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L’ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET FINANCIER
DE L’EMBELLIE DU DÉBUT D’ANNÉE
AUX LOURDES INCERTITUDES DE L’HIVER
E
n 2002, dans le sillage d’une reprise puissante de
l’économie américaine, une croissance régulière, uniforme
et soutenue s’est étendue harmonieusement à toutes les zones
de la planète dans un climat de confiance retrouvée ...
Cessons le jeu du scénario idéal - tel qu’espéré en début
d’année - et considérons l’année 2002 pour ce qu’elle fut,
c’est-à-dire son très exact contraire. A une reprise américaine
dans les premiers mois, certes avérée, mais hésitante et
irrégulière, trop faible pour pouvoir constituer un véritable
moteur mondial de croissance, ont succédé une série de
chocs négatifs (chutes boursières, crise de confiance vis-à-
vis des comptes des entreprises, vive hausse des prix
pétroliers, incertitudes géopolitiques) créant en définitive un
environnement morose où le sentiment de confiance s’est
délité. Toute la seconde partie de l’année s’est ainsi déroulée
dans un attentisme inhibiteur généralisé mêlé de craintes
sourdes, accompagné en fond sonore de bruits de bottes
allant crescendo. De ce dernier point de vue, l’année 2002
ne s’est pas terminée là où le calendrier l’indique ; tout le
premier trimestre 2003 n’en a été en effet que la continuation
directe, jusqu’à ce que la résolution du conflit armé en Irak
lève, au printemps, une partie des incertitudes.
2002 aura été l’année du rendez-vous manqué de la
croissance au plan international et, s’agissant de la France,
aura mis en lumière toute la faiblesse de la conjoncture
nationale : croissance très ralentie et lente dégradation de
l’emploi.
LE RENDEZ-VOUS MANQUÉ
DE LA CROISSANCE
D
ans un environnement encore marqué par la nécessité
de résorber les excès des années passées (surcapacités
Rapport ASF – juin 2003
d’investissement des entreprises et valorisation excessive des
actifs), la reprise américaine n’a pu prospérer autant qu’on
avait pu l’espérer en début d’année. La croissance aux Etats-
Unis en 2002 aura été en définitive moins robuste et régulière
que prévue et, dès lors, sa force d’entraînement insuffisante
pour qu’elle soit en mesure de constituer la « locomotive »
capable de tirer d’autres régions - telle la zone euro - de
leur langueur.
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La croissance mondiale
Une reprise américaine hésitante
- Les à-coups de la croissance
Après la « mini-récession » des trois premiers trimestres 2001,
l’économie américaine enregistrait un ressaut dès la fin de
cette année. Celui-ci se confirmait de façon spectaculaire au
cours des trois premiers mois de 2002 (progression du PIB
de +5% en taux annualisé par rapport au trimestre précédent)
avant un fort ralentissement au printemps (+1,3%), lui-même
suivi d’un nouveau rebond à l’été (+4%) qui ne résistait pas
en fin d’année aux craintes diffuses et à l’attentisme ambiant
(+1,4%). Comme on le verra plus loin, cette évolution par
saccades reproduit fidèlement le développement heurté qui
a été celui de la consommation des ménages.
En définitive, le PIB américain progresse en 2002 de +2,4%
en moyenne annuelle. Un jugement nuancé doit être porté
sur ce résultat : s’il correspond certes à une croissance qui
apparaît comme étant - si on laisse de côté la contre-
performance de 2001 (+0,3%) - la plus modeste depuis
1995, il marque à l’inverse une capacité de rebond de