Bilan de glace cumulé à l’échelle globale (Glacier Mass Balance Bulletin 6) • La fonte des glaciers polaires : Perturbation des courants marins et montée des eaux > La circulation thermohaline menacée : La circulation thermohaline globale est un phénomène grâce auquel l’eau dans les océans est toujours en mouvement. Une grande partie de la chaleur solaire reçue par la Terre est emmagasinée dans les océans qui constituent ainsi un Transfert de chaleur vers l’atmosphère ur ce an t cha d e surfa ud Courant f roid, profond et salé Circulation thermohaline atlantique aux rudes hivers canadiens. > La montée des eaux : Le niveau des mers s’est déjà élevé de 12cm depuis 1880. Deux facteurs concourent à cette élévation : la dilatation thermique des eaux et la fonte des glaces. Le réchauffement des eaux de surface de 0,5°C constaté depuis 1880 est ainsi responsable d’une élévation (par dilatation) du niveau des mers de 5cm. Les autres 7cm sont imputables à la fonte des glaciers polaires et de montagnes. régulièrement les systèmes de drainage en aval. © Greenpeace/Hungria Lac asséché. Amazonie, Brésil Dans certaines régions, le réchauffement climatique entraîne un déclin des précipitations. De moindres chutes de neige et une fonte plus précoce augmentent les risques d’inondations en début d’année et réduit l’écoulement de l’eau dès la fin du printemps et durant l’été. Une moindre humidité à la fin du printemps et durant l’été engendre des risques accrus de déclenchement de feux de forêts, de broussailles et de prairies. Cela signifie également une ressource en baisse pour l’agriculture, la production hydroélectrique et industrielle et pour la consommation domestique. Les écosystèmes soumis au stress de la sécheresse vont s’appauvrir et attirer les invasions d’insectes et de parasites. © Greenpeace/Morgan 4. Plate-formes glaciaires en Antarctique: L’Arctique Sunrise naviguant autour de l’île de James Ross ressource halieutique et sur le climat de la planète. Les courants marins contribuent à la biodiversité marine en alimentant certaines régions en plancton (par exemple sur les Grands Bancs de Terre Neuve ou les côtes du Pérou). Par ailleurs, les océans sont un élément clé de la complexe machinerie climatique (l’effet El Niño en est l’exemple) ; si la circulation océanique est perturbée, de nombreuses régions verront leur climat radicalement modifié. Par exemple, si le Gulf Stream s’arrête, le Nord de la France pourrait connaître des hivers comparables > La fonte des glaciers de montagne : Menace sur la ressource en eau, les écosystèmes et la biodiversité L’eau de fonte des glaciers alimente largement les réserves d’eau douce, à la fois en surface et sous terre. Dans certaines régions tempérées et tropicales, elle est un élément central de la vie des écosystèmes, de la production d’énergie hydroélectrique, de l’activité industrielle, des systèmes d’irrigation et des réserves d’eau potable. Parce que la glace des glaciers fond lentement à la saison chaude, elle offre des réserves d’eau approvisionnant 2 3 90% de la glace de notre planète se trouve en Antarctique : soit sur le continent antarctique lui-même (sous forme de calotte d’une épaisseur moyenne de 2km) soit sous forme de plates-formes glaciaires (d’une épaisseur de quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres) qui prolongent les glaciers continentaux et flottent sur la mer, formant une frange le long des côtes. La plus imposante d’entre elles est la plate-forme de Ross qui couvre 500.000km 2 , une superficie équivalente à la France. Ces plaques 1 Les processus qui retirent de la masse au glacier, ou ablation, sont : la fonte, le détachement (vêlage) d’icebergs, l’évaporation et l’érosion par le vent. C’est un phénomène naturel qui revient dans la vie d’un glacier avec le cycle des saisons. Tant que les chutes de neige équilibrent ce qui est perdu par ablation, la masse du glacier reste à peu près constante. Lorsque l’ablation l’emporte sur l’accumulation, le glacier perd en surface et en volume : on dit alors qu’il recule. Les glaciers apparaissent dans un contexte géographique et climatique particulier : la plupart d’entre eux 22 rue des Rasselins - 75020 