Pour illustrer l’importance du rôle de l’économie dans les domaines de la biodiversité et des
services écosystémiques, il suft de constater l’émergence d’une grande diversité de modes d’intervention
qui, en règle générale, s’appuient sur les marchés, les acteurs du secteur privé et les instruments
nanciers. Ces modes d’intervention sont fréquemment présentés comme a) innovants, b) capables
d’apporter de nouvelles sources de nancement pour la préservation de l’environnement (en tant
qu’alternative éventuelle au nancement public), c) ayant le potentiel de modier les prises de
décision en apportant des mesures incitatives clés et/ou d) susceptibles d’apporter plus d’efcacité
que l’action traditionnelle de prescription/coercition. Il est toutefois utile de préciser que ces modes
d’intervention n’ont pas encore été à la hauteur des attentes, et les preuves tangibles de leur
succès sont pour le moins inexistantes. Il semble donc important d’examiner plus en détails ces
instruments an de pouvoir en identier avec précision et rigueur les faiblesses et les risques, mais
aussi les perspectives d’amélioration.
Dans le cadre de cette conférence, nous utiliserons l’expression « instruments de marché » (IM)
pour désigner toute une gamme de modes d’intervention, étant donné qu’aucune dénition
consensuelle n’existe à ce jour. Par ailleurs, les liens avec la théorie économique demeurent vagues
quant à la contribution efcace que les marchés pourraient apporter – par le biais des IM – à la
préservation de la biodiversité. En effet, les IM peuvent englober différentes approches parmi
lesquelles la certication forestière, les mécanismes de compensation bancaire, les paiements
pour services écosystémiques, les labels pour l’agriculture biologique, les subventions et les taxes,
les mesures agro-environnementales dans le cadre de la politique agricole commune, l’éco-tourisme,
etc. Mais peut-on regrouper ces instruments sous une seule et unique désignation ? Ou faut-il en
conclure que la terminologie « instruments de marché » traduit en réalité une incompréhension de
ces modes d’intervention contrastés, ayant des répercussions néfastes pour leur intégration dans
les politiques publiques et pour l’évaluation de leurs contributions futures à la préservation de la
biodiversité ?
Objectifs de la conférence :
Par l’exploration des tenants et des aboutissants de l’essor des instruments de marché (IM) en vue
de la préservation de la biodiversité et des services écosystémiques, la conférence internationale
organisée par la Fondation d’entreprise Hermès et l’Iddri se donne pour objectifs de :
- clarier le concept d’IM et leurs principes implicites, dans un contexte où la terminologie et la
dénition demeurent imprécises et changeantes, et où leurs liens avec la théorie économique sont loin
d’être clairs ;
- présenter un panorama des IM conçus et utilisés pour la conservation de la biodiversité et la
mise en œuvre de services écosystémiques, à différentes échelles géographiques ;
- évaluer la pertinence des IM comme modes d’intervention efcaces, leur légitimité en termes
d’instruments de politiques publiques, et leurs implications sur le plan de l’équité ;
- étudier et analyser l’intégration des IM dans les politiques publiques, notamment en étudiant la
réalité des transferts de décision et de nancement de la sphère publique vers la sphère privée ;
- débattre des IM récents et controversés an de déterminer les risques encourus à court et
moyen termes, ainsi que les perspectives à long terme ;
- conclure sur divers scénarios envisageables pour l’avenir.