Université de la Manouba Institut Supérieur du Sport et de L’éducation Physique de Ksar Saïd Département des APS Individuelles Cellule de gymnastique C ellule Gym K∙S COURS DE SPECIALITE "GYMNASTIQUE ARTISTIQUE" BASES BIOLOGIQUE DE L’ENTRAINEMENT EN GYMNASTIQUE SPORTIVE Cours élaboré par : Dr. Bessem MKAOUER Maître Assistant à l’ISSEP Ksar Saïd Chef de la cellule de gymnastique artistique Expert scientifique en gymnastique artistique Entraîneur fédéral de gymnastique artistique Année Universitaire 2016 / 2017 2 BASES BIOLOGIQUES DE L’ENTRAÎNEMENT EN GYMNASTIQUE SPORTIVE Il est admis actuellement que le mouvement sportif dans son ensemble est caractérisé par un niveau de performance extrêmement élevé. A savoir les records battus, les nouvelles techniques et la nouvelle méthodologie de l'entraînement; La gymnastique n'échappe pas à cette règle. En effet, la qualité des exhibitions gymniques sont aujourd’hui caractérisées par un niveau de performance de plus en plus élevé. Dans cette optique la biologie de l'effort contribue d'une manière assez notoire. De nombreuse recherche ont été effectuées dans ce sens. Recherche qui ont aboutit à des conclusions différentes suivants les tendances des écoles gymniques. Nous citons, par exempte la classification de la gymnastique Artistique Sportive en fonction des métabolismes énergétiques sollicites pendant l'activité. (tableau n°1) Auteurs/Métabolisme Léonardi 1990 Fox et Mathews 1984 Dal Monte 1983 Cazorla 1982 A.ALa 20% * * 10% A.Ala / La * 90% 90% * La 70% * * 70% La / O2 * 10% 10% * O2 10% * * 20% Tab n° 1 : Degré d’intervention des différents métabolismes pendant la pratique gymnique. D'autre classification de type physiologique ont été évoqué par Dal Monte et Mallucci 1983. (tableau n° 2) Consommation d’oxygène Pourcentage de distribution en compétition Fréquence cardiaque Fr Moy % * Fr Sub Max % 40-70 Fr Max % 30-70 Sub Max % 5-10 Max % 40-50 Anaer % 50-70 Participation métabolique ATP-CP/ AL % 90 AL / O2 % 10 O2 % * Tab n° 2 : Caractéristiques physiologiques de l’activité gymnique (Dal Monte et Mallucci 1983). De même, Dal Monte et Mallucci 1983 ont présentés aussi les caractéristiques de l’activité gymnique. (tableau n° 3) Sport Gym Type Prédomi nance Activité de dextérité NeuroMusculaire Sollicitation Musculaire Très Importante Etat d’Initiation Etat de Perfection nement Poids Taille P/An/ Ala P/An/ La P/O2 Type Elastide Force cité 7/9 ans 18/26 ans Moy Moy Excel Bon Indif Explosif Coordination NeuroMusculaire Excel Excel Tab n°3 : Caractéristiques de la gymnastique artistique d’après Dal Monte et Mallucci (1983). Mkaouer Bessem. 3 Cependant, sur le plan moteur Leonardi et Grandi (1990), l’évoque comme une liaison complexe et dosée de force-vitesse et de dextérité. (tableau n°4) Sport Groupe Gymnastique 1 Entraînement Perfectionnement de la coordination des mouvements et de la forme du mouvement Structure Acyclique Intensité Variable Type de performance des capacités motrices Systèmes sollicités Liaison complexe et dosée de force vélocité et dextérité système neuromusculaire et système nerveux central Stabilité Stable Tab n°4 : Classification de la gymnastique d’après Leonardi et Grandi (1989). En outre, d’autres chercheurs comme Gavrectovskij, Salmela et Shazeiv, mentionnent que la haute capacité de la performance chez les gymnastes résultes de plusieurs facteurs dont nous citons principalement la Force et la Vitesse comme capacité physique déterminée par des facteurs énergétiques, la coordination comme capacité neuro-motrice relèvent du domaine nervale et la mobilité qui joue un rôle intermédiaire entre les deux. De même, Gaverdovskij (1984), mentionne que la spécificité de la gymnastique se définit dans la force et la force-vitesse. Enfin, Chadzeiv (1978), cité par Gajdos (1983), présente une esquisse illustrative de la structure motrice des éléments gymniques, où il met en évidence l’importance des qualités de force et de vitesse dans l’exécution technique (figure n°1). STRUCTURE DES ELEMENTS GYMNIQUES Cinétique Temps Distance Dynamique Accélération Vitesse Rythme F. Concentrique Tempo F. Statique F. Excentrique Coordination optimale Technique des éléments gymniques Fig. n°1 : Les facteurs essentiels de la maîtrise technique en gymnastique sportive (Chadzeiv 1978) Si nous partons du fait que l'exercice gymnique implique divers modes de manifestation des capacités motrices, nous reconnaissons alors l'apport évident de la biologie de l'effort dans l'optimisation de la capacité de la performance. Mkaouer Bessem. 