plusieurs reprises dans le
film: «Ça, c’est la sauvagerie».
Alors maintenant, ce que j’ai
envie de dire, c’est: le sauvage
est parti, je suis triste.»
Claude Stadelmann tient
également à rendre hommage
à Janine, l’épouse de l’artiste:
«Elle a mis une grande éner-
gie dans la diffusion de son
œuvre, et a toujours joué un
important rôle technique dans
le processus de création.»
«Une vraie figure
locale»
Le maire de Muriaux, Pier-
re-André Gigon, dit aussi sa
chance de l’avoir connu: «Je
l’ai côtoyé depuis une dizaine
d’années. C’était une chance
de le connaître, car s’il était
connu très loin, il a su rester
un homme modeste. Pour le
village, c’est une perte, c’était
une vraie figure locale, au
même titre que Coghuf. Avec
sa tignasse de lion, c’est une
figure qu’on aimait bien voir.
Il va nous laisser un grand
vide, mais heureusement il
laisse une fondation très ap-
préciée.»
La cérémonie d’adieu à Os-
car Wiggli aura lieu mercredi à
14 heures, à l’Abdankungshal-
le du cimetière de Soleure, sa
ville natale.
PJN
Au fil des mois et des dialo-
gues avec l’artiste, Claude Sta-
delmann finit quand même
par découvrir que les composi-
tions musicales d’Oscar Wig-
gli n’étaient pas si différentes
de ses sculptures: «J’ai fini par
réaliser qu’il s’agissait en fait
de sculptures musicales, il
sculptait des sons.»
«Ce qui caractérisait le plus
son acte créateur, c’est la sau-
vagerie. Il le dit d’ailleurs à
de Wiggli, et notamment
dans les ouvrages que ce der-
nier a consacré à la musique
électroacoustique: «Pour
moi, c’était carrément une
énigme, j’ai trouvé ces textes
inaccessibles, complètement
hermétiques. Par contre, sa
sculpture, quelle épure, quel-
le puissance! Avec encore et
toujours le corps de la femme
comme source d’inspira-
tion.»
Avant d’accepter de partici-
per à ce projet, l’artiste muri-
valais avait demandé à vision-
ner les films du réalisateur.
«Je lui ai montré le travail que
j’avais consacré à Rémy
Zaugg. Et il m’a alors donné
son accord. Cela m’a frappé
qu’il m’ait fait confiance, cela
m’a flatté.»
Avant de commencer le
tournage, Claude Stadel-
mann se plonge dans l’œuvre
sion du tournage d’un film
qu’il lui a consacré: «À l’inver-
se de Coghuf, Oscar Wiggli
était un artiste que je ne
connaissais pas. Je le trouvais
à vrai dire un peu inaccessible.
La première fois que je l’ai
rencontré, quand je lui ai dit
que je voulais faire un film sur
lui, il m’a répondu: «Il faut
qu’on en parle. Mais en tout
cas, je ne veux pas une nécro-
logie avancée.»
C
omme nous l’annoncions
dans notre édition de sa-
medi, Oscar Wiggli, l’artiste
de Muriaux aux multiples ta-
lents, est décédé la semaine
dernière. Malgré une santé dé-
clinante, il a pratiquement jus-
qu’à la dernière minute conti-
nué de travailler dans son ate-
lier.
Surtout connu pour ses
sculptures monumentales,
l’homme à la crinière blanche
était également une référence
mondiale en matière de musi-
que électroacoustique; à la de-
mande de Georges Zaugg, il
avait créé, à l’occasion du Fes-
tival du Jura 2011, en dialogue
avec le compositeur Roger
Meier, une œuvre à 4 mains
intitulée Kenazouan.
Et à l’occasion de ses 80
ans, des compositeurs de tous
horizons étaient venus à Sai-
gnelégier lui offrir une œuvre
spécialement composée pour
lui. Toutes les personnes qui
ont eu la chance de vivre ce
moment absolument magi-
que ne vont pas l’oublier de si-
tôt.
«Pas une nécrologie
avancée»
Le réalisateur jurassien
Claude Stadelmann a suivi le
sculpteur et compositeur du-
rant plusieurs mois, à l’occa-
n
DÉCÈS D’OSCAR WIGGLI
Claude Stadelmann: «Le sauvage est parti, je suis triste»
Une sculpture d’Oscar Wiggli dans l’atelier de l’artiste.
Oscar Wiggli a continué à travailler dans son atelier de Muriaux pratiquement jusqu’à la fin.
PHOTOS OLIVIER NOAILLON