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«Travailler au sein d’une association en
plus de son quotidien si stressant? Et à
titre bénévole par-dessus le marché? Je
n’ai pas le temps!» La quarantaine de
participants à la journée des cadres de
la SSO à Berne ont été unanimes: il est
à l’évidence très difficile de trouver de
nouveaux membres pour les cadres ou
pour les commissions. C’est cependant
de ce travail de milice que vit notre asso-
ciation professionnelle.
Ensemble, faire avancer les choses
La première oratrice, D
r
Karin Stuhlmann,
a souligné que la SSO n’était pas la seule
association à connaître ce problème. Elle
conseille les associations, fondations et
organisations à but non lucratif. A en
croire Karin Stuhlmann, nombreuses
sont les organisations qui commettent
l’erreur de ne pas définir des profils clairs
et précis des personnes qu’elles vou-
draient recruter. Elles recherchent sim-
plement «quelqu’un», voire quelque
«Superman» susceptible de répondre à
tous leurs critères. Outre les exigences
techniques et professionnelles, il est
essentiel avant tout que la nouvelle per-
sonne s’intègre à l’équipe déjà en place.
Des sondages l’attestent en effet: «La pre-
mière motivation des gens qui s’engagent,
c’est de faire bouger les choses ensemble
avec les autres membres de l’équipe»,
a expliqué Karin Stuhlmann.
Lorsque quelqu’un finit enfin par mani-
fester de l’intérêt, il est indispensable de
bien le ou la préparer aux tâches qui l’at-
tendent. Ses futur-e-s collègues doivent
l’informer honnêtement du temps qu’il
faudra leur consacrer, des compétences
à apporter, de ses interlocuteurs et des
questions qu’il faudra traiter. L’idéal se-
rait que la personne approchée participe
«en invité-e» à une ou deux séances
avant de se décider. Et puis il faudrait
aussi se poser cette question: «En tant
qu’association, qu’est-ce que nous pou-
vons apporter aux membres de notre
comité? C’est loin d’être négligeable dans
la plupart des cas: formation continue,
rémunération, atmosphère collégiale,
reconnaissance, possibilités d’exercer
une véritable influence, pour ne men-
tionner que quelques-unes des réponses
possibles.
Abattre les préjugés
«Le rendement d’une entreprise aug-
mente de 50% quand sa direction compte
des femmes et des hommes par rapport à
une direction exclusivement masculine!»
C’est par cette affirmation provoquante
qu’Yvonne Seitz, responsable du service
«Diversity and Family Care» auprès des
assurances Axa-Winterthur, a commencé
son exposé. Elle a tenté de déterminer
dans l’exercice de ses attributions pour-
quoi les femmes sont sous-représentées
dans les fonctions dirigeantes de son
entreprise. Concrètement: «Quels sont
les écueils qui empêchent les femmes de
faire carrière?» Transposée à la SSO la
question se formule ainsi: «Pourquoi les
femmes sont-elles si peu nombreuses à
siéger au sein des comités des sections?»
Yvonne Seitz a identifié l’un de ces
écueils: les femmes et les hommes ne
se parlent pas suffisamment. «Les
femmes pensent que les hommes ne
Identifier les
écueils, proposer
des formations
Conseils et suggestions pour les activités de
l’association: c’est ce qu’a proposé la Jour-
née des cadres de la SSO aux présidents de
ses commissions et de ses sections. L’un des
points forts a été la recherche de nouveaux
membres pour les comités.
Texte: Andrea Renggli, rédactrice SDJ
Photos: Marco Zanoni, photographe
Yvonne Seitz (à g.) et Karin Stuhlmann étaient d’accord: il ne serait pas opportun d’imposer un quota
pour les femmes dans les comités des sections.
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veulent pas d’elles dans les échelons su-
périeurs de la hiérarchie. De leur côté, les
hommes croient que les femmes ne sont
pas intéressées à faire carrière. Mais ces
deux points de vue sont erronés.» Il a
finalement été possible d’éliminer ces
préjugés de part et d’autre grâce à un
programme de «Mentoring».
L’oratrice a ensuite évoqué de la compati-
bilité de la profession et de la famille. Elle
a souligné que la famille, ce ne sont pas
seulement des enfants, mais aussi par
exemple des parents âgés dépendants.
