Un à 10 - Collections

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4 ACTUEL
LA PRESSE MONTRÉAL DIMANCHE 1
ER
AVRIL 2007
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ACTUEL SANTÉ
FAITS ET SCIENCE
LE CHIFFRE
Un à 10
millions d’années
C’est l’âge des plus
récentes éruptions
volcaniques lunaires, selon une nouvelle analyse des
images prises par
Apollo 15. Jusqu’à
maintenant, les
astronomes pensaient que le relief
lunaire n’avait pas
bougé depuis un
milliard d’années.
Les gaz libérés
par ces éruptions
seraient composés
de dioxyde de
carbone ou d’eau.
Cette découverte
permettra de
mieux calculer les
ressources souterraines lunaires.
PHOTO PASCALE OTIS, COLLABORATION SPÉCIALE
Les otaries sont abondantes sur les plages de l’île. À cette période de l’année, les mères viennent de mettre bas et
passent beaucoup de temps à allaiter leurs jeunes, pendant que les mâles s’affairent à défendre leur harem.
À la découverte de
l’île de Robinson Crusoé
Pascale Otis a vécu intensément l’aventure du Sedna IV en
Antarctique. Aujourd’hui, cette biologiste « extrême » passe
de la glace aux tropiques dans un nouveau périple océanique
à bord du Whistler pour découvrir les secrets du Pacifique.
Une traversée qui lui permettra de poursuivre ses recherches
sur les changements climatiques. Dans cette deuxième
chronique, elle nous présente l’île de Robinson.
PA S C A L E OT I S
CO LL A B O R ATIO N S PÉCI A L E
Nous connaissons tous la fabuleuse histoire de Robinson Crusoé, qui se retrouve seul dans
une île déserte. Mais saviez-vous
que le roman est basé sur une
histoire véridique et que l’île
existe vraiment ?
Pour écrire son roman, l’auteur
Britannique Daniel Defoe s’est
inspiré des aventures d’Alexander Selkirk, un marin écossais
qui a passé 52 mois (de 1704 à
1709) seul dans une île à environ
640 km à l’ouest du Chili. Dans
le célèbre récit, écrit en 1719,
l’île n’est pas dans le Pacifique,
mais plutôt dans l’Atlantique, le
long de la côte est du Venezuela.
La raison en est bien simple : au
Chili, les indigènes de l’époque
n’avaient pas la fâcheuse habitude de manger leurs semblables.
Robinson n’aurait alors pas eu
à sauver son fidèle serviteur et
compagnon Vendredi des tribus cannibales. Mais en réalité,
Vendredi n’a jamais existé et
le personnage a sans doute été
inventé par l’auteur pour mettre
un peu de piquant dans l’histoire
de Selkirk.
Loin d’avoir été abandonné
par l’équipage, Alexander Selkirk avait en fait demandé à
être débarqué dans une île du
Pacifique après s’être querellé
ave c le c a pit a i ne du n av i re
pirate sur lequel il naviguait. En
1704, l’homme âgé de 28 ans se
retrouve ainsi, de son plein gré,
dans l’île déserte de Masatierra,
où il vécut seul pendant un peu
plus de quatre ans avant d’être
retrouvé. En 1966, la célèbre île
est rebaptisée « Robinson Crusoe » pour rendre hommage au
personnage du livre et promouvoir le tourisme dans l’archipel.
Un peu d’histoire
L’île Robinson C r usoe fa it
partie de l’archipel de Juan Fernández, nommé en l’honneur de
l’explorateur espagnol qui en fit
la découverte en 1563. L’archipel
comprend trois îles : Robinson
Crusoe, Santa Clara et Alejandro
Selkirk, dans lesquelles vivent
aujourd’hui un peu moins de
1000 personnes.
Avant la construction du canal
de Panama, ces îles servaient
d’escale et de point de ravitaillement en eau douce aux bateaux
qui contournaient l’Amérique du
Sud par le détroit de Magellan.
Depuis, les îles sont devenues
une attraction touristique, mais
également un paradis pour les
amateurs de botanique.
L’île de Robinson
À quoi re s semble l ’ î le de
Robinson ? J’imaginais une terre
couverte de palmiers, de fruits
exotiques, de canne à sucre sauvage, d’orangers, de cacaoyers et
de fleurs de toutes sortes le long
de plages de sable doré à perte de
vue. Vous aussi ? Bien entendu,
car d’après le roman, on imagine
facilement une île tropicale. En
fait, l’île où séjourna Selkirk n’a
rien d’un paradis tropical puisque
la température annuelle moyenne
n’y est que de 17 °C. La majeure
partie de l’île est désertique ; seule
une petite partie est assez humide
pour permettre la survie de quelques plantes qui s’accrochent à la
roche volcanique. Déçu ? Non. Car
c’est justement cette combinaison
de conditions extrêmes et d’isolement qui font de cette île un
endroit unique au monde.
cet endroit sur la planète, s’élève
à près de 140 (un des plus élevés
au monde).
