses est «protecteur »,
comparativement à la même dose délivrée en une seule
fraction, on estime chez la fille que la moitié de la popula-
tion folliculaire serait détruite pour une dose d’irradiation
72 mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 14, n◦2, avril-mai-juin 2012
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