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l’écosystème mais à notre défaut de compréhension de celui-ci. Par exemple, dans le cas de la
restauration d’une zone humide, plusieurs dynamiques observables apparaitront ou persisteront. Si
on peut affirmer qu’il y aura création d’un habitat et purification de l’eau, on ne peut pas prédire
dans quelle mesure et pour combien de temps. »
Quelle importance accordez-vous à la recherche en
ingénierie écologique ? La recherche est-elle une clé ?
« A la différence de la recherche fondamentale en écologie, la recherche en ingénierie écologique
exige une interaction dynamique entre la recherche et son application. L’incertitude intrinsèque à
l’évolution des écosystèmes nécessite la va et vient entre la théorie et la pratique, entre la recherche
fondamentale et son application. En effet, la recherche fondamentale permet d’appréhender
comment mettre en œuvre une connaissance pour faire fonctionner un système. La mise en pratique
permet, quant à elle, de constater le succès ou l’échec de cette mise en œuvre et donc détermine
les pistes de recherche à développer.
D’autre part, ce dialogue est nécessaire car les écosystèmes sont contingents et la connaissance en
écologie incomplète (et destinée à l’être toujours). Sans ce dialogue, il serait difficile de faire évoluer
les connaissances car on ne pourrait pas comprendre les limites de la restauration écologique et ainsi
la faire évoluer. C’est pourquoi, il est nécessaire, à mon sens, de créer un dialogue solide entre les
différentes partie-prenantes, scientifiques, gestionnaires, décideurs,… »
Comment les limites de l’ingénierie écologique
s’appliquent-elles à la compensation écologique ?
« L’un des problèmes, qui est fondamental, est le rattachement d’un élément à une valeur
monétaire, ce qui implique nécessairement un degré de certitude. Les transactions économiques
impliquent une certaine valeur connue, attribuée à certaines fonctions. C’est en partie une illusion
car en réalité, les systèmes économiques sont fondés sur le même mélange de principes, de
dynamiques incertaines et d’inertie historique. Les systèmes économiques sont aussi des systèmes
complexes et interdépendants. Lorsqu’une mesure compensatoire est mise en œuvre, on ne peut
pas prévoir exactement ce qui va se produire au niveau écologique. C’est un problème inhérent à
l’imprédictibilité des systèmes écologiques face à la croyance illusoire d’une prédictibilité
économique.
On ne peut pas non plus conserver les écosystèmes en l’état, dans un premier temps parce qu’à l’état
naturel ils ne demeurent pas inchangés et dans un second temps parce que nous avons une très
grande influence sur eux. En d’autres termes, on ne peut pas simplement ériger des barrières pour