4 Dans la littérature deux études seulement ont traité la bioénergétique en gymnastique, Montepetit 1976 et Jemni et coll. 1998. Ces auteurs ont étudié la fréquence cardiaque Fc. et la lactatémie La. chez des gymnastes en compétition. Les travaux de Jemni et coll. ont mentionné la durée moyenne des exercices à chaque agrès (tableau 5) ainsi, la Fc. atteinte aux exercices complets est relativement élevée. La fréquence moyenne de la Fc max. enregistré sur les agrès est de 179,49 bat/min se la correspond à 95 % de la Fc max. du gymnaste. Par contre, la Fc moy. Sur la durée de chaque exercice est de 166,9 bat/min elle correspond à 87,89 % de la Fc max. Notons que la comparaison de la Fc max. ainsi que Fc moy. à chaque agrès montre que les valeurs atteintes pendant les exercices de saut sont significativement inférieures. Sol Arçons Anneaux Saut cheval Barres parallèles Barre fixe Moyenne Ecart type 60,90 sec 30,47 sec 40,68 sec 5,16 sec 31,14 sec 36,50 sec 3,44 4,49 5,05 0,41 6,22 6,59 Tab n°5 : Durées moyenne des exercices en gymnastique artistique Jemni et coll. 1998 Il est intéressant de noté que la Fc max. à chaque agrès est atteinte à la fin de chaque l’exercice. En effet, les exercices présentés par l’ensembles des gymnastes se termine par un élément de haute difficulté. Les gymnastes travaillent à la limite de leurs Fc max. pendant un laps de temps très bref. En effet la Fc max. comprise en 180 et 190 bat/min ne présente que 16,31 % des enregistrement. Ce-ci est observé surtout à la barre fixe (22,10 %) au sol, arçons et barres parallèle (20 %), pendant l’exercice de saut la Fc. ne dépasse pas 179 bat/min. Les gymnastes travaillent dans une fourchette de Fc moy. située légèrement au dessous du seuil 4 mmol/l soit 171,57 bat/min 12,84 sur l’ensembles des agrès. Sol Arçons Anneaux Saut cheval Barres parallèles Barre fixe % FC au dessus de 171,5 Lactatémie mmol/l 54,61 35,13 *** 13,31 37,75 48,10 6,13 4,16 *** 3,23 4,58 5,29 Tab n°6 : % de la Fc. et lactatémie La. développées lors des différents engins. Jemni et coll. 1998 Mkaouer Bessem. 5 La lactatémie de toute les exercices cumulée est en moyenne de 4, 77 mmol/l elle correspond à environ 50 % de la La max. atteinte lors d’une épreuve maximale. La La. la plus élevée est celle des exercices au sol elle est de l’ordre de 6,13 mmol/l tan disque celle du saut est de 3,27 mmol/l. Entre ces deux valeurs se situ dans un ordre croissant celles des arçons, des anneaux, de la barre fixe et des barres parallèles. La La moy. cumulée sur les 6 agrès est non négligeable puis qu’elle est légèrement supérieure au seuil anaérobie. Nous savons que l'entraînement sportif est un processus d'adaptation à long terme, il est régit par des bases biologiques sur lesquelles vont se greffer les techniques. Ce processus d’entraînement est lié à la conception de la charge qui doit être modulée suivant l'âge, le sexe, les périodes et les étapes d'entraînement. En effet, qui dit charge dît d'abord compatibilité de celle-ci au gymnaste. La compatibilité de la charge se base sur des phénomènes d'adaptation morphologique et fonctionnelle. Elle est sous l'aspect d'un développement des conditions de la performance physique. Autrement dit c'est l'amélioration de l'endurance de base, de l'endurance spécifique et la force endurance qui vont servire de base à atteindre des buts de formation pendant le développement de la performance à long terme. Chez les jeunes la compatibilité de la charge est très importante car son développement doit respecter les étapes de la croissance. A savoir que dès le jeune âge à 7/8/9 ans, les processus d'ossification de la charpente osseuse n'est pas encore terminés. La musculature est élastique, mais elle n'a pas toute sa puissance contractile. La colonne