5. UN NOUVEAU CONTEXTE :
UNE REPONSE GLOBALE A UNE CRISE GLOBALE
Les approches que l’on a analysées pour une promotion de la gouvernance territoriale comme réponse
opérationnelle aux dés posés par la désertication et la dégradation des terres et des eaux, ne peuvent,
en aucune manière, être traitées sous l’angle d’une politique sectorielle. Pour de multiples raisons, ces
approches sont dépendantes de l’évolution du contexte global dans lequel elles s’insèrent. Ce contexte
est aujourd’hui dominé par la question du changement climatique. Mais c’est là une perception réductrice.
La menace est plus globale, elle est multidimensionnelle et concerne aussi bien le climat que l’état de la
biosphère, la sécurité alimentaire, la stabilité politique, le bien être des populations du globe. L’humanité est
confrontée à une crise globale de l’écosystème avec toutes ses conséquences.
Les scénarios prospectifs de l’évolution possible de l’environnement de la terre, tels que ceux de l’Eva-
luation des écosystèmes pour le millénaire (EM Nations Unies), du Groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat, (GIEC), du Centre américain d’études internationales et Stratégiques (CSIS), de
l’Institut des politiques de la terre (EPI), de la Stern Review de l’économie du changement climatique et
d’autres, montrent, tous, que le scénario tendanciel (the “business as usual” scenario) est insoutenable. Les
ressources de la planète ne permettent pas de faire progresser la population mondiale selon le modèle de
développement des pays avancés. Le changement climatique va ajouter à ce décit global des tensions et
des risques nouveaux qui affecteront, plus particulièrement les populations pauvres. Les effets irréversibles
dus au changement climatique, les pénuries alimentaires, la pauvreté et les inégalités, le nombre croissant
d’Etats défaillants pourraient provoquer un effondrement de notre modèle de développement.
5.1. Un changement climatique désormais inéluctable
Le scénario moyen du GIEC sur le changement climatique à l’horizon 2030 est désormais inéluctable. Il pré-
voit, à l’horizon de 20-30 ans, des modications déjà très préoccupantes de notre environnement. Les tempé-
ratures moyennes augmenteraient de 1,3°; le niveau des mers s’élèverait de 0,23 m ; l’aridité s’étendrait en
Méditerranée et dans les zones intertropicales, les précipitations s’accroîtraient dans les zones tropicales ; la
fréquence des évènements extrêmes (sécheresses, ouragans, inondations) ; désertication ; déplacements
de populations) s’intensierait. D’autres scénarios montrent qu’un scénario plus lourd de conséquences est
possible. De nombreux facteurs, d’abord mal appréciés ‘(fusion des glaces arctiques, émissions de méthane
du permafrost, accélération des émissions de carbone, etc.), mettent en évidence une accélération des pro-
cessus de changement climatique.
Toutes les mesures pour réduire aujourd’hui l’effet de serre n’auront très probablement aucun impact sur ces
scénarios à l’horizon 2030. Un scénario sévère aurait des conséquences dramatiques (augmentation des
températures de plus de 2°, élévation du niveau des mers de 0,46 m, etc.). Les effets du scénario du GIEC
seraient ampliés, en particulier dans les zones littorales, en Méditerranée, devenue encore plus aride, sous
les tropiques, dans les régions arctiques. Une augmentation de la température de 5 % à la n du siècle en-
traînerait un risque de dégradation ingérable du climat, une situation dont notre espèce n’a pas le souvenir.
Ces scénarios montrent que l’on est dénitivement entré dans l’anthropocène.
