Logique 2 (notes de cours). ML Mugnier. Bases de la logique du premier ordre 5
Etant données une fbf A sur un langage L et I une interprétation de ce langage, nous voulons définir
une application v(A, I) dans {vrai, faux} (ou {0,1} avec faux = 0 et vrai = 1) qui associera à A une
valeur de vérité pour I. Ceci se fait en utilisant l’interprétation I, le sens donné aux connecteurs
(c’est le même qu’en logique des propositions), et le sens que l'on va donner aux quantificateurs.
Si on considère la définition inductive des fbf on s'aperçoit qu’il faut savoir donner un sens à une
fbf ayant des variables libres, même si on ne veut considérer que les fbf fermées ; en effet, si A est
fermée et si, par exemple, A = ∀x B, on ne peut plus supposer que B est fermée.
On peut faire cela en utilisant la notion d'une assignation des variables libres de la formule : étant
donné une interprétation de domaine D, une assignation des variables (libres) d'une formule A est
une application des variables (libres) de A dans D.
On suppose dans la suite que qu’une même variable n’est pas quantifiée deux fois dans la formule
(pour qu’une assignation ne donne pas deux valeurs à une même variable).
Définition (valeur de vérité d'une fbf pour une interprétation I et une assignation s)
Si I est une interprétation et s est une assignation, l’application v(A, I, s) dans {vrai, faux} est
définie de la manière suivante :
• si A est un atome p(t1, t2, ..., tn), v(A, I, s) = vrai si :
il existe (d1 …dn) ∈ I(p) avec, pour tout i :
si ti est une constante, di = I(ti)
si ti est une variable, di = s(ti)
[• v(⊥, I, s) = faux pour toute I et pour toute s]
• si A = ¬B alors v(A, I, s) = NON(v(B, I, s)), la négation étant interprétée comme en logique des
propositions;
• si A = (B
∧
C) alors v(A, I, s) = ET(v(B, I, s), v(C, I, s)), la conjonction étant interprétée comme
en logique des propositions,
… de même pour les autres connecteurs
• si A =
∀
x B alors v(A, I, s) = vrai si pour tout élément d de D, v(B, I, s+[x#d]) = vrai, où
s+[x#d] est l'assignation obtenue à partir de s en donnant à la variable x la valeur d ;
[• si A =
∃
x B alors v(A, I, s) = vrai si pour (au moins) un élément d de D, v(B, I, s+[x#d]) = vrai]
Si on considère le prédicat « égalité » (noté =) : v(t1=t2, I, s) est vrai si t1 et t2 sont interprétés par le
même élément de D, c’est-à-dire si d1 = d2, où di est I(ti) ou s(ti) selon que ti est une constante ou
une variable.
Exemple (suite) : avec les interprétations I1 et I2 :
Compléments sur la notion d’assignation
• Pour une fbf fermée A, la valeur de v(A, I, s) est indépendante de s et on la note v(A, I).
• Dans le cas où A n'est pas fermée, on a les équivalences suivantes :
"il existe s tel que v(A,I,s) = vrai" ssi v(∃x1…xn A, I) = vrai, où les xi sont les variables libres de
A ;
"pour tout s, v(A,I,s) = vrai" ssi v(∀x1…xn A, I) = vrai, où les xi sont les variables libres de A.