CADRE GEOLOGIQUE
La sous province de La Grande est une sous province volcanoplutonique (Card 1990).
L'intérêt d'une étude isotopique au sein de cette entité s'est révélée opportune quand il a été
mis en évidence par des études géochronologiques la présence d'une croûte ancienne 2.8-
2.9 Ga (David 1996, David et Parent 1997, Parent 1998) et la découverte de zircons hérités
allant jusqu'à 3.8 Ga au sein de la formation sédimentaire d'Apple. On se trouve donc dans
une situation idéale pour étudier l'implication d'une croûte ancienne dans la genèse de
plutons à 2.7 Ga.
Les séquences volcano-sédimentaires reposant sur cette croûte ancienne comprennent deux
cycles volcaniques distincts. Le premier cycle mafique-felsique correspond aux volcanites
du Lac Guyer, datées à 2749 Ma (Ciesielski), ainsi qu'aux volcanites du Groupe de Yasinski
datées à 2732 Ma. Le second cycle intermédiaire-felsique est daté à 2708 Ma. Finalement,
la plupart des intrusions tardives mises en place dans la sous province de La Grande l'ont
été pendant la période allant de 2750 à 2618 Ma. Un point important est que les études
précédentes (métallogénique, géophysique, géochronologique et géochimique) ont mis en
évidence une différence majeure entre le domaine de La Grande Rivière, au nord, et le
domaine de la Rivière Eastmain plus au Sud (Gauthier et al. 1997 ). Tout d'abord la croûte
ancienne présente au Nord est absente au Sud, les intrusifs les plus vieux étant datés à 2.73
Ga (David et Parent 1997) et un seul cycle volcanique mafique-felsique est présent et daté à
2.7 Ga. La comparaison de la signature isotopique de ces deux domaines va permettre de
confirmer les études antérieures.
RESULTATS ET INTERPRETATIONS
Les études menées l'ont été sur des roches préalablement datées par U-Pb ou dont l'âge a
été déduit par les relations faites sur le terrain. Nous disposons donc d'une base
géochronologique très précise indispensable. Les données isotopiques Pb-Pb ont été
obtenues sur des séparés de feldspaths potassiques, tandis que les données Sm-Nd l'ont été
sur roches totales. Tous les εNd ont été calculés à l'age de formation U-Pb de la roche.
Les gneiss tonalitiques les plus anciens livrent des εNd entre +1 et -2.8 avec des âges
modèles entre 2.9 et 3.1 Ga. Les valeurs en Pb sont radiogéniques avec des mu
(238U/204Pb) aux environs de 9.5. Ce sont les rapports isotopiques 207Pb/204Pb les plus
radiogéniques connus à ce jour dans la partie Est du Supérieur. Le rapport 207Pb/204Pb est
d'un grand intérêt pour l'étude de l'origine des magmas archéens. Ceci parce que l'235U
(père du Pb207) possède une demi-vie nettement plus courte que celle de l'238U (père du
206Pb), donc l'essentiel du 207Pb fut produit au début de l'histoire de la Terre.
Les signatures de ces formations mettent en évidence l'influence de matériel crustal plus
vieux que 3 Ga (n'oublions pas que des zircons aussi vieux que 3.8 Ga ont été identifiés).
Les intrusions syn à post-tectoniques ont des εNd très variables entre +2.5 et -1.5, avec des
âges modèles entre 2.7 et 2.8 Ga, et des signatures en Pb hétérogènes. Si on regarde la
signature isotopique de ces intrusifs par rapport à leur localisation géographique on
s'aperçoit que les intrusifs les plus au Sud présentent les εNd les plus radiogéniques (εNd
entre +2 et +2.5) et les signatures en Pb les moins radiogéniques. Les plutons au Nord
présentent eux des εNd entre +1 et -1.5 et des signatures en Pb plus radiogéniques au
niveau des rapports 207Pb/204Pb notamment. Ces résultats suivent les données