ACTUEL SANTÉ
Àladécouvertede
l’îledeRobinsonCrusoé
PASCALEOTIS
COLLABORATION SPÉCIALE
Nous connaissonstouslafabu-
leusehistoiredeRobinsonCru-
soé, quiseretrouveseuldans
uneîle déserte. Mais saviez-vous
queleroman estbasésur une
histoire véridiqueetque l’île
existe vraiment ?
Pour écrire son roman, l’auteur
BritanniqueDanielDefoe s’est
inspirédes aventuresd’Alexan-
derSelkirk,unmarin écossais
qui a passé52 mois (de1704 à
1709)seul dans uneîle à environ
640km à l’ouest du Chili. Dans
le célèbrerécit,écrit en 1719,
l’îlen’estpasdans le Pacifique,
mais plutôt dans l’Atlantique,le
long de la côte estdu Venezuela.
La raison en estbien simple :au
Chili,les indigènesdel’époque
n’avaientpas la fâcheuse habi-
tude de manger leurssemblables.
Robinson n’aurait alorspas eu
àsauverson fidèle serviteur et
compagnonVendredides tri-
buscannibales. Mais en réalité,
Vendredi n’ajamaisexistéet
le personnageasansdoute été
inventéparl’auteur pour mettre
un peu de piquantdans l’histoire
de Selkirk.
Loin d’avoirété abandonné
parl’équipage,AlexanderSel-
kirk avaitenfaitdemandé à
être débarqué dans uneîle du
Pacifiqueaprès s’être querellé
avec le capitainedunavire
pirate surlequelilnaviguait.En
1704, l’hommeâgé de 28 ansse
retrouveainsi,deson pleingré,
dans l’îledéserte de Masatierra,
où il vécutseulpendant un peu
plus de quatre ansavant d’être
retrouvé. En 1966,lacélèbreîle
estrebaptisée «RobinsonCru-
soe» pour rendre hommageau
personnagedulivre et promou-
voir le tourisme dans l’archipel.
Unpeud’histoire
L’îleRobinsonCrusoefait
partie de l’archipel de JuanFer-
nández, nommé en l’honneur de
l’explorateur espagnol qui en fit
la découverte en 1563.L’archipel
comprend troisîles: Robinson
Crusoe, SantaClaraet Alejandro
Selkirk, dans lesquelles vivent
aujourd’huiunpeu moinsde
1000 personnes.
Avantla construction du canal
de Panama,ces îles servaient
d’escale et de pointde ravitaille-
ment en eaudouce auxbateaux
quicontournaient l’Amérique du
Sudpar le détroit de Magellan.
Depuis,les îles sont devenues
uneattraction touristique, mais
égalementunparadis pour les
amateurs de botanique.
L’île deRobinson
Àquoiressemblel’île de
Robinson ?J’imaginais uneterre
couverte de palmiers, de fruits
exotiques, de canneàsucre sau-
vage,d’orangers, de cacaoyerset
de fleurs de toutessorteslelong
de plages de sabledoré àperte de
vue. Vous aussi? Bien entendu,
card’après le roman,onimagine
facilement uneîle tropicale. En
fait,l’île où séjourna Selkirkn’a
rien d’un paradistropical puisque
la températureannuellemoyenne
n’yest quede17°C. La majeure
partie de l’îleest désertique ;seule
unepetitepartieest assez humide
pour permettre la survie de quel-
ques plantesqui s’accrochent àla
rochevolcanique. Déçu?Non.Car
c’estjustement cettecombinaison
de conditions extrêmes et d’iso-
lement quifont de cetteîle un
endroituniqueaumonde.
Unparadis pourlesbotanistes
Lesîlesdel’archipeldeJuan
Fernándezsesont forméesily
aentre troisetquatremillions
d’années et sont donc relative-
ment jeunes.Les plantesqui y
ont étéintroduites initialement,
probablement parles oiseaux
marins,sont vite devenuesdis-
tinctesde leurscousines en rai-
sondel’isolement.Lenombre
d’espècesendémiques,c’est-à-
dire celles quine se trouvent qu’à
cet endroitsurla planète, s’élève
àprès de 140(undesplus élevés
au monde).
Malheureusement,depuisla
découverte de cesîles, au XVIe
siècle,l’homme en aconsidéra-
blementchangélaphysionomie
originelle :déboisement,exploita-
tion desressources et introduction
de nouvellesespècesvégétaleset
animales... Lesespècesvégétales
endémiques sont vite devenues
vulnérables, carellessont accli-
matées àdesconditions extrêmes
mais stableset donc très limitées
dans leur capacité d’adaptation
auxchangements. C’estainsitout
un équilibrenaturel quiaété
déstabilisé au fil du temps.
Encore aujourd’hui, le poten-
tiel chimique, pharmaceutique et
génétiquede la flore de ce petit
morceau de paradisn’est que
très peu connu. Heureusement,
la protection de l’environnement
devient de plus en plus unecause
légitime.Mais on apprend aussi
quelamajoritédelarecherche
quise fait surla flore endémique
desîles de l’archipel estfinancée
parYves Rocher.
Qu’enaurait pensé Robinson ?
Pouren savoirplussurladécou-
vertedes îles duPacifiquepar
l’équipe deDéfiQuébecMonde:
www.defiquebecmonde.com
Pascale Otis avécuintensémentl’aventure duSednaIV en
Antarctique. Aujourd’hui,cettebiologiste«extrême » passe
de laglaceaux tropiques dans unnouveaupériple océanique
à bordduWhistlerpourdécouvrir lessecretsduPacifique.