Paris Tél.: 01 44 64 02 02 - www.greenpeace.fr Fracture dans la plate-forme Larsen © Greenpeace/Morgan Glacier proche du sommet du Kilimanjaro ©Greenpeace/van Olden Greenpeace avait organisé en 1997 de glace répétitives depuis les une expédition sur la Péninsule années 60 et l’apparition de fissures antarctique afin d’alerter la commu- et de crevasses sur le glacier Larsen. nauté internationale sur les ruptures Plate-Formes glaciaires Antarctique Plate-Forme de Ross Un glacier est une vaste étendue de glace permanente à l’échelle humaine qui progresse dans le sens de la pente sur laquelle elle repose. Les glaciers se forment par accumulation d’épaisses couches de neige que la pression de leur propre poids transforme en glace. L’appellation «glacier» était habituellement réservée à une surface glacée égale ou supérieure à 1 km2, mais depuis quelques décennies, nombreux sont les glaciers à être passés sous ce seuil, suite à une fonte accélérée. 1. Qu’est ce qu’un glacier ? Péninsule antarctique PÔLE SUD Larsen Militantes de Greenpeace récoltant de l’eau de fonte de glacier © Greenpeace/Morgan de glace flottantes sont plus vulnérables à la fonte que les glaciers continentaux car les rivages de l’Antarctique sont plus chauds que le cœur du continent. Ces franges glaciaires agissent comme des freins à l’avancée vers la mer des glaciers continentaux. Depuis 60 à 100 ans, la tendance générale est au retrait des glaciers partout dans le monde. Les glaciers de montagne, souvent initialement moins stables et plus petits que les glaciers polaires, sont particulièrement touchés. du point de départ du phénomène, précipite d’importantes quantités d’eau douce dans l’Atlantique Nord, diminuant significativement la salinité et donc la densité des eaux, ralentissant les courants marins. Une réaction en chaîne inquiétante s’amorce alors : plus le réchauffement de la planète s’accentue, plus les glaciers fondent, plus l’eau de mer s’adoucit, plus sa densité décroît, plus les courants océaniques risquent de s’arrêter. Un fort ralentissement aurait des conséquences désastreuses sur la On oublie souvent que l’Antarctique est un continent; son climat n’évolue donc pas de manière uniforme sous l’effet du réchauffement planétaire. Certaines régions du Pôle Sud se refroidissent, d’autres se réchauffent. Dans l’étroite Péninsule antarctique qui pointe vers l’Amérique du Sud, la température s’est élevée de 0,5°C par décennie depuis les années 1940. Depuis 1974, la superficie des sept plates-formes glaciaires entourant cette péninsule a diminué d’environ 13.500km2. Entre la fin du mois de janvier et le début du mois de mars 2002, un événement inquiétant est venu confirmer ce réchauffement local : la plate-forme Larsen-B , située à l’est de la Péninsule, s’est désintégrée en 35 jours alors qu’elle existait depuis 12.000 ans. Un iceberg de la taille du Luxembourg ainsi qu’une myriade de morceaux de glace (d’une superficie totale de 3250 km2) sont alors partis à la dérive. Il s’agit du détachement de glace le plus important en 30 ans dans cette région. 3. Les effets du réchauffement climatique sur les glaciers immense réservoir de chaleur. La circulation thermohaline est déterminante dans le transport et la distribution de cette chaleur à l’échelle globale. Les courants chauds de surface vont réchauffer le climat de certaines régions et les courants froids profonds modèrent les températures des régions équatoriales. Paris et Québec sont situées aux mêmes latitudes, pourtant le climat y est tout à fait différent : Québec et la côte est du Canada sont refroidis par le courant du Labrador alors que Paris, comme tout l’est de l’Europe sont réchauffés par le Gulf Stream. En profondeur, les masses d'eau se déplacent sous l'effet de variations de densité, dues aux modifications de la température et de la salinité en surface. La circulation thermohaline forme une grande boucle impulsée à l’est du Gröenland où la densité des eaux est très forte (température froide et forte salinité), leur permettant de descendre vers les profondeurs. C’est cette plongée qui est le moteur de la grande boucle globale des courants marins qui constitue un cycle de 1000 ans