Université Mohammed V-Agdal, Rabat, Maroc
Laboratoire de recherche « Philosophie et Pensée Critique »
Programme d’activités 2013-2014
Journée Mondiale de la Philosophie 2013
« Qu’en est-il de l’événement ? »
A l’occasion de la Journée Mondiale de la Philosophie 2013, Le Laboratoire de recherche en
« philosophie et pensée critique », abrité par la Faculté des lettres et des sciences humaines de
Rabat, organise une journée d’études sur le thème « qu’en est-il de l’événement ? ». Cette
activité se veut une contribution au débat d’idées qui se déroule actuellement autour des
événements qui se produisent en cascade dans la région de l’Afrique du nord et du Moyen
Orient.
Argumentaire :
Qu’est ce qu’un événement ? Le sens commun voudrait que l’événement soit ce qui arrive par
surprise, ce qui casse le cours ordinaire des choses. L’événement serait alors l’inattendu ou
l’imprévu ou l’extraordinaire au sens étymologique du mot (ce qui vient du dehors du cours
ordinaire des choses). Une révolution politique ou un soulèvement populaire serait
l’événement alors. La philosophie ne s’est jamais contentée de cette définition simpliste.
Certes, il y a des philosophes qui ont gardé à ce concept son sens initial, mais pour d’autres
philosophes, le mot « événement » porte un sens tout a fait différent : une révolution ou un
soulèvement ne sont pas pour eux des événements, c’est plutôt des actualités. Ce qui fait la
spécificité de l’événement pour eux ces philosophie, ce n’est pas le fait que quelque chose
arrive, mais plutôt le fait que ce qui arrive brise notre champs d’attente et récuse toute
conception antérieure de temps ; car l’événement ce n’est pas ce qui est possible à partir d’un
passé qui est déjà passé, c’est plutôt la condition qui fait le passé. L’événement ce n’est pas le
possible, c’est ce qui est antérieur virtuellement à toutes les possibilités, [et rabattre
l’événement sur le possible]. Rabattre le virtuel sur l’actuel c’est courir le risque de rater ce
qui fait la pure spécificité d’un événement ; car l’événement c’est ce qui prime, ce qui précède
et présente les conditions d’être de tout ce qui se présente à nous dans l’actuel, et non pas
simplement ce qui est actuel. Selon cette définition, l’événement et aussi ce qui refuse d’être
compris selon nos habitudes de pensées préétablies, ce qui met en crise toutes nos habitudes
de pensées, nos catégories de représentations : notre mode de connaissance bâtit sur le model
de la re-connaissance. Penser l’événement serait alors une aventure, une ouverture sur le
monde en dehors de toute causalité chronologique ou logique, en dehors de tout
réductionnisme positiviste ou subjectiviste, en dehors de toute dualité représentative sujet-
objet, passé-futur, télos et archè.
Que devient alors le concept du temps et d’histoire ? Que deviennent les catégories d’essence,
d’identité et de différence ? Que devient la vérité, la liberté ? Quel sens prend l’éthique et
l’agir politique ?
Du stoïcisme ancien à Whitehead, de Lucrèce à Deleuze, de Zénon à Heidegger relever ce
défi a toujours été la tâche la plus difficile qu’essaie de relever [d’accomplir] la philosophie ;
chercher la possibilité d’une pensée pure de l’événement.
Cette rencontre se déroulera autour des axes suivants :