Malgré les risques, environ 40 000 prisonniers de guerre s’évaderont de leur stalag ou oflag
en n’ayant qu’une idée en tête: braver tous les dangers pour rentrer chez eux, certains
fermement décidés à répondre à l’appel du Général de GAULLE au plus vite.
Les départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de Moselle sont dorénavant sous le joug
allemand. Le 15 juillet 1940, un cordon douanier est rétabli sur les anciennes frontières de
1870 qui seront de suite étroitement surveillées par les patrouilles allemandes.
Le 8 mai 1941, le R.A.D. (Reicharbeitsdienst), véritable organisation paramilitaire,
enrégimente les jeunes Alsaciens et Mosellans de 17 à 25 ans, étape obligatoire avant
l’incorporation de force dans l’armée allemande.
Le 26 août 1942, le service militaire sous l’uniforme allemand sera d’ailleurs rendu
obligatoire pour les Alsaciens et Mosellans.
Ils seront alors 100 000 Alsaciens et 30 000 Mosellans, astreints à la guerre par une mesure
administrative illégale. On les appellera: « Malgré-Nous ».
Sur ces 130 000, 42 500 seront tués soit 32 % dont 32 000 Alsaciens, 30 000 seront blessés
dont 10 000 resteront invalides, beaucoup seront fait prisonniers par les Russes et 10 000
mourront dans les camps soviétiques.
(Nombres lus dans l’ouvrage « Malgré-Nous, Malgré tout » de Robert PHILIPPS dont
l’éditeur est Gérard LOUIS.)
Le chiffre de 40 000 Alsaciens quittant l’Alsace avant l’incorporation et celui de 18 000
Alsaciens déserteurs ayant obtenu le statut d’évadés de l’armée allemande ont été avancés, ce
qui ferait 58 000 hommes qui pour la plupart se sont évadés d’Alsace pour ne pas ou ne plus
servir sous l’uniforme allemand. (Je ne connais pas le nombre de Mosellans).
Les prisonniers de guerre et les déserteurs de la Wehrmacht avaient déjà parcouru, à pied pour
beaucoup, une grande partie de l’Allemagne. Ils sont arrivés en Alsace ou en Moselle, régions
de France annexées par l’occupant, exténués, souvent sans argent, sans vivres, complètement
désespérés, avec la peur au ventre.
Ils sont arrivés à quelques kilomètres de la frontière, à quelques heures de la Liberté.
Mais comment se nourrir, comment tromper l’occupant, comment traverser cette frontière?
Heureusement la chaîne des Vosges, avec ses forêts sombres, sauvages, épaisses a pu offrir
des cachettes sûres pour ces évadés des oflags et des stalags et également pour les réfractaires
et les déserteurs du Reicharbeitsdienst et de la Wehrmacht.
Dans cette chaîne des Vosges, Il n’y eut aucun col, aucun sommet, aucune vallée qui n’ait
offert l’occasion d’y faire passer une chaîne d’évasion. Plus de 98000 jeunes hommes seraient
passés par cette chaîne des Vosges sans compter les familles entières fuyant l’oppression
nazie.