Jean-Marie Guénois: L'image de l'islam se dégrade fortement en France
Jean-Marie Guénois
L'image de l'islam se dégrade fortement en France
Le Figaro, 24/10/2012
La communauté musulmane de France s'apprête à fêter, vendredi, sa plus grande fête de
l'année, Aïd-el-Kébir, également dénommée Aïd-el-Adha, fête du sacrifice. Elle intervient au
lendemain du rassemblement de millions de pèlerins, jeudi, sur le mont Arafat près de La
Mecque. Cette fête commémore l'acte de sacrifice, interrompu par l'ange, du fils d'Ibrahim
(Abraham dans la tradition juive). Elle voit donc les familles musulmanes immoler, après le
sermon de l'aïd, un mouton ou un bélier, parfois un bovin ou une chèvre, couché sur le flanc
gauche et la tête tournée vers La Mecque.
Une fête qui tombe dans une France qui conteste de plus en plus cette religion, comme le
démontre un sondage exclusif de l'Ifop pour Le Figaro, mais aussi des faits spectaculaires
comme l'occupation symbolique, samedi dernier, de la mosquée de Poitiers. «Notre sondage,
explique Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop, démontre une évolution
qui va dans le sens d'un durcissement supplémentaire des Français vis-à-vis de cette religion et
d'une perception négative renforcée de l'islam. Même si une proportion non négligeable de
Français, 40 %, continue à se dire indifférente à la question de la présence de l'islam en
France.»
Ce qui explique, à ses yeux, un tel durcissement - 43 % des sondés considèrent l'islam comme
une «menace» - est lié à une «visibilité» fortement accrue de l'islam sur la scène publique et
médiatique. «Ces dernières années, il n'est pas une semaine sans que l'islam, pour des
questions sociétales, voile, nourriture halal, ou pour une actualité dramatique, attentats, ou
géopolitique, n'ait été au cœur de l'actualité.» D'où cette autre impression: 60 % pensent que
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qui se disaient indifférents à cette question passent de 41 à 35 %.
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«De ce point de vue, ajoute Jérôme Fourquet, la polémique sur le fast-food halal à Roubaix -certes largement instrumentalisée politiquement - ou certaines publicités halal, ont eu plusd'effets que n'importe quel discours politique. Elles confirment dans l'opinion l'irréversibilité del'enracinement de l'islam en France, qui n'est plus perçu comme un problème passager. Voilàune clé d'interprétation de ce sondage: cette caisse de résonance permanente conduit à uneprise de conscience très forte qui n'a peut-être jamais été atteinte à ce point.»
Une analyse qui apparaît du reste très nettement quand les questions sont posées sur le voileislamique ou sur la construction des mosquées. En 1989, 33 % des sondés se disaientfavorables à la construction des mosquées. Ils ne sont plus que 18 %. Pour le voile dans la rue,et sur la même période, les personnes opposées passent de 31 % à 63 %. Et les indifférentsont quasiment fondu de moitié pour n'être que 28 %. Quant au voile à l'école, le feu rougeécarlate s'allume puisque l'on passe sur la même période de 75 % opposés à 89 %! Lesindifférents chutant de 17 % à 6 %…
«Les avis négatifs convergent»
Sur ces sujets précis, très repérables dans la vie de tous les jours, «les avis négatifsconvergent, constate Jérôme Fourquet, et l'on ne voit pas comment ils pourraient désormaiss'inverser». On vérifie ainsi cette «radicalisation de l'opinion publique et cette baisse del'indifférence vis-à-vis de l'islam», note ce spécialiste des sondages. Quand on demande auxFrançais quelles sont «les causes» de ce rejet: le «refus de s'intégrer à la société française»passe de 61 à 68 % en deux ans. «Les trop fortes différences culturelles» de 40 à 52 % et «lefait que les personnes d'origine musulmane soient regroupées dans certains quartiers etcertaines écoles» de 37 % à 47 %. Quant à la question des «traits d'image associésglobalement à l'islam», le «rejet des valeurs occidentales» arrive très largement en tête.
Tout se passe comme si les marqueurs du communautarisme étaient devenus insupportablesaux Français, qui ne voient, au passage, aucun effet des «actions ou des budgets des pouvoirspublics» pour l'intégration.
Enfin, pour ce qui est de la politique, une évolution a particulièrement été repérée par JérômeFourquet. Il constate qu'une «digue» vient de céder. Elle séparait le refus - constant depuis1989 - de partis politiques se référant à l'islam et une certaine bienveillance pour des éluslocaux, voire des maires musulmans. Cette hostilité de principe à ces élus - très forte en 1989,avec 63 % - s'était atténuée jusqu'à 33 % en 2010. Mais cette hostilité aux élus locauxmusulmans vient subitement de remonter à 45 %.
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