environ. Or la fonte accélérée de nombreux glaciers nordiques et surtout de la calotte glaciaire, situés à proximité Co • les conséquences du réchauffement : Les changements climatiques constituent la menace écologique majeure de ce siècle. Ils auront des répercussions multiples sur les écosystèmes et les communautés humaines. Les chercheurs du GIEC estiment que le niveau des mers pourrait s’élever de 14 à 80 cm d’ici 2100. Les îles de basse altitude comme les Maldives pourraient être englouties et les régions de delta pourraient perdre de nombreuses terres cultivables et habitables (Bangladesh, Egypte, Pays-Bas, Camargue). Globalement, 118 millions de personnes pourraient être ainsi poussées à l’exode. Il faut également redouter la multiplication d’évènements météorologiques extrêmes (inondations dévastatrices, tempêtes ou cyclones violents, vagues de chaleur, épisodes de sécheresse) qui mettront à mal les infrastructures, les économies et les systèmes agricoles, notamment des pays en développement. Le climat devenant plus propice au développement des populations d’insectes, les maladies à vecteurs (malaria, dengue) trouveront de nouveaux terrains d’expansion. L’évolution est un processus lent; les écosystèmes ne pourront pas s’adapter à une montée aussi rapide des températures : de nombreuses espèces animales et végétales risquent de s’éteindre. Les récifs coralliens sont massivement menacés par le blanchiment dû à l’augmentation de la température des océans. Les glaciers subiront un recul accéléré et beaucoup pourraient disparaître dans les prochaines décennies. 4 Au cours du XXème siècle, la température moyenne globale s’est déjà élevée de 0,6°C. • les causes du réchauffement : L’évolution du climat mondial est directement liée à notre consommation d’énergie. Le réchauffement actuel de la planète résulte de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, dont le principal est le dioxyde de carbone (CO2), produit de l’utilisation des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz). Depuis la révolution 2. Le réchauffement climatique se concentrent dans des régions qui connaissent des chutes de neige importantes en hiver et des températures estivales fraîches. Ces conditions sont réunies dans les régions polaires et montagneuses car ces milieux sont en mesure de préserver, pendant l’été, la neige tombée pendant l’hiver. industrielle, les pays du Nord ont généré des gaz à effet de serre en quantités telles que notre planète ne parvient plus à les absorber. Ils s’accumulent dans l’atmosphère et renforcent le phénomène naturel de l’effet de serre. Sous l’action de l’Homme, le climat mondial est en train de se dérégler. Le Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) des Nations-unies, composé de plus de 2.000 éminents scientifiques du monde entier, a publié son dernier rapport en 2001, apportant des preuves nouvelles et déterminantes sur l’existence d’un réchauffement planétaire et sur la responsabilité humaine dans ce phénomène. Selon les différents scénarios d’émissions élaborés par le GIEC, la température moyenne globale pourrait augmenter de 1,4 à 5,8°C d’ici à la fin du siècle. Dossier CLIMAT : L’impact du réchauffement climatique sur les glaciers L’impact du réchauffement climatique sur les glaciers © Norwegian polar institute/Greenpeace © Greenpeace/Aslund ©Marble, Glacier National Park archives ©Gesellschaft f. oekologische Forschung/Greenpeace GLACIER GRINNELL, ETATS-UNIS En 1850, Grinnell couvrait 2,33 km2 ; sa superficie est tombée à 1,33 km2 en 1993. Entre 1850 et 1920, Grinnell a reculé en moyenne de 6 m chaque année. Entre 1920 et 1946, le retrait était de 15 m par an. Entre 1946 et 1979, le retrait redescendit à 4 m par an, mais le glacier perdit de nouveau 46% de sa superficie par rapport à 1946. ©Fagre, Glacier National Park archives LES PYRÉNÉES, FRANCE/ESPAGNE Les glaciers pyrénéens de petite taille sont des indicateurs environnementaux particulièrement sensibles aux variations climatiques. Depuis 150 ans ils ont fortement régressé puisque la perte de superficie est de 80 à 90%. En 1870, la surface englacée pyrénéenne représentait 40 à 45 km2, elle est tombée à 5 km2 en 2000 (source P. René ) LE GLACIER D’OSSOUE (MASSIF DU VIGNEMALE)FRANCE • 1850, le Glacier d’Ossoue couvre environ 110 ha. 1950, sa surface est de 73 ha et en 2002 de 58 ha. Entre 1850 et 2002, le front du glacier a reculé d'environ 800 m; avec une accélération entre 1960 à 2002, période durant laquelle il a reculé d'environ 300 m. LES ALPES, EUROPE Les glaciers alpins ont perdu un tiers de leur surface en 150 ans. 95% des glaciers alpins pourraient fondre au cours des 100 prochaines années et de nombreux petits glaciers pourraient disparaître complètement dans les décennies à venir. LA MER DE GLACE, MASSIF DU MONT BLANC, FRANCE La mer de Glace s’étend sur 4 km. Mais depuis le milieu du XIXe s., son front est remonté de 1 100 m à 1 600 m d’altitude (environ une perte de 1,5 km de longueur), d'abord lentement puis rapidement entre 1930 et 1970. Elle a aussi perdu plus de 80 m en épaisseur au niveau de la station du Montenvers. L’HIMALAYA, ASIE Au Népal, depuis 1975, la température moyenne a augmenté de 1,5°C. Si la cadence actuelle se maintient, il est très probable que tous les glaciers himalayens auront disparu d’ici à 2035. Plus de 2 milliards de personnes dépendent des sept fleuves directement alimentés par les glaciers himalayens et risquent à terme de manquer d’eau potable ©L.Gaurier ©E.Scneider ©P.René LE GLACIER ORUBARE OUGANDA/RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Le glacier Orubare est situé sur le Mont Rwenzori, qui culmine à 5109 m, troisième point le plus élevé d’Afrique. En 1906, on y trouvait un vaste glacier. En 1994, ce glacier s’était scindé en 4 glaciers beaucoup plus petits. ©L.Thompson/Byrd Polar resarch center LE GLACIER IMJA, NÉPAL Devant la langue du glacier Imja, juste au sud-est de l’Everest, un lac (Imja Tsho) est apparu en 1960 et continue à se remplir; il prend la place laissée par le recul du glacier, qui se fait à raison de 10 m par an. A l’instar de l’Imja Tsho, une cinquantaine de lacs de l'Himalaya risquent de déborder d'ici cinq à dix ans et d'inonder les vallées en aval, menaçant la vie de dizaines de milliers de personnes. ©A.Byers ©V.Sella LE GLACIER DU KILIMANJARO, TANZANIE Le Mont Kilimanjaro est l’un des rares endroits au monde où l’on trouve de la glace et de la neige sur l’équateur. Cependant ce site exceptionnel est menacé : ses glaces pourraient avoir complètement fondu d’ici à 2015. Depuis la première cartographie du glacier en 1912 , 80% de sa surface a disparu (un tiers au cours des 15 dernières années). ©P.Glogg LE KA ROIMATO (glacier Franz Josef), NOUVELLE ZÉLANDE Il a reculé de plus de 1 500 m depuis les premières mesures en 1860, bien qu’il ait connu quatre ou cinq avancées pendant cette période. L’avancée la plus récente, une poussée très forte entre 1983 et 1999, s’est maintenant inversée et le glacier est entré dans une phase de retrait. ©J.Wattie ©J.Wattie Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore. PLATE-FORME GLACIAIRE LARSEN, ANTARCTIQUE La plate-forme glaciaire située a l'est de la Peninsule Antarctique a perdu une grande partie de sa surface entre janvier et mars 2002. La plate-forme Larsen-B, vieille de 12.000 ans, s'est effondrée, liberant un iceberg de la taille du Luxembourg. Depuis 1974, la surface des sept plate-formes glaciaires qui entourent la péninsule ont perdu 13.500km2, confirmant le réchauffement local des températures. © Greenpeace/Morgan LE GLACIER QORI KALIS, PÉROU Son retrait annuel a été de 155 m entre 1998 et 2001; soit un retrait 3 fois plus rapide qu’entre 1995 et 1998 et 32 fois plus rapide qu’entre 1963 et 1978. ARCTIQUE, PÔLE NORD Le réchauffement de la planète est entre 2 et 4 fois plus important dans les régions arctiques. La glace autour du Pôle du nord s'est rétrécie de 7,4 % ces 25 dernières années, avec un record de fonte à l'été 2002. GLACIER BLOOMSTRANDBREEN, ARCHIPEL DES SVALBARD, NORVÈGE Le réchauffement de la planète est entre 2 et 4 fois plus important dans les régions arctiques. Il a reculé de 2 km depuis 1928. Le rythme s’accélère depuis 1960 avec un recul de 35 m par an en moyenne. Les glaciers de Svalbard ont perdu 512 km2 soit 16% de la fonte des glaces de l’Hémisphère Nord entre 1961 et 1993.