Yvonne Seitz sait d’expérience person-
nelle que les femmes ne sont pas seules
à vouloir des horaires flexibles et un rap-
port vie personnelle/travail équilibré:
de plus en plus d’hommes ont le même
désir.
Sa conclusion vaut également pour la
SSO: pour encourager la diversité, pour
intégrer aussi bien des femmes que des
hommes jeunes et expérimenté-e-s dans
des fonctions dirigeantes, il faut des
structures adaptées et une culture assu-
mée ensemble par tous les intervenants.
Des formations pour plus d’assurance de soi
Au cours du débat qui a suivi cet exposé
Beat Wäckerle, président de la SSO, a
émis l’hypothèse que la SSO n’avait pas
de «problème avec les femmes», mais
bien plutôt des difficultés à intégrer de
jeunes personnes parmi ses cadres. Il
pense que la jeune génération est de
moins en moins disposée à se priver de
loisirs pour s’engager dans notre organi-
sation corporative. C’est pourquoi il est
important que les comités des sections
établissent des contacts avec les éventuels
intéressés. Il faut promouvoir et conforter
la confiance qui doit régner au début de
tout processus de recrutement.
Karin Stuhlmann a pu donner quelques
bons conseils en ce qui concerne le «pro-
blème des femmes»: «Nombreuses sont
les femmes qui ne font pas confiance à
une fonction dans un comité. On peut
lutter contre cela, par exemple en pro-
posant une formation.» Quant à elle,
Yvonne Seitz a suggéré que l’on se pose
enfin la question des besoins: «A quelle
condition seriez-vous prêt-e à collaborer
au sein de notre comité?» Question posée
dans l’assistance: «Est-ce que l’imposi-
tion d’un ‹quota› de femmes serait op-
portune?» Yvonne Seitz et Karin Stuhl-
mann estiment toutes deux que non. Un
quota défavoriserait les hommes. En fin
de compte, il s’agit de compétence et pas
de genre!
Lisez les statuts!
L’après-midi a été consacré aux activités
concrètes d’un comité: Simon Gassmann,
secrétaire de la SSO, a parlé des aspects
juridiques des assemblées. Un sujet certes
plutôt aride mais néanmoins très impor-
tant. Le président d’une assemblée doit
connaître en particulier ses obligations
et les procédures à suivre: combien de
membres doivent-ils être présents pour
que l’assemblée puisse délibérer valable-
ment? Quand est-il indiqué de procéder à
un vote secret? Nombre de ces points sont
évoqués dans les statutsLisez-les donc!
Si ces règles ne sont pas respectées, il se
pourrait que des décisions se voient atta-
quées par devant les tribunaux. C’est cer-
tainement très rare, en convient Simon
Gassmann. «Mais quand ça arrive, l’asso-
ciation concernée risque de faire face à un
très sérieux problème.» C’est pourquoi la
SSO a rédigé une notice pour l’orientation
des personnes qui ont à présider des as-
semblées (www.sso.ch/fr/politique-cor-
porative/journee-des-cadres-sso-2013).
La médecine dentaire dans les médias
Brigitte Walser, journaliste à la Berner
Zeitung, s’est exprimée en toute clarté.
Sa thèse: ceux qui connaissent les médias
et leur action peuvent collaborer avec eux
de façon constructive. Elle a évoqué les
tendances dans ce milieu en commençant
par décrire les activités quotidiennes
dans une rédaction. Elle a ensuite donné
quelques bons conseils pour les relations
avec des journalistes. «Réfléchissez bien
au sujet que vous voulez aborder dans
un communiqué de presse», a indiqué
Brigitte Walser parle de ce qu’elle connaît bien: comment travaillent les journalistes d’un quotidien?
Qu’est-ce qu’ils apprécient? Qu’est-ce qu’ils n’aiment pas du tout?
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Brigitte Walser. «Vous trouverez ainsi
tout de suite le bon interlocuteur et vous
faciliterez le travail des journalistes.»
