Les peintures de la voûte, Grand Oeuvre de MICHEL

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le symbolisme de la Chapelle Sixtine de Rome (1ère partie)
par Philippe POTEL-BELNER, 5 juin 2013, sur www.independent.academia.edu
la Sibylle Erithraea
Les peintures de la voûte, Grand Oeuvre de MICHEL-ANGE, peintes de 1508 à 1512, représentent la
plupart des mythes bibliques et son décryptage peut nous permettre d' en savoir un peu plus sur le
symbolisme et l' origine du christianisme, et du judaïsme par la même occasion. Comme la plupart
des artistes du passé, MICHEL-ANGE est un mythographe, d' ailleurs fasciné par les mythographes
antiques, ses maîtres, comme le montre toute son oeuvre picturale, statuaire et littéraire. "Il voulait
que l' art soit non seulement l' affirmation d' un savoir exceptionnel, mais également une manière de
marquer son temps. Il y voyait une pensée, une philosophie à l' égal de celles qu' il exprimait dans
ses nombreux poèmes." (p 11)
Mais Charles SALA se trompe complètement quand il dit, page 66, que probablement MICHELANGE connaissait très peu PLATON et les idées néo-platoniciennes, et que sa culture classique, tout
comme celle de Léonard de Vinci, était plutôt modeste. Il est possible qu' ils n' aient pas lu PLATON, ou d' autres philosophes, mais le savoir des hommes d' il y a cinq siècle, n' a rien de comparable au nôtre: ils avaient encore accès à des sens, des significations aussi bien symboliques que linguistiques, auxquels nous n' avons plus accès.
Cette "connaissance occulte" s' est peu à peu perdu. De nombreuses preuves montrent que cette
connaissance était encore présente au XIXè s, jusqu' au début du XXè siècle. Depuis cette époque, je
n' en ai plus observé la moindre trace...
La Chapelle Sixtine, aurait été construite dans la deuxième moitié du XV è s. sur l' ordre du pape Sixte IV. Tout indique qu'il s' agissait de construire un sanctuaire renfermant les secrets de la foi: l' importance des représentations picturales et le sens du mot "sixtine".
L' anthroponyme Sixte comme l' appellation de la chapelle comportent l' étymon sanskrit: çikshita
DSF-727 = adjectif: instruit, exercé; NN: enseignement, instruction. La finale de sixtine en –ine est
l' instrumental sanskrit (donc l' instrumental gaulois) en –ena >> la chapelle qui est le moyen d’ enseignement et de savoir.
L' étymologie du sanskrit çikshita, si l' on veut aller plus profondément que Theodore BENFEY (<
désidératif du verbe çAK) ou les auteurs du DSF (du verbe çIKSH), est une forme du désidératif de
SI = relier >> çikshita = qui a voulu être relié >> qui a appris, qui a perfectionné sa connaissance >>
instruit.
Il est d' ailleurs très significatif que le premier plafond de la chapelle représentait le ciel avec ses astres. Le christianisme de cette époque était beaucoup plus proche des religions antiques (romaine ou
gauloise par exemple) que ce que l' on croit de nos jours. (voir illustration p 51)
Puisque je suis sur ce sujet, interrogez vous sur le sens à donner aux cornes que porte le Moïse de
MICHEL-ANGE, exactement comparables aux cornes du Cernunnos gaulois (voir par exemple le
Cernunnos de Reims). Détail non négligeable: la statue était destinée au tombeau du pape JULES II.
Charles SALA (p 168): ces cornes sont: "le symbole de la sagesse et de la force divine qui l' habite." (?)
L' origine supposée de ces cornes, serait l' interprétation de la Vulgate: "Lorsque Moïse redescendit
de la montagne du Sinaï...la peau de son visage rayonnait..."(Exode 34, 29) Le rayonnement, reflet de
la gloire divine est appelé par la Vulgate "des cornes" (Charles SALA note de la page 168). Je veux
bien...mais je croyais que les cornes étaient l' attribut de Satan (?). La vérité évidente est plutôt dans
une identité entre Moïse, Cernunnos et Dionysos, dans chacune des religions concernées.
Par ailleurs, en observant le fameux et magnifique David de MICHEL-ANGE comment ne pas penser à l' Apollon gréco-romain et gallo-romain ! La fronde joue-elle le même rôle que le pallium d'
Apollon ou le pallium du Pape ou de l' épithète d' Athéna (Pallas) ? L' étymon sanskrit PALL signifie
"protection": toutes ces divinités doivent accorder une protection aux hommes...
J' aborde maintenant le véritable objet de ma communication: les représentations des Sibylles.
Les Sibylles sont, dans l' Antiquité tardive, des prêtresses qui délivraient des messages divinatoires.
Dans la Haute Antiquité, leur réalité de prêtresse d' Apollon se mélange avec des mythes, parfois
malheureusement pris tel quel par les historiens pour reconstituer l' Histoire.
Combien de fois faudra-t-il le dire aux historiens: la majorité des récits qui servent à reconstituer l'
Histoire, surtout celle de l' Antiquité, sont des mythes. Il est hors de question d' utiliser ces mythes
comme documents historiques avant de les avoir décryptés.
La colère me gagne lorsque j' aperçois dans des revues censées être "historiques" des "cartes du
voyage d' Abraham", des enquête "historiques" sur qui était Jésus-Christ, etc... Tout cela avec des
chronologies détaillées...