Les émissions de GES constituent le facteur majeur de cette dégradation climatique. Ces émissions aug-
mentent de façon continue avec l’accélération de la demande mondiale d’énergie. Les modèles tendent à
montrer que leurs effets sont irréversibles. Si l’on parvenait à stabiliser ces émissions au niveau actuel, on
ne pourrait pas en effet empêcher, en 2050, un doublement du stock de GES par rapport au niveau préin-
dustriel. On est, en fait, loin d’une telle stabilisation. Les émissions, en effet, augmentent de façon continue
avec l’accélération de la demande mondiale d’énergie et avec un découplage, encore trop insufsant de la
croissance démographique et économique et des émissions de GES. Le doublement des du stock e carbone
dans l’atmosphère de l’ère préindustrielle (550ppm C0²) pourrait être atteint dès 2025. Cela signierait une
très grande probabilité, sinon la certitude, d’une augmentation de la température de plus de 2°. Avec un
scénario tendanciel (the “business as usual” scenario), les modèles suggèrent que les émissions pourraient
tripler à la n du siècle, donnant, avec une probabilité de 50%, la possibilité d’une augmentation de la tempé-
rature de plus de 5° d’ici la n du siècle. Il sera difcile, sinon impossible, de renverser ces changements.
Objectifs Stratégiques de
l’UNCCD
Mise en œuvre de la
gouvernance territoriale Acteurs Approches
Méthodologiques Instruments
A. Promouvoir la prise de
conscience collective et
l’éducation
Un message central : la
restauration et la gestion
durable des ressources en terre
dépend de la mobilisation des
usagers, et de la gouvernance
territoriale.
UNCCD et Agences Nat. Unies
pour l’environnement.
Gouvernements.
Media nationales et internat.
Réseaux d’ONG.
Stratégies de diffusion des
messages et des bonnes
pratiques.
Politiques de communication
Forums, Conférences.
Matériel de communication
multimédia.
Accès aux réseaux de
télévision.
B. Aider à la formulation
de législations et politiques
appropriées
Mettre la lutte contre la
dégradation des terres
au cœur des politiques
de décentralisation et de
gouvernance locale.
Gouvernements.
Instances démocratiques de
représentation politique.
ONG.
Réseau UNCCD.
Mécanismes de réexion et
d’échanges entre experts
nationaux et internationaux.
Promotion du travail juridique
préparatoire.
Déclarations politiques
solennelles.
Lois d’exécution et textes
règlementaires.
C. Améliorer les
connaissancesscientiques
et technologiques
Fournir aux décideurs les
informations et des outils
cartographiques sur l’état et
l’évolution future des milieux à
l’échelle des territoires locaux.
Réseaux scientiques pour
l’élaboration de méthodes pour
aider les structures nationales
de recherche et de prévision.
Organismes de recherche
nationaux.
Capitalisation et diffusion des
bonnes pratiques.
Mise en œuvre d’un programme
international de connaissance
prospective de l’évolution des
territoires.
Développer les réseaux
scientiques.
Informer les acteurs.
Apprendre aux acteurs des
méthodes de développement
territorial participatif.
D. Développer les capacités
d’action et de gestion des
institutions et des acteurs
de la société civile
Promouvoir de bonnes
approches de programmation
du développement territorial.
Encourager la promotion de
ressources humaines formées
à la gouvernance territoriale.
Organismes de formation.
Réseau UNCCD.
Universités.
ONG.
Programmes d’appui à la
médiation territoriale et à
l’ingénierie du développement.
Formation, dans les pays
concernés d’un corps de
médiateurs territoriaux.
Réseaux d’équipes habilitées
à aider les gouvernements à
effectuer des opérations test
et à élaborer des approches
méthodologiques appropriées.
E. Mobiliser des
ressourcesnancièreset
encourager les transferts
technologiques
Associer les mécanismes
nanciers nouveaux à la
promotion de la gouvernance
territoriale et au concept de
contrat d’écodéveloppement.
Instances internationales.
Gouvernements.
Instances démocratiques de
représentation politique.
ONG.
Conférences internationales
Programmes de sensibilisation
sur les enjeux et les
mécanismes nanciers.
Programmes de diffusion des
connaissances technologiques.
Insertion de l’UNCCD dan les
mécanismes de l’UNCCC.
Dispositifs Nord Sud pour
nancer le paiement des
services environnementaux.