Après un survol des gros titres des médias
en relation avec les médecins-dentistes
suisses, l’oratrice a parlé des initiatives
sur une médecine dentaire sociale qui ont
été déposées dans plusieurs cantons. Elle
a formulé les questions qu’elle poserait à
la SSO en tant que journaliste. Exemple:
les caisses-maladie couvrent tous les frais
médicaux sauf les soins dentaires. Pour-
quoi les dents sont-elles ainsi mises à
l’écart et ne sont pas assurées? Ou bien:
certaines personnes sont susceptibles
de subir des dommages à leur dentition,
même en se brossant régulièrement les
dents. En quoi cela se différencie-t-il
d’une maladie dont le traitement serait
pris en charge par une caisse-maladie?
Le tsunami de la communication
Hermann Strittmatter, fondateur et diri-
geant de l’agence de publicité GGK à
Zurich, a donné de nombreux exemples
de bonne et de mauvaise publicité, ac-
tuelle ou ancienne. De nos jours, qui-
conque est désireux de transmettre son
message au public doit s’attendre à se
battre contre un tsunami d’incitations
et de messages visuels. Avons-nous tout
de même une chance de nous faire en-
tendre? Ce professionnel de la publicité
répond par l’affirmative. Mais une cam-
pagne doit être soigneusement préparée,
par exemple celle qui est menée au plan
politique avant une votation. Il faut en
tout premier lieu répondre à la question
de savoir si les intentions et les argu-
ments peuvent être exposés de façon in-
telligible. Tout aussi important: le budget
est-il à la hauteur pour mener à bien la
campagne? L’intervenant doit aussi se
poser quelques questions dans le cas
d’une campagne électorale: le profil du
candidat est-il bien défini? Serait-il élu
par un citoyen qui aurait passé trois
heures en sa compagnie dans un ascen-
seur en panne? Le mandat de publicité
a de grandes chances de succès si ces
conditions sont remplies! Trois éléments-
clés sont au cœur de la réalisation de
toute campagne: surprendre par une
approche séduisante, convaincre par
des informations crédibles, susciter la
confiance en permanence.
Simon Gassmann, secrétaire de la SSO, apporte son soutien dans le domaine juridique aux présidents
d’assemblées.
Hermann Strittmatter, professionnel de la publicité, a présenté à l’assistance des exemples de bonne
et de mauvaise publicité.
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Nous serons bientôt appelés à voter sur
la mise en place d’une assurance den-
taire obligatoire financée selon le mo-
dèle de l’AVS. Quelles seront les consé-
quences d’une éventuelle acceptation
de l’initiative pour nous médecins-den-
tistes?
Dans un premier temps, un catalogue de
prestations couvertes par la caisse sera
établi en relation, j’ose espérer, avec la
SVMD-SSO. Après une «période d’es-
sai», on constatera qu’il n’y aura pas as-
sez d’argent dans les caisses pour couvrir
le coût des soins à rembourser contrac-
tuellement. C’est alors que selon le prin-
cipe «qui paye commande», l’Etat im-
posera son tarif aux médecins-dentistes
tout en augmentant progressivement le
pourcentage de retenue sur les salaires
et la part patronale.
Tarif étatique
C’est exactement ce qui s’est passé dans
les pays qui nous entourent. Nous passe-
rons donc d’un tarif basé sur l’économie
de marché à un tarif étatique imposé par
des bureaucrates qui n’ont aucune notion
de la gestion d’un cabinet dentaire et de
la contingence d’une médecine dentaire
de qualité. Dès lors, nous ne pourrons
plus revenir en arrière.
Que devrons-nous donc faire? Comme
nos voisins: soigner au minimum deux à
trois patients par heure avec bien sûr une
baisse de la qualité des soins car nous
n’aurons pas le choix. Je vous rappelle
que notre tarif est avant tout un tarif basé
sur le temps et non sur l’acte. Comme
on ne nous accordera plus le temps, nous
devrons remplacer ce manque par une
augmentation du nombre d’actes à
l’heure. Qu’on le veuille ou non, nous
devons encaisser un certain montant à
l’heure afin de payer nos frais généraux.
Notre masse de travail administratif aug-
mentera considérablement car nous au-
rons des comptes à rendre à l’Etat, ce qui
provoquera une démotivation.
