BOURG STORY 26 Thomas Riboud, le magistrat humaniste FIGURE EMBLÉMATIQUE DE SON ÉPOQUE, THOMAS RIBOUD, FONDATEUR DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION, FÊTE CETTE ANNÉE SES 250 ANS. SAUVEUR DE BROU Grâce à Thomas Riboud, Brou est encore debout. En 1790, alors qu’il est procureur, Brou est voué à la vente et à la démolition. Riboud convainc les dirigeants de conserver les édifices. Un décret royal range Brou comme monument national. En 1808, il sauve une seconde fois l’édifice menacé par une loi ordonnant l’aliénation des biens nationaux. L’église et le monastère de Brou sont cédés au département par son intervention. é à Bourg le 24 octobre 1755, Thomas Riboud est issu d’une vieille famille de magistrats bressans. Après des études brillantes au collège des jésuites de Bourg puis à Beaune, il obtient à 19 ans une licence de droit à Dijon. Avocat à Lyon, il se lie d’amitié avec plusieurs jeunes confrères et forme la société littéraire de Lyon. Il croit au pouvoir du savoir comme vecteur d’élévation. En 1778, il revient dans sa ville natale où il obtient à 24 ans l’importante charge de procureur du roi. L’occasion de prononcer, un an plus tard, un important discours exposant ses vues sur la justice, qui doit être l’expression d’une morale et ne doit pas être rendue dans un esprit de vengeance. N Fondateur de la société d’émulation Riboud s’installe alors définitivement à Bourg, au 12 de la rue des Cordeliers (rue Edgar Quinet). Devant l’assemblée générale du tiers-état de Bresse, il préconise un changement d’état d’esprit qui doit tenir compte des préoccupations des citoyens. Une révolution avant l’heure ! Partant de ce discours, Riboud décide de créer en 1783 une structure nouvelle qui permettra de donner une impulsion à l’économie et aux esprits : la société d’émulation de l’Ain. Au sein de cette Académie de province, il a écrit près d’une centaine de mémoires d’histoire, de biologie et de littérature. Considérant ses compatriotes comme “naturellement indolents”, Riboud pensait que cet obstacle pouvait être surmonté. “Remplissez leur esprit et bientôt vous ne les reconnaîtrez plus”. En 1783 toujours, il est nommé subdélégué de l’intendant de Bourgogne en Bresse. Sa morale et ses principes de réformes peuvent s’appliquer. Il appelle à rejeter l’égoïsme, à renoncer aux privilèges et à partager les charges de l’Etat. Sauveteur du patrimoine Avec la révolution, les pouvoirs de Riboud s’étendent. Il était en même temps, le préfet et le président du Conseil général de notre époque ! Il sauve alors de la destruction des bibliothèques, des maisons religieuses et l’église de Brou. En 1793 sous la terreur, il est arrêté et n’est sauvé de la guillotine que par la chute de Robespierre. Le calme revenu, il continue d’œuvrer dans toutes les directions, écrit des ouvrages, invente des machines. En 1799 il est élu député, puis président du tribunal criminel de l’Ain. En 1827 il se retire à Jasseron dans sa maison de famille où il meurt le 6 août 1835, à l’âge de 80 ans. La société d’émulation, interdite dix ans après sa création, fut rétablie en 1801 par le préfet Ozun. Elle sera reconnue d’utilité publique en 1829. Elle est toujours active après plus de 220 ans d’existence. ■ Sources : “Bourg de A à Z” de Maurice Brocard, Archives municipales.