Une traverséequiluipermettrade poursuivre ses recherches
surleschangementsclimatiques.Dans cettedeuxième
chronique,elle nousprésentel’îledeRobinson.
PHOTO PASCALEOTIS,COLLABORATIONSPÉCIALE
L’île Robinson Crusoé n’ariend’unparadis tropicalpuisquelatempérature annuelle moyenne n’yestquede17°C.La
majeure partie del’îleestdésertique;seule une petitepartie estassezhumidepourpermettre lasurvie dequelques
plantes quis’accrochentàlaroche volcanique.
PHOTO PASCALEOTIS,COLLABORATIONSPÉCIALE
Les otariessontabondantes surlesplagesdel’île. Àcettepériodedel’année,lesmères viennentdemettre baset
passentbeaucoupdetempsàallaiter leurs jeunes,pendantquelesmâless’affairentàdéfendre leurharem.
PHOTO FOURNIE PARPASCALEOTIS
Lechevalestpluspratiquequela
voiture dans l’île. D’ailleurs,on n’y
comptequequelques raresvéhicules
motorisés.
FAITSETSCIENCE
UN BALLON ÀQUILLE
Une équipe d’aventuriers français vaessayer detraverserl’Atlanti-
queSudàbordd’unballonrelié parunfil àune quillesous-marine.
Cettequilleestmanoeuvrable,grâceàdes commandes situéesdans
lanacelle sousleballon,cequipermetderemonter le vent.Lebal-
lon,quialaformed’undemi-cylindre,adoncbesoindetrèspeu
d’énergiepourcontrôlerson itinéraire. LeWindreamOne vaquitter
l’Afriqueaudébut del’anprochain,après des testsenMéditerranée.
LA MARÉECLONÉE
Des biologistes britanniques ontréussi àproduirele gazquidonne àla
maréebasse son odeurcaractéristique. Cegaz,le diméthylsulfure,était
connu,mais on ignoraitcommentil étaitlibéréparlamaréebasse.Les
chercheurs ontréussi àproduirele gazen altérantlagénétiqued’une
bactérie quidécompose ungazsimilaire,produitparladécompositiondes
algues.Les diméthylsulfure aune importancecruciale pourle climat,parce
qu’ilcontribueàlaformationdes nuages.
LA MÉDITATION
Pessimismeinné
Lepessimisme faitpartie delanature humaine,selonune nouvelle étude
allemande. Les neurologues ontscrutéle cerveaude16cobayes avecun
appareil àrésonancemagnétique,pendantqu’ils examinaientdes images
positives,neutresetnégatives.Avantdevoirlesimages,lesparticipants
voyaientdes indices.Sil’indiceétaitneutre,larégion ducerveauqui
étaitexcitée étaitlamême qu’aveclesindices etlesimagesnégatives.
End’autresmots,devantl’inconnu,nousnousattendons aupire.Selon
leschercheurs,il s’agitd’unréflexehéritédenoslointains ancêtres,qui
devaientsans cesse être surle qui-viveàmoins d’être certains d’être en
sécurité.
EN HAUSSE,EN BAISSE
GÉOTHERMIE
L’énergiegéothermiquepourraitcombler 10%des besoins d’élec-
tricitédes États-Unisàuncoût trois foismoins importantquedes
centralesnucléaires,selonunrapportduMassachussettsInstitute
of Technology.Des usines géothermales construites aucoût d’un
milliardUSpourraientgénérer 100 gigawatts. Detellesusines
électriques tirentprofitdelachaleurquirègne àplusieurs kilo-
mètressouslasurfacedelaTerre.Les coûtsdes usines brûlantdu
charbon oudugaznaturelsontdeux àtrois foismoindresqueles
usines géothermiques,mais ces dernières n’émettentpasdepollu-
tionetne sontpassensibles aux variations des cours dugaz.
L’INDUSTRIEMINIÈRE AUSTRALIENNE
Elleretientsonsouffle depuis quele ministèredel’Environnement
amisunprojetdemine defersurlaglace,afindepréserver les
insectes quiviventdans des cavernessouterraines à cetendroit.
Ces vers,scorpions etautresmille-pattes seraientuniques au
mondeparcequ’ils sontalbinos,n’ayantjamais àse protéger des
rayons ultraviolets. La mine,située dans l’ouestdupays,devait
en remplacer une autre quiseraépuisée en 2010.Cen’estpas
lapremière foisquele gouvernementaustralienbloqueune mine
pourdes motifsenvironnementaux controversés :en 2006,un
projetdemine decharbon avaitétérejetéàcause desa contribu-
tionauréchauffementdelaplanète.
TEXTES :MATHIEUPERREAULT
SOURCES:ScienceetVie,ScientificAmerican,The NewScientist,Eurekalert,ScienceetAvenir
Unà10
C’estl’âge des plus
récentes éruptions
volcaniques lunai-
res,selon une nou-
velle analyse des
imagesprises par
Apollo 15.Jusqu’à
maintenant,les
astronomes pen-
saientquele relief
lunaire n’avaitpas
bougé depuis un
milliardd’années.
Les gazlibérés
parces éruptions
seraientcomposés
dedioxydede
carboneoud’eau.
Cettedécouverte
permettrade
mieux calculerles
ressources souter-
raines lunaires.
millions d’années
LE CHIFFRE
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
4ACTUEL LA PRESSEMONTRÉALDIMANCHE1ER AVRIL2007