A quand la localisation du château de la Belle au Bois Dormant ? (note)
Tous ces textes sont des mythes, souvent maintes fois retouchés, et cela à des époques tardives. Les
mythes, comme l' a très bien écrit PLATON, sont des contes qui parlent, sous une forme déguisée
par des symboles et des homophonies, de choses réelles, souvent anciennes.
A la décharge des historiens, les documents qui n' ont pas été écrits sous la forme de mythes sont rares, ce qui réduit fortement les sources historiques sur ces périodes. Mais il faut faire avec, et ne surtout pas tomber dans le travers de l' historien par les textes, qui est de se reposer entièrement sur sa
source de prédilection: l' écrit.
Philippe LAVASTINE l' a justement dit: vers le XIVè s...Par contamination romaine et matérialiste,
mythe devint synonyme de mensonge et l' Eglise voulut que Jésus soit historique pour qu' il soit réel...
(p 23)
Cet aparté était destiné à préparer mon lecteur à un examen plus historique de ce qu' étaient la OU les
Sibylles dans l' Antiquité. Charles SALA a saisi le sens premier de la Sibylle (et des Prophètes, par la
même occasion): "ces êtres possèdent la perception des choses divines grâce à une aptitude particulière de leur esprit; en même temps, ils réalisent l' union entre le monde païen et celui des Ecritures." (p 95)
Je pense qu' il y a deux niveaux de signification des Sibylles:
1- Elles ont probablement été effectivement des prêtresses aux pouvoirs divinatoires puissants ou
censés être puissants.
2- Dans les mythes antiques et dans l' esprit des érudits de la Renaissance, elles symbolisent les grandes religions qui ont laissé leur empreinte sur terre. On peut y deviner les pensées religieuses de quelques peuples qui ont entretenu des relations particulières avec les puissances divines.
Les Sibylles représentées par MICHEL-ANGE sont au nombre de cinq:
1- La Sibylle de Perse (PERSICHA), qui n' a pas d' existence, à ma connaissance dans la culture gréco-romaine. Elle représente la grande religion de l' ancienne Perse: le mazdéisme et le zoroastrisme.
(illustration p 58)
2- la Sibylle de Delphes. En lisant le résumé qu' a établi Pierre GRIMAL sur les Sibylles (p 420421), il ressort que dans la culture gréco-romaine, les différentes Sibylles ne sont en fait qu' une seule
et même Sibylle, la plupart du temps originaire de Troade, le pays de Troie. Il faut savoir que Troie
dans les mythes grecs représente l' Inde et les quelques voyageurs indiens au contact des européens
plusieurs millénaires avant notre ère. Par sa localisation géographique, la Sibylle de Delphes représente donc probablement la religion et la pensée grecque, héritière revendiquée de la splendeur indienne.
3- la Sibylle de Cumes. C'est une Sibylle italique. Elle représente la religion romaine. Sa représentation diffère des autres Sibylles assez gracieuses. Celle-ci est masculine, presque difforme et possède
un visage laid et peu amène. Quelle est la signification de ces traits ? Un dénigrement de la religion
romaine ancienne (ou même de la religion romaine de la Renaissance ?) ?
4- la Sibylle de Libye. Elle représente probablement la religion égyptienne.
5- La Sibylle d' Erythrée, qui, dans les mythes, demeurait dans la ville d' Erythrae en Lydie (dont l'
existence est-elle attestée ?). Quand on étudie les mythes grecs, on remarque que les poètes grecs
avaient coutume de mélanger géographie mythique et géographie locale grecque, ce qui devait sans
doute donner de "l' épaisseur" à leur conte et être plus "parlant" pour l' auditoire. Or, en grec, hê Erythra thalassa était l' Océan indien. Cette sibylle représente donc le peuple dravidien et peut-être également les peuples aryens qui dominèrent l' Inde par la suite. MICHEL-ANGE l' a affublée de deux
petits assistants: "le petit assistant allume une lampe dont la symbolique chrétienne semble assez évidente. Elle évoque l' immortalité de l' âme au-delà des corps. L' autre petit être se frotte les yeux,
comme ébloui par la puissance prémonitoire." (Charles SALA p 96)
La symbolique associée peut aussi être: la lumière de la connaissance que les Indiens ont allumée et l'
autre petit être qui se frotte les yeux, l' éveil de la religion...
Un mystère entoure la signification de la lettre "Q" qui orne la page ouverte de son livre sibyllin ...
Le mot sibylle lui-même n' a pas d' origine claire. Il est probablement en rapport avec le FR: symbole
et le latin templum.
La première syllabe est probablement le préfixe adjectival sanskrit sa- , mais le reste du mot est problématique.
Dans l' état actuel de mes recherches, au moins deux axes sont possibles:
1- bodhaya (causatif du verbe BUDH) >> *bolla = faire connaître, éveiller
2- un dérivé du verbe BHû: ? samBHû DSF-812 = être contenu dans, se produire, arriver.
note: tous les contes de Charles PERRAULT (1628-1703) sont des mythes.
bibliographie: Charles SALA, Michel-Ange, Paris, éd. Pierre TERRAIL, 1995
crédit photo: Philippe POTEL-BELNER 2013
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