La Fed est enfin suffisamment confiante en la solidité de la
croissance américaine pour accélérer ses hausses de taux.
Lors du FOMC du 15 mars, elle a maintenu son scénario de
trois hausses de taux en 2017, sous hypothèse de neutralité
budgétaire. Lors de la conférence de presse, Yellen a insisté
sur la proximité de son taux directeur (0.75-1% désormais)
avec le taux « neutre », qui est estimé proche de 0% en
termes réels. Néanmoins, la normalisation du bilan de la Fed
n’est toujours pas à l’ordre du jour, ce qui semble
contradictoire avec l’intention affichée de la Fed d’entamer la
réduction de son bilan lorsque la normalisation des taux serait
bien engagée. Cette inflexion du discours de la Fed a de quoi
rassurer les marchés sur les risques de pentification rapide de
la courbe. Le portefeuille de la Fed subira en effet 425mrd$
d’amortissement en 2018. Si la politique de réinvestissement
est abolie d’ici là, cela signifierait un rétrécissement
équivalent du bilan de la Fed, donc une contraction monétaire
massive. Nous tablons toujours sur un scénario
d’aplatissement de la courbe américaine (2-10 ans) de 20pb.
Le taux 10 ans devrait rester proche de 2.5% tant que la Fed
n’accélère pas son scénario de resserrement monétaire. D’ici
un an, le 10 ans devrait rebaisser vers 2% en raison du
ralentissement de la croissance déjà perceptible dans le
freinage du crédit aux entreprises.
L’inflation devrait monter jusqu’au T2 sous les effets des base
pétrolier, mais les pressions sur le core sont limitées aux
loyers, dont la croissance est vouée à retomber en raison de
l’excès d’offre sur le marché de la location. Dans ce contexte,
les points-morts d’inflation n’ont pas de potentiel haussier,
alors que la correction sur le prix du pétrole que nous
attendons pousserait à la baisse les points-morts, y compris
sur les maturités longues. Nous sortons des obligations
indexées américaines.
Lors de sa réunion du 9 mars, la BCE a acté dans ses
prévisions l’amélioration de la situation conjoncturelle
européenne, mais a minimisé le rebond de l’inflation,
entièrement lié au pétrole selon elle. La seule concession aux
faucons a été le non-renouvellement des opérations de
TLTRO-II. Draghi souhaite éviter d’ouvrir le débat épineux sur
l’arrêt du programme d’achat d’actif (EAPP) avant les élections
françaises, mais la montée de l’inflation en Allemagne en fera
bientôt un thème de campagne outre-Rhin. En outre, la
pénurie de titres allemands achetables reste criante : les
aménagements techniques décidés en janvier ont simplement
déplacé la bulle vers le 2 ans allemand qui flirte avec les -
0.8%. Cette pénurie pourrait obliger la BCE a réaliser une
extinction rapide de l’EAPP au début de 2018, ce qui
provoquerait un choc sur les taux allemands (Bund passant
au-dessus de 1%) et sur les spreads périphériques (Italie
surtout).
Nous sortons du High Yield américain en raison des risques
liés à la dette pétrolière, du niveau de levier à un record
historiques (dette nette/Ebitda=4) et de la menace
d’illiquidités en cas de liquidation de positions par les fonds
mutuels et ETF (qui détiennent 2.1tr$ d’obligations
corporates).