Malheureusement, depuis la
découverte de ces îles, au XVIe
siècle, l’homme en a considérablement changé la physionomie
originelle : déboisement, exploitation des ressources et introduction
de nouvelles espèces végétales et
animales... Les espèces végétales
endémiques sont vite devenues
vulnérables, car elles sont acclimatées à des conditions extrêmes
mais stables et donc très limitées
dans leur capacité d’adaptation
aux changements. C’est ainsi tout
un équilibre naturel qui a été
déstabilisé au fil du temps.
Encore aujourd’hui, le potentiel chimique, pharmaceutique et
génétique de la flore de ce petit
morceau de paradis n’est que
très peu connu. Heureusement,
la protection de l’environnement
devient de plus en plus une cause
légitime. Mais on apprend aussi
que la majorité de la recherche
qui se fait sur la flore endémique
des îles de l’archipel est financée
par Yves Rocher.
Qu’en aurait pensé Robinson ?
Pour en savoir plus sur la découverte des îles du Pacifique par
l’équipe de Défi Québec Monde :
www.defiquebecmonde.com
Une équipe d’aventuriers français va essayer de traverser l’Atlantique Sud à bord d’un ballon relié par un fil à une quille sous-marine.
Cette quille est manoeuvrable, grâce à des commandes situées dans
la nacelle sous le ballon, ce qui permet de remonter le vent. Le ballon, qui a la forme d’un demi-cylindre, a donc besoin de très peu
d’énergie pour contrôler son itinéraire. Le Windream One va quitter
l’Afrique au début de l’an prochain, après des tests en Méditerranée.
LA MARÉE CLONÉE
Des biologistes britanniques ont réussi à produire le gaz qui donne à la
marée basse son odeur caractéristique. Ce gaz, le diméthylsulfure, était
connu, mais on ignorait comment il était libéré par la marée basse. Les
chercheurs ont réussi à produire le gaz en altérant la génétique d’une
bactérie qui décompose un gaz similaire, produit par la décomposition des
algues. Les diméthylsulfure a une importance cruciale pour le climat, parce
qu’il contribue à la formation des nuages.
LA MÉDITATION
Pessimisme inné
Le pessimisme fait partie de la nature humaine, selon une nouvelle étude
allemande. Les neurologues ont scruté le cerveau de 16 cobayes avec un
appareil à résonance magnétique, pendant qu’ils examinaient des images
positives, neutres et négatives. Avant de voir les images, les participants
voyaient des indices. Si l’indice était neutre, la région du cerveau qui
était excitée était la même qu’avec les indices et les images négatives.
En d’autres mots, devant l’inconnu, nous nous attendons au pire. Selon
les chercheurs, il s’agit d’un réflexe hérité de nos lointains ancêtres, qui
devaient sans cesse être sur le qui-vive à moins d’être certains d’être en
sécurité.
Un paradis pour les botanistes
Les îles de l’archipel de Juan
Fernández se sont formées il y
a entre trois et quatre millions
d’années et sont donc relativement jeunes. Les plantes qui y
ont été introduites initialement,
probablement par les oiseaux
marins, sont vite devenues distinctes de leurs cousines en raison de l’isolement. Le nombre
d’espèces endémiques, c’est-àdire celles qui ne se trouvent qu’à
UN BALLON À QUILLE
PHOTO FOURNIE PAR PASCALE OTIS
Le cheval est plus pratique que la
voiture dans l’île. D’ailleurs, on n’y
compte que quelques rares véhicules
motorisés.
EN HAUSSE, EN BAISSE
GÉOTHERMIE
L’énergie géothermique pourrait combler 10 % des besoins d’électricité des États-Unis à un coût trois fois moins important que des
centrales nucléaires, selon un rapport du Massachussetts Institute
of Technology. Des usines géothermales construites au coût d’un
milliard US pourraient générer 100 gigawatts. De telles usines
électriques tirent profit de la chaleur qui règne à plusieurs kilomètres sous la surface de la Terre. Les coûts des usines brûlant du
charbon ou du gaz naturel sont deux à trois fois moindres que les
usines géothermiques, mais ces dernières n’émettent pas de pollution et ne sont pas sensibles aux variations des cours du gaz.
L’INDUSTRIE MINIÈRE AUSTRALIENNE
Elle retient son souffle depuis que le ministère de l’Environnement
a mis un projet de mine de fer sur la glace, afin de préserver les
insectes qui vivent dans des cavernes souterraines à cet endroit.
Ces vers, scorpions et autres mille-pattes seraient uniques au
monde parce qu’ils sont albinos, n’ayant jamais à se protéger des
rayons ultraviolets. La mine, située dans l’ouest du pays, devait
en remplacer une autre qui sera épuisée en 2010. Ce n’est pas
la première fois que le gouvernement australien bloque une mine
pour des motifs environnementaux controversés : en 2006, un
projet de mine de charbon avait été rejeté à cause de sa contribution au réchauffement de la planète.
PHOTO PASCALE OTIS, COLLABORATION SPÉCIALE
L’île Robinson Crusoé n’a rien d’un paradis tropical puisque la température annuelle moyenne n’y est que de 17 °C. La
majeure partie de l’île est désertique ; seule une petite partie est assez humide pour permettre la survie de quelques
plantes qui s’accrochent à la roche volcanique.
T E X T E S : M AT H I EU P ER R E AU LT
SOURCES : Science et Vie, Scientific American, The New Scientist, Eurekalert, Science et Avenir
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