Système social généreux
Si le peuple vaudois accepte une telle
initiative, il accepte un principe, mais
comme pour toute votation, il faudra
mettre en place un règlement d’applica-
tion pour lequel nous n’aurons certaine-
ment pas une grande influence vu la
pression politique. Comme pour toute
votation, nous allons voter un chèque
en blanc sans connaître les avenants et
aboutissants réels.
Actuellement, le système social vaudois
est généreux. Les personnes au bénéfice
des prestations complémentaires, des PC
famille, des prestations des centres so-
ciaux régionaux ou intercommunaux
pour ne citer que les principaux, bénéfi-
cient via le système Medident de presta-
tions de haute qualité qui couvrent non
seulement les traitements conservateurs
mais aussi les traitements prothétiques
dans le cadre de traitements simples,
économiques et adéquats.
Système meilleur marché
Pourquoi changerions-nous un système
qui fonctionne bien pour un système
pratiquant le système de l’arrosoir?
En conclusion, je suis persuadé qu’un
système libéral tel qu’il existe mainte-
nant, tenant compte des cas sociaux
comme cela existe actuellement dans
notre canton, reste globalement meilleur
marché pour le patient en le responsabi-
lisant et en lui garantissant une bonne
qualité des soins tout en maintenant une
motivation professionnelle du praticien
qui ne peut que lui être bénéfique.
Point de vue Vers une «délibéralisation», voire une
étatisation de la médecine dentaire dans
le canton de Vaud.
Texte: Antoine Zimmer, ancien président de la société vaudoise
des médecins- dentistes et de la SSO Suisse (2000–2004)
Photo: màd
Antoine Zimmer, ancien président de la société
vaudoise des médecins- dentistes et de la SSO
Suisse
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Le fantôme du «manque de personnels
qualifiés» rôde en Suisse depuis quelque
temps déjà. Plus précisément depuis
l’acceptation de l’initiative contre l’im-
migration de masse en février 2014. Alors
que les cabinets de médecine dentaire
trouvent généralement suffisamment de
personnel, des problèmes se posent dans
d’autres secteurs de la santé: on entend
même que quelques hôpitaux ne pour-
raient plus fonctionner correctement
sans collaborateurs étrangers.
Nous manquons de personnels infirmiers
Les choses vont-elles donc si mal pour
nos hôpitaux et nos cabinets médicaux?
Certes, le grand nombre de collaborateurs
étrangers dans les hôpitaux sont une in-
dication qu’il y a actuellement trop peu
de médecins et de personnels spécialisés,
nous a expliqué Martin Bienlein de H+
(Les hôpitaux suisses plus) peu après un
évènement organisé par le groupe parle-
mentaire de la politique de la santé à
Berne. Mais nous ne disposons que peu
de chiffres concrets: «Le manque de
personnel est calculé vers le haut, mais
il n’est que rarement effectivement re-
censé.»
Annette Grünig, cheffe de projet à la
Conférence suisse des directrices et di-
recteurs de la santé (CDS) le confirme:
la pénurie de personnels spécialisés ne
serait pas partout de la même gravité. Il y
a des différences entre les régions, entre
les villes et les zones rurales, entre hôpi-
taux et établissements de soins et, non
des moindres, entre les différentes caté-
gories professionnelles.
«Il y a suffisamment de spécialistes de
la santé en Suisse, mais nous manquons
de personnels infirmiers de formation
tertiaire», indique Helena Zaugg, prési-
dente de l’Association suisse des infir-
miers et infirmières (ASI). Ce n’est pas la
formation exigée en haute école spéciali-
sée ou en école technique supérieure qui
effraie, mais bien les conditions de travail:
horaires irréguliers, problèmes d’organi-
sation pour l’accueil des enfants, grandes
responsabilités, peu de reconnaissance
sociale et seulement 400 à 500 francs
de salaire en plus pour le personnel infir-
mier, tous ces éléments font que les per-
Beaucoup de respon-
sabilités, trop peu
de reconnaissance
Il y a pénurie de personnels spécialisés dans
certaines branches de la santé. La Confédé-
ration et les cantons sont touchés tout
comme les entreprises. Quelles sont les
approches et les solutions qu’envisagent
les acteurs de la politique de la santé?
Texte: Andrea Renggli, rédactrice SDJ; photo: Fotolia
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