vertébrale a une grande mobilité mais la musculature est faible, une charge assez élevée peut provoquer des déformations ou des lésions assez graves. Les charges monotones fatigue l'enfant et se répercute au niveau des tissus conjonctifs et de soutien qui présente une récupération plus lente par rapport aux systèmes métabolique. Dès études faites en France à l'exemple de Biner (1990) montrent que la haute charge subit par les jeunes gymnastes provoque une perturbation de la croissance ainsi qu'une détérioration des cartilages de croissance. Ce qui montre que le plus souvent on a des gymnastes relativement très petits par rapport à leur âge. De ce fait, il est déconseillé de développer des charges qui relèvent du métabolisme anaérobie lactique chez les jeunes gymnastes parce que l'activité enzymatique de l’LDH du PFK et du HK est très faible à cet âge. Weinec 1992 mentionne que le système tampon chez les jeunes est très faible. A cet âge aussi, on ne peut pas concevoir un travail de renforcement basé sur la plyométrie, pour une amélioration de la force réactive parce que ce type d'entraînement Mkaouer Bessem. 6 présuppose des charges extrêmement intenses qui doivent être étudier et préparer à l'avance parce qu'elle présente un grand risque d'altération des ligaments et des tendons. L'entraînement des jeunes gymnastes doit être orienté sur : l'endurance de base dans un but de renforcer les principales chaînes musculaires, d'augmenter la capacité des grandes fonctions, autrement dit le rendement du système cardio-vasculaire et respiratoire. L'endurance spécifique en se basant sur l'utilisation des techniques gymniques déjà acquises comme moyen d'entraînement pour une meilleure maîtrise de la technique. L'endurance force dans un but d'une meilleur capillarisation de la musculature et des tissus conjonctifs et de soutien afin d'éviter les suroxydations lors des charges de grandes intensités. La force vitesse orientée sur la vitesse dans un but d'améliorer les structures temporelles par le développement de la vitesse maximale en se basant sur des faibles charges pour aboutir à des vitesses de contraction supra maximale. Outre ces capacités il faut développer d'autant la qualité de coordination et surtout la mobilité articulaire qui doit être développé au maximum à cet age précoce. En récapitulant, nous notons que la charge d'entraînement doit être toujours compatible, endulaire, progressive tout en respectant la notion d'alternance entre l'intensité et le volume. Elle doit être contrôlée et mise en évidence chaque fois dans la programmation pour éviter d'éventuels accidents de surmenage, de surentraînement ou de blessure. Cette charge peut être contrôlée de plusieurs façons et sur plusieurs étapes. Dans la séance d'entraînement elle peut être contrôlée par la pulsation cardiaque, par la différence entre les temps de récupérations, par l'intensité du travail c'est à dire la difficulté et le rythme d'exécution par le nombre dû répétition et le rendement. Dans les microcyles elle est évaluée par le volume, l'intensité, la durée et la difficulté ceci sous forme d'indice. Enfin au niveau des mesocycles et macrocycles d'entraînement, outre se qu'ont a mentionné pour les microcycles, il s'avère primordial qu'on adopte des épreuves d'évaluation des capacités physiques ainsi que des mesures et d'indices anthropo-biométriques oui nous renseignent chaque fois sur la croissance et le développement physique et métabolique. Mkaouer Bessem. 7 Bibliographies : 1. BARDY B.G. 1996 : Approche des systèmes d’action en gymnastique. Dossiers EPS N° 25, Revue EPS, Paris. 2. BROUSSE M.N., LE CHEVALIER J.M., DURING B., PRADET M. 1989 : Energie et conduites motrices. INSEP, Paris. 3. CARRASCO, R. 1982 : Essai de systématique de l'enseignement de la gymnastique aux agrès. Eds. Vigot, Paris. 4. CARRASCO, R. 1984 : Pédagogie des agrès. Eds. Vigot, Paris. 5. COLOMBO C., LE CHEVALIER J.M. 1996 : Le projet de recherche en gymnastique. INSEP de Paris, [email protected]. 6. COLOMBO C., NOGAKI G. 1989 : Evaluation des aptitudes spécifiques a la pratique de la gymnastique. 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